Chapitre 14 - 6000 euros, cash


Franck était pâle comme un linge lorsqu'il entra le jeudi soir, vers 18 heures, dans la galerie marchande de l'hypermarché.

On ne pouvait pas rater la boutique point relais : il s'agissait d'un grand magasin de vêtements à l'enseigne très connue.

Suivant les instructions, il se rendit à l'accueil où se trouvait un jeune type brun aux cheveux longs et lui remit le papier fourni par le moustachu.

Dès que le gars eut le bon en main, le téléphone posé près de lui sonna. Il décrocha et, après avoir écouté pendant une dizaines de secondes, dit juste « Entendu ! » puis raccrocha.


- Un instant, Monsieur, je vais chercher votre colis, dit-il à Franck sans même le regarder.


Il revint avec le colis, tel que l'avait décrit Christophe.

- Une petite signature et c'est bon, dit le jeune type en lui tendant un terminal et une sorte de stylet en plastique.


Franck gribouilla n'importe quoi d'une main tremblotante et lui rendit le terminal.

- C'est tout ?

- Oui, c'est tout, Monsieur, bonne soirée.


Il sortit du magasin, le paquet sous le bras, et dut se contenir pour ne pas courir jusqu'à la sortie de la galerie marchande.

Il mit le colis dans le coffre de sa voiture, ferma celui-ci à clé et prit la direction de Sainte Foy.

Il dut bien regarder cent fois dans le rétroviseur si personne ne le suivait puis arriva sans encombre devant chez lui.


Christophe le regardait par une fenêtre de l'entrée, en souriant.

Il sortit le paquet et traversa la rue.

La porte s'ouvrit.


- Alors, c'était dur ? plaisanta Christophe.

- Ben non.

- Tu vois. Allez, entre et suis moi.


Ils allèrent directement dans le bureau de Christophe. Mélisa ne semblait pas être là. Franck n'avait d'ailleurs pas vu la Mini Cooper devant la maison.

Christophe lui prit le colis des mains et le posa sur un fauteuil en lui faisant signe de s'assoir.

- Cigare ?

- Petit alors.

- Un petit Davidoff léger.


Disant cela il ouvrit le tiroir et sortit deux cigarillos, puis il fit jouer un rabat du meuble contenant les cigares et découvrit un coffre-fort encastré dans le mur.


Il pianota la combinaison, ouvrit la lourde porte et, plongeant la main droite dedans, en ramena une grosse liasse de billets de 100 euros entourée par un élastique vert.

Sans un mot, il ôta l'élastique.

- Voilà ta com, dit-il en poussant les billets vers Franck. 6 liasses de 10 billets de 100, ça fait

6000. Compte.

- Je te fais confiance.

- Comme tu veux. Moi je recompte toujours.

- Non, non, pas la peine, tu les avais préparés, en plus.

- Oui, tu vois, j'étais sûr du coup, dit Christophe pendant qu'ils allumaient les cigarillos.

- Je ne sais pas quoi te dire. Tout cet argent gagné si vite. Merci.

- C'est moi qui te remercie. Je gagne beaucoup plus que toi sur ce coup là, je ne te le cache pas ! En parlant de ça, je pense qu'il est inutile de te dire que dès que tu le peux, tu payes en liquide toutes les dépenses courantes, bouffe, fringues, restos, etc... Quand ta fille a besoin de blé, pareil, liquide. Tu fais par ailleurs des petits dépôts sur ton compte, pas plus de 500 euros à la fois. Ca va passer comme une lettre à la Poste. Pour mardi, si ça marche, on fera autrement parce que tu vas toucher plus.


Franck était perdu. Ce tas de fric devant lui, gagné si vite. Mardi, toucher plus ?

Christophe poussa un cendrier vers lui.

- Mardi ?

- Ben oui, on en a parlé. Tu m'as dit que tu étais en vacances demain soir. On peut aller à Paris tous les deux pour la journée de mardi non ? Enfin, pas à Paris, mais à côté de Versailles très exactement.

- Qu'as-tu à y faire dans quoi je pourrais t'aider ?

- Ecoute, c'est très simple et tout à fait réglo : j'ai acheté un appartement dans les Yvelines qui était vraiment vétuste. Je l'ai fait mettre aux normes et entièrement rénover, puis mis en vente. J'ai un client sérieux. Il est accroché et je pense qu'il le veut, mais c'est un chieur fini, tu sais, le genre de type qui se croit malin, et il compte me faire baisser le prix. Ca fait déjà deux fois qu'il me fait me déplacer pour le visiter et me faire des offres inacceptables. Je suis assez pressé de vendre cet appartement et il a dû le sentir...

- Mais, en quoi puis-je t'aider ?

- Tu vas faire ce qu'on appelle le baron : je lui dirai que tu es quelqu'un qui est intéressé par l'appartement et que je me suis permis de te le faire visiter en même temps qu'il le visitera lui-même pour la troisième fois. Bien entendu, on fera comme si toi et moi ne nous connaissions pas et tu vas dire que tu le veux, en discutant à peine le prix. J'espère qu'avec cette perspective de voir l'appartement lui passer sous le nez, il va arrêter d'essayer de m'étrangler ! Il va falloir que tu joues la comédie et que tu sois crédible car c'est quitte ou double : s'il flaire le truc arrangé –qui, tu penses bien, est vieux comme le monde- il renoncera à l'achat. Mais si comme je le crois il veut vraiment acheter ce logement et prend peur, il paiera le prix demandé.

- Mais, il ne va pas trouver déplacé ou bizarre que tu organises une visite pour deux clients en même temps ?

- Non car à Paris, c'est très fréquent. Quelquefois les agences organisent sans état d'âme des visites avec une demi-douzaine de personnes intéressées par un achat ou même une location. Et je te prie de croire que la visite se fait au pas de course, les gens n'ont même pas le temps de poser de questions. En matière d'immobilier, ce n'est pas comme en province, là-bas.

- Je comprends. En tout cas il n'y a rien de malhonnête dans ce que tu me proposes.


- Non. Tu sais, je ne fais pas que des affaires malhonnêtes, dit Christophe en riant. Il faut savoir faire des affaires honnêtes pour être crédible...


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