Chapitre 8 I love you...
Chapitre 8 I love you...
Le désordre de la chambre d’Akira contrastait avec son élégante tenue. Il portait en effet un costume noir à fines rayures. Le jeune garçon était allongé sur son lit et semblait perdu dans ses pensées. Il remarqua à peine que Kumiko, sa gouvernante entrait lui déposer du linge propre. Elle était bien plus qu'une employée, elle faisait partie à part entière de la famille. Surtout pour Akira qui la considérait comme une mère, il l'appelait d'ailleurs affectueusement Yankumi.
- Tu es encore là ? Je pensais que tu étais déjà parti à ta soirée.
Akira se redressa et s'assied au bord de son lit. Il consulta sa montre lentement. Il s'adressa ensuite à Yankumi d'une voix monotone. Elle l'avait connu bien plus enthousiaste.
- Je ne vais pas tarder...
- Quelle motivation !
- Je me serais bien passé de cette fête mais je suis obligé d'y aller.
- Tu ferais mieux de te presser, ta cavalière va t'attendre.
- Je n'ai pas de cavalière, rectifia le jeune homme.
- Je pensais que tu y allais avec Nobuko.
- S'il te plaît, évites de parler d'elle.
- Qu'est ce qui se passe encore ?
- Il se passe juste qu'elle quitte la ville bientôt et qu'elle ne m'a rien dit !
- Elle a sûrement de bonnes raisons pour t'avoir cacher...
- Tu parles ! Elle se fiche complètement de moi. Si elle ne m'a rien dit, c'est juste parce que je ne suis rien pour elle. Elle s'amuse juste avec mes nerfs !
*
Au même moment, Sarah courrait à travers l'appartement et manqua plusieurs fois de tomber à force de glisser sur le parquet. Elle portait sa toute nouvelle robe de soirée, achetée la veille avec Nobuko. Elle cherchait désespérément une paire de chaussures. Elle n'arrivait pas à mettre la main sur ces chaussures préférées, celles qu'elle mettait toujours lorsqu'elle s'habillait plus chic qu'à l'ordinaire. Elle termina sa course folle dans la chambre de sa soeur. Cette dernière était tranquillement allongée sur son lit, lisant un magazine de mode. Elle leva la tête de sa lecture lorsqu'elle vit sa cadette commencer à fouiller dans ses placards.
- Eh ! Mais qu'est ce que tu fais ?
- Je ne retrouve mes chaussures, expliqua Sarah. Celles que je mets toujours lorsque je mets une robe !
- Je ne les ai pas ! Elles ne sont pas là, ça ne sert à rien de mettre le bazar ici !
- Mais où sont-elles ?
Sarah s'arrêta de fouiller et réfléchit un instant, essayant de se rappeler de la dernière fois qu'elle les avait portés. Elle se souvint les avoir mis dans sa valise lorsqu'elle était parti voir ses parents, à Noël mais n'avait aucune idée de ce qu'elle en avait fait après.
- Eh merde ! Je les ai laisser chez les parents ! Réalisa l'adolescente. Comment je fais maintenant ?
- Mets une autre paire ! Proposa Jenny.
- Je n'ai rien qui aille avec une robe.
Sarah s'avança près du lit de sa soeur et se laissa tomber dessus, à plat ventre, complètement anéantie. Elle n'avait rien d'autres que des baskets dans ses affaires et il y avait mieux pour accompagner une robe de soirée. Elle se retourna vers sa soeur soudainement, en faisant un grand sourire.
- Par contre, toi, tu as ces nouveaux escarpins, ceux que tu as achetés en soldes ! Je suis sûre qu'ils seront parfaits.
Jenny grimaça. Elle n'était pas égoïste et prêtait souvent des vêtements à sa soeur. Pourtant, elle hésitait pour sa toute nouvelle paire de chaussures qu'elle n'avait même pas encore portée. Finalement, en voyant la tête de chien battu de Sarah, elle se laissa convaincre.
- Bon, d'accord, mais tu en prends soin, ça m'a coûté une vraie fortune, même soldé !
- Promis, j'y ferais attention !
Jenny descendit de son lit et ouvrit un placard. Elle sortit une boite en carton qu'elle donna sa soeur. Sarah passa les chaussures en vitesse, elles lui allaient parfaitement.
