Chapitre 29 : Confrontation
Point de vue d'Apollon
- Artémis !
En entendant mon cri, ma soeur se relève, le regard brûlant de haine. Elle arrache de son bras le couteau lancé par nos attaquants, et le relance en direction des arbres qui nous font face. Un cri de douleur affole les oiseaux environnants, qui s'enfuient du lieu, pressentant sans doute une catastrophe. Ils n'ont pas tort. Ça va barder ici. Sans attendre notre réaction, Artémis se transforme en tigre blanc et fonce vers les sapins. En un éclair, des dizaines d'adolescents sortent de leur cachette, s'éparpillant ça et là en tentant d'échapper au fauve. Les rebelles. Comment osent-ils... Mon aura m'entoure en une fraction de secondes, illuminant les alentours d'une lueur mortelle. Ils nous ont attendu, ils étaient prêts. Et Sam... Attend que je te retrouve, sale traître. L'un de nous te détruira à coup sûr, et j'en tirerai un grand plaisir, toi qui t'es foutu de nous jusqu'au bout. Je m'élance à la suite de ma soeur, non sans crier à Iliane :
- Toi qui es fière de ce que tu es, montre nous ce que tu vaux !
Je n'ai pas besoin d'en dire plus, elle sait déjà ce qu'il lui reste à faire. Nos yeux se croisent un bref instant. Cependant, ce que j'y vois me suffit. Toute la lucidité qui faisait briller ses pupilles disparaît, emportée par une vague de colère, et de sadisme à l'état pur. Artémis et elle sont à fond. À mon tour de rejoindre le combat. Mon aura se décuple d'un coup, brûlant sévèrement les quelques apprentis se trouvant près de moi. Ils me fusillent du regard, et m'imitent. Je ne les reconnaît pas, néanmoins je sais qu'ils ne me feront rien. Ils ne sont que des apprentis, ils n'ont aucune chance. Ils se jettent sur moi, comme aveuglés par la fureur. Je les évite d'un seul mouvement. Trop lents. Trop faibles. Je lance une lame de vent dans leur direction, les envoyant voler à quelques mètres. Même une attaque basique les atteint. Comme si ces idiots pouvaient nous tuer...
- Et alors, on commence une bagarre sans moi ? Non mais regardez-moi ces singes ! Eh les mioches, je suis là !
Malgré la situation, je me retiens de ricaner. Hermès aime se faire remarquer. J'esquive, puis paralyse des yeux un de mes adversaires, avant de jeter un coup d'oeil vers le dieu messager, aussi connu comme étant la divinité des voleurs. Mes muscles se tendent aussitôt en voyant qui se tient à ses côtés. Sam.
- Bien joué mec, crie un des rebelles vers le traître. T'as bien fait de rien leur dire ! Grâce à toi on en a eut une !
Quoi ? Une ? Je cherche ma soeur des yeux. Artémis ? Où est Artémis ?! Ces salauds ! Que lui ont-ils fait ?! Je me rue vers la forêt, ignorant royalement le regard terrorisé de Sam. Si jamais ma soeur n'est pas en vie, je t'arracherai les membres un par un. Avec la hargne d'un chat en colère, les rebelles tentent de me retenir. Ils protègent quelqu'un. Ou quelque chose. Une chose que je ne devrai pas voir. Je les tuerai. Je les tuerai tous jusqu'au dernier par torture si ils ont touché à ma soeur ! Mon aura se gonfle de chaleur, et envoie d'un coup sec l'air brûlant vers mes adversaires. Leurs hurlements de souffrance déchirent le silence de la terre et du ciel, avant de s'éteindre en un long gémissement agonisant. Ils mourront rapidement. Ça m'amuserait presque tiens, eux qui ont mit la main sur ma soeur ! Je m'enfonce davantage dans la forêt, écoutant le moindre bruit. Un grondement menaçant résonne entre les arbres, à une dizaine de mètres de moi. Artémis !
- Haha, arrête de te débattre, ça ne sert à rien ! Reprends ta forme de déesse et meurt !
Je sors des fougères sans me soucier de ce qui pourrait m'arriver. Où est-elle ?! Les rebelles se redressent aussitôt en m'aperçevant. Leurs yeux débordants d'arrogance me font avancer vers eux. Un pas lourd, plein de promesses à leur égard... Si jamais...
- C'est terminé, lance calmement un des apprentis.
