Mia

Aujourd'hui, nous sommes le 9 Décembre 2012. Et ça fait exactement 3 ans, jours pour jours, que tout à changé. Ça fait exactement mille quatre-vingt-seize longues journées que tout à basculé. 

Le 9 Décembre 2009 marque le dernier jour de ma vie. Et il marque également le début de ma nouvelle existence. C'est à partir de là que j'ai commencé à sombré, m'éteignant un peu plus chaque seconde. J'ai commencé à me dégrader cette journée là, jusqu'à n'être plus qu'un résidu de cendre. 

Oui, j'ai commencé à me pulvériser le jour où Kate est décédée. 

J'avoue que je ne comprends toujours pas pourquoi son décès m'a autant affecté. Des milliers de personnes meurent tous les jours, brisant la vie de leur entourage. Et ces individus, qui subissent le départ d'un proche, finissent par s'en remettre. Ils finissent par faire leur deuil, comme on dit. Oui, on finit tous par faire notre deuil. Mais ça peut être plus ou moins long selon les personnes. Moi, je n'ai toujours pas accepté la mort de Kate. 

Et comment serais-je censé faire mon deuil si je n'ai toujours pas accepté son départ? 

Si je n'ai jamais réussis a accepté la mort de ma soeur c'est parce qu'elle n'est pas morte naturellement. C'est elle qui a fait le choix de partir. Et ça, c'est toute la différence.

Cette nuit du 9 Décembre, j'ai vu Kate pour la dernière fois. Elle était plus ou moins comme d'habitude, je dirais. Elle était fidèle à elle même. Froide et directive, sûre d'elle et déterminée. Oui, elle était comme d'habitude. Elle n'a rien laissé paraitre, rien qui aurait pu me donner un indice sur ce qu'elle s'apprêtait à faire. Alors je l'ai laissé partir, la laissant s'échapper définitivement. J'aurais du l'en empêcher ou au moins avertir mes parents. Mais je n'ai rien fait. Et aucun mot ne serait assez fort pour exprimer combien je m'en veux. Parce que si je l'avais empêcher de sortir, elle serait toujours là. 

Je me souviens encore des frissons qui m'ont parcourut l'échine lorsque j'ai entendu ma mère crier, ce matin là. Je me suis réveillée en sursaut et ai sauté de mon lit, le coeur battant. J'ai couru jusque dans la chambre de Kate, l'endroit d'où venait le bruit. Je me suis arrêtée sur le seuil de la porte et j'ai trouvé ma mère écroulée dans les bras de mon père. Elle tenait fermement une feuille dans sa main tremblante, la froissant. Ses joues étaient inondées par les larmes et mon père avait les yeux clos, essayant visiblement de ne pas craquer. 

Je me suis approchée doucement d'eux et ai posé la main sur l'épaule de ma mère. Je me souviens avoir chuchoté "Maman?" mais n'avoir obtenu comme réaction de sa part. Je la regardais, sans parvenir à comprendre ce qui la mettait dans un état pareil. J'ai attrapé délicatement la feuille, alors qu'une sensation horrible s'emparait de mon être. 

Le premier mot qui était écrit dessus était "désolé". C'était la fine écriture de Kate. 

C'est à cet instant précis que j'ai commencé à m'éteindre. 

J'ai lu la lettre, les mains tremblantes et les yeux écarquillés. Quelque chose en moi s'était déchirer violemment durant ma lecture. Et une sensation de solitude s'était logée dans ma poitrine. Je l'ai relu plus d'une centaine de fois depuis cette journée là. Je connais cette lettre par coeur maintenant. Elle est composée de seulement vingt-deux phrases, et de deux-cent quarante-deux mots. 

" Désolé, avait-elle écrit.  

Si vous lisez cette lettre, c'est que Zayn à finalement réussi à me convaincre. Il a réussi à me convaincre de partir. A mettre fin à ce calvaire.

Vous ne comprendrez surement pas pourquoi j'ai décidé de mettre fin à ma misérable vie car vous avez toujours cru que j'allais bien. Car vous avez toujours cru que j'étais une petite fille parfaite que vous ne considériez, ni plus ni moins, comme un objet. Un putain d'objet que vous exhibiez fièrement devant vos parties. 

Mais ce n'était pas le cas. Je n'allais pas bien. Et j'étais encore moins parfaite. 

Comme vous le savez, j'ai rencontré Zayn, il y a 1 an maintenant. Et je sais que vous n'avez jamais accepter notre relation. Vous ne l'avez jamais accepté car il n'était pas assez angélique pour vous. Et c'est vrai. Zayn est tout sauf un ange. Il est comme vous et moi. Il est humain et les humains ne sont pas fait pour être parfait. 

Je sais que cette lettre ne changera rien et que vous ne m'excuserez jamais. Et je vous comprends. Mais je ne pouvais plus vivre avec toute cette pression, avec toutes vos espérances. 

C'est pourquoi Zayn et moi, avons décidé de partir cette nuit. 

Je sais que vous ne m'excuserez jamais mais je tiens quand même à vous dire à quel point je suis désolée. Mais comprenez-moi, ma vie était devenue insupportable. Je devais mettre fin à tout ça. 

