Chapitre 11 Mal du pays

Chapitre 11 Mal du pays

La pièce était plongée dans le noir et Nobuko dormait à poings fermés. Lorsque le réveil sonna, elle n'ouvrit même pas les yeux. Elle glissa la main hors du lit et essaya d'éteindre ce maudit appareil qui n'arrêtait pas de hurler. Finalement, après avoir taper sur tout ce qui trouvait sur la table de chevet, Nobuko réussit à retrouver le silence.

Elle comptait bien rallonger sa nuit mais visiblement, ce n'était pas du goût de sa mère. Cette dernière débarqua dans la chambre, dix minutes plus tard. Elle tira la couette au pied du lit, laissant apparaître Nobuko, vêtue de son pyjama et qui n'appréciait que modérément les manières un peu trop militaires de sa mère.

- Il est trop tôt pour se lever ! Gémit Nobuko en essayant de remettre la couverture sur elle.

- Qu'est ce que tu racontes, tu te lèves tout les jours à cette heure-là ! Pourquoi tu me fais toute une histoire ce matin ? Allez, debout maintenant !

Nobuko se mit la tête sous la couette. Sa mère releva de nouveau la couverture mais c'est fois-ci, elle l'enleva du lit. Nobuko se retrouva seulement avec son oreiller. Vexée, elle s'assied en tailleur sur son lit.

- Je ne veux pas retourner dans ce lycée !

- Bien, ça suffit maintenant ! S'écria sa mère. Arrêtes tes gamineries ! Tu te lèves ! On fait pas toujours ce que l'on veut dans la vie !

En voyant la tête de sa fille, Madame Kotani se calma et pris place près de Nobuko. Elle n'avait pas l'habitude de s'emporter aussi facilement.

- Ecoutes ! Fit la quarantenaire pour essayer de réconforter son enfant. Tout ces déménagements à répétition, je sais que ce n'est pas facile pour toi. Mais tu es beaucoup trop jeune pour vivre toute seule et surtout à des milliers de kilomètres de nous. Tu ne peux pas retourner à Paris, il va falloir te faire à la vie new-yorkaise. Ton père et moi sommes d'accord là dessus.

- Et cette décision est...

- Irrévocable ! Maintenant, dépêches toi de te préparer, tu vas finir par être en retard.

*

Dans la classe vide, Adena vagabondait parmi les allées tout en n'arrêtant pas de parler. Jake, assis sur une table, la regardait aller de droite à gauche. Lorsqu'elle était énervée, elle n'arrivait pas à rester en place, cela l'amusait beaucoup. Adena se tourna vers lui et vit qu'il souriait.

- Quoi ? Arrêtes de me fixer avec ce sourire débile ! Tu me fais peur, on dirait un pervers !

- Un pervers ! Répéta le jeune homme. Rien que ça !

Jake descendit de son perchoir et rejoignit Adena. Il lui donna un baiser mais Adena reprit son discours, laissant Jake sur sa faim.

- Je te jure ! Elles sont sur la Black List tout de même et j'ai l'impression que ça ne leur faire rien. Tu étais là, tu as vu comment Nobuko m'a littéralement planté et cette Sarah qui fait soudainement sa rebelle. Elle se croit invincible ou quoi ? Elle faisait moins la maligne avant les vacances de Noël. Crois-moi, elle ne va pas jouer à ce petit jeu bien longtemps.

- Je te fais confiance ! Dit Jake en l'embrassant dans le cou. Je sais bien que tu es redoutable !

Jake se faisait insistant et Adena le repoussa. Il avait l'air plutôt surpris qu'Adena ait ce genre de réaction.

- Quoi ?

- Tu m'écoutes au moins ? Qu'est ce que tu as être si collant avec moi ? Tu n'est pas comme ça d'habitude.

- Rien ! J'ai pas le droit d'embrasser ma petite amie ?

- Si mais...

- Pour ton problème avec Sarah, on devrait déjà s'assurer qu'elle ne gagne pas ce concours radio.

- Et quel est ton plan ?

- Et bien, il suffirait de s'assurer qu'elle n'est pas assez de votes. Il suffit de passer au secrétariat et de remplacer les votes de Sarah par des votes pour toi. Je suis sûr que tu as déjà été choisi mais il vaudrait mieux s'en assurer.

- Et pour ce qui concerne Nobuko, je m'occuperais d'elle plus tard.

