Chapitre 9 - Suspicions
Franck tapait sur son ordinateur portable lorsque Muriel entra dans la cuisine, se tenant la tête entre les mains. Elle ne portait pour toute tenue qu'un vieux tee-shirt trop long et tout délavé.
Il la regarda en coin :
- Ce n'est pas les lendemains qui chantent, on dirait ?
Elle ne répondit pas, remplit un verre d'eau, y fit dissoudre un comprimé effervescent et avala le liquide d'un trait.
- Et toi, tu n'as pas mal à la tête ? finit-elle par demander.
- Mais non, frais comme un gardon. Je n'avais pas trop bu, moi. Et puis, c'était du bon, ça ne rend pas malade, sauf bien sûr si on abuse.
- Oh, nous n'avons pas tant abusé, tu exagères toujours.
- Hein ? Je te signale qu'avec ta petite copine Mélisa, vous en teniez une bonne : j'ai cru que vous alliez me violer dans la piscine !
- Pff, ne prends pas tes rêves pour des réalités.
- Oui, oui, si je ne m'étais pas enfui... Je note en tout cas que pour des gens qui te faisaient une drôle d'impression, tu t'entends mieux que bien avec eux.
- Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Mélisa est une fille super, je me suis trompée, voilà, tu es content ?
Elle commença à se faire du thé.
- Oui, et Christophe m'a proposé d'emblée de me prêter de l'argent, dit Franck sans lever les yeux de son PC.
- Ah bon ? Remarque, de toute évidence il n'en manque pas et, au vu de la façon dont nous avons été reçus, je pense qu'on peut dire qu'il n'est pas radin, c'est même tout le contraire. Tu verrais le dressing de Mélisa, ça me laisse rêveuse.
- J'imagine. Le problème, c'est que j'ai de plus en plus de doutes sur la façon dont il gagne sa vie. Il a vaguement commencé à m'expliquer qu'hormis une activité de marchands de biens, il intervenait pour le compte d'autres personnes dans le cadre d'opérations immobilières. Ca sent le prête-nom à plein nez...
- Et c'est illégal ?
- Ben, je ne suis pas un expert dans ce domaine mais quand des gens sont obligés de faire intervenir des hommes de paille à leur place, c'est généralement qu'ils n'ont pas les mains bien propres. Et puis il me semble me rappeler d'une sombre histoire dont je crois avoir entendu parler après que j'aie eu quitté les assurances. Je suis en train, depuis plus d'une heure, d'essayer de remonter sur internet dans les archives de journaux mais c'est si vieux...
Muriel reposa son bol et le regarda bizarrement :
- Là, tu m'étonnes, Franck. Toi qui d'habitude est si confiant, tu fais ta petite enquête sur Christophe ?
Il y eut un silence. Franck était visiblement en train d'essayer de lire sur l'écran quelque chose écrit en petits caractères.
- Putain, quel bol, j'ai trouvé. J'avais raison sur ce coup là !
Elle se leva et fit le tour de la table pour regarder par-dessus son épaule.
Il s'agissait du fac-similé d'un vieil article de journal.
Le titre était : « Tribunal correctionnel : deux ans de prison dont un avec sursis pour l'employé d'assurances indélicat qui encaissait l'argent des clients ».
Suivait la relation des faits d'où il ressortait qu'un certain Christophe Miller, employé dans les assurances, avait sur une période de plus de deux ans encaissé pour son propre compte l'argent versé par de nouveaux clients en vue de l'ouverture d'assurances vie sans procéder à l'ouverture des contrats. L'escroquerie, qui portait sur plusieurs centaines de milliers de francs, avait été découverte lorsque, à la suite du décès accidentel de l'un des « faux assurés », les ayants-droit avaient réclamé le capital décès à la compagnie qui ne trouva aucun assuré à ce nom.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top