Chapitre 4






Mia

Lorsque nous entrons chez lui je monte directement dans la chambre de Justin, ne souhaitant en aucun voir sa sœur. Molly Pelman est âgée de deux ans de moins que nous, de nature aimable et sociable Molly est une bonne personne. Mais ce soir je n'ai pas envie de discuter pendant des heures de séries coréennes que je ne connais même pas. Ce genre de série la passionne depuis quelques années déjà, j'ai tenté de m'y mettre aussi mais je n'ai pas accroché. Après tout ça ne plaît pas à tout le monde. Si ?

Une fois arrivé dans sa chambre, je m'assois contre le rebord de la fenêtre dont la vue donne sur son jardin verdoyant. Et c'est précisément dans ce jardin où nous nous sommes embrassés. Il y a deux ans, Justin avait organisé une grande fête pour ses quinze ans. A cette Justin avait encore le visage d'un jeune adolescent mais il était toujours aussi beau pour moi. Même s'il avait quelques boutons, je ne les voyais pas derrière son magnifique sourire. Un sourire qui m'a toujours fait craqué.

— Devine ce que j'ai dans les mains ?

Sa question me fait sursauter. Je ne l'avais pas entendu monter, ni entrer dans la chambre.

— Mhm, je ne sais pas. Un dvd de Julia Roberts ?

— Non j'ai mieux que ça, regarde.

Et la, il me tend un cheesecake. Une gâteau entier.

— Tu veux ma pertes Justin ou quoi ?

Mes pensées ne vont plus que vers une seule chose, ce magnifique gâteau qui m'appelle avec amour.
Justin s'approche de moi et je prends l'assiette sur laquelle le gâteau est. Les pars sont déjà coupés. Je n'ai plus qu'à en prendre une part.  Et puis je suis sûre que je pourrais le manger puisque Justin déteste le cheesecake.

Après avoir littéralement dévorer deux parts, je pose l'assiette et regarde Justin qui se moque de moi. Mais ça ne me fais ni chaud ni froid. Depuis le temps qu'il me juge sur ma façon de manger, ce n'est pas aujourd'hui que cela changera quoi que ce soit pour moi.

— Tu t'es régalé à ce que je vois.

— Sans blague. Bon et si tu me disais la raison de ma venue ici.

Justin prend tout d'un coup un air gêné. Ce sera une question sur elle, sans aucun doute.

— Euh, bon écoute je voulais que tu saches que jamais je ne te ferais du mal Mia. Mais il faut que tu comprennes que tu es ma meilleure amie, comme ma deuxième sœur. Et je t'aime.

Quoi ? Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

— Je t'aime. Comme ma propre sœur. Et tu sera toujours ma sœur Mia. Et je vais que tu comprennes que Pénélope compte beaucoup pour moi. Certes je sors avec elle depuis quelques jours seulement mais c'est tellement intense entre nous, je n'ai jamais vécu ça avec une fille. Et puis elle n'est pas aussi méchante que tout le monde le prétend.

Non mais stop ! Je suis dans un cauchemar ou quoi ?
Sans rire ? « Pas si méchante que ça ? », il a oublié qu'elle lui avait cassé sa trottinette en primaire parce qu'il avait refusé de l'embrasser...

Je n'écoute plus un mot de plus sortant de sa bouche. J'en ai assez entendu sur mademoiselle Pénélope la Parfaite. Et puis « je t'aime comme ma propre sœur ». Non mais dans quoi je me suis embarqué moi ? Hein ?

Mon regard se fixe sur l'un des posters de sa chambre. Sur celui de Pulp Fiction plus précisément.
Et je repense alors à Mia Wallace, l'un des personnages du film. Une femme classe, respectée, drôle et aussi accroc aux drogues. Mais si on oublie ce dernier détail, ce personnage a toujours représenté la vision forte des femmes, dans un monde dirigé par les hommes. Et je me dis que j'aimerais bien lui ressembler. Pas entièrement bien sûr mais si je pouvais avoir ne serait-ce une part de son caractère, je m'en sortirais sans doute mieux.

Surtout dans la situation dans laquelle je me trouve.

— Mia tu m'écoutes ?

La voix de Justin me fait revenir à la réalité et je constate que j'ai du louper une bonne partie de son discours.

