Chapitre 39 : Lies
Chapitre 39 : Lies
Harry
J'arrive à Londres dans dix minutes. Seulement dix petites minutes et je ne peux cacher mon anxiété. Je vais la voir. Après ces dix longs jours de séparation, je vais la revoir.
Je regarde inlassablement le paysage défiler sous mes yeux. Les maisons sont encore recouvertes de neige, et le ciel est déjà sombre alors qu'il n'est pas dix-sept heure. Le paysage est froid et obscure, tout ce que je déteste. J'entends le tonnerre gronder au loin et les nuages se noircissent. J'ai l'impression qu'une tempête va éclater d'ici peu, et cette idée ne me conforte pas.
Je ne saurais dire pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment pour ce soir. Mia m'a dit qu'elle serait là quand le train arriverait mais je ne sais pour qu'elle raison, j'ai l'impression que ça ne sera pas le cas. J'ai l'impression qu'elle ne sera pas présente et cette idée me cisaille de l'intérieur. J'ai l'impression qu'un fouet mord ma chaire à chaque kilomètre que le train parcours. A chaque seconde où je me rapproche de la gare, j'ai l'impression de me détériorer un peu plus.
Et depuis une demi heure maintenant je me répète, comme une prière silencieuse, qu'elle sera là, quand le train s'arrêtera. Oui c'est ça. Je pris pour qu'elle soit là.
Ma mère dort en face de moi et mon père est parti il y a quelques minutes au Wagon-Bar. Je me retrouve donc seul avec mes pensées tortueuses. Je jette un coup d'oeil à ma montre et mon coeur saute une nouvelle fois dans ma poitrine. 7 minutes.
Je soupire profondément. Putain ce que j'ai peur.
Je l'ai laissé pendant dix jours et j'ai peur que les résultats soient désastreux. J'espère qu'elle a suivi le traitement, qu'elle n'a pas tout lâché. Je l'espère du plus profond de mon être. S'il fallait tout recommencer de zéro… Je ne pourrai pas le supporter. Non, c'est certain. Je ne pourrai pas passer au dessus de ça.
A travers la vitre, je m'aperçois que les habitations deviennent plus denses et la végétation moins luxuriante. On vient de pénétrer dans la ville. Et mon rythme cardiaque s'intensifie encore.
Un annonce retentit dans le train nous annonçant que nous arrivons à la gare de Londres dans moins de cinq minutes. La voix grésillante fait émerger ma mère qui cligne des yeux plusieurs fois pour s'habituer à la lumière. Je la dévisage d'un regard sans sentiment alors qu'elle réajuste son chemisier sur ses épaules maigrichonnes.
Elle pose ses yeux clairs sur moi et m'offre un sourire endormi auquel je ne réponds pas. J'attrape mon manteau, posé sur le siège vide à côté de moi et l'enfile rapidement. J'enroule mon écharpe en laine autour de mon cou.
-Où est ton père ? me demanda ma mère.
-Au Wagon-Bar, il ne devrait plus tarder, répondis-je, d'une voix détachée.
Je jette un autre coup d'oeil à ma montre. 3 minutes.
Je relève les yeux vers ma mère qui me fixe étrangement. Elle doit sûrement voir mon anxiété. En même temps, qui ne l'aurait pas vu ? Je détourne le regard d'elle, gêné, et le pose sur l'allée principale où je vois mon père arriver rapidement. Il s'active jusqu'à nos sièges où il s'excuse pour son retard. Il enfile à son tour son manteau avant de récupéré le sac de voyage posé à côté de moi.
-Je vais récupérer les bagages, on se retrouve à la sortie, annonça-t-il. Harry, je te laisse ta valise. Ne l'oublie pas.
Je hoche la tête et il s'éclipse à nouveau. Je soupire une nouvelle fois et ma mère semble remarquer mon irritation.
-Ça va, Harold ? demanda-t-elle.
-Oui, lâchais-je, sèchement.
-Quelque chose t'angoisse ? insista-t-elle.
-Non, tout vas bien.
Je ne veux pas lui parler. C'est vraiment pas le moment.