Artémis. Ils n'ont quand même pas... Impossible ! Je cours vers eux, les obligeant à reculer sous peine de recevoir mon aura en pleine tête. Ils s'écartent rapidement de ce qu'ils tentaient de cacher. Mon aura disparaît au moment même où j'assimile la situation. Un pelage blanc tigré de noir, maculé de sang. Celui des apprentis, n'est-ce pas ? Mais oui. Ma soeur ne peut pas être dans cet état. Bien sûr. Pas elle. Tout, mais pas elle !
- Artémis...
- Ne t'affole pas, je vais bien. Ils n'ont fait que me blesser.
Je pousse un soupir de soulagement. Elle est vivante. Blessée, mais toujours là. Hermès et Iliane devront se débrouiller seuls. Pour l'instant, j'ai à faire. Ma soeur se remet sur pattes, malgré le fait que son épaule gauche soit écorchée. On dirait des crocs, mais...
- Je m'en occupe. N'oublies pas que mes canines et mes griffes sont recouvertes de poison. Une seule éraflure et c'est la mort assurée. Ces apprentis ne survivront pas longtemps. J'en ai déjà tué une bonne vingtaine, les finir ne sera pas long.
Heureusement que sous sa forme animale, elle peut me parler par télépathie. Les rebelles nous fixent d'un air hésitant. Les corps de leurs camarades gisant au sol ne les aident pas à se décider. S'ils viennent, ils ne repartiront pas vivants.
- Va aider les autres ! Tu sais qu'Hermès s'épuise vite à cause de son pouvoir. Quand à Iliane, elle est encore jeune. Je me débrouillerai seule !
- Rêve toujours ! J'ai déjà cru te perdre une fois ! Je ne te quitterai plus !
Artémis détourne les yeux, comme si elle se sentait coupable. De quoi ? Ce n'est pas vraiment le moment de penser sombre, on est en pleine bataille ! Je me place devant elle, et fais signe à nos ennemis d'avancer. Ils ne bougent pas. Ils resserrent leurs rangs, et s'éloignent de nous. La peur ? Non. Ils semblent ricaner sous cape. Encore un coup bas, hein ? Je ne vais pas attendre qu'ils daignent se mettre en garde !
D'un seul mouvement, Artémis et moi filons vers eux. Des cris parviennent de l'autre côté, près du Portail. L'un d'eux se démarque de par sa rage. Une voix de fille. Iliane. Boosté par elle, je me cogne violemment contre les rebelles. Ils tentent de m'attaquer ou de fuir, mais, les uns comme les autres, ne m'ont pas prit au sérieux.
Mon véritable pouvoir, je le sors très rarement . Il est temps qu'il redore sa renommée. Je ferme les yeux, et me concentre sur ma passion. La musique. Envoûtante, entraînante, joyeuse, dure, mortelle. Je sens mon aura se refermer sur une bonne dizaine d'apprentis, voir plus. Affolés, ils se jettent sur moi pour m'attaquer. Si lents. Si faibles. Je ne le dirai jamais assez. Avant même que l'un d'eux ne m'atteigne, je retrouve la vue. Et tout commence.
Les prisonniers de mon aura s'effondrent soudainement au sol. Ils grimacent, se tordent, hurlent probablement. Mais personne ne les entend. Personne ne les entendra jusqu'à leur dernier souffle. Leurs expressions sont inhumaines. La musique est souvent prise pour une magie bénéfique. J'ai bien peur que non. Moi-même je n'oserai pas tester un tel pouvoir sur moi. Si il consomme énormément d'énergie, il est en revanche un excellent moyen de tuer facilement. Protégé par une bulle infranchissable, je ne crains rien, et ceux en dehors de mon aura non plus. Mais... Je ne peux qu'être écoeuré d'un tel spectacle. Les mouvements des victimes sont incontrôlés, on peut parfaitement comprendre ce qu'ils hurlent en vain sans qu'on ne puisse les écouter. "Arrêtez", et "Stop". Ces deux mots veulent tout dire. Je détourne les yeux, incapable de supporter la vue d'une telle torture plus longtemps.
- Dire que des parents font ça à leurs enfants. C'est pitoyable.
Les corps des apprentis s'affaissent peu à peu, jusqu'à s'immobiliser au sol, sans vie. Je les avait connu à l'Olympe, ne serait-ce que de vue. Certains avaient été mes élèves. Et maintenant ? Je suis le bourreau qui a dû faire son travail. Un monstre, tout comme le garçon qui vient de parler, celui qui a mené ces enfants à leur perte. Lucas.
