Point de vue normal (Iliane)

Je ne vois plus rien. Les images se brouillent, le temps semble s'arrêter à la seconde près où il finit de parler. La fille de celle que j'aime. Ça n'a aucun sens. Comment Apollon peut-il aimer... Aphrodite ? Non, ça ne se peut pas, ils sont amis, juste amis !

- Je l'aime depuis toujours. Je la veux. Elle n'en sait rien. Mais elle ne sera pas toujours protégée par ses pouvoirs, je compte bien l'amener dans mon lit un jour ou l'autre.

- ... Tu penses vraiment que je vais te laisser vivre après ce que tu viens de dire ?

- Que...

- Je vais te faire regretter d'être encore vivant, sale traître.

Les yeux d'Apollon s'agrandissent. Il ne s'attendait pas à ça, il voulait sans doute que je crie, que je pleure, que je lui montre les réactions d'une fille faible. Mais ce n'est pas ce que je suis. Frustré, il tente d'enfoncer sa lame dans mon cou pour en finir, mais, alors que mes yeux le fixent d'un air rageur, il comprend enfin. Ce qu'il m'a dit en face, il n'aurait jamais dû y penser. Insulter ma mère, la traiter de femme facile, de proie déjà conquise... Jamais. Jamais il ne l'atteindra. Je suis de son sang, de sa chair, alors, aussi longtemps que je serais en vie, rien ni personne ne lui manquera de respect.

Je sens mon corps frémir alors que ma forme d'apprentie divine reprend le dessus. Mon aura se déploie autour de moi, coquille brillant d'une lueur rose et dorée, éloignant de force l'arme qui m'avait menacée.

- Tu crois pouvoir me battre, bâtarde ?

Mon aura l'empêche une nouvelle fois de me porter un coups. Me traiter de bâtarde alors que je suis pleine d'énergie, prête à défendre mon honneur... Que cherche t'il à faire ? Ses coups sont lents, il n'utilise pas sa véritable puissance, celle qui le rend si menaçant aux yeux de ses élèves.

Le pouvoir de la musique. Hypnotisante, sacrée, destructrice, transformant ceux qui l'écoutent en vulgaires légumes. Après cette expérience, vous n'êtes plus le même, une sensation d'avoir été manipulé par quelqu'un vous empêche de vivre exactement comme avant. Car grâce à ce pouvoir, Apollon peut s'emparer de l'esprit touché. Un calvaire pour ceux qui ne comprennent pas ce qu'il leur arrivent, mais aussi...

- Même une fille moins idiote aurait compris mon plan. Tu es vraiment pathétique.

- Qu'est-ce que tu entends par là, dieu sans cervelles ?

Apollon ricane. Ses yeux me fixent d'une lueur mauvaise, l'air d'avoir mis en place un piège infaillible. Et apparemment, j'y suis tombée. Mais il n'y a qu'un seul danger autour de moi : le dieu qui me fait face.

- Je vais bientôt te laisser, apprentie inutile : une certaine déesse m'attend !

Parle t'il d'Aphrodite ? Une fois de plus, son expression le trahit. Un visage illuminé par l'envie et le désir... Seule ma mère pourrait en être l'origine. Ce salop ose encore penser à elle de cette façon. Espèce de... Je ne sens même plus mes mains à force de les serrer. Il faut que j'agisse, il faut que je lève tout mon corps et mon esprit pour lui faire comprendre qu'il n'est pas le chef. Lui faire barrage, l'empêcher de remonter à l'Olympe en ayant l'impression d'avoir gagné d'avance...

Je ne peux pas le tuer, pas sans preuves, ça ne ferait que m'enfoncer davantage... En revanche, je peux réaliser un acte que j'aurai dû faire depuis longtemps : le blesser. Je sens monter en moi un flux d'énergie en pensant à la joie de l'envoyer au tapis. Il ne mérite que ça ! Sans plus attendre, je me dégage du recoin où j'étais et m'élance vers lui. La vitesse avec laquelle j'agit n'a plus rien d'humain : je vois à peine mes propres mouvements, seul ce qui est contenu en moi me permet de bouger. Apollon doit le deviner, car il puise de plus en plus dans ses ressources. Ses attaques sont plus vives, plus précises, plus mortelles. Il ne cherche pas seulement à me blesser : ici, cachés dans une pièce où la réalité ne vit plus, c'est un endroit parfait pour mourir en silence. Il le sait, et c'est ce qu'il cherche.

- Tu t'est amélioré depuis la dernière fois, me lance t'il en évitant ma lame de vent. Tu t'es décidé à allumer le pois qui te sert de cerveau et à apprendre quelques techniques ?

- Je préfère avoir un simple pois plutôt que rien du tout comme toi.

Son aura manque de me brûler des pieds à la tête. C'était moins une ! Je tente de me rassurer, mais j'ai de plus en plus de mal à respirer, mon énergie est épuisée, je ne suis pas habituée à me battre avec une telle intensité, alors qu'Apollon semble prêt à enchaîner les assauts. Mes regards envoûtants ne l'atteignent pas, comment peut-il y résister ? C'est un dieu, mais même quelqu'un de sa trempe devrait fondre.

- Tu es trop lente.

Je ne veux pas me l'avouer, mais il a raison. Tandis que mes pouvoirs se heurtent violemment aux siens, mon aura protectrice commence à se dissiper. Mes lames de vent envoient des étincelles, mais ne peuvent plus menacer mon adversaire. Apollon saute, recule, voltige, ses moindres mouvements se succèdent à la manière d'une tornade, un tourbillon de vent prêt à tuer. Je ne peux plus continuer comme ça, je n'y arrive pas. Combattre contre un dieu était une tentative vouée à l'échec.

