Chapitre 19 : Trahison divine


Point de vue d'Hadès

- Iliane !

J'entend à peine le cri déchirant d'Océane. Je ne veux plus entendre, je ne veux plus voir la réalité. Pas cette réalité. Un bruit horrible retentit, tandis que le corps ensanglanté d'Iliane s'effondre à terre. Relève toi. Relève toi ! Je veux hurler, hurler tel un loup blessé à la lune, hurler de telle façon que personne ne puisse l'oublier. Hurler, telle une promesse de mort. Iliane ne bouge plus. Non, elle ne peut pas être...

- Oh, quel dommage, minaude Paul en se penchant au-dessus d'elle. Un si joli minois, quel gâchis...

- Dégage de là !

Je me rue vers le corps inconscient de ma fille. Mes membres bougent seuls, je n'ai plus aucune volonté, sinon de serrer Iliane dans mes bras et de la sentir vivre. Je veux juste être en paix pour sauver le fruit de mes entrailles, il y a encore de l'espoir ! Tant que son corps est là, il y en aura ! J'y suis presque, je vais l'atteindre... Un violent coup de poing remet mes pensées en place en me faisant reculer. Les âmes sentent ma détresse. En n'ayant qu'une idée en tête, en laissant le désespoir me tirer vers le bas, je n'ai fait qu'empirer leur appétit. Elles ont faim de chair, de sang.

- Vous voulez de l'action, hein ? Dégagez !

Ce n'est même plus ma faux qui tranche, seule. Tout mon corps se retrouve enveloppé d'une aura meurtrière. Mon arme est une extension de mon être. Elle est moi, je suis elle, deux êtres unis par un seul désir : tuer. Ça tombe bien, j'ai des victimes sous la main. L'armée de spectres m'entoure, partagée entre la peur et l'excitation. Océane se place dos à moi. Son regard est lourd de sens. Elle protégera mes arrières afin que je puisse récupérer Iliane le plus vite possible. Nous sommes deux, mais je n'ai pas l'intention de perdre.

- Hadès, Hadès... soupire mon fils. Tu es si naïf. Penses-tu que je vais laisser Iliane vivante après ce que tu m'as fait ?

- Ferme la !

Ma réplique n'a même pas le temps de résonner à travers les murs. Ma faux s'élève déjà à toute vitesse. Mes sujets, mes conseillers, même Arkan... Que sont-ils devenus ? Tout est si flou ici. Mon aura me protège de la majorité des coups, mais certains esprits semblent portés par une force inconnue. Ils sont plus tenaces, impossible de s'en débarrasser en un coup ! On leur a prêté une partie d'un pouvoir, je le sens. Un pouvoir divin. L'un des dieux nous a trahi. Une âme tente d'attaquer Océane de biais, mais une de mes ombres l'atteint avant qu'il ne la touche. Même en étant puissant, corrompre ces âmes n'a rien de facile. Je ne vois qu'une seule personne capable d'un tel exploit. Charmer ceux qui lui font face en un simple battement de cil... Je refuse cette hypothèse, elle n'est pas logique. Une trahison aussi soudaine, sans raison... Un nouveau coup de faux circulaire me force à chasser cette idée de la tête. Le corps d'Iliane est à peine visible tant le nombre d'adversaires paraît infini. Plus nous en tuons, plus il en repousse, pire qu'un hydre déchaîné.

- Seigneur Hadès ! Prêtez-moi votre puissance, je vais forcer le passage vers Iliane.

Sans attendre ma réponse, elle s'élance vers moi. Un bouclier d'eau, tout droit sortit de ses vêtements trempés, se forme autour d'elle. Est-elle vraiment protégée avec ça ? Elle n'a pas l'air de s'en soucier, et je crois comprendre pourquoi. Deux de mes ombres s'élancent vers une âme un peu trop proche, et la ligotent avec force jusqu'à la faire disparaître. Mon pouvoir vient des Enfers, aucune ombre ne peut me blesser, et je peux toutes les contrôler. Cependant, même en les envoyant combattre à ma place, le nombre d'opposants reste important. Si Océane réussit à mettre Iliane en lieu sûr, alors je pourrai utiliser mon ultime recours. C'est décidé, la trahison des âmes sur lesquelles j'étais sensé veiller ne sera pas pardonnée.

