Chapitre 17 - Business


Christophe paraissait connaître tout le monde. Il se trouvait toujours quelqu'un pour lui arranger les choses, probablement en remerciement d'un service rendu précédemment ou bien en prévision d'un qui allait suivre.

L'achat de la voiture par Franck n'échappa pas à la règle : le garagiste lui trouva rapidement ce qu'il cherchait et lui fit un prix d'ami. Réglé en espèces comme l'avait dit Christophe, ce qui permettait de ne pas faire transiter trop d'argent par la banque, tant du côté de Franck que de celui du garagiste.

Muriel fut ravie de la surprise et se contenta assez facilement de l'explication concernant l'origine de l'argent : la vente très lucrative de l'appartement de Christophe, la générosité de celui-ci...

Elle ne tarissait d'ailleurs pas d'éloges sur leurs nouveaux voisins et amis.

Certes, Mélisa ne possédait qu'une culture limitée, mais Muriel s'accommodait de bonne grâce de ce détail tant la compagne de Christophe était une fille gaie, franche, spontanée et adorablement gentille.

Les bonnes soirées passées entre les deux couples se multiplièrent, bien souvent dans la belle maison à la piscine. Ils devenaient tous les quatre inséparables.

Entre Muriel et Franck, on ne parlait plus du passé de Christophe.

On ne s'étendait pas non plus sur ses activités présentes.

Ils avaient tacitement convenu tous les deux que leur ami, comme tout marchand de biens, comme tout « homme d'affaires », se trouvait inévitablement amené à effectuer des opérations plus ou moins légales et que cela faisait partie des règles du jeu dans ce genre de travail et de milieu.

Une situation presque normale en somme.


Muriel ne connaissait de toute façon rien des histoires de colis ni de toute autre affaire présentant un côté louche. Franck ne lui révélait que la partie émergée de l'iceberg, celle qu'on pouvait montrer à tout le monde sans susciter trop de critiques ou de questions.

En tout cas, Muriel n'en posait pas...

Quant à Mélisa, ce que faisait son compagnon ne l'intéressait pas. Elle semblait s'en moquer éperdument. Ou peut-être ne tenait elle pas à le savoir.


Ainsi que l'avait dit Christophe, il y eut effectivement bien d'autres affaires, dans lesquelles Franck jouait des rôles aussi variés qu'inattendus, parfois même cocasses.

Et bien d'autres colis, aussi.

Tantôt des gros, comme la première fois dans le magasin de vêtements, tantôt des tout petits.

La fréquence de tout cela était assez irrégulière mais, si l'on additionnait les « commissions » prises sur une année entière, l'argent rentrait. Oh, pas dans les proportions de ce qu'encaissait Christophe bien sûr, mais suffisamment pour que Franck et Muriel puissent oublier tous leurs problèmes financiers et profiter d'un tout autre train de vie.

Sans ostentation, évidemment.

Car le secret tenait dans la discrétion. Or, avec leurs emplois respectifs, il ne disposaient pas d'une couverture comme celle de Christophe qui faisait lui-même très attention cependant.

Franck n'oubliait pas ses paroles d'antan : « Ce sont les gourmands qui se font attraper ».


La fille de Franck constituait pour celui-ci un excellent moyen d'écouler de l'argent liquide : il effectuait des dépôts en espèces sur le compte de la jeune fille et lui en donnait de la main à la main.

Elle avait peu à peu pris l'habitude de payer quasiment tout ainsi, en espèces, même sa colocation.

Personne ne s'en étonnait, les sommes n'étaient pas assez conséquentes pour éveiller l'attention.

Combien de temps cela durerait-il ?


Franck, au fil du temps, finit par cesser de se demander ce que pouvaient bien contenir les colis.


Avec l'augmentation du nombre de retraits de colis effectués sans problème, il finit aussi par cesser d'avoir peur.


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