Chapitre 20 Pot de colle
Chapitre 20 Pot de colle
Masaki sortit du restaurant, épuisée par sa journée de travail. Elle ne pensait qu'à une seule chose : dormir. Elle détestait de plus en plus ce travail de serveuse. Bien que les clients soient la plupart du temps très gentils avec elle, elle se demandait encore combien de temps elle allait pouvoir tenir. Son patron était du genre difficile à vivre. Toujours sur son dos, il ne manquait pas une occasion de la rabaisser. Masaki ne rêvait que d'une chose : lui mettre son poing dans la figure.
Le destin semblait s'acharner contre elle ce soir car elle eut la mauvaise surprise de voir que quelqu'un l'attendait à la sortie.
- Qu'est ce que tu me veux encore ?
- Oui, je vais bien moi aussi, merci t'en inquiéter.
Masaki était consciente d'être peu aimable mais il faut dire qu'elle avait ses raisons. Cet idiot de Sano s'était amusé à lui faire croire qu'il allait la faire virer et elle avait cavalée à travers les rues de New York pour rien. Elle pensait en avoir enfin terminé avec lui et espérait de ne plus jamais le revoir. Malheureusement, Sano n'avait visiblement pas les mêmes projets. Elle le contourna et poursuivit sa route mais le jeune homme la rattrapa.
- Eh ! T'enfuies pas comme ça ! Pourquoi tu es si pressée ? Tu dois rejoindre ton petit ami ?
- Quoi ?
- Oh, mademoiselle est célibataire peut-être ?
- Quoi ?
- Tu sais dire autre chose que quoi ?
- Quoi ?
- Tu viens encore de le dire ! Lui fit-il remarquer.
Masaki se retourna brutalement vers Sano, le regard sévère. Il avait vraiment le chic pour la mettre hors d'elle en deux temps, trois mouvements. Le jeune homme réalisa qu'il avait peut-être poussé le bouchon un peu trop loin car Masaki semblait vraiment furieuse.
- Dis-moi, tu comptes me pourrir la vie encore longtemps ? Et pourquoi moi ?
- Excuses-moi, j'ai tendance parfois à en faire un peu trop.
- Rectification, tu en fais toujours trop.
- Tu sais, dès que je vois une si jolie fille, je commence à dire n'importe quoi….
- Mais bien sûr ! Je t'en prie, gardes ta drague à deux balles pour une autre, ça ne marche avec moi.
- Tu serais bien la première à résister à mon charme légendaire.
- Il faut une première fois à tout ! Répliqua Masaki. Et puis d'abord, qu'est ce que tu veux ? Je croyais t'avoir dit que je ne voulais plus te voir.
- J'aurais besoin que tu m'aides...
- T'aider ? Tu n'es pas un peu fou ? Je te connais à peine !
- Il n'y a que toi qui puisses m'aider.
- Hors de question.
- Tu ne sais même pas ce que c'est !
- Et je n'ai pas envie d'en savoir plus ! Débrouilles toi tout seul !
Sur ces mots, Masaki ne s'attarda pas plus longtemps et elle continua sa route, laissant Sano.
*
- Masaki ! Lèves toi !
Sans réponse de son sœur, Nobuko ouvrit la porte de la chambre d'ami, Masaki dormait encore à poings fermés. Elle entra et ouvrit les rideaux, laissant entrer la lumière du jour brutalement.
- No-chan ! C'est mon jour de congé !
- C'est toi qui m'as demandé de te réveiller de bonne heure. Tu as dit que tu avais un tas de choses à faire.
- Hum.... grommela sa soeur aînée.
- Et puis, je ne voudrais pas te mettre la pression mais les nouveaux locataires emménagent ici dans deux semaines et on n'a toujours nulle part où aller....
- Hé ! Ce n'est pas de ma faute, j'ai été beaucoup prise par mon travail cette semaine.
Masaki finit par se lever car Nobuko la fixait et semblait prête à rester ainsi jusqu'à ce qu'elle sorte de son lit. Elle s'étira et marcha au radar jusqu'à la cuisine. Si elle voulait tenir toute la journée, il lui fallait absolument sa dose de caféine. Elle s'en servit une tasse et s'empara du journal. Elle s'arrêta aux annonces immobilières mais rien de très intéressant n'était proposé.
