Chapitre 24 J'attends que tu me prouves...

Chapitre 24 J'attends que tu me prouves que j'ai fait le bon choix.

 Deux semaines plus tard, Adena se retrouva dans un bar new-yorkais. Elle n’était pas ici pour boire un verre ou passer une soirée entre amis. Elle n’était d’ailleurs pas venue en cliente ce soir.

- Elle est là ! Fit Carlos.

- Elle a bu ? Interrogea Adena.

- On lui a rien donné mais elle était déjà dans un sale état en arrivant.

- Bon, je m'en occupe, merci de m'avoir appeler.

- Je voulais éviter de faire intervenir la police.

Adena embrassa rapidement son petit ami. Ce dernier reprit son travail de barman tandis qu'elle se dirigea vers une table où gisait une jeune femme brune. A moitié endormie, Sarah, fixait avec envie les bouteilles d'alcool disposées derrière le bar.

- Il est l'heure de rentrer, déclara Adena.

- Une minute, on va m'apporter un verre. Je viens de le commander et ce joli serveur m'a promis de me l'apporter d'une minute à l'autre.

- Sarah, je crois que tu as assez bu pour aujourd'hui.

- Mais qui es-tu pour décider ça, hein ? Moi, je dis que la soirée ne fait que commencer et qu'un autre petit verre ne serait...

- Bon allez, on y va maintenant ! Fit Adena en la tirant par le bras.

- Lâches-moi ! Et puis d'abord comment tu m'as trouvé ?

- Carlos travaille ici, il m'a appelé.

- Cafteur ! Cria Sarah en cherchant le garçon et l'apercevant quelques tables plus loin

*

Sarah dormait, allongée sur le ventre sur le canapé du salon, la bouche grande ouverte. Elle n'était pas très sexy dans cette posture. Son maquillage avait fondu et lui faisait des yeux de panda. Adena la regardait, debout, un café à la main. Finalement, après quelques minutes de ce spectacle, elle décida qu'il était temps de mettre un terme à toute cette autodestruction. Elle donna un léger coup de pied à son invitée. Cela ne sembla avoir aucune influence sur le sommeil profond de Sarah. Adena secoua alors un peu plus vigoureusement la jeune fille. Toujours aucune réaction. A la fin, elle décida d'y aller franco, elle poussa Sarah qui s’écrasa sur le sol et finalement, se réveilla.

- Aïe ! Cria Sarah.

- Ah bah quand même.

- Adena ? Mais qu'est-ce que je fait là ?

- Tu baves sur mon canapé.

- Hein ?

Pour toute explication, Adena désigna l'accoudoir du canapé qui avait en effet légèrement humide. Sarah se mit debout mais visiblement trop rapidement car la tête lui tournait.

- Il est tant d'arrêter tes conneries, déclara Adena.

- Je vais très bien...

- Ma petite Sarah, tu passes toutes tes nuits à te retourner la tête, ce n'est pas en buvant ou en prenant je ne sais quelle drogue que tu vas oublier ce qui s'est passé.

- Lâches moi tu veux !

- Je sais que c'est difficile mais...

- Tu sais ? La coupa Sarah. Vraiment ? Fous-toi pas de ma gueule tu veux.

- Eh ! T'es pas obligée de me parler comme ça.

- Charlie n'était pas ton meilleur ami, tu ne peux pas me comprendre. Arrêtez de tous me dire que vous comprenez ma douleur, vous ne comprenez rien, fit Sarah. Arrêtez de dégouliner de toute cette compassion, c'est écoeurant. J'ai pas besoin de ça !

- Charlie est mort ! Je ne pourrais jamais comprendre ta douleur mais il est hors de question qu'une de mes amies foute sa vie en l'air pour ça !

*

Encore aujourd'hui, Nikki avait passé la journée dans son lit, les rideaux tirés. Cela faisait plus d'une semaine qu'elle n'avait pas bougé. Elle était restée prostrée quasiment dans le noir, repensant indéfiniment aux bons souvenirs qu'elle avait de Charlie avant de fondre en larmes.

David était dans la salon et fixa la porte close de la chambre de sa petite soeur. Il aurait voulu lui proposer de l'emmener dîner mais il savait qu'elle refuserait comme elle le faisait depuis la mort de Charlie. Il était inquiet de la voir dans cet état, il ne l'avait jamais vu aussi abattue. Alors, lorsqu'Akira lui rendit visite, il espéra qu'il réussirait à la sortir de sa dépression.

