Chapitre 16 - 10000 euros, cash
Une heure et demie plus tard, ils prenaient le dessert lorsque le portable de Christophe sonna.
Il regarda l'écran.
- C'est lui, dit-il.
- Non ?
- Si si. Je te l'avais dit. Tu nous l'as roulé dans la farine comme un merlan, il n'y a plus qu'à le frire .
Il mit son doigt sur sa bouche pour signifier à Franck de ne plus parler.
S'ensuivit une brève discussion d'après laquelle Franck n'eut pas de mal à comprendre que Ducerf prenait l'appartement.
- Et voilà, dit Christophe en reposant le téléphone. Du boulot comme je l'aime. Il le prend au prix que je voulais. Bravo encore, Franck, tu as été parfait. Putain, presque deux mois qu'il me faisait chier !
Il saisit de nouveau son téléphone, pianota sur la calculette puis, regardant le résultat de ses calculs, se frotta la main sur la joue.
- Dix mille, ça te va ?
- Quoi ?
- Je te donne 10000 euros sur l'affaire.
- Mais, Christophe, il n'en est pas question ! Je n'ai rien fait qui vaille une telle somme. J'ai juste...
- Je vais t'expliquer : j'ai acheté cet appartement pour 145000 euros il y a environ 6 mois. La mamie qui l'habitait était décédée, il se trouvait en piteux état et la succession préférait le vendre rapidement, même pour pas cher, plutôt que de s'emmerder avec des travaux. L'affaire parfaite pour moi, en somme... J'ai fait effectuer pour 25000 euros de travaux, dont la majeure partie au black. Il m'est ainsi revenu à 170000 et Ducerf le prend à 230000. Je réalise donc une plus-value de 60000. Je te donne 10000, il me reste 50000.
- Mais...
- Ne discute pas Franck. Je n'avais pas d'autre touche sérieuse que Ducerf et il ne voulait pas démordre de 210000 euros. A ce prix là, j'empochais seulement 40000. Tu m'en fais gagner 20000 de mieux, je t'en donne la moitié, c'est réglo.
Franck avala le reste de sa coupe glacée.
Entre le colis de jeudi soir et l'appartement, c'était l'équivalent de huit mois de son salaire qu'il empochait en cinq jours...
Il n'était pas dupe : si, pour le retrait du colis, on pouvait admettre qu'il rendait un service risqué et rétribué en conséquence parce que l'affaire sentait à plein nez le trafic de drogue ou d'autre chose, une telle commission pour le petit service rendu en endossant le rôle d'un type intéressé par un appartement ne se justifiait nullement.
De toute évidence Christophe lui venait en aide de façon déguisée.
Il insista encore une fois :
- Je me sens mal à l'aise d'accepter, dit-il. Pour le colis, ok, mais là, à part le fait de me lever à 4 heures ce matin, de rouler en Jaguar avec toi et de jouer un peu de cinéma à ce type, ça ne vaut pas tout ce fric. En plus tu m'invites au restaurant.
Christophe soupira.
- Mais arrête donc de te tracasser. Il y aura d'autres affaires entre nous, d'autres colis notamment. Tu ne vas pas compter toutes les cinq minutes si ce que je te donne est en adéquation avec le service rendu ou si c'est trop généreux ! Empoche donc le fric pendant qu'il tombe et préoccupe toi plutôt de ne pas attirer l'attention du banquier ou du fisc. A ce propos, alors, la Clio de Muriel, du coup, tu vas la remplacer ?
- Il le faudrait, depuis le temps.
- Tu veux en acheter une neuve ?
- Non, non, les neuves décotent trop la première année et, sur le principe, Muriel ne comprendrait pas. Je voudrais essayer de lui trouver une belle occasion, une voiture qui a un ou deux ans et un très faible kilométrage, comme neuve. En plus, de la sorte elle ne saurait pas le prix.
- Parfait. Je connais un garagiste qui fait de la bonne occasion. Il va te trouver ça. Et il a une grande qualité.
- Ah ? Laquelle ?
- Ca ne le dérange pas qu'on le paie en liquide. Je crois même qu'il préfère ça, susurra Christophe.
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