Lentement, animal blessé comprenant sa défaite, je me laissais tomber à genoux, le souffle court. Mon corps bat à tout rompre, mes mains, mes jambes, tout mon corps tremble de manière incontrôlée.
Maintenant, je peux voir ce qui m'attend.
Une disparition, mystérieuse et dont personne n'en comprendra la raison.
Je ne veux pas voir. S'en est trop pour moi.
Ma propre fin...

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Point de vue de Cod

Je ne sais pas ce qui se passe. Rien de tout ça n'a de logique. Une dizaine de minutes plus tôt, j'étais à ma place, écoutant à peine les critiques de notre professeur d'anglais. Mais avec les bruits bizarres qui venaient de la cour... Je ne sais pas, j'ai été en quelques sortes hypnotisé par ces bruits. Je voulais savoir.
Simuler une envie pressante avait été un jeu d'enfant, mais j'aurai peut-être dû rester en classe. En sécurité.

Parce qu'ici, c'est... Je ne trouve pas les mots. Spectaculaire. Envoûtant. Horrible. Quand je suis arrivé, j'ai cru que mes yeux étaient en train d'inventer des images. Sérieusement ? Iliane qui se battait en uniforme avec une espèce de... De bulle rose et scintillante ? Une sorte de bouclier générateur de rayons tranchants ?
Et l'autre type... Il est aussi étrange qu'elle ! Cette même bulle-bouclier mais en bleu, et ces rayons turquoises qui avaient faillis brûler Iliane !

Putain mais ça n'avait pas de sens ! Qui étaient-ils ?! Pourquoi se battaient-ils ?! Venaient-ils d'une autre planète ?! J'ai l'air paniqué, mais ce n'est que pour une seule raison : Iliane est à terre. Elle a cette expression calme, celle qu'ont les personnes proches de la mort. Non, ça ne veut pas dire... NON !
Je ne peux pas la laisser abandonner ! Il faut qu'elle se batte ! Il le faut, ou je... Bordel, je rien ! Je veux juste qu'elle se relève et qu'elle montre de quoi elle est capable !

- Alors, tu acceptes enfin ton sort ? Tu auras mis du temps avant de le comprendre.

Le dénommé Apollon se rapproche d'elle. À Chaque pas, la tension monte d'un cran, rien ne pourrait arrêter sa marche tant il semble déterminé à en finir. Dans sa main, un rayon se forme, plus brillant que les autres. Fait pour tuer.

Je ne peux pas assister à cette scène sans rien faire. Iliane n'a plus la force de continuer, moi, je le peux ! Ce sont des dieux, et alors ? Je n'ai qu'à crier pour avertir toute l'école !

- Mais avant... sourit Apollon

Je prends toute ma respiration, transformant mes poumons en réservoir à air. Crier le plus fort et le plus longtemps possible est la seule solution pour...

- ... Alors gamin, le spectacle t'a plu ?

Tout va trop vite. Avant que je ne puisse réagir, un violent coup de poing m'écrase le ventre. Je poussais un cri. La douleur est atroce, j'avais l'impression de m'être transformée en fournaise, ou d'être attaqué de toute part par des décharges électriques.

Chancelant, je n'eut que le temps d'entrevoir Iliane avant de meffondrer au sol. J'ai mal... Avant, jamais personne n'aurait pu me blesser ainsi. J'ai la sensation d'avoir été touché par un couteau brûlant ! Tout est flou, vague, lointain... Ce n'est pas le poing d'Apollon qui me mets dans cet état-là, j'en suis sûr. C'est son rayon, son foutu rayon aiguisé. Je serre les dents, sentant un liquide chaud couler de ma blessure. Du sang, il ne manquait plus que ça...

- COD !

Sa voix... Au prix d'un dernier effort, je parviens à lever la tête. Que... Apollon semble paralysé. En fait, il ne semble pas. Il l'est. Son regard est vide, et ses yeux, fixés à ceux d'Iliane comme si sa vie en dépendait.
Mon ancienne colocataire avait été en mauvaise position quelques instants plus tôt, alors comment... Et... Ma blessure ! Je ne la sens plus ! Je soulève mon tee-shirt à la hâte pour vérifier les dégâts. La plaie ne saigne plus, elle est même en train de cicatriser ! Comment un tel changement a t'il pu se produire ?

- Iliane ? demandai-je, hésitant.

Elle est tournée vers une des fenêtre, silencieuse et immobile alors qu'elle semble contempler son reflet. Son regard finit néanmoins par se tourner vers moi, une expression douloureuse sur le visage.

- Je ne suis plus rien, murmura t'elle. Juste... Un monstre.

J'allai répliquer, lui demander de quoi elle parlait et pourquoi elle paraissait si triste, mais ce fût seulement maintenant que je la vis. La partie droite de son visage. Je ne bougeai plus, et même si je l'aurais voulu, je n'aurais pas pu. Le choc est trop grand. Ses yeux n'ont plus rien d'enchanteur. Ils sont noirs, d'une couleur parfaite où brillait une sauvagerie et une envie de liberté sans égale.
La partie droite de son visage, quand à elle, était presque entièrement recouverte par un tatouage noir en forme de lune...

- Cod ?

Je sortais de ma torpeur, et soutint le regard de ma camarade en tentant de sourire. Sans succès. Il s'est passé trop de choses.

- Qui suis-je réellement ?

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Enfiiiiin !
J'ai cru que j'allais y passer toute la soirée ! Il n'est pas amusant, mais c'était ça ou le chapitre suivant allait être dur à aborder ^^
En attendant, j'espère qu'il vous a plu ! N'hésitez pas à commenter et voter ;)

Bonne lecture et à bientôt !