Akira toqua à la porte et entra dans la chambre sans attendre de réponse. Il trouva Nikki assise sur son lit. Elle tourna la tête vers son ami mais ne laissa transparaître aucune émotion. Akira fut saisit d'un frisson, il crut voir un instant un fantôme à la place de son ex-petite amie tellement cette dernière était pâle.

- Salut. Je venais voir comment tu allais. Tu devrais ouvrir un peu, il fait noir là-dedans.

Nikki ne prit pas la peine de répondre mais Akira continua comme si de rien n'était. Il ouvrit les rideaux ainsi que la fenêtre laissant passé un léger vent.

- Je voulais également te dire que la police a retrouvé Lindsay, continua le garçon.

Nikki bondit alors de son lit et se précipita sur Akira qui n'avait pas prévu une réaction aussi extrême.

- Où est-elle ? Où est cette ordure ? Elle a dit pourquoi elle avait fait ça ?

- Elle n'a rien dit et ne dira rien. Elle est à la morgue.

- Comment ?

- La police a retrouvé son cadavre dans une benne, non loin du hangar où Nobuko a été séquestré, raconta Akira. Apparemment, Claudia n'aurait pas voulu lui donner d'argent et elle l'aurait abattue d'une balle en pleine tête.

- Ce n'est pas juste. Elle n'aurait pas dû mourir ainsi.

- Tu aurais préféré qu'elle s'en sorte ?

- J'aurais voulu qu'elle soit en vie pour être juger et surtout pour qu'elle m'explique pourquoi elle a tué Charlie, expliqua Nikki.

- Je crois qu'on le saura malheureusement jamais.

*

Akira était déjà parti depuis longtemps mais Nikki ne cessait de repenser à leur conversation. Elle n'arrivait pas à admettre que la mort de Charlie ne serait jamais puni. Apprendre que Lindsay avait été exécuté froidement ne lui avait pas remonté le moral.

Pourtant, cet assassinat fit réfléchir la jeune fille. Elle devait sortir de cet état de choc, aller de l'avant. La mort de Charlie ne devait pas être vaine. La cible première de Lindsay, c'était elle, elle ne devait pas l'oublier. Charlie avait choisi de sacrifier sa vie pour elle, Nikki devait donc pas arrêter de vivre. Elle portait en elle le bébé de Charlie et devait également y penser.

Nikki se mit alors à mettre de l'ordre dans sa chambre, un bon moyen pour commencer à remettre sa vie en ordre. Elle ramassa des vêtements et divers objets qui jonchaient le sol. Les bras chargés de linge sale, elle s’apprêtait à les amener à la buanderie lorsqu'elle se cogna dans un objet à moitié caché sous le lit. Elle abandonna son tas de linge et prit la caméra vidéo qui avait failli la faire tomber.

Il s'agissait de la caméra de Charlie. Nikki fut surprise de la retrouver ici. Alors qu'elle allait la ranger avec les autres affaires laissés par son petit ami, elle alluma par accident l'appareil. Elle s'arrêta un instant, se demandant si elle devait regarder. Finalement, sa curiosité la poussa à appuyer sur le bouton play. Ce n'est pas sans un pincement au coeur qu'elle découvrit les images filmés par Charlie, des moments pris lorsqu'ils étaient tout les deux. Il n'y avait pas grand chose d'extraordinaire, juste Charlie taquinant Nikki ou inversement. Cependant, le Charlie ne pouvait qu'émouvoir la jeune fille.

Soudain, l'image se fixa sur Charlie. Nikki sécha ses larmes. Elle était intriguée. Le garçon portait le smoking de la soirée de promo, Nikki ne souvenait pas d'avoir filmer quoi que ce soit ce jour-là. Elle n'eut pas très longtemps à comprendre ce qui se passait lorsqu'elle entendit Charlie parler à la caméra. Au bout de quelques secondes, lorsqu'elle vit apparaître une bague à l'écran et Charlie qui bafouillait, tout devint limpide pour Nikki.

- Tu voulais m'épouser ?

Elle continua de fixer le petit écran de la caméra. Elle restait sous le choc. Elle réalisa que cette chose si importante que voulait lui dire Charlie le soir du drame, c'était une demande en mariage. Toutes ces informations allaient trop vite pour elle. Lorsque soudain, elle entendit sa voix sur le caméscope, son attention se focalisa de nouveau sur la vidéo.

