Chapitre 1 : Du Rose Partout !
- Iliane !
Même si on m'appelait, même si je savais que j'allai me prendre une note catastrophique si je ne levai pas la tête à l'instant, je n'avais qu'une seule envie : m'allonger sur la table. Habituellement, je considère que s'endormir en plein cours n'est réservé qu'aux bons à rien. Rejoindre les dieux mineurs en faisant comme eux ? Très peu pour moi ! Je suis une fille de déesse, et par Isis, pas n'importe laquelle ! En proie à un soudain excès de fierté, je me redressais. Mes yeux se plantèrent délibérément dans ceux qui se dressaient face à moi : Apollon en personne me fusillait du regard.
Que voulait-il ? Me montrer sa puissance ? Ou bien ses connaissances colossales qu'il avait emmagasiné depuis la nuit des temps ? Un sourire narquois se planta sur mon visage. Il était mon professeur mais également le meilleur ami de ma mère, je savais ses faiblesses, et inversement, il savait de quoi j'étais capable.
En cherchant à m'intimider, il se trompait sur toute la ligne. La seule chose que je craignais était la soudaine apparition d'un bouton ou de toutes autres imperfections.
Oui, j'étais d'accord sur le fait que j'avais l'air un peu peste au premier abord, mais ceux qui me côtoyaient depuis ma naissance savaient que j'avais un bon fond. Mais apparemment, ma pseudo gentillesse n'avait pas d'effets sur des dieux en colère. Apollon était en première position pour confirmer cette théorie, ses yeux affichaient une lueur qui en disait long sur son état actuel. Il était furieux, et j'avais le sentiment que mon statut d'apprentie déesse de première classe n'allait pas me sauver cette fois-ci. Hélas...
- Iliane, je t'avais pourtant dit de dormir la nuit !
- Hier soir j'ai pourtant appliqué vos conseils ! rétorquais-je, vexée
par son manque de confiance
Apollon plissa les yeux, et je vis clairement qu'il doutait de ma parole. Par Isis, comment osait-il penser que je lui mentais ? Si ma mère avait été la déesse de la fourberie, j'aurais compris et accepté le fait qu'il ne me croyait pas. Mais là, il connaissait la nature de ma mère ainsi que la mienne. Ma mère était la grande, la belle, la sublime Aphrodite ! Déesse de l'amour, porteuse d'espoirs et de cœurs entichés, elle était l'une des plus importantes déesses de l'Olympe. Et malgré ça, avec comme témoignage un héritage incroyable, je restais une cible dont il fallait se méfier... Merci Apollon, ça fait toujours plaisir !
- Au lieu de rêvasser, tu ferais mieux d'écouter les cours. À défaut d'être véritablement intelligente, tu pourras toujours te rattraper en apprenant par coeur tes leçons !
Je manquais de m'étrangler. C'était... C'était une insulte à ma personne, à mon rang ! Apollon était un dieu puissant, certes, mais ce n'était pas une raison pour se moquer de moi. De plus, je n'avais plus besoin de cours : mon tout premier voyage commencerait dans quelques mois à peine, j'avais lu et relu tous les livres parlant des habitudes humaines, au point que j'en gardais un terrible souvenir de migraines. Si ma mère n'avait pas jugé utile de continuer à travailler, Apollon, lui, avait réclamé ma présence à grands cris.
Son seul argument était, je cite, "Iliane n'a aucune chance d'affronter les humains si elle ne sait rien sur eux ! La réussite de son examen final dépend de son sérieux actuel, et je ne trouve pas sérieux qu'elle sèche les cours !"
J'aurais bien tenté de l'ensorceler, mais pour une fois, Artémis n'aurait pas apprécié ce geste. Malgré ses airs bourrus, elle aimait son frère, et je n'avais pas envie d'entrer en conflit avec elle. Finir en compote de pomme d'or, non merci !
- Iliane ! Tonna Apollon, tu as finis de rêvasser ? Les cours doivent reprendre !
