Chapitre 18 : Bataille souterraine
Point de vue d'Océane
Le sol vibre sous nos pieds. Cod ne doit probablement pas la sentir, mais une atmosphère de rage envahit peu à peu l'espace dans lequel nous sommes. Que se passe-t-il ici ? Je colle mon oreille contre le mur. Rien. Je me baisse et effectue la même action au sol. Des cris, des crissements de fer qui se croisent. Des combats ! Une bataille, ici ? Les Enfers sont pourtant réputés pour être stricts et organisés ! Y aurait-il un lien avec la venue soudaine d'Iliane ?
- Cod, nous devons aller en bas le plus vite possible !
- Pourquoi ? Un avion de chasse nous poursuit ?
- Si ça n'était que ça, j'en aurais fais mon affaire. Tout ce que je sais, c'est que ça chauffe plus loin, et qu'Iliane a des chances d'y être impliquée !
Cod soupire, l'air plus ennuyé qu'inquiet. Il joue si mal la comédie... Je me mets à courir, sachant très bien qu'il ne laisserait pas sa chère apprentie en danger. Et effectivement, il imite mon geste et se place à ma hauteur. Les parois sombres défilent à nos côtés, étouffantes, paraissant presque infinies. Ce lieu du repos éternel est immense, les chances de s'y perdre existent bel et bien. Si seulement Iliane se trouvait près d'un point d'eau... Je dois tenter !
- Cod, préviens moi au moindre obstacle, je vais fermer les yeux !
- Ce n'est pas le moment de faire du yoga.
- J'utilise mon pouvoir, baka ! (NDA : baka signifie "idiot" en japonais)
- Je ne suis pas stupide. La preuve, je comprends le japonais.
- Remercie les mangas pour ça. Bon, j'y vais !
Ça va être difficile de me concentrer en courant, mais bon, nous n'avons pas de temps à perdre. Je ferme les yeux et retiens ma respiration. Le noir m'entoure, je n'entend et ne sens plus rien autour de moi. Peu à peu, mon corps se met à trembler. Quelques lumières bleus apparaissent, dispersées et assez éloignées les une des autres. La plus proche se trouve droit devant nous. Parfait, nous y serons en un rien de temps. Je retrouve la vue et accélère. La respiration de Cod devient plus profonde, il commence à user de ses muscles pour suivre le rythme. Hélas, on est loin d'en avoir fini.
- Nous allons arriver près d'un point d'eau. Surtout, fais moi confiance.
- Les psychopathes disent la même chose, railla t'il.
- À défaut d'être intelligent, montre au moins que tu as du courage, ça rattrapera ton cas.
- Je n'ai pas besoin d'être intelligent pour frapper.
- Dommage que ta force n'ait pas le niveau de ta bêtise. On y est, ajoutai-je en ralentissant l'allure.
Une grande rivière nous fait face, assez profonde pour pouvoir y plonger entièrement. A gauche, le souterrain continue en pente. Or, les cris viennent d'au moins deux étages plus bas. Nous irons décidément plus vite en utilisant l'eau.
- Prends ma main, lançais-je, dès que nous serons sous l'eau, nous changerons de lieu. J'ai repéré un autre point d'eau plus bas.
Cod regarde la rivière d'un air incrédule. Bon sang, c'est pas le moment ! J'attrape son bras et commence à entrer dans l'eau. Il ne résiste pas, ses yeux ne cessant de fixer la matière sombre dans laquelle nous nous enfonçons. Il retient sa respiration, puis plonge à son tour. Maintenant, on peut y aller. Partir. Voyager. Une distance, une vitesse, un but. Eau, toi qui est source de vie et de pouvoir, laisse ton courant me guider, en un instant, là où est ma place.
Une violence secousse m'envoie contre l'épaule de Cod. Il s'agite, me repousse sans le vouloir a grands gestes désespérés. Et merde ! Il peine à retenir sa respiration ! Soudain, un tourbillon s'ouvre à nos pieds. Vite ! J'attrape mon camarade par la taille et tend la main vers le phénomène aquatique.