Elle se souvint alors de ce moment. C'était juste lorsqu'elle sortait de la salle de bains. Elle s'était préparée longuement pour le bal de promotion. Pourtant, cette préparation n'avait pas servi à grand chose vu que le couple s'était retrouvé sur le lit quelques secondes plus tard.

Heureusement pour elle, cette partie n'avait pas été filmé car la caméra était tombé au sol, et la vidéo se termina peu de temps après. Pourtant, quelque chose attira son attention sur l'écran. Elle rembobina les derniers images pour confirmer ce qu'elle avait vu. Il lui semblait avoir vu tomber un objet près de la caméra. Au second passage de la vidéo, elle en eut la certitude. Cela ressemblait à la boite que tenait Charlie lorsqu'il s’entraînait à se déclarer.

- Est-ce que ce serait possible que....

Nikki ne termina pas sa pensée et inspecta les alentours de l'endroit où se trouvait la caméra. Elle retira quelques chaussettes sales et tout à coup, son sang ne fit qu'un tour. L'écrin était là, sous son lit. Elle étira son bras pour le saisir. Durant deux semaines, elle avait sangloter au dessus du dernier cadeau de Charlie. Elle se releva et s'assied au bord de son lit. Tout doucement, elle ouvrit le coffret et resta un instant sous le choc devant le bijou.

*

- Alors, qu'est ce qui était si important ?

Nobuko venait d'entrer dans la chambre de son petit ami. Elle était assez intriguée par le mystérieux SMS qu'elle avait reçu un peu plus tôt dans la matinée. Akira lui avait demandé de le rejoindre dès que possible, disant que c'était important mais sans donner davantage de détails.

Akira était assis près d'une table basse qui faisait face à une télévision éteinte. Il n'était en fait intéressé par une seule chose : une boite posée devant lui. Nobuko était d'autant plus intriguée qu'Akira semblait hypnotiser par cette boite.

- Qu'est que c'est ? Demanda-t-elle.

- Mon père est arrivé à New York hier. Il m'a remis cette boite. Ça appartenait à ma mère, elle l'avait mis dans dans un coffre.

- Est-ce que ce serait...

- Oui, l'interrompit Akira. C'est le fameux trésor de la famille. Le trésor qui intéressait tant Claudia.

- J'imaginais que ce trésor serait bien plus gros... Enfin, vu l'énergie qu'elle a déployée pour essayer d'escroquer ta famille, je pensais qu'elle visait un énorme butin.

- Ouais...

- Tout va bien ? S'inquiéta Nobuko. Tu as l'air bizarre.

- Cela va sûrement te paraître étrange mais je n'arrive pas à croire que ce soit la dernière chose qu'il me reste de ma mère. En plus, j'ignore ce qu'elle conservait si précieusement.

- Ton père ne t'a rien dit ?

- Non. Il m'a juste dit que c'était un trésor inestimable. Un trésor qu'il avait oublié et qu'il s'en voulait.

- C'est plutôt mystérieux tout ça.

- Bon, je devrais peut-être l'ouvrir, histoire d'avoir enfin quelques réponses.

Akira ouvrit enfin la boite en compagnie de Nobuko tout aussi curieuse que lui d'en connaître le contenu. Tout comme Claudia avait pu l'être à la banque, ils restèrent un moment sans voix en réalisant la nature du trésor.

- Ce sont, commença la jeune fille.

- Des photos, continua son petit ami. De moi, de mon père...

Akira vida la boite. Parmi les photos de famille, se trouvait également des cartes d'anniversaire, des cartes de fêtes des mères et divers petits souvenirs.

- Tu ne savais pas qu'elle gardait tout ça ?

- Elle disait toujours que la clé qu'elle portait autour du cou était la clé du bonheur, expliqua le jeune asiatique. Je ne pensais que cette clé ouvrait réellement quelque chose.

- Que voulait dire ton père en disant qu'il avait oublié ce trésor ? Qu'il a oublié sa famille ?

- Je n'en sais rien. En tout cas, j'ai l'impression qu'il veut nous donner une seconde chance.

- Une seconde chance ?

