Chapitre 2 - Coïncidence...

Ils étaient assis tous les quatre dans le modeste salon.

Franck avait servi l'apéritif. Il n'en revenait pas, de cette coïncidence.

- Alors comme ça, vous avez décidé de quitter Paris et vous êtes venus vous installer ici, à Sainte-Foy-les-Lyon ? demanda-t-il.

- Oui, Mélisa et moi, nous en avions un peu marre de cette vie stressante à Paris. Etant libres comme l'air puisque nous n'avons pas d'enfants, nous avons pensé que la région lyonnaise serait un peu plus calme et finalement, comme je voulais une baraque sympa avec une piscine, on a regardé un peu sur les extérieurs de Lyon et on a trouvé celle-là. Ca a l'air d'être un bon coin ici, non ?

- Oh ça oui. Et, en guise de baraque comme tu dis, tu n'as pas choisi la maison la plus moche ! Rien à voir avec la nôtre.

- Ah ben écoute, tant qu'à faire...

- Euh, oui, dit Franck, tant qu'on a les moyens en tout cas. Car, dis-moi, ça a l'air de rouler pour vous à ce que j'ai vu ? Sans parler de la maison, tu as une de ces bagnoles !

- Franck ! interrompit Muriel, tu es d'une indiscrétion !

- Mais non, Muriel, attendez, Franck et moi, nous nous sommes connus il y a plus de vingt ans et de la vache enragée, nous en avons mangé pas mal ensemble. On ne va tout de même pas se gêner entre nous. Pour te répondre, dit-il en se tournant vers Franck, je dirai que financièrement parlant je n'ai pas à me plaindre.

- Et donc vous bossez dans quoi tous les deux ? demanda encore Franck.

Christophe prit un air détaché en expliquant, comme si cela n'avait aucune d'importance :

- Bah, c'est un peu compliqué. En fait je suis marchand de biens, à mon compte. J'ai ouvert une EURL dont, comme sa forme commerciale l'indique, je suis l'unique associé. J'achète et je revends principalement de l'immobilier, en retapant et en prenant ma plus value au passage. J'avais quelques contacts au niveau de l'immobilier dans le secteur lyonnais, ce qui a orienté aussi notre choix sur la région. Quant à Mélisa ...

- Je ne travaille pas, coupa celle-ci en souriant. Je peins un peu pour moi-même, je m'occupe de déco à mes heures mais je ne bosse pas chez un patron, ça me ferait bien trop chier.

Un ange passa, se plaquant la main devant la bouche.

Christophe toussota, visiblement gêné par le côté un peu indécent, sur le fond, de ce que venait de dire Mélisa.

Quant au terme employé, si Christophe était personnellement habitué à ce franc parler, cela pouvait paraître déplacé dans la jolie bouche de cette blondinette aux yeux azur ...

Il enchaîna pour tenter de dissiper le malaise :

- Et vous deux, que faites vous dans la vie ?

- Rien de bien folichon en ce qui me concerne, répondit Franck. Je suis salarié chez un géomètre expert qui m'exploite et me paye à coups de lance-pierre.

- Et moi je suis professeur des écoles, ce qu'on appelait auparavant instituteur. J'ai une classe de cours élémentaire dans une école privée non loin d'ici, dit Muriel. A part cela, nous avons une fille de 18 ans qui poursuit des études à l'ISC à Paris.

- Je vois, dit évasivement Christophe sans s'étendre.

Franck prit son verre et le leva.

- Allez, à nos retrouvailles et à votre installation. Bienvenue dans le quartier, dit-il.

Ils trinquèrent et burent.

- Tu es resté longtemps dans l'assurance après que j'en sois parti ? demanda Franck.

Christophe réfléchit un instant et dit :

- A peu près deux ans si je me souviens bien. Après ils ont commencé à m'emmerder alors j'ai claqué la porte et je suis entré dans un cabinet immobilier. C'est ainsi que, de fil en aiguille, j'en suis arrivé là.

- Comment ça, ils ont commencé à t'emmerder ? Tu étais plutôt bon à ce que je me rappelle ?

- Oh, c'est une longue histoire sans intérêt et puis ça remonte à si longtemps... Tu sais que ça me fait super plaisir de savoir que tu es mon voisin d'en face. Tu vas pouvoir nous tuyauter un peu, les premiers temps, d'ici à ce que nous prenions nos marques. Je suis sûr que Muriel et toi connaissez les bons petits commerçants du coin, les bons restos et tout le reste, non ?

- Euh, si, si, dit Franck, mais tu sais, pour ce qui est des restos à Lyon, Muriel et moi ne sortons pas tellement. Le budget est parfois un peu serré.

- Ne t'occupe pas de ça, dit Christophe en lui faisant un clin d'œil. Pendant que j'y pense, d'ici quelques jours, le temps que je fasse notamment nettoyer la piscine et que tout soit en ordre, nous comptons sur vous pour venir visiter la maison un soir. Hein, Mélisa, c'est une bonne idée ?

- Oh oui, très bonne idée, vous viendrez, on fera un truc super ! lança Mélisa avec enthousiasme.

- A part vous, on ne connait personne et nous ne comptions donc pas pendre la crémaillère mais ça ne nous empêchera pas de nous faire une petite fête tous les quatre, n'est-ce pas ?

Muriel et Franck se regardèrent. Comment refuser ?

- Ce sera avec plaisir, accepta Muriel.

Christophe se leva, aussitôt imité par Mélisa.

- A la bonne heure ! Allons, il est temps de filer et de vous laisser déjeuner. Nous nous reverrons, dit-il en riant. Avant de partir, je propose une chose, si tout le monde est d'accord, nous pourrions tous nous tutoyer, non ? Ce serait quand même plus sympa...

- Entendu, dit Muriel en souriant.

Christophe lui posa la main sur l'épaule et lui fit une bise appuyée en guise d'au revoir.

- C'est ok pour moi aussi, fit Mélisa, on se dit « tu ».

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