— Alors t'en pense quoi ?

— De quoi ?

— Eh bien du cadeau que je vais lui offrir ! Regarde à nouveau !

Justin me montre alors l'élément déclencheur. La goute qui a fait déborder le vase.

Une photo du collier que je lui avais demandé pour Noël. Il veut lui offrir mon cadeau ?!

Je sens alors quelque chose monter en moi. Quelque chose de fort, de sombre et d'irritation. Et je sais ce que sais. La rage. J'ai la rage.

Justin attend ma réponse mais je ne dis rien. Je reste muette. S'il dit un mot de plus sur ce collier je sens que je vais exploser. J'essaie de me calmer mais c'est assez difficile.

— Bon Mia pourquoi tu ne dis rien ? J'attends ton avis sur le cadeau. Tu crois que ça lui plaira ?

Ça y est. Je vais exploser.

Je me lève et prend mes affaires. Je sors de la chambre en furie et descend les marches de l'escalier en une vitesse record et sort de la maison sans même saluer Molly surprise de me voir partir comme cela.

Une fois dans la rue, je marche vite voulant m'éloigner le plus de lui.

— Eh Mia ! Attend !

Justin marche derrière moi, ne comprenant visiblement pas mon comportement.
Mais je ne m'arrête pas pour autant. Non. Je continue de marcher.

J'entends alors qu'il court et me retourne. Il court jusqu'à moi, et je suis incapable de résister à son appel. Je m'arrête et lorsqu'il me rejoins, l'incompréhension se lit sur son visage.

— Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu es partie ? J'ai dit quelque chose de mal ?, demande-t-il en essayant de me prendre sans ses bras. Mais je recule aussitôt.

Ce geste le surprend et il respecte mon choix.
Son regard devient sérieux et je sens que la conversation que nous allons avoir ne sera pas plaisante.

— Bon tu vas me dire oui ?! Mia dis-moi !

Sans ménagement je sors tout ce que j'ai sur le cœur :
- Te dire quoi ?! Hein ?! Que rien que le fait que tu parles de ta copine parfaite ça me brise le cœur ?! Que lorsque j'ai assisté à votre rendez-vous je n'avais qu'une envie, partir le plus loin possible parce que te voir avec une autre fille m'est insoutenable ! Et à ton avis pourquoi ? Hein pourquoi ça me fais du mal ? Et bien parce que depuis que je te connais, depuis que j'ai vu ton regard sur moi au parc il y a dix ans je suis amoureuse de toi Justin !

Je reprend mon souffle et lorsque je vois son regard d'incompréhension, je me rend compte de ce que je viens de faire. Je lui ai dit. Oh non.

— Mia tu n'es pas amoureuse de moi.

— Quoi ?

— Tu ne peux pas être amoureuse de moi ! Non mais regarde toi ! Tu mérites quelqu'un de mieux que moi, je viens de le réaliser. Peut être qu'il faut qu'on s'arrête là.

— Comment ça « s'arrêter là » ? Qu'est-ce que tu veux dire Justin ?

— Je dis qu'il faudrait qu'on arrête d'être amis Mia. Si tu souffre à cause de moi, et cela depuis des années, ne me laisse dans cette situation ou je passe pour le méchant. Alors adieu.

Justin tourne les talons et regagne sa demeure.

Quant à moi je reste immobile, en plein milieu de la route incrédule. Qu'est-ce qui vient de se passer ?
Justin et moi avons...nous ne sommes plus amis.

C'est fini. Tout est fini. Moi, Justin, c'est fini. Pour de bon. Terminé.

Je devrais me réjouir à ne plus à voir à supporter cet amour à sens unique mais des larmes coulent sur mes joues. Et elles ne s'arrêtent pas. Bien au contraire elles augmentent, beaucoup jusqu'à ce que je lâche un sanglot.

Ça y est. Je pleure.

— Bah alors tu t'es faite recaler où quoi ?

Une voix familière résonne près de moi et lorsque je tourne la tête je vois celui avec qui je me suis embrouillé aujourd'hui.

Carter O'Warden se tient assis sur l'une des balançoires du parc public, les mains dans les poches, un air amusé sur son visage.

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