Le train entre dans la gare. Je tourne immédiatement la tête vers la vitre pour essayer de localisé Mia. Mais le quai est surbooké et il aurait été impossible que je l'aperçoive. J'attrape fébrilement mon téléphone est lui envoie un texto de mes doigts tremblants : " Je suis à la porte D, tu te souviens ? "
Je lui rappelle où je sors, car avec toutes ces personnes, il serait impossible de se retrouver sans point de repère. Je scrute l'écran pendant quelques instants, espérant qu'elle me réponde, mais ce ne fu plus le cas.
" Faites qu'elle soit là. Faites qu'elle soit là. " je reprends ma litanie silencieuse.
Le train ralentit doucement jusqu'à s'arrêter complètement. Tous les passagers se lèvent en même temps et se ruent vers l'allée pour sortir du train le plus rapidement possible. Je les laisse passer, ne voulant pas me faire pousser par tous ces gens dépourvu de patience.
Mes jambes tremblent légèrement et je ne me souviens pas avoir déjà été autant déstabilisé de toute ma vie. Les passagers marchent lentement jusqu'à la sortie et le train se vide lentement. Je me décide enfin à entrer dans la queue qui mènent jusqu'à la sortie.
Je vais la voir dans quelques instants.
Je chemine, attendant d'arriver au niveau des portes. Mon cuir chevelu me picote et je dois me faire violence pour ne pas pousser ces gens et sortir retrouver la fille que j'aime. J'arrive finalement au niveau des portes bagages et je sens l'air extérieur me chatouiller le visage. J'attrape ma valise et me précipite hors du train. Je peux à nouveau respirer l'air frais. Dans ce train, j'avais l'impression d'utilisé de l'oxygène usagé et cette sensation n'était vraiment pas agréable. Je pose ma valise sur ses roues alors que ma mère descend à son tour du wagon. Je scrute les alentours et commence à marcher pour essayer de trouver Mia.
Mon regard est partout. A gauche, devant, à droite. Partout. Je balaye le quai des yeux mais je ne la vois pas.
Où est-elle ?
-Harry !
J'entends une voix lointaine m'appeler. Mes pupilles convergent vers l'endroit d'où provient la voix fluette et mon corps se détend brusquement. Elle est là, à seulement quelques mètres de moi. Son visage est blême mais ses yeux virés sur mon visage, pétillent. Elle est magnifique. Je lâche ma valise et bouscule les gens qui se dressent entre nous pour arriver à son niveau. Quand elle est enfin à ma porter je me jette dans ses bras. Merde, ce qu'elle m'a manqué.
Je la sers fort contre moi et respire son odeur vanillé. Elle est là, dans mes bras. La tension se relâche lentement alors que je réalise qu'elle est vraiment à mes cotés.
-Mia… murmurais-je au creu de son oreille.
Elle dépose un baiser à la base de mon cou et je me sens frissonner…
*
Je gare ma voiture devant chez Mia. Je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais mon père à accepter que je reste chez elle ce soir. Bien sur, ma mère n'a pas donné son consentement, mais j'y serai aller même si elle me l'interdisait. Les parents de Mia ne sont pas là, une fois de plus. Elle m'a expliqué, qu'ils étaient partis hier soir chez sa tante et qu'elle avait refusé d'y aller pour être là à mon retour. Bien sur, elle a dit à ses parents qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle n'était pas en mesure de voyager jusqu'à Crawley.
Je coupe le moteur et sors de la voiture. Mia en fait de même et elle contourne le véhicule pour me rejoindre. Elle m'adresse un faible sourire et me tend la main. Je l'attrape et entrelace mes doigts aux siens. Ils sont froids comme d'habitude et je plaque nos mains contre ma poitrine pour la réchauffer. Je verrouille mon auto de ma main libre, et nous pénétrons dans la propriété. Rien n'a changé depuis la dernière fois où je suis venu, pourtant j'ai l'impression que tout est différent. Nous traversons le jardin et la neige craque sous nos pas dans un bruit apaisant. Nous gravissons ensuite les marches qui précèdent le perron et Mia lâche ma main. Elle sort la clé de sa poche et l'insère fermement dans la serrure. La porte s'ouvre. Elle entre et j'en fait de même.
Elle allume la lumière et laisse tomber négligemment son manteau par terre. Elle enlève ses chaussures et je fais de même. J'opte mon manteau et mon écharpe avant de les poser sur le sol, à côté du vêtement de Mia.