- Oh, quelle jolie expression, susurre t'il. Ce serait ma faute ? Mais non, bien évidemment ! Je suis sûr que c'est parce que ta soeur a réservé le prochain cercueil.
- La ferme, gringalet. Ma soeur vivra.
- Oui, du moins, seulement sous sa forme animale. Dommage que cette dernière ne soit pas éternelle.
- Qu'est-ce que tu racontes, imbécile ? sifflai-je, hors de moi. Artémis ne mourra pas !
Le ricanement de Lucas résonne autour de moi, de quoi devenir fou. Comme si elle allait mourir ! Que celui qui la prend pour cible ose l'approcher, je l'enverrai vite fait dans les Enfers. Et si ce n'est pas moi, ce sera elle ! Ma soeur n'est pas du genre à se laisser faire !
- Ha, que tu es naïf, petite chose, minaude Lucas. Connais-tu le pouvoir d'Hermès ?
- Le pouvoir du Vol. En plus d'être messager divin, il est le dieu des voleurs. Et alors ?
- Plusieurs fils d'Hermès sont mes sujets. L'un d'eux était ici. Crois-tu qu'il est resté sur le côté à rien faire ? Ta soeur possède l'une des armes les plus puissantes de l'Olympe. Son poison, d'un simple toucher, pourrait tuer un dieu.
Artémis tremble. De peur ? De colère ? J'ai bien l'impression que ces deux émotions ne font qu'un en elle.
- Tu vois ? ricane Lucas en désignant ma soeur d'un regard. Même elle, elle sait ce qui l'attend. Le fils d'Hermès a copié son pouvoir. Copier le pouvoir d'un dieu, pour un apprenti, signifie la mort après avoir fini d'utiliser l'objet du vol. Cependant, il l'a quand même fait. Et il a réussi à la toucher.
- Non... Artémis est invulnérable face à son propre poison !
- Sous sa forme animale, oui. Pas sous sa forme de déesse.
Dis-moi que c'est impossible. Pitié, dis-moi que tu vas guérir et vivre ! Tu es la déesse chasseresse, tu ne peux pas mourir ! Bats-toi et vie ! Comment peut-on être détruite par sa propre arme ? Ça n'a pas de sens !
- Je suis désolée.
- Non... Non... C'est une plaisanterie... On va rentrer à l'Olympe... Tout va s'arranger, tu verras...
- Elle va mourir, sombre crétin.
- Je vais te tuer ! hurlai-je en me précipitant vers Lucas.
Soudain, tout s'arrête. Littéralement. Les feuilles volantes se stoppent. Les branches cessent de se balancer au gré du vent. Plus aucun bruit ne vient troubler les environs. Le temps s'est arrêté. Désormais, et jusqu'à ce qu'il reprenne son cours, le monde entier est condamné à rester immobile. Et nous avec.
- C'est déjà plus paisible, soudainement, baille Lucas en s'étirant. Hmm, j'ai mal dormi hier, je n'ai pas envie de jouer aujourd'hui. Ne vous inquiétez pas, votre mort sera rapide.
Il sort une longue dague de sa veste, et s'approche sans bruit de nous. Il est comme la mort. Froid, moqueur, et silencieux à venir. Dire que nous seront tués par ce gamin. C'est difficile à accepter. Toute cette bataille pour que ça se termine ainsi... Alors, c'est vraiment la fin ? Je suppose que l'Olympe a encore ses chances avec Poséidon et les autres. Dommage que nous ne puissions pas participer à leur futur combat.
- Recule, le monstre.
Lucas stoppe son geste. Il fait volte-face, sans doute stupéfait que quelqu'un ait pu échapper à son pouvoir. Quelqu'un ? Je dirai plutôt quelque chose. Une masse noirâtre s'avance lentement vers lui. On dirait... Des ombres ? Le tas se met subitement à bouger, puis se disperse, se contentant de rester aux côtés d'une forme humaine que je reconnais de suite. Une forme humaine, à l'aura plus noire que rose. Lucas demeure surpris quelques secondes de plus, puis lance, le visage encore plus satisfait qu'avant :
- Comme on se retrouve, Iliane.
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Hey !
Chapitre express, j'en profite avant la rentrée !
Comme promis, de la baston !
Par contre au niveau de la fin les chapitres tarderont sûrement, je ne sais absolument pas comment l'histoire va se finir x) (oui chaque chapitre c'est du feeling, un peu comme si je découvrais ce qui se passe en même temps que vous).
En attendant, j'espère que vous avez aimé. N'hésitez pas à voter et commenter, et sur ce, on se retrouve au prochain chap !
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