*

A 15h00, toujours un peu déprimée, Nobuko entra dans la salle et s'assit sur une chaise libre que lui avait gardé Charlie.

- Qu'est ce que tu as ? Lui demanda son ami.

- Rien, j'ai pas tellement le moral ces derniers temps mais ça va passer. C'est sympa de t'inquiéter pour moi. Sarah n'est pas là ?

- Non, elle n'est pas inscrite à ce cours.

- Je ne savais pas que tu t'intéressais à l'économie.

- Pas vraiment mais comme c'est une matière facultative, ça me permettrait de gagner des points pour l'examen.

Nobuko tourna la tête et regarda quels élèves avaient choisis de rester une heure de plus pour assister à ce cours. Son regard se bloqua vers Akira qui franchit le pas de la porte et qui vint s’asseoir à la seule table de libre, à côté de Nobuko.

- Toi ? Faillit crier Nobuko.

- Je vois que tu as pris ce cours toi aussi ! Rétorqua Akira. Je vais finir par croire que nous sommes destinés !

- Mais bien sûr !

Akira remarqua que Charlie les regardait. Il devait les trouver comique à se disputer de la sorte car il sourit en écoutant Nobuko.

- Tu me présentes pas à ton ami ?

- Pourquoi ?

- Salut ! Fit l'intéressé, ne faisant pas attention à l'opposition de Nobuko. Je m'appelle Charlie Pratt.

- Akira Okayasu !

- Je sais ! Tout le monde sait qui tu es au lycée. Alors, vous sortez ensemble ?

Charlie n'eut pas le temps d'attendre qu'Akira et Nobuko répondirent en même temps.

- Avec elle ?

- Avec lui ?

*

Après avoir longuement attendu Jake, Adena décida d'agir seule. Elle s'introduisit dans le bureau qui était vide. La secrétaire venait de prendre une pause café, Adena n'avait pas de temps à perdre. Elle se rendit derrière le comptoir et rapidement, trouva la boîte des votes.

Comme elle le pensait, la boîte n'avait pas encore été ouverte car elle se trouvait au même endroit que mardi, lorsqu'elle avait demandé au principal où en était le dépouillement des votes. Elle commença à retirer tout les bulletins qui portait le nom de Sarah. Elle fut surprise d'en trouver autant.

Tout à coup, elle entendit une porte s'ouvrir. Adena se cacha sous le comptoir en priant de ne pas se faire prendre. Elle n'avait pas envisager cette hypothèse et n'avait pas réfléchi à une excuse valable si on la trouvait là.

Elle tendit l'oreille et reconnut immédiatement la voix du principal. Il parlait avec la psychologue, Madame Lewis. Au début, elle n'entendait pas tout ce qu'ils disaient mais ils s’arrêtèrent juste devant elle, devant le comptoir. Cachée sous le bureau, Adena écoutait sans se faire voir.

- Je m'inquiètes pour lui ! Fit Madame Lewis. Il semble de plus en plus déprimé. Il passe beaucoup temps dans mon bureau ses dernières semaines.

- Toujours au sujet de sa mère ? Se renseigna le principal.

- Akira est un garçon plus fragile qu'il n'y parait. Il s'en veut pour la mort de sa mère.

- Et son père qui l'accuse d'être responsable de la mort de son épouse. Comment voulez qu'il aille mieux.

- Il a tué sa mère ! Il n'arrête pas de se répéter ça !

Malheureusement pour Adena, elle ne pouvait pas entendre la suite car le couple s'éloigna. Elle remplaça les bulletins de vote, remis la boite en place et quitta le secrétariat. Finalement, elle n'avait pas perdu sa journée. Elle venait de s'assurer la victoire au concours et en plus, cerise sur le gâteau, elle avait un scoop sur Akira.

Elle s'empressa de joindre Jake par téléphone pour lui annoncer ses découvertes mais elle tomba sur la messagerie. D'ailleurs, c'était le genre de choses qui arrivaient de plus en plus souvent ses derniers temps.

*

Le lendemain matin, Akira marchait à travers les couloirs. Soudain, Nikki se planta devant lui. Il la regarda un instant puis la contourna pour continuer son chemin. Nikki, le regard plein de colère, se retourna alors qu'il s'éloignait. Elle le rattrapa et marcha à ses côtés tout en parlant.

- Tu ne dis plus bonjour à tes ex !

- Salut ! Répondit simplement le garçon.