Je relève les yeux et tombe sur deux prunelles bleus qui me fixent. Le regard brillant de Mia me transperce littéralement faisant vibrer mon être. Voilà, c'est à ce moment là que j'ai su que je l'aimer. Quand j'ai ressentis cette drôle de sensation pour la première fois. J'ai compris que je l'aimer car elle était la seule à pouvoir me mettre dans cet état.
Et quand je la regarde, je n'arrive pas à croire qu'elle est vraiment là, devant moi. Je m'attends à ce que d'un instant à l'autre elle s'évapore et que je me réveille chez mes grands-parents.
-On va s'assoir ? demanda-t-elle.
-Bien sur.
Nous traversons la petite entrée et entrons dans le salon. Mia s'approche de la cheminée et attrape les allumettes posées sur le rebord de cette dernière. Elle en craque une, qui prend feu, et allume la buche qui se trouvait déjà dans la cheminée. Cette dernière s'embrase lentement.
Mia se retourne vers moi et me demande :
-Tu veux un chocolat chantilly ?
-J'adorai.
Elle m'adresse un beau sourire avant de se diriger vers la cuisine. Moi, je m'approche de la cheminée et tisonne le feu pour attiser les flammes. Une douce chaleur se répand dans la pièce enveloppant mon corps. J'aime cette sensation.
Mia réapparait et pose deux tasse remplies de chocolat chaud et de crème fouetté sur la table basse.
-Ça à l'air délicieux, complimentais-je.
-C'est un beau garçon qui m'a fait gouter ça un jour. Je suis devenue fanatique à la première gorgée.
" Un beau garçon". Elle parle de moi. Mon coeur s'enflamme comme la bûche qui flambe dans la cheminée. Elle s'assoit sur le canapé et je m'installe à côté d'elle. Nous prenons chacun une tasse et nous calons l'un contre l'autre.
-Tu m'as tellement manqué, murmura-t-elle en posant sa tête sur mon épaule.
J'embrasse ses cheveux furtivement. Je sais que je lui ai manqué. Elle me l'a répété tant de fois…
-Comment vas-tu, Mia ?
-Ça va mieux maintenant que je t'ai dans mes bras.
Elle avale une gorgée de son chocolat chaud et tourne sa tête vers moi. Elle a de la chantilly au dessus sur la lèvre supérieure et je ne peux empêcher le sourire qui étire mes lèvres. J'enlève la crème fouettée avec mon pouce, et ça me rappelle cette journée où nous avions été au "Joe's Coffee" ensemble. Cette journée où tout avait débuter entre nous. Je m'approche doucement de son visage alors que sa bouche s'entrouvre. Je décale ma main sur sa joue et pose mes lèvres sur les siennes…
*
Nous nous préparons à aller nous coucher. Je me suis lavé les dents avec la brosse à dent de Mia et je me suis coiffé avec son peigne. Je n'ai pas eu le temps de rentrer chez moi pour récupérer ce dont j'avais besoin pour venir passer la nuit ici, alors j'ai du tout lui emprunter.
Elle est dans sa chambre et j'attends là, le temps qu'elle se change. Elle reste très intime même si ça fait plusieurs mois que nous sommes ensembles et je respecte ça.
Je m'approche du lavabo et ouvre le robinet. Je bois une grande gorgée avant d'essuyer ma bouche avec le revers de ma main. Je laisse couler l'eau alors que je me regarde dans le miroir. J'ai une tête d'enterrement. Marquée par la fatigue et l'anxiété. Je baisse les yeux, dans le but de me mettre de l'eau sur la figure pour apaiser ma peau tiraillée, mais je remarque l'eau ne s'écoule plus dans les canalisations et qu'elle s'accumule dans l'évier. Je coupe l'arrivée d'eau, les sourcils froncés. L'évier est bouché ? Je retrousse mes manches et plonge mes mains dans l'eau pour enlever le bouchon. Mais le liquide ne s'évacue toujours pas. Je pose le bouchon sur le rebord du lavabo et replonge ma main à l'intérieur. Quelque chose bouche la canalisation, c'est certain. Je fais passer mes doigts dans le trou d'évacuation de l'évier et je sens plusieurs petites choses rondes au fond. J'en extirpe une et sors ma main du bac plein d'eau.
J'observe un instant ma découverte et mon coeur s'arrête dans ma poitrine. Un cachet. Un des cachets de Mia. Je peux le reconnaitre. Il a la même forme ovale et bombée. Je cligne des yeux rapidement. Non, putain, c'est pas vrai !