Nobuko passa en vitesse devant elle, attrapant au passage son sac de cours. Elle n'avait pas vu l'heure passée et risquait d'arriver en retard. Elle ouvrit la porte d'entrée rapidement et se retrouva face à un homme qu'elle ne connaissait pas qui était sur le point de sonner.
- Vous cherchez quelqu'un ?
- Bonjour, commençant le jeune homme, je suis un ami de Masaki et...
- Onee-chan ! Cria Nobuko. Tu as de la visite ! Désolé mais je vais être en retard au lycée.
Nobuko s'en alla et laissa rentrer Sano. Un peu gêné, il s'avança. Masaki n'avait probablement pas entendu sa sœur car elle n'avait pas bougé. Elle était toujours dans la cuisine. Elle manqua de s'étrangler avec son café lorsque Sano la salua.
- Bonjour !
- Eh ! Répondit Masaki surprise.
- Jolie coiffure ! Fit remarquer le jeune homme.
Masaki passa la main dans ses cheveux et tenta de les démêler. On aurait dit qu'une bombe avait explosé sur sa tête. Pourtant, ce n’est pas l’état de ses cheveux qui la préoccupait de prime abord. Elle réalisa soudain qu'elle était presque à moitié nue, ne portant qu'une simple nuisette. Elle ouvrit le journal et tenta de cacher ce qu'elle put avec. Sano sourit tandis que Masaki, rouge pivoine de honte, tenta de faire comme si de rien n'était.
- Je peux savoir ce que tu fais là ? Je t'ai déjà dit que je ne voulais plus te voir ! Et d'abord, comment tu connais mon adresse ? Tu m'as suivi ?
- J'ai bien été obligé, expliqua Sano.
- Mais tu es qui au juste ? Un pervers sexuel ? Je ne veux pas sortir avec toi, désolé.
- Je te rassure, je ne le veux pas non plus. Tu ne m'attires pas du tout.
- Dans ce cas là, pourquoi tu n'arrêtes pas de me suivre ?
*
Pour changer un peu, Akira et Nobuko étaient sortis dehors durant l'heure de déjeuner. Ils achetèrent un hot-dog au vendeur du coin de la rue et se promenèrent ensuite dans le parc. Akira n'avait quasiment rien dit, ce n'était pas vraiment une habitude chez lui d'être si silencieux. Nobuko s'inquiéta un peu.
- Tu ne dis rien depuis tout à l'heure. Tu m'en veux ? J'ai fais quelque chose ?
- Cela n'a rien à voir avec toi. C'est juste que… Mon père doit arriver de Tokyo vendredi et je me pose quelques questions.
- Pourquoi ? Demanda sa petite amie.
- Parce qu'il ne vient jamais me voir. Il ne prend jamais le temps pour me voir, que ce soit pour mon anniversaire, pour Noël…
- Jamais ? Tu ne crois pas que t'exagères un peu ? C'est ton père, il…
- Cela fait cinq ans que je suis à New York, les seules fois où il me rends visite, c'est lorsqu'il était de passage en ville pour affaires. Depuis la mort de ma mère, il m'a zappé de sa vie. Je me demande bien pourquoi il vient…
- Il n'a pas dit pourquoi il venait ?
- Non, il a dit à Yankumi qu'il voulait me voir, qu'il a des choses à me dire.
*
Le hall d'attente de l’aéroport était presque désert. Masaki était tranquillement assise, elle tourna la tête et vit un homme qui tenait un énorme bouquet de fleurs et qui n'arrêtait pas de regarder sa montre. A tous les coups, il attendait sa petite amie. La jeune fille se leva lorsqu'elle vit Sano revenir vers elle. Elle se demandait encore pourquoi elle avait accepté de venir. Il faut dire que Sano s’était montrer très convaincant ce matin.
Masaki était passée rapidement dans sa chambre pour enfiler quelques vêtements plus convenables et avait ensuite rejoint Sano qui l'attendait dans le salon. Bien qu'elle n'ait pas franchement apprécié la manière dont il était entré chez elle, elle était cependant intriguée par le jeune homme. Si il était venu la voir de si bonne heure, c'était probablement parce que c'était important.
- Si tu ne veux pas sortir avec moi, pourquoi tu me colles comme ça ? Demanda Masaki.
- J'ai besoin de ton aide.
- Moi ? Pourquoi ?
- J'aurais besoin que tu te fasses passer pour ma petite amie.