- Tu fais quoi ce soir ? Je connais une super boîte, ça te dit de m'accompagner ? Demanda-t-elle comme si de rien n’était. J'ai un pote qui peut nous avoir des fausses cartes d'identité, ça pourrait être sympa...

- J'ai pas envie de sortir avec toi ce soir !

- Pourquoi ? On était bien tout les deux, on s'amusait bien ! Allez, Akira !

- Désolé ! Je suis pas intéressé !

- Quoi ? Tu préfères te taper la nouvelle ?

Le ton de Nikki monta lorsqu'elle prononça cette dernière phrase. Akira stoppa net en plein milieu du couloir et se tourna vers elle. Il s’était efforcé de rester patient et courtois avec son ex petite amie mais ce fût la remarque de trop.

- A cause de toi, elle a failli mourir de froid. Ta petite blague dans les toilettes a failli mal tourner. D'ailleurs, tu as bien de la chance qu'elle n'ait pas porter plainte contre toi ! Et s'il te plaît, arrêtes de me harceler ! Nous deux, c'est fini ! On est peut-être sorti ensemble mais aujourd'hui, c'est terminé. C'est de l'histoire ancienne. Rentres toi ça dans la tête ! Nous deux, c'est FINI ! TERMINE !

Sur ces mots, il reprit la direction de sa salle de cours laissant Nikki bouillir de rage.

*

Dans un autre couloir du lycée, Jake discutait avec un élève lorsqu'Adena arriva. Elle s'interposa entre eux salua rapidement l'autre élève puis entraîna Jake un peu plus loin.

- Je peux savoir savoir où tu étais hier ? Demanda sèchement l'adolescente. Je t'ai attendu après les cours !

- Ah, c'est vrai, je devais te rejoindre au secrétariat ! Désolé, j'avais complètement oublié !

- C'était ton idée, si tu te souviens bien ! Et je peux savoir pourquoi tu ne répondais pas sur ton portable ? Je n'ai pas arrêter de te joindre hier soir !

- Désolé, j'avais beaucoup de choses à faire hier !

- Désolé, désolé ! Tu peux pas donner une meilleure explication ! Qu'est ce que tu me caches ?

- Mais rien ! Qu'est ce que tu imagines ? Que je vois une autre nana ?

- J'en sais rien, c'est le cas ?

Adena se plongea dans le regard de son petit ami espérant y lire la vérité. Ces yeux marrons aux éclats dorés ne pouvaient pas la trahir.

- Vraiment, répondit Jake sur un ton charmeur. Tu crois que j'irais voir ailleurs alors que je sors déjà avec la fille la plus jolie du lycée.

- Ce n'est pas avec tes flatteries que tu m'auras !

- J'ai une autre solution pour me faire pardonner !

Jake la plaqua sur les casiers, manquant d’écraser un élève de première année puis l'embrassa fougueusement. Adena resta sans voix et remarqua que tout le monde les regardait. Finalement, aux bouts de quelques secondes, elle descendit de son nuage.

- Bon, on se voit plus tard ! Susurra Adena dont l'agressivité avait baissé d'un coup.

Adena se rendit à sa salle de cours et croisa Akira qui rejoignait Jake. Elle lui adressa un sourire, chose qui n'était pas forcément habituel chez elle, en tout cas, pas avec ce visage radieux.

- Qu'est ce qui rend Adena de si bonne humeur ? Demanda Akira.

- Mon charme irrésistible bien sûr ! Se vanta son ami.

- Il faudra que tu m'expliques un jour comment tu t'y prends pour rendre les filles aussi dingues !

- Tu rigoles ? T'as pas besoin de mes conseils pour draguer les filles, je t'ai vu avec Nikki. Je croyais que c'était fini vous deux.

- Mais c'est fini et depuis longtemps. C'est elle qui ne veut pas l'accepter !

- Les relations de couple, c'est pas toujours simple.

- En parlant de ça, j'ai l'impression que tu n'as toujours pas dit à Adena que tu voulais la quitter !

- Je n'ai pas encore trouver le bon moment !

- Il serait temps que tu lui dises ou elle va finir par l'apprendre par quelqu'un d'autre.

- Je sais, je vais lui parler !

- D'accord mais quand ? Tu me dis que tu vas lui parler depuis les vacances de Noël. C'est pas bon de laisser traîner les choses.

- Je lui parlerais ce soir. Enfin, si j’y arrive...

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