Je broie le cachet au creux de ma paume et replonge ma main dans l'eau. J'en sors à nouveau des cachets. Il y en a une trentaine au total. Je les récupère tous, les yeux embrouillés par la rage qui coule dans mes veines.
Elle m'a mentit. Elle a arrêté le traitement…
Je sors de la salle de bain en trombe et me précipite dans la chambre de Mia. J'entre sans frapper. Elle est entrain de plier ses vêtements. Quand elle me voit, elle relève la tête vers moi.
Mon visage est déformé par la colère et mon souffle est rapide est bruyant. Je m'approche d'elle et ouvre la main où j'ai mis une partie des cachets devant ses yeux. Elle scrute un instant le contenu de ma paume et quand elle comprend ce que sait son visage s'altère. Il devient paniqué.
-Harry…
-C'est quoi ce bordel ?! hurlais-je.
-Laisse-moi t'expliquer…
-Non ! la coupais-je. Il n'y a rien a expliqué, Mia ! J'ai déjà compris ! Tu m'avais promis que tu suivais le traitement, putain ! Pourquoi, pourquoi m'as tu menti ?!
Des larmes s'accumulent au coin de ses yeux et cette image me déchire littéralement.
-Je… Je peux supporter que tu sois différente, Mia. Je peux supporter tes tendances dépressives. Je peux supporter tes cauchemars et tes sautes d'humeurs. Je peux supporter beaucoup de chose, mais jamais je ne pourrais supporter le fait que tu ne fasse aucun effort. Je ne pourrais jamais supporter le fait de te voir sombrer sans même que tu essayes d'aller mieux ! Tu m'entends ? Jamais je ne pourrais le supporter ! je marque une pause avant de reprendre. Mais merde, Mia ! Je suis parti dix jours ! Dix jours et tu as tout foutu en l'air ! Notre programme, nos efforts, tout ! Tu as tout gâcher ! Comment as-tu pu faire ça ? Comment as-tu pu nous faire ça ?! Tu… Tu m'as menti !
Rien que de l'admettre, rien que de dire à haute voix ce qu'elle a fait, ça me donne envie de vomir.
-Je… Je suis désolé. Mais c'est trop. Si tu veux tout arrêter, c'est ton choix. Je ne t'obligerais pas à prendre ces cachets ou à suivre le traitement si tu n'en as plu envie. Mais ça sera sans moi…
Je lâche les cachets émiettés de ma main. Ils dégringolent par terre, roulent sur le parquet et disparaissent sous les meubles. Je le savais. Je savais que ce moment arriverait mais je ne pensais pas que ça serait si rapide. Je recule lentement et elle s'approche de moi. Son visage est assaillis par les larmes et son corps et parcouru de spasmes. C'est insupportable de la regarder comme ça, mais je ne peux pas laissé passer ça. C'est au dessus de mes capacités. Elle s'approche de moi et tend une main vers moi, mais je me recule encore.
-Je t'en pris Harry, ne pars pas ! sa voix se brise complètement.
Je sors de sa chambre et je sens quelque chose en moi s'émietter, se détruire en un millions de morceaux. Elle me suit et attrape mon bras.
-S'il te plait ! Ne me laisse pas ! articula-t-elle, difficilement.
J'avale difficilement ma salive alors que j'essaie de rester stoïque.
-Je suis désolé. Mais je ne peux pas supporter ça.
Je m'arrache à sa poigne et traverse le couloir à grandes enjambées. Je dois partir, je ne veux pas qu'elle me voit craquer. Je descends les escaliers alors qu'elle me suit toujours, me suppliant de l'écouter. Mais si je lui donne l'opportunité de parler, je sais que je vais lui pardonner. Et je vais continuer de souffrir. Et je ne peux plus continuer de souffrir comme ça. Je traverse le salon et aperçois nos tasses vides toujours posées sur la table basse. Je détourne les yeux et pince les lèvres. J'arrive dans l'entrée où je récupère mes affaires. J'ouvre la porte sans prendre la peine de passer mon manteau. Je me tourne une dernière fois vers Mia qui n'est plus que larmes et suffocations.
-Je suis désolé…
Et sur ces mots, je passe la porte et m'en vais…
" Je t'en pris, reste ! Car je ne survivrai pas à un second abandon…"
***
Voilà l'avant dernier chapitre de Free Me !
Je veux un maximum de votes et d'avis ! <3
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