Chapitre 20: Hot Chocolate

Harry

Le long bip sonore retentit dans mon téléphone, alors que mon coeur bat la chamade. Je me suis enfin décidé à l'appeler. Enfin décidé à prendre de ces nouvelles depuis ce soir-là, sur la falaise. 

J'ai passé toute ma mâtiné allongé sur mon lit à me demander si je devais l'appeler ou non et j'ai finalement cédé. Je n'en pouvais plus de rester là, à ne rien faire alors que je voulais absolument avoir de ces nouvelles. Il est évident que si j'ai envie de la voir et de lui parler c'est à moi de faire le premier pas et non à elle. De toute manière si j'attendais quelle face le premier pas, je ne lui parlerais pas avant un bon bout de temps. Peut-être même jamais. Alors j'ai décidé de l'appelé car je n'en peux plus d'attendre sans savoir comment elle va. 

J'aurais très bien pu lui parler au lycée mais Louis ne m'a jamais laissé une seconde seul, à croire qu'il refusait que j'aie une conversation avec elle. On se jetait quelques coups d'oeil de temps en temps mais je n'ai jamais pu l'approcher à cause de mon garde personnel qui se trouve être également mon meilleur ami.

Le bip s'arrête soudainement et je sens ma gorge se serrer à cause de l'appréhension. Après quelques secondes j'entends Mia dire doucement:

-Harry? 

Mon prénom résonne dans le combiné faisant frémir mon tympan. Sa voix me paraît tout à fait normale. Elle ne détient pas une once de tristesse et elle n'est pas brisée comme la dernière fois.

-Heu… Salut Mia, comment vas-tu? demandais-je prestement.

-Ça va, merci. Et toi?

-Tu es sûr? dis-je, ignorant sa question.  

Je m'assois sur mon lit et pose ma main libre sur mon genou, le dos légèrement courbé vers l'avant. Je ne peux m'empêcher de me demander si elle va réellement bien ou si elle me dit ça pour que je ne m'inquiète pas. En général, les personnes qui vont mal font semblant d'aller bien. Et peut-être que Mia fait partie de ces personnes qui refoulent leurs émotions. 

-Qu'est-ce qu'il y a Harry? Tu semble inquiet.

Je soupire avant de fermer les yeux fermement. Oui je suis inquiet. Je suis inquiet parce que je sais qu'elle va mal mais que j'ignore la raison de son mal-être. Je suis inquiet parce que je sais que je ne peux rien faire pour l'aider à aller mieux. Oui, je suis continuellement angoissé car je sais que je suis totalement impuissant.  

-C'est que… Tu sais, à cause de la dernière fois… Oui, je suis inquiet, admis-je.

-Ne le sois pas. Je vais bien. 

-Alors comment expliques-tu le fait que tu pleurais dans mes bras il y a deux jours? demandais-je.

Elle respire profondément alors que j'entends une porte grincer à travers le combiné. Je l'imagine s'isoler dans sa chambre, pour que notre conversation reste privée et ne soit entendu par personne. 

-J'étais juste fatiguée et j'ai craqué, ça arrive. Je vais bien maintenant, argumente-t-elle.

-Ne me mens pas, Mia. Pas à moi. Je veux t'aider, mais si tu ne me dis pas la vérité, je ne pourrais rien faire. 

-Cela ne changerait rien que tu sâches la vérité. Tu ne peux rien faire de toute façon, dit-elle froidement. 

J'aurais aimé lui dire qu'elle a tord, mais je sais que ce n'est pas le cas. Elle a parfaitement raison, je ne peux rien faire pour l'aider à aller mieux. 

Je suis bien placer pour savoir que si elle a besoin d'aller voir ma mère - ou quelqu'un qui exerce la même profession qu'elle - c'est qu'elle est vraiment au fond du gouffre. Quand une personne arrive au point ou elle doit consulter un psychiatre c'est qu'elle ne va vraiment pas bien. Ça veut même dire que cette personne est malade mentalement. Et je ne peux rien faire contre une maladie mentale. 

Rien.

-Je veux te voir, lâchais-je sans même me rendre compte de ce que je venais de lui dire. 

Je regrette immédiatement mes mots. La peur qu'elle puisse se renfermer sur elle-même et qu'elle ne veuille plus me parler me submerge complètement. Une boule se forme dans ma gorge alors que j'attends sa réponse. Mais elle reste silencieuse, comme si elle cherchait ses mots. Je passe une main dans ma nuque alors qu'intérieurement j'ai envie de me frapper le crâne contre le mur. 

-Harry… 

-Non, la coupais-je. Ne me rejette pas. Pas encore. Accepte juste qu'on aille boire quelque chose dans un café et qu'on discute un petit peu. S'il te plaît. 

-D'accord, souffla-t-elle, me cédant. 

Un faible sourire illumine mon visage alors que je me laisse tomber sur mon lit. La boule qui s'était nichée dans ma gorge disparaît doucement laissant place au soulagement. Je soupire doucement avant de me redresser, regagnant ma position assise, et je lui dis:

-On se retrouve chez "Joe's Coffee" ça te va? C'est le café qui est à coté du lycée, tu vois où il est? demandais-je. 

-Oui. On se retrouve là-bas dans une demi-heure.

-Très bien. À tout à l'heure alors. 

-Ouais, répondit-elle avant de raccrocher. 

