Chapitre 6 - C'est la fête


Les deux femmes finirent par sortir de l'eau, s'éclipsèrent dans la maison et revinrent drapées dans des sortes de saris en soie.

On devinait qu'il n'y avait rien en dessous. Il fallait bien faire sécher les maillots ...

Décidément, Muriel non seulement semblait s'entendre beaucoup mieux que prévu avec Mélisa mais elle montrait là une facette qui surprenait Franck.


Elles reprirent abondamment du punch. Christophe les servait en riant.

- Doucement tout de même, les nanas, il y a encore à boire ensuite. Il regarda Franck : nous avons mis le couvert à l'intérieur, juste là derrière la cloison : c'est frais et ventilé, on sera mieux. On ressortira ensuite quand la nuit sera tombée et qu'il fera moins chaud. Tout le monde est d'accord ?


Ils entrèrent dans une pièce qui jouxtait la terrasse, où avait été dressé le couvert pour une sorte de lunch, et Christophe embaucha Franck afin d'aller chercher le buffet.

Cela valait mieux : allumées comme l'étaient les femmes, on risquait de retrouver les plateaux par terre.


Le réfrigérateur était rempli de victuailles et le traiteur avait laissé des sortes de glacières d'où il ne restait plus qu'à prendre de petits plateaux tout prêts.

Christophe fit rapidement tiédir quelques blinis, puis ils ramenèrent une coupe plate sur laquelle une grosse boîte de caviar beluga iranien était incrustée dans un pain de glace, des cuillères en nacre, ainsi que des petites assiettes où reposaient des minis bouchées de saumon gravlax magnifiquement décorées.

Christophe montra une bouteille de champagne rosé à Franck : Dom Pérignon millésimé...

Sur la table, pour ces seules petites entrées et le champagne, il devait bien y en avoir pour l'équivalent du salaire mensuel de Franck et Muriel, et encore !


Le caviar avait un goût d'une subtilité extraordinaire. Muriel ne se rappelait pas en avoir déjà mangé mais, la faute au punch et au champagne, elle n'était plus sûre.

En tout cas la boîte était si grosse qu'ils ne la finirent même pas.

Quant au saumon, il fondait délicieusement dans la bouche.

Christophe apporta ensuite une sorte de chaud-froid de volaille exquis, délicatement parfumé à l'estragon, sans doute réalisé avec de la poularde.

Il y avait aussi du jambon ibérique en fins copeaux, d'une saveur tellement puissante qu'on la gardait en bouche plusieurs minutes, et quantité d'autres gourmandises toutes meilleures les unes que les autres.


Les bouteilles de Dom Pérignon rosé se suivaient. On en était déjà à trois.

Christophe ne fit une concession au champagne que pour le fromage, un petit plateau garni d'une dizaine de morceaux variés disposés au milieu de grumes de gros raisin muscat couleur lilas.

- Romanée Conti 1976 pour accompagner le fromage, ça te va ? demanda-t-il à Franck.

- Ouch ! Mais où as-tu trouvé cette merveille ?

- Un vigneron à qui j'ai arrangé le coup. Cadeau ! fit Christophe avec un geste évasif.


Une bouteille à 2500 euros chez Boccuse, au bas mot, à supposer qu'il en ait encore de ce millésime exceptionnel ...

Après l'immense coupe de fruits où voisinaient des productions qui devaient provenir de l'autre côté de la planète à cette époque, les femmes disparurent.


- Encore parties essayer des chiffons là-haut je parie, dit Christophe en haussant les yeux pour désigner l'étage. Mélisa a un de ces dressings, ils ont mis deux heures à tout décharger. Rien que les godasses, elle ne sait même plus ce qu'elle a. Pff, les femmes...

- Oui, dit Franck d'un air morose.

- Tu veux un armagnac ? J'ai une petite réserve hors d'âge...

- On a déjà pas mal bu, dit Franck.

- Rooo, lâche toi un peu, ce n'est pas si souvent. Et tu n'as que la rue à traverser pour rentrer !


Il apportait déjà deux verres ballons et la bouteille, ainsi qu'une énorme boîte de cigares.

Ils sortirent au bord de la piscine dont Christophe alluma les lumières et s'installèrent sur deux transats. La chaleur commençait à peine à tomber. On peinait à croire qu'on n'était qu'au mois de juin.


- Roméo et Juliette spéciaux, dit Christophe en choisissant deux gros cigares odorants. Provenance directe de la Havane via Genève. Tu vas m'en dire des nouvelles. Je te le prépare si tu veux.


Ils se mirent à fumer tranquillement les fabuleux havanes dans le clapotis reposant du système de recyclage de l'eau de la piscine.

Ils entendaient à peine les femmes qui n'arrêtaient pas de rire à l'étage, sûrement en essayant les fringues de Mélisa.

- Dis-moi, Franckie, je profite qu'on est tranquilles entre mecs, ne m'en veux pas, hein, si ça te gêne, tu ne réponds pas...

- Vas-y ?

- Eh bien, ça n'a pas l'air d'être la joie pour Muriel et toi, je veux dire question finances, si ?

- Oh, c'est un peu serré mais on se débrouille.


Christophe souffla la fumée bleutée de son cigare et tourna la tête vers lui.

- Franck ! Je ne suis pas aveugle... Tu es gêné avec le fric.


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