- Tu es très jolie, Charlie sera ravi.
- Pourquoi tu me parles de Charlie ? Demanda Sarah.
- Je dis juste qu'il sera contente de voir sa petite amie sur son trente et un.
- Qu'est ce que tu racontes ? Tu délires ou quoi ?
- Quoi ? Fit sa soeur aînée très étonnée. Vous ne sortez pas ensemble ? Je le croyais pourtant. Je vous vois toujours tout les deux !
- Parce que l'on est amis. C'est normal que l'on passe du temps ensemble.
- Vraiment ?
- Oui, vraiment. C'est juste mon meilleur ami.
- L'amitié fille-garçon, je n'y crois pas tellement.
- Naturellement, toi, un garçon, c'est toujours un petit ami potentiel.
- Je t'en pries !
- De toute façon, Charlie sort déjà avec cette saleté de Nikki.
- Tu vois, tu détestes cette fille ! Tu es jalouse ! Fit Jenny.
- Je détestais cette peste bien avant qu'elle ne sorte avec lui. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je dois y aller, Nobuko va m'attendre.
- Passes une bonne soirée.
- Merci.
- Je reste convaincue que Charlie et toi, vous iriez très bien ensemble...
- Au revoir, Jenny !
*
Nobuko appliquait du rouge à lèvres d'une teinte assez discrète. Face à son miroir, elle replaça une mèche de cheveux. Elle s'était finalement laissé convaincre d'aller à cette soirée. Certes, participer au jeu « I love you and you ?» ne l'enchantait pas mais c'était une des dernières soirées qu'elle pouvait passer avec Charlie et Sarah. De plus, Sarah et elle avaient passer des heures à trouver leurs tenues, ce n'était pas pour rester enfermer chez elles.
On sonna à la porte. Nobuko consulta sa montre bracelet. Elle se demanda qui cela pouvait être. Elle était pourtant sûre que Sarah lui avait donné rendez-vous directement au lycée. Elle aurait bien laissé ses parents aller voir qui était à la porte mais ils étaient sortis dîner dehors. Son père était rentrer de Tokyo dans la journée et voulait passer la soirée avec son épouse. Nobuko courut jusqu'à l'entrée, ouvrit rapidement et trouva Akira sur le pas de la porte.
- Est ce que je pourrais te parler ? Demanda le garçon.
- Je suis un peu pressée....
- C'est important ! Je n'en ai pas pour longtemps.
Akira avait l'air un peu énervé, en tout cas assez contrarié. Nobuko comprit qu'il ne partirait pas avant de lui avoir parler. Elle ouvrit en grand la porte et le laissa entrer, curieuse de savoir ce qui était si important et qui ne pouvait attendre. Elle le conduisit au salon. Elle s'assied sur un fauteuil en cuir. Akira prit place en face d'elle, sur le canapé. Le jeune homme balada son regard dans la pièce. Des cartons de déménagement étaient étalés un peu partout. Nobuko essaya de donner une explication à la situation.
- Ma mère fait du rangement.... désolé pour le désordre.
- Du rangement ? Ce ne serait pas un déménagement plutôt ?
- Quoi ? Non ! Enfin, elle fait juste un peu de tri.
- Je t'en pries, je sais que tu pars à Tokyo le mois prochain.
- Mais...
- Cela ne sert à rien de mentir, c'est Charlie qui me l'a dit.
Nobuko cherchait quelque chose à dire mais rien d'intelligent ne voulait monter à son cerveau. Cette partie de son corps semblait de plus vouloir lui obéir ces derniers temps lorsqu’elle se trouvait en présence du jeune homme. En voyant Akira si déçu de la voir mentir, elle voulut donner une explication. Elle n'y arrivait pourtant pas. Elle baissa la tête et fixa ses pieds. Elle regardait ses ongles fraîchement vernis, une manière d'éviter ce regard pesant.
- Pourquoi me l'avoir caché ? Demanda Akira. Tu serais parti comme ça ? Du jour au lendemain, comme une voleuse ?
- Je... Je te l'aurais dit... Bredouilla péniblement Nobuko. Je n'en ai pas eu l'occasion.
- Tu parles, les occasions n'ont pas manqués.
- Et pourquoi tu me fais une scène, d'abord ? Fit la jeune fille en relevant brutalement la tête. Je m'en vais, et alors ? En quoi ça te concerne au juste ?
