Chapitre 2 Premier jour

Chapitre 2 Premier jour

Après un court entretien avec le principal, Nobuko allait pouvoir rejoindre sa salle de cours. Accueillir les nouveaux élèves était une tâche qui revenait aux représentants des élèves. Elle suivit le principal au secrétariat où une jeune fille était assise et patientait en lisant un magazine. C'est seulement lorsque l'on lui présenta Sarah que Nobuko la reconnut. Il s'agissait de la voleuse qu'elle avait essayé d'arrêter le samedi précédent.

- Toi ! Qu'est ce que tu fais là ?

- Vous vous connaissez ? Demanda le principal.

- Non, je ne pense pas. Répondit Sarah. Tu dois me confondre avec quelqu'un d'autre.

Sarah sourit en essayant de cacher son malaise. Elle avait bien sûr reconnu cette jeune asiatique mais ne pouvait le dire clairement. Elle ne souhaitait pas que l'on connaisse les circonstances de leur première rencontre.

Le principal ne chercha pas plus loin, il avait d'autres soucis en tête, gérer un lycée par exemple. Il retourna à son bureau, il avait encore beaucoup travail ce matin.

*

Les couloirs étaient déserts, tout le monde était en classe à cette heure-là. Les deux jeunes filles empruntèrent l'escalier et puis au troisième étage, tournèrent à gauche. Nobuko était bien contente d'avoir un guide, ce lycée était un véritable labyrinthe. Elles ne s'étaient pas adressées la parole depuis le secrétariat. Finalement, c'est Sarah qui brisa ce lourd silence.

- On m'avait dit que la nouvelle élève était française, on ne peut pas dire que tu fasses tellement parisienne.

Nobuko n’avait pas la langue dans sa poche et surtout, elle n’allait pas se laisser faire sans réagir. Elle rétorqua aussitôt.

- Et toi, on dirait pas à première vue que tu es une délinquante !

- Quoi ? S'interloqua Sarah. Tu dis ça à cause de ce qui s'est passé au magasin samedi ?

- A quoi veux-tu que je pense d'autre ? Au fait, je ne t'ai pas remercié ! Grâce à toi, j'ai passé plus d'une demi-heure à expliquer à un vigile complètement idiot que je n'y étais pour rien.

- Je t'avais pourtant dire de te mêler de tes affaires ! Tu ne peux t'en prendre qu'à toi même.

Nobuko ne s'attendait pas à ce genre de remarque et s’arrêta en plein milieu du couloir, bouche bée. Sarah se retourna vers elle. Elle avait peut-être parler trop vite.

- Désolé ! Ecoutes, fit la jeune fille qui cherchait un moyen de se faire pardonner, je pense que l'on devrait oublier cet incident. Après tout, ce n'était pas bien grave, il t'a laissé partir finalement ce vigile ?

- Oui, reconnut finalement Nobuko. C'est pas aller bien loin !

- Tu es nouvelle et tu ne connais personne. Il faut bien quelqu'un pour te guider. Tu as quand même un peu besoin de moi.

- Ce n'est pas entièrement faux.

- Toutes les deux, on a pris un mauvais départ. Que dirais-tu de tout effacer et de recommencer ? Je vais te prouver que je ne suis pas une délinquante et que je suis plutôt honnête comme fille.

- Je ne demande qu'à voir !

- Et toi, tu pourras me montrer que tu n'es pas qu'une nana un peu trop curieuse qui se mêle des affaires qui ne la regarde pas !

- D'accord !

Nobuko serra la main que lui tendait Sarah afin de sceller symboliquement ce pacte.

- Reprenons depuis le début : moi c'est Sarah, Sarah Baker. Enchantée de faire ta connaissance.

- Nobuko Kotani et tes infos sont exactes, j'arrive de France. Je suis franco-japonaise.

- Japonaise ? Je n'y aurais jamais penser ! En tout cas, je trouve que ton anglais est plutôt bon !

- J'ai vécu à Londres pendant plusieurs années.

- Londres, Paris ! Tu en a visité beaucoup des villes ? Ça m'intéresse tout ça !

- J'ai beaucoup voyager en effet, qu'est ce que tu veux savoir ?

Les deux jeunes filles arrivèrent à la salle de cours et durent stopper leur conversation. Sarah toqua à la porte et attendit la réponse avant d'ouvrir la porte et laisser Nobuko passer la première.

*

La journée était passée rapidement mais Nobuko était ravie d'en voir le bout. Avant de rentrer chez elle, elle récupéra quelques manuels scolaires manquants au secrétariat. Ne voulant pas s'encombrer inutilement de tout ces livres, elle décida d'en poser quelques uns dans son casier.

Une fois cela fait, elle emprunta l'escalier situé à quelques mètres. Pourtant arrivée deux étages plus bas, elle sembla perdue. Elle n'arrivait toujours pas à se repérer dans ce lycée. Elle chercha dans son sac le plan que lui avait remis Sarah mais en vain. Soudain, elle entendit des voix dans une salle de cours vide, elle s'approcha de la porte de manière à écouter sans être vue. Elle ne put s’empêcher de jeter rapidement un coup d'oeil et reconnut Sarah qui était bloquée près d'un bureau par une jeune fille blonde.