- C'est quoi encore ce délire ?
- Ma mère arrive cet après-midi de Tokyo. Elle veut me marier avec une fille que je ne connais même pas.
- Dis lui que tu ne veux pas.
- Ce n'est pas si simple, ma mère tient énormément aux traditions mais si elle voit que je suis fiancé, elle arrêtera probablement ses projets délirants, expliqua Sano.
- D'accord mais pourquoi tu tiens à que ce soit moi ? Tu pourrais demander à n'importe qui. Avec ton charme légendaire tu n'as qu'à draguer la première venue, continua-t-elle su un ton ironique. N'importe quelle fille pourrait jouer le jeu, non ?
- Le genre de filles que je fréquente ne plaira jamais à ma mère. Elles sont…
- …trop blondes ? Trop bêtes ? Après tout, si elles croient ton baratin de Casanova, je me doute bien qu'elles ne sont pas très futées. De toute façon, il est hors de question que je te rende le moindre service, pas après ce que tu m'as fait.
- Tu m'en veux encore pour cette blague ? Je me suis déjà excusé pour ça, tu vas m'en vouloir encore longtemps ? C'était juste une petite blague, il n'y a pas eu mort d'hommes.
- Donnes moi une seule bonne raison d'aider un idiot dans ton genre ? Personnellement, je n'en vois aucune et je n'ai pas le temps de jouer, j'ai un tas de choses à faire.
- Qu'est ce qui peut être plus important que sauver ma vie ? On voit bien que tu ne connais pas ma mère.
- Je m'en fiches, c'est tes problèmes.
- Kotani-san, s'il te plaît…
Voilà bien une situation que Masaki n’aurait jamais envisagé, même en rêves. Elle connaissait Sano depuis quelques jours à peine et elle lui rendait déjà un énorme service. Dans le hall de l'aéroport, Sano était très tendu contrairement à Masaki qui n'avait nullement l'air inquiète. Après tout, si ce plan échouait, c'était lui qui allait en subir les conséquences.
- Son avion vient d'atterrir. Tu as eu le temps de mémoriser la liste que je t'ai faite ?
- Tu avais dit deux ou trois choses à savoir, ta liste fait pas loin de trois pages. J'ai vraiment besoin de connaître tout ça ? Se plaignit la jeune femme.
- Pour le moment, contentes toi d'être polie et de sourire. Je sais c'est un peu difficile pour toi mais fais un effort….
- Tu ferais bien d'être plus aimable avec moi. Je pourrais encore te laisser en plan.
- Oui mais je sais que tu ne le feras pas. Je te rappelle que tu as signé.
La jeune femme ne pouvait pas oublier cet accord qu’il avait conclu quelques heures plus tôt. D’ailleurs, si elle avait accepté de participer à cette mascarade, c’est uniquement parce qu’elle obtenait quelque chose d’intéressant en contrepartie.
- Je ferais tous ce que tu veux si tu acceptes, lui avait alors proposé le garçon le matin, pour finir de la convaincre de la suivre dans ce mensonge.
- Tout ? Vraiment ? Tu ferais bien de faire attention à ce que tu dis, je serais capable de te prendre au mot.
- Tu m'as dit que tu cherchais un appartement…
- Ce n'est pas vrai, tu as vraiment écouté ce que je t'ai dit l'autre jour ? Tu m'impressionnes là.
- J'ai justement un de mes locataires qui vient de déménager, si ça te dit…
- Toi ? Tu es propriétaire d'un appartement ? S'étonna la jeune asiatique. Non mais tu t'es vu ? Tu es un gamin, comment tu pourrais te payer des biens immobiliers.
- Depuis quand il faut être vieux et moche pour être propriétaire ?
- C'est d'accord mais sous certaines conditions.
- C'est normal, qu'est ce que tu veux ?
- D'abord, je dois voir ton appartement, je veux vérifier que tu ne me proposes pas un trou à rat.
- Aucun problème.
- Combien de temps ta mère reste-t-elle à New York ?
- Toute la semaine mais je te demanderais juste de venir avec moi la chercher à l'aéroport et de dîner avec nous une fois. Cela ne te prendra pas beaucoup de temps. Autre chose ?
- Je n'ai pas confiance en toi alors je préfère que nous mettions tout ça par écrit.
- Quoi, un contrat ?
- Exactement.
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