Chapitre 7 - Trains de vie
Franck réfléchit un instant. Après tout, pourquoi avoir honte de la vérité ?
- Ben, tu vois, à nous deux on gagne moins de 3900 euros par mois, il y a déjà 1500 qui partent dans l'appartement et les études de la gosse à Paris, j'ai un crédit qui n'est pas soldé sur ma voiture, et la baraque est loin d'être finie de payer, avec des traites de 1000 euros et quelques par mois. Tu fais le compte de ce qu'il reste... On se débrouille comme on peut mais bon, c'est dur. Nous n'avons plus un rond de côté, donc cette année, pas de départ en vacances. Il est clair que je ne pourrai jamais te rendre une invitation comme ce soir.
- On s'en fout de ça, dit Christophe. Si tu es trop serré, tu n'as qu'à me le dire, je te dépannerai.
- Mais tu es fou ! Je me suis toujours démerdé tout seul, je ne dois de fric à personne et...
- Popopop, Franck, Franck, Franck. Du calme. Quel mal y-a-t-il à dépanner un ami ? Si tel était le cas, tu me rembourserais plus tard, quand tu pourrais. De combien aurais-tu besoin, je veux dire pour changer la Clio de Muriel qui ne tient plus debout, faire face à tes impayés et souffler un peu ?
- Christophe, arrête !
Christophe se tut pendant quelques instants, fumant tranquillement.
- Ecoute, vieux. Prends le temps de réfléchir à ce que je viens de te proposer. Tu sais que tu peux compter sur moi. Le jour où tu as besoin, tu me le dis et je te dépanne dans la journée, ok ?
- Oui, je te remercie, c'est très gentil de ta part mais ça n'arrivera pas. Enfin, Christophe, on s'est connus il y a vingt ans, on ne s'est jamais revus, tu réapparais un jour bourré de fric, finalement je ne sais pas ce que tu fais au juste et tu voudrais me filer du blé. Mets toi à ma place. Et puis, en admettant que tu m'avances de l'argent, comment le justifierais-je, auprès de ma banque par exemple ?
Christophe toussota.
- Liquide, Franck, liquide. Il n'y a que ça de vrai. Et puis il existe d'autres méthodes pour échanger du fric sans éveiller l'attention. Tant que ça ne porte pas sur des sommes à plus de cinq chiffres, on s'arrange facilement.
- Mais, pendant qu'on parle de ça, que fais tu au juste ? Comment as-tu gagné autant d'argent ?
Christophe se leva pour aller resservir de l'armagnac.
- Je t'expliquerai. Retiens que je fais des affaires dans l'immobilier.
- Mais ça veut dire quoi, des affaires ?
- Je te l'ai déjà dit, je suis marchand de biens : achat, remise en état, revente. C'est assez juteux quand on sait s'y prendre. Et puis je rends service à des amis sur de gros projets immobiliers.
- Excuse moi d'insister, vieux, mais je ne comprends rien. Que veux-tu dire par rendre service ?
- Ecoute, on ne va pas parler boulot maintenant. Pour faire simple, il y a des mecs qui, pour des raisons qui leur sont personnelles, ne peuvent intervenir au grand jour dans certaines importantes opérations immobilières. Il m'arrive de procéder à ces opérations, de réaliser des transactions pour leur compte et...
Il fut interrompu par la musique mise soudainement très fort dans le salon et qui diffusait sur la terrasse : Mélisa et Muriel venaient de redescendre, vêtues d'autres saris.
Elles tenaient des verres remplis d'une liqueur verte et paraissaient toutes les deux bien éméchées cette fois.
- Je suis sûre que vous parliez de boulot ou d'argent, dit Mélisa d'une voix pâteuse mais assez forte pour couvrir la musique.
- Mais non, nous profitions de la tranquillité entre hommes, dit ironiquement Christophe.
- Ah oui, entre hommes ?
Elle posa son verre sur le rebord de la fenêtre et se mit à danser langoureusement devant eux, pieds nus sur le teck au bord de l'eau. C'était un morceau de musique cubaine ou dans ce genre.
En dépit des effets de l'alcool, elle avait un incroyable talent.
De chacun de ses mouvements transpiraient une sensualité et un érotisme fascinants.
Muriel, debout, sirotait son verre en ondulant, n'osant la rejoindre. Cette fille dansait vraiment trop bien.
- Mélisa était go-go dancer lorsque je l'ai connue, dit Christophe en riant.
- Ah, ok, je comprends, dit Franck qui ne comprenait justement rien du tout.
Soudain, alors que le morceau de musique touchait à sa fin, le paréo tomba, dévoilant la nudité du corps superbe de Mélisa dans la lumière de la piscine.
Franck, troublé et surpris, eut à peine le temps de profiter de la vue : elle plongea aussitôt dans l'eau, imitée par Muriel qui avait posé son verre et se trouvait maintenant dans la même tenue.
Christophe était plié de rire.
Il tapa sur le bras de Franck.
- Allez, pose ton jean, on va se tremper un peu avec elles.
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