- Adena ! S'il te plaît ! Implora Sarah. Tu avais dit que tu me rendrais les photos si je volais dans ce magasin. Je l'ai fait, donnes moi ces photos !

- Non, j'ai changé d'avis !

- Mais pourquoi ?

- Finalement, c'était trop facile et pas si drôle que ça ! En plus, tu aurais pu faire attention ! Tu as pris des vieux CD de Britney Spears ! J'ai l'air d'écouter du Britney ?

- Désolé, le vol à l'étalage, c'est pas ma spécialité !

- Parce que moi, je suis une spécialiste ? Dit Adena, visiblement très énervée. Fais attention à tes paroles Sarah, je ne voudrais pas qu'il t'arrivent de mauvaises choses !

En prononçant cette dernière phrase, Nobuko sentit qu'elle ne plaisantait pas. Il y avait un mélange de cruauté et de sang froid dans le ton de sa voix. Elle ne savait pas qui était cette fille mais visiblement, il ne fallait pas la chercher.

- Qu'est ce que tu veux ? Demanda Sarah.

- Ton émission ! Je veux ton émission radio !

- Quoi ? Mais je ne peux pas ! C'est moi qui l'ai monté cette émission !

- Tu préfères que je montres ces jolis clichés à Olivia ? Fit la lycéenne en agitant quelques photos devant Sarah. Je suis sûre qu'elle sera ravie de te voir dans les bras de son petit copain. Bien, on est d'accord ! Je reprends l'émission ! Tu trouveras bien une bonne excuse pour démissionner !

- Mais je...

- J'ai l'émission, tu as les photos ! Bien sûr, tout cela reste entre nous ! Tu sais bien qu'il ne serait pas bon pour toi de lancer de sales rumeurs à mon sujet !

Nobuko était à la porte d'entrée et ne perdait pas une miette de la conversation. Elle fut surprise de voir Sarah se laisser marcher sur les pieds de la sorte, elle était bien différente de la Sarah qu'elle avait rencontré le matin même.

Soudain, la sonnerie du téléphone portable de Nobuko retentit. A ce moment précis, elle regrettait d'avoir choisi «Glamourous Sky», la chanson thème d’un de ses films préférés, Nana, comme sonnerie. Elle allait se faire repérer. Elle essaya de répondre rapidement mais naturellement, son portable avait décidé de se cacher tout au fond du sac.

Adena s'arrêta net en entendant la sonnerie et chercha à savoir d'où venait ce bruit. Elle ne voulait pas que ces méthodes de persuasion un peu trop directes soient révélées. Elle n'allait pas laissé cet espion s'en tiré ainsi. Elle sortit de la salle de cours mais aperçut juste une jeune fille brune en uniforme qui s'éloignait au bout du couloir.

- Tu ne perds rien pour attendre toi ! Quand à toi Sarah, je te remercie de ta compréhension.

*

Nobuko avait déguerpi comme un lapin. Une fois hors de portée d'Adena, elle fouilla dans son sac et chercha son portable qui continuait de chanter toujours plus fort. Finalement, quand elle le trouva, c'était trop tard. Elle regarda son portable et vit qu'elle venait de manquer un appel de sa soeur. Elle venait de lui laisser un message et Nobuko l'écouta tout de suite.

- Salut ! Je pensais que tu aurais fini les cours ! Enfin, je décolles dans cinq minutes et j'aurais voulu que tu me racontes ta première journée. C'est pas grave, je t'appelle dès que je suis à Tokyo ! Bye !

Le message terminé, elle rangea son mobile. Elle vit Adena qui quittait le lycée. Elle prit peur et se hâta de se cacher dans le parc voisin.

Elle courait tout en regardant derrière elle et ne vit pas le jeune maman qui arrivait avec sa poussette. Elle se prit les pieds dedans et tomba de tout son long à terre. Heureusement, la poussette était vide, il n'y avait pas de mal. Nobuko s'était à peine écorchée le genou. Et s'excusa auprès de la maman.

Tout à coup, elle entendit quelqu'un rire. Elle se retourna et vit un jeune asiatique qui portait le même uniforme qu'elle.

- Il n'y a rien de drôle ! Et attends ! T'es dans mon lycée !

- Et dans la même classe aussi ! Fit remarquer l'adolescent. Alors, Kotani-san, tu peux refaire ta cascade encore une fois ?

- Ah ah ! Très drôle ! Désolé mais j'ai pas souvenir que l'on ai été présenté !

- Akira Okayasu ! Mais tu peux m’appelle Akira-kun !

Le petit air suffisant du jeune homme agaça un moment Nobuko. En réalité, elle se sentait plutôt ridicule d’être tomber de la sorte et tenta alors de dissimuler son malaise.

- Tiens, pendant que je t'ai sous la main, au lieu de faire le malin, tu pourrais m'indiquer quelle direction je dois prendre pour rejoindre la 5ème avenue ?

- Je t'accompagne si tu veux, j'habites par là moi aussi !

Les deux lycéens quittèrent le petit parc et marchèrent à travers la ville. En quelques minutes, Nobuko se retrouva devant la porte de son immeuble. Elle remercia rapidement Akira de son aide. Le portier lui ouvrit la porte et Nobuko rentra chez elle.

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