Eux aussi doivent le savoir, car ils prêtent peu attention à ma jeune alliée, trop occupés à tendre poings et armes dans ma direction. Un choix à la hauteur de leur intelligence actuelle. Au moment ou ils semblent enfin remarquer la présence d'Océane, elle, est déjà en l'air, droit sur ma faux. Un peu tard pour vouloir se débarrasser d'une adversaire supplémentaire, non ? Les morts l'attendent à terre, affamés de sang. Dommage pour eux, elle ne touchera pas le sol. En tout cas, pas pour l'instant. J'aggripe ma faux pour ne pas la lâcher, tandis que l'ado atterrit sur le plat de l'arme. Je la vois vaciller, puis reprendre son équilibre avant de me lancer un regard confiant. Elle est prête. Avec le désespoir d'une ultime action, je projette ma faux en avant. Ce mouvement me coûte une douleur dans mon bras droit, mais je n'ai pas le temps de m'y attarder. L'arme baissée, mes ombres comme seule protection, je vois Océane traverser le barrage d'âmes comme si elle était dans son élément. Rien ne semble la toucher, au contraire : son bouclier d'eau repousse toute créature s'y approchant. De l'eau bouillante ? Voilà pourquoi les âmes disparaissent à son contact !

- Seigneur Hadès ! On se replie !

Je change de position, de sorte à me retrouver dans un angle, à l'écart. Les âmes sont terriblement diminuées niveau mental et visuel, j'aurai droit a quelques minutes de répit avant qu'elles n'arrivent jusqu'à moi. Je soupire, et laisse mon regard survoler leur masse compacte et opaque. C'est alors que je remarque les yeux agacés d'Océane. Elle m'attend pour partir ? Va-t-en donc, idiote. Je n'ai plus besoin d'aide. Il faut juste que je sois seul. Être seul... L'unique condition pour utiliser mon dernier pouvoir, l'un des plus destructeurs de l'Olympe. La Vague d'Ombre.



















Point de vue de Cod

Il fait froid. Beaucoup trop froid. Je sens a peine mon corps, comme s'il s'était gelé pendant mon sommeil. Enfin, c'était plus une perte de conscience qu'une sieste. Je me relève avec peine. Ma gorge me brûle un peu, et mes membres sont courbaturés, faute de ne pas avoir bougé pendant un certain temps. Pour l'instant, je préfère rester assis et réfléchir à ma situation. Je suis... Dans les Enfers ? Je me souviens vaguement avoir atterri ici avec une fille. Je regarde autour de moi, essayant en vain de trouver une quelconque présence humaine. Rien ni personne. La seule lumière de cet endroit se trouve sur les murs, émanant d'une longue et épaisse ligne bleue. Le sol est froid, sûrement fait de pierre ou de terre sèche. A part ça, je n'ai strictement rien à ajouter, ce lieu est vide et sans intérêt. La seule chose qui aurait pu attirer mon attention est cette rivière, a quelques mètres derrière moi. De l'eau, ici ? Wow, je ne m'y attendais pas ! Je sais que le Styx est un fleuve, mais voir une rivière ici, c'est tout autre chose. L'eau est source de vie, après tout. Dans les Enfers, c'est aussi logique que si je me baladais en caleçon dans la rue ! Une source de vie au royaume des morts, mais où va-t-on ! Si je n'avais pas eut aussi mal à la gorge, j'aurai presque pu en rire tant ça paraissait ironique.

- Cod, va dans l'eau !

Je sursaute en reconnaissant la voix d'Océane derrière moi. Elle a l'air épuisée par le fardeau qu'elle porte sur le dos, seule sa rage semble encore la porter. Sans ralentir, elle pose son fardeau a forme humaine dans l'eau, et l'y rejoint à la hâte.

- T'as pas intérêt à mourir ! me crie t'elle d'un ton hargneux. Cache toi quelque part en attendant qu'Hadès ou moi vienne te chercher !

- Me cacher, mais...

- Ne pose pas de question et bouge !

Je veux répondre pour en savoir davantage, mais Océane ne m'écoute plus. Elle secoue ses cheveux noirs, comme pour se calmer, avant de disparaître entièrement dans l'eau. J'aperçois vaguement leurs silhouettes, puis tout a coup, plus rien. Disparues, envolées. Bordel, je ne comprends pas. Non seulement elle me laisse en plan dans un endroit totalement inconnu, mais est en plus trop pressée pour me donner des explications. Ha, les femmes je vous jure...

