- Découvert en l'an 2000, nous sommes les capacitaires. Cousins de l'Homme, nous avons vécu cachés pendant des décennies. Mais aujourd'hui, nous avons la chance de vivre librement. Voilà la Lyberty School, souhaites-tu en faire partie ?

La jeune fille leva les yeux vers la directrice, une capacitaire à la peau de serpent. Un combat de regards s'engagea entre elles, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Elle replaça ses lunettes et observa la reptile.

- Que se passe-t-il si je dis non ?

Un sourire sadique se dessina sur les lèvres de la directrice, tandis qu'une langue fourchue s'échappait de ses lèvres. La jeune fille demeura impassible, et la directrice prit la parole.

- Soit tu acceptes, soit je te tue.

L'héroïne leva un sourcil, légèrement surprise par cette réponse, attendant d'autres absurdités de la part du serpent qui se tenait devant elle. La blonde, au teint verdâtre, affichait un sourire. Sous son apparence plus qu'humaine, elle possédait des capacités hors normes, ce qui expliquait son admission un peu forcée dans cette prestigieuse école. Elle était la fille du Libérateur, celui qui avait révélé au monde l'existence des capacitaires, grâce à sa petite-fille, qui avait été une belle cobaye.

Cette jeune fille de 17 ans, brune aux yeux marron, donnait une impression de banalité avec son gros pull et son jogging ample, ses lunettes rondes, tout en étant de celles qui passent inaperçues. Son teint légèrement métissé trahissait les origines de sa défunte mère. Ainsi se tenait une humaine ordinaire dotée de grands pouvoirs. Elle sourit et se leva, tendant la main à la directrice serpent.

- Bienvenue, Madame Smith.

Dit la principale en lui serrant la main, un sourire hypocrite sur les lèvres peintes en vert. L'humanité avait changé à cause de son père, et elle se leva avec le poids des mutants sur les épaules. Elle prit la main de la directrice, faisant face à une peau partiellement recouverte d'écailles d'un vert extraordinaire, avant de réajuster ses lunettes.

- Étant donné votre situation et les ennemis potentiels de votre père, votre dortoir sera constamment surveillé et gardé.

Elle haussa les épaules pour signifier qu'elle avait compris.

- En principe, tu as un uniforme comme tout le monde, mais suite au souhait du Libérateur, tu porteras l'uniforme des jeunes hommes. As-tu des questions ?

Les yeux marron de la jeune fille rencontrèrent ceux de la reptile.

- Qui sera là pour me protéger ?

Un sourire carnassier se dessina à nouveau sur les lèvres de la directrice, qui posa quatre photos sur la table, toutes de capacitaires ayant des formes animales.

- C'est le Libérateur qui les a choisis pour toi. C'est un peu cliché, mais il a décidé de faire appel à des personnes qui ont des enfants ici aussi.

Elle montra une photo d'un homme-lion, d'un homme-gorille, d'une femme-aigle et d'une femme-hyène. La jeune fille acquiesça, et la femme serpent reprit les photos, soufflant avant de se réinstaller dans son siège.

- Madame Smith, je souhaite simplement que tout se passe bien. Cela fait cinq ans que votre père a révélé l'un des secrets les mieux gardés du monde. Nous attendons de vous que vous soyez à la hauteur de nos attentes. Est-ce bien clair ?

Un rire nerveux échappa à la fille.

- Je serai la petite fille sage que vous désirez, et je ne poserai aucun problème.

La directrice serpent sur échasses actionna un bouton sur le fixe installé près de son bureau.

- Faites entrer les gardes du corps de Mademoiselle Smith.

La porte s'ouvrit sur une humaine enrobée portant une robe jaune à pois rouges, ce qui fit sourire notre capacitaire. Derrière elle, suivirent les quatre gardes que son père avait soigneusement engagés. Tous avaient pris une forme humaine, ce qui fit froncer les sourcils de notre protagoniste et sourire malicieusement la directrice. Elle savait combien il était gênant et douloureux de conserver une forme humaine. Elle se retint de faire un commentaire déplacé.

- Vous savez, dans notre établissement, il n'est pas nécessaire d'avoir recours à ce genre de stratagème.

Siffla la directrice en jetant un regard aux gardes du corps. Ces derniers acquiescèrent sans changer de posture, et la jeune fille se tourna pour faire face à ceux qui allaient devoir la protéger.

- Madame Smith, votre père m'a parlé de votre intérêt pour le tabac, et le nécessaire vous sera fourni avec vos fournitures. Les horaires des pauses vous seront également communiqués par vos gardes du corps. Je pense que tout a été dit. En cas de problème, prévenez ma secrétaire.

Elle acquiesça silencieusement.