Chapitre 3: Drug
Mia:
Mes pas résonnent contre le bitume froid de la ruelle déserte. Le vent chatouille doucement mon visage et fait danser mes cheveux bruns dans les airs. Les alentours sont calmes, très calmes. Le seul bruit audible est le claquement de mes semelles contre le sol lisse. Mes mains sont fourrées dans mes poches et ma tête est cachée dans mon manteau pour me protéger de l'air glacé. Il fait tellement froid que chacun de mes souffles d'airs chauds se glacent au contact de l'air, avant de se transformer en un fin nuage de fumée visible.
Je m'oblige à marcher rapidement, pour maintenir la température de mon corps la plus élevée possible puisque, malgré mes vêtements chauds, je grelotte littéralement.
J'arrive au bout de la rue et tourne à gauche pour me retrouver dans une seconde ruelle commerçante, à peine plus large que la précédente. Je passe devant plusieurs dizaines d'échoppes avant d'arriver devant celle qui m'intéresse : la pharmacie. J'y entre précipitamment, une clochette retentit. Je soupire doucement, contente de me retrouver dans un endroit où l'air est chaud et agréable. Ma peau commençait à être tiraillée. Je salue les pharmaciennes, d'un "bonjour" poli, avant de m'avancer vers un des comptoirs. Je sors mon ordonnance de ma poche et la déplie maladroitement, à cause de mes doigts gelés.
« Je viens chercher ces médicaments » dis-je en adressant un sourire de politesse à la dame derrière le comptoir.
« Bien sûr, je vais aller vous chercher ça. »
Elle jette un coup d'œil à la feuille que je lui tends et je vois ses sourcils se froncer légèrement. Elle relève ses yeux vers moi et me dévisage du regard.
« Oui, ils sont pour moi », dis-je anticipant son éventuelle question.
Elle me fixe un moment, avec un regard rempli de pitié.
« Bien, je reviens dans deux petites minutes », répondit-elle.
Elle m'adresse un léger sourire de compassion avant de s'engouffrer dans le dédale de rayons où sont déposées les différentes drogues.
Je soupire d'exaspération. Je déteste que les gens s'apitoient sur mon sort, surtout lorsqu'ils ne connaissent rien de mon histoire. J'extirpe mon portable de ma poche afin de regarder l'heure. Il est 17h56 et le soleil est déjà couché. L'automne commence à vraiment se faire ressentir.
Je remets mon téléphone à sa place initiale et regarde l'ensemble de la pharmacie. Je suis la seule cliente dans la boutique. Sûrement parce qu'à cette heure là, la plupart des adultes travaillent encore.
Alors que je continue d'admirer la boutique, dans laquelle je n'étais pas entré depuis longtemps, j'aperçois les deux autres pharmaciennes présentes m'observer. Leurs sourcils sont haussés et une d'elle est penchée vers l'autre, lui chuchotant quelque chose à l'oreille. Je baisse les yeux et fais semblant de m'intéresser à une boite de médicaments présentée sur le comptoir. Je déteste lorsqu'on me fixe, je ne supporte pas l'idée d'être surveillée. D'ailleurs, aujourd'hui j'ai eu l'impression que tout le monde me regardait au lycée. Ils ne me regardaient pas comme on regarde une nouvelle, ils me regardaient intensément et avec méfiance.
Je crois à l'éventuelle possibilité des rumeurs. Je suis presque sûre qu'il y a déjà du bruit quant à mon éventuelle folie.
La dame revient vers moi, les bras chargés de différentes boîtes de médicaments. Elle les dépose sur le comptoir à coté de l'ordonnance et vérifie qu'elle a bien tout pris.
« Les psychorégulateurs, les antidépresseurs, les antipsychotiques, je crois que tout y est. J'ai mis trois boites pour chaque, comme ça vous serez tranquille pour les trois prochaines semai... »
Le bruit de la clochette retentit à nouveau dans la pharmacie, laissant en suspens la phrase de la femme. Je me retourne promptement, pour voir qui vient d'entrer dans la boutique, et découvre le bouclé de ce matin. Ce bouclé qui m'a fixé durant tout le repas du midi.
Je me souviens que j'avais attendu qu'il ait le dos tourné pour déguerpir rapidement de la cafétéria, ne supportant plus son regard pesant sur moi. Je m'étais enfuie si vite que j'avais oublié mon livre sur la table. Enfin, celui de ma psychiatre.
Le regard du garçon croise le mien. J'ai l'impression que je peux lire mon âme dans ses yeux émeraude, tant ils paraissent purs. Je me retourne précipitamment, me rendant compte que tous mes médicaments sont encore posés sur le comptoir, à la vue de tous. Je me mets devant pour empêcher le garçon de voir ce que j'ai pris. S'il voyait le nom des drogues dont j'ai besoin et qu'il répandait l'information, cela ne ferait qu'attiser les rumeurs à mon sujet. Je fais un signe de tête à la vendeuse pour lui faire comprendre que je veux qu'elle se dépêche d'emballer mes affaires. Je tourne rapidement la tête et m'aperçois que le garçon n'a pas bougé. Il me regarde encore. Je reporte mon attention sur la vendeuse et lui tends un billet de 50 livres. J'attrape le sac plastique où elle vient de ranger les médicaments et m'en vais rapidement. Je bouscule le bouclé qui m'empêche de passer avant de franchir les portes automatiques. J'entends la femme crier que j'ai oublié ma monnaie mais je ne me retourne pas et commence à remonter la rue vide. Je jette un coup d'œil derrière moi et m'aperçois que le garçon me suit.
« Hey, attends! crie-t-il à mon intention. »
Je ne l'écoute pas et commence à courir dans la ruelle sombre ou règne toujours un silence de mort.
"Vas y, fuis le. Fuis les tous! Mais saches que tu ne pourras jamais fuir ton propre esprit..."
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