- J'aurais préféré l'apprendre par toi plutôt que Charlie...
- Lui, il va m'entendre, crois moi... Et tu es venu ici juste pour m'engueuler ? Si c'est ça, tu peux repartir tout de suite. Je me prends déjà la tête avec mes parents, pas la peine d'en rajouter.
- Je suis venu pour...
Akira s'arrêta. Etait-ce vraiment si dur à dire ? Nobuko le fixait, attendant qu'il continue sa phrase. L’ambiance était étrange. Le malaise de la jeune fille était palpable bien qu’elle faisait tout son possible pour le dissimuler. Akira resta silencieux. Tout ce calme rendait Nobuko très nerveuse. Elle tenta de faire passer son stress pour de l’impatience.
- Et bien quoi ? C'est à moi de deviner ? Je n'ai pas le temps de jouer.
- Ce n'est pas si facile à dire... Je voudrais d'abord que tu m'écoutes et que tu ne dises rien avant que j'ai terminé.
- Tu as peur de quoi exactement ?
- Promets le moi, s'il te plaît !
Nobuko soupira puis finalement accepta la requête d'Akira.
- Je te promets, je t'écoutes sans t'interrompre, promit la jeune fille.
Akira se leva et commença à marcher de long en large devant Nobuko. C'était le genre de choses qui stressait la jeune fille mais elle n'en fit pas la remarque car Akira commença son discours.
- Je sais que cette fausse rumeur, sur nous, à Central Park, t'a beaucoup affecté.
Nobuko leva les yeux au ciel. Bien sûr qu'elle avait été affecté. Et encore, affecté était un euphémisme. Sa vie était devenue invivable pendant plusieurs jours, sa réputation en avait prit un sacré coup. On la prenait pour une fille facile. Quelques jours plus tôt, elle s'était encore fait lourdement dragué par un élève.
- J'ai appris par hasard que Nikki en était responsable, continua Akira. En fait, je lui ai demandé de venir s'excuser auprès de toi et de faire son possible pour arrêter ses commérages.
- Mais pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ? Demanda Nobuko.
- Tu as promis de ne pas me couper !
- Gomen*1 !
- Je voulais te le dire. Si je t'ai rejoins sur le toit ce jour là, c'était pour te le dire mais tu t'es mise à pleurer et le surveillant est arrivé. Je n'ai pas eu le temps de t'expliquer. Je suis vraiment désolé ! Gomenasai*2 ! Je t'en pries, pardonnes moi !
(*1Gomen : Pardon *2Gomenasai : Pardon, excuses-moi. )
Nobuko regardait Akira dans les yeux. Il semblait vraiment sincère mais qu'est ce qui lui prouvait que ce n'était pas une histoire inventée de toute pièce. Après tout, c'était un ami de Jake, il pouvait être aussi tordu que lui et inventer n'importe quoi. Dans l'histoire, ça lui donnait le beau rôle. Un nouveau silence pesant plana dans la pièce.
- Nobuko-chan ! Dis quelque chose !
- Que veux-tu que je dise ?
- Que tu acceptes mes excuses, par exemple.
- Donnes moi une seule bonne raison pour faire ça.
Akira la regarda un instant dans le blanc des yeux avant de lui répondre, toujours en la fixant.
- Je pourrais te donner une bonne dizaine de raisons.
Le regard d'Akira devenait insupportable. Nobuko se leva et s'éloigna près de la fenêtre. Elle lui tournait le dos.
- Une seule suffira, dit la jeune fille.
- Mais pourquoi tu es si bornée ? Pourquoi tu n'oublies pas cette rumeur ? C'est de l'histoire ancienne.
Akira la suivit. Elle se retourna violemment avant de lui hurler dessus. La discussion tournait à la dispute comme souvent.
- Mais pourquoi tu tiens tant à ce que te pardonnes ? Hein ? Cria l'adolescente.
Akira resta sans voix. Il connaissait Nobuko énervée, d'ailleurs il s'amusait souvent à la provoquer car il trouvait très mignon la façon dont elle s'emportait. Cette fois-ci pourtant, plus que de la colère dans la voix, il distingua une pointe d'agressivité, presque de la haine.