Attend une minute. Les cheveux d'Océane sont noirs. Alors, a qui était la tignasse brune qui recouvrait une partie de son dos ? Je me concentre, certain de les avoir déjà vu quelque part. Non, décidément, je suis trop crevé pour y réfléchir correctement. Je verrai ce que je ferai en marchant, mais ma priorité est de retrouver la lumière du soleil. Cette fois, je me relève pour de bon. Il n'y a qu'un seul chemin, celui d'où venait cette fille de Poséidon. Je n'ai pas le choix. Même si Océane n'avait pas l'air bien, et que le lieu d'où elle venait en est sûrement la cause, je dois sortir d'ici. Je regarde la rivière une dernière fois, puis me dirige au coeur du couloir. Mes vêtements me collent à la peau et me font frissonner. Merci les filles, grâce à vous je me retrouve en terrain inconnu en étant trempé ! Et avec des gens étranges, vu les bruits que je perçois près de ma position. Deux voix plus exactement. Elles viennent d'un endroit proche. Cependant, je ne peux pas encore le voir, puisque le couloir est en ligne droite, et tourne brusquement a gauche. La seule solution pour en apprendre davantage, c'est d'avancer. Je chasse mes doutes d'un geste de la main, et continue de marcher. J'entends de mieux en mieux les voix, les paroles qu'ils se lançaient deviennent à présent audibles, à mesure que je me rapproche de la sortie. Ma main effleure la paroi, et s'arrête lorsque qu'elle ne touche que du vide. C'est ici. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Un humain dans les Enfers, un humain vivant, n'aurait jamais dû se trouver là. Pourtant, je n'ai pas peur. De la bravoure, ou de la bêtise ? Peu importe, je saurai tout ce qui peut se tramer sous terre ! Je tourne à gauche, et marche jusqu'à attendre le bout du chemin. Mes mouvements sont flous, j'arrive à peine contrôler ma curiosité lorsque j'aperçois les deux hommes. De la curiosité, ainsi que de la peur. Ces deux hommes sont entourés d'une aura de mort. Ils ne m'ont pas encore vu, et je suis déjà mal à l'aise. Ils ont les mêmes cheveux, les mêmes yeux. L'un est le père, et l'autre le fils, j'en suis sûr. Le plus vieux serait Hadès ? Il ressemble énormément au dieu des Enfers, bien qu'il paraisse plus jeune avec son jean et sa veste en cuir noire. Le plus jeune doit être un apprenti, mais il n'en a pas l'air. Ses yeux toisent Hadès d'un air supérieur, un sourire carnassier sur le visage.

- Tu me demandes qui vous a trahit à l'Olympe ? ricane l'apprenti en reculant. C'est pourtant évident, papa.

- Aucun de nous n'aurait fait une telle chose ! Et si seulement quelqu'un en aurait eut l'envie, Zeus l'aurait su et l'aurait éliminé !

A la mention de ce nom, le fils d'Hadès éclata de rire. Un rire qu'on aurait dit possédé, démoniaque. Inhumain. Qu'avait-il vécu pour tomber aussi bas ?

- Hadès, Hadès... Tu es resté naïf en vivant dans cette cage lugubre. Tu aurais dû sortir d'ici plus souvent pour admirer la réalité.

- Où veux-tu en venir, traître ?

- Ce n'est pas moi le traître, mais lui. Ou plutôt... Eux. Nous sommes tous des traîtres de ton point de vue, mais bientôt, tu n'auras plus à t'en soucier. Tu vas mourir ici.

- Un dieu ne peut pas mourir, répliqua Hadès, confiant.

- Même de la main d'un autre dieu ?

De là où je suis, je peux tout voir. Et l'expression du dieu des Enfers a changé. Ses yeux ne sont plus fixés sur son fils. Il semble regarder quelque chose en hauteur. Quelque chose, ou quelqu'un. Il y aurait donc une troisième personne ici ?

- Hadès, tu pourrais nous rejoindre, tonne une voix que je ne connais pas. Ainsi, je pourrai t'épargner.

Un murmure stupéfait s'échappe des lèvres du maître des lieux. Un mot, un nom, rien de plus. Mais c'est suffisant pour me glacer le sang.

- Zeus...







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Tadam !
C'EST BIENTOT LES VACS !
Un chapitre assez long, ne vous y habituez pas ^^

Au fait, il y a encore une nouvelle sur Wattpad (tous les chaps y passer xD). Il s'agit de Appasora ! Elle a commencé une fanfic sur Undertale, et est arrivée récemment. Si vous voulez pas la saluer, n'hésitez pas ;)

J'espère que vous allez apprécier ce chap, et si vous avez aimer n'hésitez pas à voter et commenter ! A toute !

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