Je ne fais que l'effleurer, mais c'est suffisant. La magie nous entoure aussitôt. Telle une toupie à pleine vitesse, on tourne sur nous-mêmes, incapables de ralentir le rythme effréné de l'eau. Ce n'est pas la première fois que j'utilise le pouvoir de téléportation. Seulement, j'ai toujours voyagé seule. Avec quelqu'un d'autre, ces secondes ne m'ont jamais paru aussi longues. Cod a l'air au plus mal, mais le supplice ne s'arrêtera pas pour lui tant que l'eau ne cessera pas de se déchaîner.
Enfin, comme si cette dernière avait entendu mes prières, le courant s'affaiblit, puis se stoppe net. Je m'élance à la surface, tirant derrière moi le corps inconscient de Cod. Il me faut moins d'une seconde pour retrouver l'air lourd des Enfers. Je hisse le jeune humain à la surface, et me relève.
- Maudite bâtarde !
Nous sommes proches. Trop proches. Heureusement que la rivière ne se trouve pas sur le champ de bataille, nous aurions directement été accueillis par des hurlements de sauvages et des armes levées vers nos têtes. Je jette à un coup d'oeil à l'état de Cod. Si ses yeux demeurent fermés, son torse lui, se soulève de manière normale. Ouf, il respire. Il s'en sortira, je n'ai pas besoin de veiller sur lui. Un autre devoir m'appelle ailleurs. Même trempée de la tête aux pieds, cette eau n'a rien d'un fardeau. Une arme là où on n'y attend pas est toujours la meilleure.
Point de vue de Paul
- Allez, n'ayez pas peur de deux personnes normales ! Attaquez !
Mon cri d'encouragement n'est guère utile. Si mes soldats fantômes ricanaient auparavant, ils ont ravalé leurs rires pour adopté une posture plus sérieuse. Deux simples personnes, hein ? Si seulement ils n'étaient que ça. Entourés de mon armée, le regard fier et froid, ils ont l'air de tout, sauf de deux innocents. Hadès, et sa bâtarde de fille. Je savais que combattre un dieu allait être dur, mais qui aurait cru que sa petite préférée allait le suivre jusqu'au bout ? Elle aurait pu s'enfuir, le laissant seul et trahi. Une occasion parfaite qui aurait facilité sa mise à mort. Au lieu de ça, ils se partageaient les cibles et s'entraidaient, comme s'ils avaient toujours combattu côte à côte.
- Maître, intervient un fantôme, les supprimer prendra plus de temps que prévu.
- Je sais. Concentrez-vous surtout sur la fille. Hadès va devenir fou s'il la voit en danger.
- Bien, je vais leur donner cet ordre.
Honnêtement, Hadès n'a pas perdu la main. Malgré des centaines d'années sans une bataille digne de ce nom, sa faux reste aussi meurtrière que les rumeurs le prétendaient. Il se déplace vite, tranchant ses adversaires d'un simple moulinet de son arme. À une époque, le voir se battre ainsi m'aurait rendu fier. Maintenant, ce comportement d'apparence héroïque me dégoûte. Mes yeux changent de cible, et rencontrent le regard brûlant de la bâtarde. Nous n'avions jamais été dans la même classe, étant donné que je suis plus âgé d'un an, mais j'avais été au courant se sa réputation. Intelligente, sage, et d'apparence magnifique. Miss Perfection, c'est tout ce que j'avais retenu des rumeurs à son sujet. Et dire que cette petite fleur fragile se bat comme quatre. En fait non, elle ne se bat même pas. Elle saute, recule, esquive, ricane, et quiconque croise son regard peut y lire une soif de sang. Une envie de destruction, de vengeance, de sang. Une telle énergie à détruire, ce n'est plus combattre. A ce stade, je vais devoir m'en occuper moi-même.
- Ma faux.
Un jeune esprit sursaute, et me tend l'arme en inclinant la tête. Un brusque élan de puissance m'entoure lorsque je la saisis. Âme ténébreuse, son nom la décrit parfaitement, et c'est avec elle que je transpercerai cette bâtarde d'aprentie.