Ses paroles étaient sèches. Mais même si je lui avais fait perdre une partie de son temps, même si sa relation avec son fils restait tendue, il n'avait pas le droit de rejeter sa colère sur moi. Si il cherchait la petite bête, il allait la trouver. Une déesse de l'amour a une très bonne répartie, et si il s'agit en prime d'une jeune apprentie en pleine crise adolescente, Apollon lui-même risquait de s'y casser les dents. Après tout, il l'avais voulu, cette future bataille verbale ! Sûre de moi, je lançais :
- Ça ne me sert plus à rien de suivre vos cours, mon voyage est pour bientôt, et j'ai suffisamment lu pour pouvoir me débrouiller seule sur Terre !
Apollon, qui allait écrire au tableau, arrêta son geste. Lentement, il se retourna vers moi. Ses yeux brillaient encore, mais cette fois ils étaient devenus menaçants. Tel un tigre près de sa proie, il se mouva entre les tables, faisant durer le suspense au coeur de la classe, jusqu'à ce qu'il arrive devant la mienne. Mes camarades me fixaient, tiraillés entre le respect pour le dieu et la solidarité que nous partagions. Amitié ou sagesse, le choix dépendait d'eux, mais en aucun cas je n'avais besoin d'aide. Une véritable apprentie déesse doit savoir se débrouiller seule. Et en ce moment, mon honneur était bel et bien en jeu.
- Iliane, gronda notre professeur, tu es peut-être une apprentie déesse qui passe son examen final, mais je ne serais pas si confiante à ta place !
- Alors tant mieux que vous ne soyez pas à ma place, j'aurai eut pitié de vous sinon.
- Tu sais ce qu'il en coûte de manquer de respect à un dieu ?
- Vous savez ce qu'il coûte de m'insulter alors que mon attitude est irréprochable au sein de l'Olympe ? Vous perdriez le respect de votre statut, et cela juste parce que vous vous seriez pris la tête avec une élève qui n'a jamais posé un seul problème.
La classe entière se tut. Il n'y eu plus aucun murmure, tous les regards étaient rivés sur nous. Nous, un dieu un peu trop centré sur lui-même, et une élève dont les notes servaient de passe-partout. Un duel improbable, surtout que d'habitude, Apollon chérissait les modèles de la classe, alors s'en prendre à moi publiquement... C'était le monde à l'envers !
Je jetais un coup d'œil aux autres élèves. Camille et Sam, mes meilleurs amis, me fixaient avec un air stupéfait. Me croyaient-t'ils obéissante à ce point ? Courber le dos ne me plaisait pas, et même face à un adulte, j'avais des limites à ne pas dépasser. Heureusement, mon physique et ma voix m'aidaient énormément à dissimuler cette force de caractère.
Les autres, eux, ne restaient pas en reste. Certains observaient leur prof avec une étincelle méfiante, d'autres encore me reluquaient, comme si cet échange verbal ne correspondait pas à ce qu'ils connaissaient de moi. Par Isis je ne suis pas une élève modèle ! Je travaille juste à fond pour être sûre de réussir mon examen, et pour montrer à tous que je suis capable de porter fièrement le statut de "digne fille d'Aphrodite"!
Mais la plupart de mes camarades ne comprenaient pas ça. Et comme je m'y attendais, leurs commentaires habituels arrivèrent en force.
- Que va t'il se passer ?
- Elle va se faire punir, c'est sûr vu comment Apollon la regarde !
- Je ne donne pas cher de la peau d'Iliane !
- Eh, n'oublie pas qu'elle est la seule fille d'Aphrodite ! Sa popularité a une chance de la sauver !
- Si ça se trouve, elle peut le charmer ! C'est en son pouvoir !
- SILENCE !
Apollon avait changé de ton. Sa colère n'étais plus dirigée contre moi, mais contre la classe entière. Le silence s'installa de nouveau, et les élèves, penauds, se tassèrent sur eux-mêmes. Le signal était donné. À présent, notre échange était terminé. Soulagée, je poussais un soupir et me coulais contre le dossier de ma chaise. Le cours allant bientôt se terminer, je n'avais plus de temps à perdre : il fallait que je pense à préparer ma valise, que je demande à ma mère le contrat officiel de l'examen, le lieu où j'habiterai pendant mon séjour, et aussi celui où...