- Parce que tu es importante pour moi, dit alors Akira. Visiblement, ça n'a pas l'air d'être réciproque.
Akira quitta la pièce en claquant la porte, regrettant déjà d'être venu. Nobuko ne tenta pas de le retenir. Pourtant, elle ne put empêcher les larmes de couler lorsqu'elle se retrouva seule. Elle savait qu’elle avait délibérément rejeté la main tendue par Akira. Il était venu pour s’excuser, s’expliquer et obtenir son pardon. Et surtout, Akira ne venait-il pas de sous-entendre qu'il avait des sentiments pour elle ? Nobuko s’était montré froide et odieuse avec lui mais c’était seulement pour éviter de souffrir. Elle tentait de justifier ses actes mais cela n’empêchait pas son coeur de se resserré lorsqu’elle repensait à Akira qui lui avouait à demi-mot ses mots ses sentiments, la voix tremblante.
*
Le gymnase n'avait plus rien à voir avec une salle de sport. Partout, étaient accrochés des ballons, des coeurs en papiers et autres décorations pour cette soirée spéciale Saint Valentin. Charlie était assis dans un coin, seul, écoutant d'une oreille le dernier tube à la mode qui passait. Il s'ennuyait ferme. Sarah et Nobuko ne s'étaient pas encore montrés et Nikki se faisait attendre. Il regardait pour la énième fois sa montre lorsqu'il entendit une voix féminine l'interpeller. Il leva la tête et faillit faire une crise cardiaque à cause du choc. Il resta un instant, figé, incapable de parler ou de faire le moindre geste.
- Désolé, je suis un peu en retard. Fit Nikki.
Charlie se frotta les yeux. Il devait mal voir, ce n'était pas elle. Il se pinça mais réalisa qu'il ne rêvait pas, Nikki était bien devant lui.
- Nikki ! ?
- Fermes la bouche, tu baves !
Nikki était méconnaissable. Charlie l'avait toujours trouvé plutôt mignonne. Cependant, au lycée, on ne pouvait pas dire qu'elle faisait réellement attention à son apparence. Elle se maquillait à peine, se contentait de porter l'uniforme et ne portait aucun bijou. Le plus souvent, elle gardait ses longs cheveux noirs détachés, à se demander si elle se coiffait le matin.
- Qu'est ce que tu a fait à tes cheveux ? Questionna Charlie.
Nikki avait décoloré ces cheveux en blond platine. Le changement était radical. Cette nouvelle couleur lui adoucissait le visage. Elle avait l'air d'une autre personne. Elle portait une petite robe aux imprimés bleu et blanc avec un décolleté plongeant.
- J'ai eu envie de changement.
- ça pour un changement... C'est radical.
- Quoi ? C'est trop ! S'inquiéta Nikki. J'aurais peut-être pas dû mettre cette robe ? J'ai pas tellement l'habitude des fêtes de lycée et puis cette satanée vendeuse ne m'a pas lâcher et...
- Nikki ! Cette robe est très bien.
- C'est vrai ?
- Tu es parfaite ! Je te le promets !
- Je dérange ? Demanda soudain une voix féminine.
*
La fête commençait vraiment, beaucoup d'élèves avaient déjà envahis la piste de danse. Veronica était près de la scène qui devait accueillir le jeu « I love you and you ?» un peu plus tard dans la soirée. Un verre dans la main, elle supportait l'interminable discours d'un garçon qui lui parlait de... de quoi déjà ? Veronica ne le savait même plus. Au début, elle l'avait plutôt mignon lorsqu'il était venu l'aborder mais maintenant, il devenait barbant. Elle termina son verre d'une traite et lui tendit. Elle lui coupa la parole sans même s'excuser.
- Mon verre est vide ! Lui fit remarquer Veronica.
Le garçon la regardait. Elle perdit patiente, il n’avait visiblement pas comprit l’allusion.
- Vas le remplir. Lui ordonna-t-elle.
Elle n'ajouta même pas un s'il te plaît Le garçon prit finalement le verre en grimaçant et s'éloigna vers le bar. Veronica souffla de soulagement de ne plus l'écouter parler.
- Qu'est ce qu'il est saoulant ce mec ! Dit la jeune fille à haute voix.
- Ça c'est vrai ! Lui répondit une voix masculine.
Veronica se tourna et chercha qui venait de lui parler.
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