Je saute du rocher sur laquelle j'étais, et file vers mes deux opposants. Hadès est le premier à me voir venir. Sa faux, plus noire et plus grande que la mienne, coupe en deux six adversaires en un seul coup. Ses mouvements sont souples, larges et secs, il compte sur sa faux pour faire le sale boulot. Si je pouvais l'éviter...
- Paul, me crie-t'il, c'est moi ton adversaire !
- Navré de décliner ta proposition, mais j'ai déjà un adversaire.
- Tu ne l'approcheras pas !
Le sol se met à trembler. Hadès est en colère ? Bien. Il n'y a pas à hésiter. Les âmes s'occuperont de sa fille. Moi, je me charge du grand dadet. Ses yeux me fusillent littéralement. Envie de tuer ? Presque en même temps, nous nous élançons l'un contre l'autre. Cette volonté de détruire s'infiltre dans l'air, dans les regards, dans nos armes qui s'entrechoquent. Aucune peur ne vient électriser davantage l'atmosphère du lieu. Je connais déjà la fin de cette guerre. Nous ne perdrons pas. Hadès a pourtant l'air confiant, tandis que sa faux cherche mes points faibles en m'attaquant sans arrêt. Les ombres qui nous entourent me frôlent, cherchent à retenir mes mouvements en m'attrapant les mains et les pieds. Tsss ! Inutile ! Je saute sur un monticule de rochers et me projete sur mon père. Sa faux tente de me couper en deux, pas assez vite pour réussir, mais j'atterris sur le sol avec une légère blessure au bras. Du sang s'écoule de la plaie. Parfait. Le sang va l'attirer ici, et ce foutu royaume finira en cendre.
- Tu appelles ça te battre ? ricane Hadès. Même quelqu'un n'ayant jamais touché à une arme aurait fait mieux.
- Comme ta petite chérie, peut-être ? Oh, j'oubliais, elle est déjà morte.
Ses yeux se dirigent instantanément sur la silhouette à demi étouffée d'Iliane. Comme je le pensais, il veille sur elle, même en se battant. Pauvre fou ! Je me plaque contre le sol, contre mon ombre, et lui ordonne de m'absorber pour dissimuler ma présence. Hadès reporte son attention sur moi, mais c'est trop tard. Je m'enfonce dans le sol avant même qu'il ne lève sa faux pour me frapper. A présent, je suis dans une autre dimension, celle des ombres. Rien que d'imaginer sa tête devant ma disparition me fait revivre. Je sens a peine ma blessure, toutes mes pensées sont focalisées sur mon retour. Il sait que je surgirai du sol en quête d'une cible à tuer. Qui choisir entre mon père, ou ma demi-soeur ? L'un ou l'autre, nous aurons son soutien. Lucas s'est arrangé avec lui. Je ne sais pas encore exactement de qui il s'agit, tout ce que je sais, c'est qu'il est d'origine divine. Un soutien venant d'un Olympien. Étonnant, nous qui voulons les renverser. Enfin, il a ses raisons. Je ne devrai pas m'en préoccuper. Pour l'heure, il est temps de remonter à la surface.
Je m'imagine, ressortant de la dimension des ombres, et me retrouvant derrière ma demi-soeur. Je ferme les yeux, juste avant d'être poussé vers un point lumineux par mon ombre. La lumière est la réalité, et derrière moi, l'obscurité est là où demeurent les ombres quand leurs maîtres ne les utilisent pas. Hadès lui-même me l'avait appris. Quel naïf. Il n'aurait jamais dû.
- Océane, recule !
La voix imposante de mon père est dirigée vers une ado aux cheveux noirs. Une nouvelle arrivante ? Une fille de Poseidon. Elle n'est pas une menace majeure. Celle qui va passer un sale quart d'heure, c'est cette personne devant moi. Elle ne m'a pas remarqué, trop occupé à se défendre contre deux âmes particulièrement coriaces. Bye, fillette.
- ILIANE !
Encore trop tard, Hadès. Le visage de sa fille se tourne enfin vers moi. Vers moi ? Non. Vers ma faux, sa seule et sa dernière vision avant que je ne l'atteigne.
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Oui j'ai mis du temps à l'écrire xD
Gomene pour le retard, j'espère que vous apprécierez ce chap.
N'hésitez pas à voter et commenter !
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