- Iliane
Je balayais la classe du regard avant de tomber nez à nez sur Josh. Voisin de table et toujours prêt pour s'amuser, il était l'un des pires élèves, et également l'un de mes "prétendants". Ce titre n'était donné qu'à ceux qui en pinçaient pour ma mère ou moi, de sorte qu'on les reconnaissait plus facilement.
Mais à cet instant Josh ne tentait pas une approche. Il se contenta de me sourire, puis me tendit un petit papier froissé.
- C'est de Sam
Je le remerciais d'un signe de tête, qu'il paru apprécier d'après son petit air béat. Mais trêve d'observations : c'était souvent Camille qui m'envoyait des messages comme ceci, car elle s'ennuyait à mourir. Si c'était vraiment Sam l'émetteur, lui qui ne perdait pas une miette des cours pour plaire à sa mère, il se tramait quelque chose. Et une chose pas forcément positive.
Impatiente, je déroulais le papier, et lu :
- Iliane, rendez-vous à 14h près du Nuage Éternel.
PS : ne sois pas en retard. C'est important.
Décidément Sam ne passait pas par quatre chemins pour m'annoncer quelque chose : son message annonçait clairement que j'étais du genre à arriver en retard.
Bon, c'est vrai que je ne suis pas une pro de l'horloge non plus. Et qu'il m'arrive de casser à moitié le réveil pour ne pas aller en cours. Mais de là à ne jamais arriver à l'heure... Il exagérait. Et si il exagérait, c'est que ce qu'il devait me dire était très important. Peut-être trop d'ailleurs.
Mais qu'est-ce que je ne ferais pas pour mes amis ?
- Driiiiiing !
Littéralement, toute la classe sauta en l'air. Une dizaine de feuilles se mirent à voler dans tous les sens tandis qu'une nuée d'apprentis dieux se précipitaient hors de la salle. Un troupeau de moutons surexcités n'aurait pas fait plus de boucan qu'eux, mais je comprenais leur envie de sortir. La classe avait subi une tension palpable : l'humeur massacrante d'un prof, un match prof vs élève, et un "SILENCE !" phénoménal qui avait traumatisé à jamais les moineaux des alentours.
- Iliane, déclara Apollon, venez à l'Arène d'Or après votre pause déjeuner.
- Pardon ?
- Vous avez très bien entendu.
- Mais l'Arène d'Or est réservée aux apprentis qui sont récemment devenus dieux !
Je lu dans ses yeux qu'il allait me sortir une réponse cinglante, et le pire, c'est que cela avait l'air de le défouler.
- Vous êtes la fille d'une des déesses les plus puissantes de l'Olympe, que craignez-vous ?
J'hésitai à lui envoyer une répartie bien sentie à la figure, mais j'en avais assez fait pour aujourd'hui. Autant se montrer honnête et lui rappeler mon caractère calme.
- De ne pas avoir le niveau, de me blesser et d'éprouver de la honte si je perdais.
- Vous vous écoutez parler ? J'ai entendu un "si" ! Vous avez vos chances, et cela me permettrait en même temps d'évacuer ma tension !
D'une part, il avait raison. Mais d'un autre côté, je me voyais mal débarquer dans l'Arène d'Or et m'y prendre la raclée du siècle. Elle était réservée aux apprentis qui venaient tout juste d'acquérir leurs pouvoirs divins. Les apprentis dieux, eux, n'avaient pas ces pouvoirs là, ces derniers ne se réveillant qu'une fois l'examen réussi.
Apollon cherchait-il à me piéger? Qu'en tirerait-il ? Il ne gagnerait rien à m'humilier. Peut-être un moyen de vengeance, mais il perdrait gros si c'était le cas.
J'avais un pressentiment, bon ou mauvais, cela n'importait pas. Je savais juste que quelque chose allait se produire, et que je ne m'en sortirai pas sans découvrir de nouveaux horizons.
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Voici une histoire qui me tenait à coeur ^^
J'espère qu'elle plaira à ceux qui liront, et le 2ème chapitre arrive bientôt !
N'hésitez pas à mettre des commentaires et à likez :D
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