- Hier, en dînant, il s'est excusé de m'avoir reprocher la mort de Maman. J'étais tellement surpris en entendant ça que j'ai bien cru que je rêvais, j'ai dû me pincer pour y croire.

- C'est une bonne chose, non ?

- Cela fait 5 ans que l'on ne se parle quasiment plus, je ne sais pas si on arrivera à retrouver une véritable relation père-fils.

- Akira, ton père a enfin réalisé l'importance de sa famille. Il a fait le premier pas de la réconciliation, à toi de faire le second. Ce ne sera pas facile, ça prendra du temps mais il ne faut pas laisser filer cette occasion.

- Dans ce cas, je devrais peut-être accepter son offre.

- Quelle offre ? Questionna Nobuko.

- Travailler dans sa société durant cet été.

*

Il faisait une chaleur étouffante en ces jours d’Août à Tokyo. Nobuko venait passer ses derniers jours de vacances dans sa famille avant sa rentrée universitaire. Elle était heureuse de revoir ses parents après plusieurs mois. Alors que son père était une nouvelle fois à son travail, Nobuko passait la journée avec sa mère. La faim les saisit et elles décidèrent de déjeuner dans un restaurant de yakiniku*. Madame Kotani profita de cette pause gourmande pour discuter tranquillement avec sa fille. (*Yakiniku : viande grillée)

- Ta soeur m'a dit qu'elle allait déménager avec son petit ami. Tu crois que c'est une bonne idée ? Ils se connaissent à peine. C'est pas un peu précipité ?

- Tu as peur pour elle ?

- Non. Seulement, ce n'est pas dans ses habitudes de s'enflammer aussi vite.

- Me demande pas à moi ! J'ai jamais compris comment ces deux là ont fini par sortir ensemble.

- En tout, elle semble heureuse. Je suis contente qu'elle ai pu tourner la page.

- Tourner la page ? Répéta Nobuko.

- Après ce qui s'est passé ici, à son ancien travail.

- Qu'est ce qui s'est passé ?

- Quoi ? Elle ne t'a rien raconté ?

- Elle a toujours évité le sujet et je ne voulais pas la contrarier. J'ai pas insisté. Mais là, tu éveilles ma curiosité, dis-moi tout !

- ça ne devrait pas être moi qui...

- Allez ! Tu en as trop dit !

- Et bien, pour faire court, expliqua sa mère, elle s'est opposé à l'avis de sa chef devant un client et ça c'est mal terminé.

- C'est plutôt court comme explication.

- Pour les détails, tu demanderas à ta soeur.

- Non mais...

- Dis-moi, comment va ton amie Sarah ? Fit soudainement Madame Kotani.

- OK, je vois que tu n’en diras pas plus. Parlons de Sarah dans ce cas. Elle va bien. Elle va rentrer à l'université de New-York en septembre, comme elle le rêvait... Enfin presque.

- Presque ?

- Adena va dans la même université et Sarah s'est rendue compte qu'elle avait plusieurs cours en commun.

- Adena, c'est pas la fille qui participait au concours radio ?

- Tu as une bonne mémoire. Pour faire court, Sarah et Adena sont passés d'ennemies jurées à quasi meilleures amies en un an.

- C'est incroyable tout ce qui peut se passer en un an.

- Que Sarah soit devenue amie avec Nikki, ça s'est incroyable.

- Nikki ? Qui est-ce ?

- La fille qui m'a enfermée sur le toit en plein hiver, expliqua la jeune fille.

*

Nobuko était assise depuis une heure et demi près de la statue d’Ebisu Garden. Elle attendait qu'Akira se décide enfin à montrer le bout de son nez. Elle commençait à se dire qu'il l'avait oublié. Elle s'était montrée plus que patiente en restant assise là depuis tout ce temps, en voyant les autres couples se retrouver. Elle qui se faisait une joie de le revoir après plus de deux mois, elle était maintenant extrêmement déçue.

La jolie asiatique en arriva à la conclusion qu'elle avait assez attendu. Elle prenait le chemin de la gare, pour rentrer chez elle lorsque son téléphone se mit à sonner. Elle vit qu'Akira essayait de la joindre. Pourtant, elle laissa le mobile sonné et le remit dans sa poche, poursuivant sa route comme si de rien n'était. Quelques secondes plus tard, une voix l'interpella.

- Tu filtres tes appels maintenant ?