-Kate. "

C'est tout ce que la lettre disait. Kate ne s'était pas adresser à moi une seule fois durant son texte. Elle s'était simplement contentée de blâmer nos parents et de s'excuser pour quelque chose qui s'avérait être impardonnable. Mes parents ont lancé presque immédiatement un avis de recherche pour la retrouver, elle et Zayn, dans l'espoir qu'ils ne soient pas encore passer à l'acte. 

Malheureusement, les policiers de Londres ont retrouver le corps de Kate cet après-midi là, seulement quelques heures après le début des recherches. Elle flottait dans la Tamise, emportait par le courant. D'après l'autopsie qui a été pratiqué sur son corps quelques jours plus tard, elle serait morte d'hypothermie. L'eau du fleuve dépassait à peine les trois degrés cette nuit là. 

Par contre, personne n'a jamais retrouvé le cadavre de Zayn. Les policiers ont déduit qu'il avait coulé et que son corps était maintenant dans les profondeurs de la Tamise. 

Mais il est réapparut deux jours plus tard, pour me dire au revoir. Comme un mort revenant à la vie. Il s'est introduit dans ma chambre par la fenêtre, pour ne pas être vu. Je pensais qu'il était mort et quand je l'ai vu, j'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque. Zayn m'a attrapé fermement et m'a chuchoté qu'il n'avait pas sauté avec Kate comme prévu. Il m'a affirmé qu'il avait changé d'avis au dernier moment et qu'il n'avait rien pu faire pour retenir ma soeur. Il a dit qu'il allait fuir car dans la lettre que Kate nous avait laissé, elle avait dit que c'était lui qui l'avait incité à se suicidé. Je lui ai demandé pourquoi ils avaient voulu mettre fin à leurs vies et il m'a dit qu'ils étaient tous les deux tombés dans la drogue. Et qu'ils avaient totalement sombré dans la dépendance et que cela les avait littéralement détruit. C'est la seul chose qu'il m'a dit. Je ne sais rien de plus. 

"Je reviendrai te voir, c'est promis." avait-il chuchoté avant de s'en aller.  

J'arrive devant la maison de ma psychiatre. Je m'arrête un instant, considérant la bâtisse. La toiture de cette dernière est recouverte par une grosse couche de neige. Les lumières sont allumées et les volets ouverts. Je soupire de frustration. Harry vient de finir les cours et il sera ici d'une minute à l'autre. Je dois lui parler. Je m'approche encore de la maison jusqu'au portail. Je balaye d'un geste sec la neige qui recouvre le bord du muret et m'assois dessus. Je croise mes bras sous ma poitrine et rentre légèrement ma tête dans mon manteau pour me protéger du froid. 

Je ne sais pas encore ce que je vais lui dire. En réalité, j'espère qu'il ne viendra pas. S'il ne vient cela voudra dire que Zayn m'a menti, et qu'Harry ne vit pas ici. Quelque chose au fond de moi, me dit que tout ça n'est qu'un énorme mensonge. Qu'Harry ne m'aurait jamais caché une chose pareil et que Zayn a tout inventé pour m'éloigner de lui. 

Je ferme mes yeux quelques instants. Le froid paralyse mes muscles et le vent fouette mon visage gelé. Si Harry est réellement le fils de ma psy, je ne sais pas comment je réagirai. Mais je pense que je n'arriverai pas à lui en vouloir. Il est le seul à ne m'avoir jamais jugé. Le seul qui est là pour moi. Alors je ne pense pas que j'arriverai à lui en vouloir. 

Je rouvre mes paupières rapidement, comme si j'avais senti la présence d'Harry dans la rue presque déserte. Je tourne la tête de gauche à droite pour le localiser. Je l'aperçois. Il marche par ici. Un sourire se forme sur mon visage. Son sac de cours repose sur une de ces épaules massives et ses mains sont fourrées dans les poches de sa veste noire. Sa démarche nonchalante est rapide, comme d'habitude. Son regard est rivé vers le vieux pavé sur lequel il marche. Il est magnifique. Ses boucles brunes bougent au rythme de ses pas et sa peau et légèrement rosie à cause des températures. 

Mon sourire s'estompe lorsque la réalité me frappe. C'était donc vrai. 

Je saute du muret, sur lequel j'étais assise, pour me remettre droite. Je sens une boule se former dans le creux de ma gorge et les battements de mon coeur se font rapides. Comment ai-je fait pour ne m'en rendre compte de rien? Comment a t-il réussi à garder une telle chose secrète si longtemps? Plus il se rapproche de moi et plus je parviens à le voir en détail. Il écoute de la musique, je vois ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Il relève brièvement la tête dans ma direction et je sens une décharge électrique me parcourir. Quand il m'aperçoit, son visage change radicalement. Ses yeux émeraude restent concentrés sur moi alors qu'il altère une expression surprise. Je le vois retirer rapidement ses écouteurs puis il marche jusqu'à moi. Il s'arrête juste en face de mon corps tremblant. 

-Mia? 

-Je suis au courant, Harry… soufflais-je.  

***

Voilà le chapitre 29! Je sais qu'il y a énormément de descriptions et que ce n'était surement pas le chapitre le plus amusant à lire mais maintenant vous savez tout… 

J'espère que ce chapitre vous aura quand même plu! 

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