Quelques jours seulement après l'enterrement de Tomoe, la vie reprenait doucement son cours chez les Kaburagi. Kotetsu, malgré son sourire habituel et ses tentatives pour rester fort, peinait à jongler entre son travail de héros et ses nouvelles responsabilités en tant que père célibataire. Heureusement, Barnaby était là, prêt à épauler son frère. Entre ses études à l'Académie des héros et ses propres combats intérieurs, il prenait son rôle d'oncle très au sérieux, s'investissant pleinement pour s'occuper de Kaede.

Pour Barnaby, s'occuper de sa petite nièce n'était pas seulement une manière d'alléger le fardeau de Kotetsu. C'était aussi une façon de se connecter à cette enfant qui venait de perdre un parent, une douleur qu'il comprenait mieux que personne. Lorsqu'il voyait Kaede pleurer ou se plaindre que son père n'était jamais à la maison, il trouvait toujours les mots pour la réconforter :

— Ton papa t'aime énormément, Kaede. Il fait tout ça pour toi. Il est très occupé, mais il essaie de faire de son mieux, comme toujours.

Il s'abstenait de mentionner le travail de Kotetsu comme Wild Tiger, conscient que ce serait un secret que Kotetsu devrait révéler lui-même un jour. Mais ses paroles rassuraient Kaede, qui finissait par sourire et se blottir dans ses bras.

Malgré son amour grandissant pour Barnaby, Kotetsu portait toujours sa bague de mariage. Il aimait encore profondément Tomoe, même après sa mort. Cette bague, à ses yeux, était un symbole de leur bonheur passé, une mémoire qu'il refusait d'effacer. Barnaby, bien que blessé par ce lien indélébile entre son frère et sa défunte épouse, comprenait. Il savait que Kotetsu ne voulait pas oublier Tomoe, et il respectait cela. Alors, comme toujours, il enfouissait ses propres sentiments, les enterrant plus profondément dans son cœur, et continuait à être le soutien indéfectible dont Kotetsu et Kaede avaient besoin.

Pourtant, Kotetsu n'était pas aveugle. Il voyait la douleur discrète de Barnaby, mais il n'osait pas poser de questions. Il se souvenait des mots de Tomoe avant sa mort :

— Continue d'être Wild Tiger, Kotetsu, pour protéger tout le monde. Mais surtout... prends soin de Barnaby. Il compte tellement pour toi.

Ces paroles résonnaient encore dans son esprit. Kotetsu avait décidé de protéger Barnaby non seulement des dangers extérieurs, mais aussi de ses propres sentiments. Il s'interdisait de céder à ce qu'il ressentait pour lui, se convainquant qu'il devait attendre. Attendre que Barnaby devienne adulte, peut-être attendre que leurs chemins se clarifient, ou attendre que son cœur lui donne enfin la permission d'aimer à nouveau.

Un jour, Kotetsu décida de rendre visite à ses parents à Oriental Town avec Kaede, leur offrant un moment en famille loin des tracas quotidiens. Pendant leur absence, Barnaby profita de l'occasion pour enquêter discrètement sur Ouroboros, l'organisation qui avait détruit sa vie en assassinant ses parents.

Dans sa chambre, il épluchait les rares informations qu'il avait pu collecter, des noms, des rumeurs, des symboles qui revenaient sans cesse. Il espérait trouver une piste menant à l'assassin ou au moins comprendre pourquoi sa famille avait été ciblée ce jour-là. Mais ces recherches clandestines étaient un fardeau qu'il portait seul, incapable de les partager avec Kotetsu.

Barnaby savait que son frère se doutait de quelque chose. Kotetsu l'observait souvent avec un regard à la fois curieux et inquiet, mais il ne posait jamais de questions. Cette retenue touchait profondément Barnaby, qui voyait là une marque de respect et de confiance inégalée.

— Merci, grand frère, murmura Barnaby un soir, alors qu'il était seul. Merci de comprendre, même sans savoir.

Cette gratitude silencieuse alimentait son affection pour Kotetsu. Mais en même temps, chaque jour qui passait renforçait son désir de justice et de vérité. Il savait que ce chemin qu'il empruntait seul le mènerait peut-être à des réponses, mais aussi à davantage de douleur.

Kotetsu, lui, continuait à marcher sur le fil fragile entre son amour pour Tomoe et son amour interdit pour Barnaby. Les promesses qu'il s'était faites étaient comme des chaînes, mais il les acceptait, persuadé que c'était ce qu'il fallait pour préserver leur famille.

Ce chapitre de leur vie n'était qu'un début, marqué par des liens d'amour, de secrets et de sacrifices. Chacun, à sa manière, portait un poids qu'il n'osait partager, mais tous deux continuaient à avancer, côte à côte, dans un fragile équilibre.