Nobuko sursauta en entendant ses mots. Elle se retourna doucement et vit alors Akira. Elle eut un peu de mal à reconnaître dans son costume trois pièces.

- C'est...

- T'inquiètes ! Moi aussi si j'avais autant poireauté, je serai un peu sur les nerfs. Je suis désolé, fit Akira.

- Une heure et demi ! S'écria Nobuko. J'espère que tu as eu bonne raison.

- Non, je n'ai aucune excuse mais je vais me rattraper. Je te le jure !

Akira s'approcha de Nobuko qui lui en voulait encore pour ce retard. Pourtant, lorsqu'elle sentit sur son visage les mains de son petit ami, elle commença à fondre. Et finalement lorsqu'il l'embrassa, toute sa colère s'évapora, trop heureuse de le retrouver après des semaines de séparation.

*

- Tu dois vraiment y aller ? Tu pourrais prendre une journée de congés, proposa Nobuko.

- J'ai une tonne de chose à faire au bureau mais je vais essayer de finir tôt, lui répondit Akira. On pourrait aller dîner et reparler de tout ça tranquillement.

- Discuter de quoi, tu as déjà pris ta décision, non ?

- Nobuko-chan, ne le prends pas comme ça.

- Mais j'ai le droit de ne pas être ravie. Je ne pensais pas que tu étais sérieux lorsque tu disais vouloir prolongé ton séjour dans tes emails. Je pensais que tu parlais de quelques jours, voir quelques semaines. J'ai toujours cru que tu reviendrais pour la rentrée.

- Je sais, moi aussi, au début, je pensais rester ici un été, tout au plus. Mais ça me plaît vraiment et c'est une véritable opportunité.

- Mouais...

- Un an, ce n'est pas si long, fit Akira.

- Tu me demandes de t'attendre mais qu'est ce qui me garantit que dans un an, tu ne décides pas de finalement, abandonner l'idée de la fac pour travailler ici ?

- Je...

- Tu vois, tu ne peux rien me garantir, lui fit remarquer la jeune fille.

- Nobuko, je vais être en retard, on en reparle ce soir, d'accord ?

Akira sortit de la chambre pour se rendre à son travail. Nobuko, toujours assise dans le lit, ne savait plus quoi penser de cette relation. La veille, elle avait appris qu'Akira avait décidé de ne pas aller à l'université, ou du moins, pas cette année. Son père avec qui il renouait des liens, lui proposait de travailler directement avec lui. C'était une véritable opportunité, tant professionnelle que personnelle. Akira envisageait donc sérieusement de repousser sa rentrée à l'université de Darmouth d'un an.

Nobuko comprenait que ce projet compte pour son petit ami. Pourtant, elle regrettait de ne pas avoir été consulté auparavant. Akira avait déjà fait son choix, et sans se préoccuper de son avis. La jeune fille se demandait si leur relation était vraiment sincère et si elle pourrait perdurer en étant séparer durant un an, à des milliers de kilomètres l'un de l'autre.

*

Quelques jours plus tard, à New York, Sano déposa le dernier carton de Masaki dans le salon. Pendant ce temps, cette dernière était en train de ranger ses affaires. Sano se rendit alors dans la cuisine et sortit de frigo une bouteille.

- Du champagne ?

- Je le gardais pour un événement spécial, expliqua le jeune homme.

- Tu as des coupes ? Demanda Masaki.

- Et bien...

Sano ouvrit quelques placards dans la cuisine mais finalement, il ne trouva pas de flûtes de champagne.

- On dirait qu'il va falloir en acheter.

- Très bien, ajoutons ça à la liste.

- La liste ? Répéta inquiet Sano.

- La liste des choses qu'il va falloir acheter. Excuses-moi mais cet appartement fait un peu trop tanière de célibataire, il va falloir que j'y ajoute ma petite touche personnelle.

- Minute, ne vas pas me mettre du rose partout, je n'ai pas envie de vivre dans un appartement Hello Kitty.

- Moi non plus, rassures-toi.

- Je vais venir avec toi faire les magasins. On ne sait jamais.

- Non mais quelle confiance ! S'écria Masaki. OK, tu viendras avec moi. On dirait que tu regrettes déjà de m'avoir proposer de venir habiter chez toi.

- Mais pas du tout. Je suis ravi que tu sois là c'est juste qu’aucune fille n'a jamais vécu ici. Généralement, elles ne restaient que pour la nuit.

- Je n'ai pas besoin que tu me rappelles ton palmarès.

- Et toi, tu n'as aucune appréhension à cette vie à deux ? Chercha à savoir le jeune homme.

- Ce n'est pas que l'on partage un appartement ensemble qui m'inquiète mais ta fidélité.

- Masaki-chan...

- J'attends que tu me prouves que j'ai fait le bon choix.

*

Nobuko était enfin à l'université. Elle allait enfin commencer sa vie d'adulte. Sa compagne de chambre, originaire de la région, était sortie rejoindre ses amis. Elle lui avait proposée de se joindre à elle mais Nobuko était trop fatiguée par ces premiers jours de cours pour sortir. Elle lisait donc les différentes brochures remises dans la matinée par les différents clubs du campus lorsqu'elle fut interrompu par son téléphone portable. Il s'agissait de sa soeur aînée, comme elle s'en doutait.

- Alors comment va notre nouvelle étudiante ?

- Très bien.

- Et c'est tout ? Comment sont les cours ? Tu as rencontré des gens intéressants ? Et comment est la fille qui partage ta chambre ? Tu ne te sens pas trop seule et déprimée ? Sinon, tu sais, je prends l'avion et...

- Eh, du calme ! S'exclama Nobuko. Je vais très bien, tout le monde est très gentil, ma compagne de chambre est très sympa. Tout se passe bien.

- Désolé mais tu es toute seule à l'autre bout du pays. Tu n'as que 17 ans.

- Masaki, je vais très bien.

- OK, j'arrête de m'inquiéter. Alors, il fait beau ?

- C'est la Californie, il fait toujours beau ! Et toi, tu t'en sors avec Sano ? Pas trop difficile la cohabitation ?

Les soeurs Kotani parlèrent ainsi durant près d'une heure. Finalement, lorsqu'elle raccrocha, Nobuko se mit alors à penser à ses amis de New-York, à ce qu'ils étaient devenus. Chacun avait poursuivit son chemin, essayant de se reconstruire comme il le pouvait, après la mort tragique de Charlie. Nobuko était admirative de Sarah et Nikki, les plus touchées par sa mort, qui après avoir traversé une période plus sinistre, avait retrouvé leur joies de vivre.

Nobuko se mit alors à penser à Akira. Bien qu'ils s'aiment toujours, le couple avait décidé de rompre. Une relation à distance était difficile, trop difficile pour Nobuko. De plus, Akira était de plus en plus absorbé par son nouveau travail. Durant les quelques jours qu'elle avait passé à Tokyo, il lui était très difficile de libérer du temps pour Nobuko. La jeune fille supportait de moins en moins cette situation.

Elle comprenait cependant ce qui poussait Akira à agir ainsi et ne pouvait pas lui en vouloir. C'était d'ailleurs elle qui l'avait encouragé à donner une chance à son père et à retourner au Japon. Elle ne pouvait maintenant lui en vouloir. Ils devaient suivre chacun leur route, malheureusement seuls. Nobuko était alors rentrée aux Etats-Unis et avait changé son choix d'université. Elle devait suivre Akira à Darmouth mais s'il n'y allait plus, pourquoi y aller ? Elle décida de se tourner vers son premier choix, l'université de Los Angeles.

Il commençait à se faire tard et en jetant un oeil sur son emploi du temps du lendemain, Nobuko jugea qu'il était tant d'aller se coucher. Elle se glissa dans ses draps et éteignit la lumière. Elle s'endormit en rêvant à la nouvelle vie qui l'attendait.

FIN DE FROG OF JAPAN

Je vous remercie d'avoir lu les trois tomes de la série. La fin est assez inattendue, surtout que dans le chapitre précédent, Charlie allait mieux... mais c'était pour créer encore plus de drame. Désolé, j'adorais le personnage de Charlie mais je ne voulais pas d'une histoire où tout se finit bien. La vie n'est pas un conte de fée. 

Une suite verra peut-être le jour, pour le moment, j'en suis encore aux idées. J'aimerais reprendre l'histoire quelques années plus tard, histoire de voir ce que sont devenus les personnages. En tout cas, si une suite est écrite, je la publierais sur Wattpad. En espérant vous retrouver bientôt.

Merci de m'avoir lu, n'hésitez pas à lire mes autres écrits.

Aurélie (lilytv)

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