Je raccroche à mon tour avant de me lever, quittant définitivement mon lit confortable. Je dépose mon téléphone sur mon bureau rangé à la perfection avant de me diriger vers le miroir accroché sur un des cinq murs de ma grande chambre. J'étudie un instant mon reflet dans le miroir avant de grimacer. Mes mèches sont toutes emmêlées et désordonnées, on dirait que le dessus de ma tête est un champ de bataille abandonné. Je passe rapidement mes mains dans mes cheveux essayant de casser mes boucles enchevêtrées pour remettre un peu de discipline dans ma chevelure. Je plaque mes cheveux vers l'arrière et je suis plutôt content du résultat. C'est beaucoup mieux comme ça. Je m'éloigne du miroir pour récupérer mon téléphone et le fourre dans la poche de mon jean. J'attrape un billet de cinquante livres qui était caché dans un tiroir de mon bureau avant de le ranger au même endroit que mon portable. 

J'attrape mon manteau noir, qui pendait sur un porte manteau avant de sortir de ma chambre. Je traverse le couloir et descends les escaliers rapidement. Je m'assois sur la dernière marche et attrape mes chaussures, posées près du mur, avant de les enfiler habilement. Je me relève précipitamment et me dirige vers la porte d'entrée pour sortir de la maison mais je percute quelqu'un. Ma mère. 

-Ho, désolé maman. Je ne t'avais pas vu, dis-je. 

Elle passe une main sur sa jupe noire, la lissant, avant de me sourire. Ses yeux clairs me fixent d'une manière presque gênante, un grain de malice luit dedans. 

-Pourquoi es-tu si pressé Harold? dit-elle son sourire s'agrandissant. Tu t'es coiffé avant de sortir? Ça ne te ressemble pas…

Elle passe une main dans mes cheveux mais je m'écarte pour qu'elle n'y touche pas.

-Quoi? Pourquoi ça ne me ressemblerait pas, je me coiffe tous les matins! dis-je sur la défensive.

-Il est 14 heures Harry, la mâtiné est terminée. 

Elle pose ses deux mains sur mes épaules toujours un sourire aux lèvres. Je soupire. Où veut-elle en venir? 

-Comment s'appelle-t-elle? demanda-t-elle.

Quoi? Comment peut-elle savoir que je vais voir une fille? Je fronce les sourcils, comme pour lui montrer que je ne vois pas de quoi elle veut parler et me dégage de son emprise. Je me dirige vers l'entrée et ouvre la grande porte qui mène à l'extérieur. Je m'apprête à sortir de la maison, mais elle me retient en attrapant mon bras. 

-Ho, allez chéri ne fait pas l'innocent. C'est normal à ton âge d'avoir une copine. 

-Ce n'est pas ma copine, dis-je.

-Donc il y a bien une fille alors, sourit-elle. 

Je grogne. Elle est très douée. Elle a réussi à me faire avouer quelque chose sans même que je m'en rendre compte. 

-Elle est dans ta classe? Peut-être que je la connais. Comment s'appelle-t-elle? questionna-t-elle.

-Non elle n'est pas dans ma classe et je ne te dirais pas son prénom alors n'incite pas. Laisse-moi partir maintenant je ne veux pas être en retard.

Elle retire sa main qui tenait fermement mon bras alors que je m'empresse de franchir la porte pour rejoindre l'extérieur. Je descends ensuite les quelques marches qui précèdent la maison et traverse le jardin. 

-Tu lui diras bonjour de ma part! cria ma mère, au moment où je fermai le grand portail derrière moi.  

*

Je m'assois à une des tables libres, attendant l'arrivée de Mia. Le café est loin d'être plein, seulement quelques personnes sont présentes s'échangeant des potins autour d'un chocolat chaud. Je tapote la table avec mes doigts, jouant la pulsation de la mélodie que je chantonne. 

J'espère qu'elle n'a pas changé d'avis. J'espère qu'elle n'a finalement pas décidé de rester chez elle. Je ne sais pas comment je réagirai si elle ne vient pas. Je serai surement déçu et en colère car j'en ai marre qu'elle me fuit inlassablement. Je pense juste que, si elle ne se présente pas ici dans les minutes à venir, je serai capable d'aller directement chez elle pour lui parler. De toute façon, après que je lui ai dit tout à l'heure, d'un ton presque implorant, que je voulais la voir, débarqué à l'improviste chez elle ne serait pas grand-chose. 

Je savais que jouer le mec détaché avec une fille n'était pas mon fort, mais de là à avouer comme ça que je voulais la voir… Je suis vraiment tombé bas. Elle me fait vraiment faire des choses stupides des fois. 

La clochette retentit soudainement dans le café, annonçant l'arrivée de quelqu'un. Je lève mes yeux vers la porte et vois Mia entrée dans l'échoppe. Ses cheveux bruns sont mouillés et ses bras sont croisés en dessous de sa poitrine comme-ci elle essayait de garder le maximum de chaleur dans son gros pull gris. Même comme ça, totalement frigorifiée, elle est belle. Je la vois parcourir la salle des yeux jusqu'à ce que son regard s'arrête sur moi. Ses yeux très clairs me transpercent, me donnant l'impression que je me vide de l'intérieur. J'arrête de respirer un instant, alors qu'elle avance rapidement jusqu'à la table. Quand elle arrive, elle se laisse tomber sur la banquette avant de pousser un soupire. 

-Salut, dis-je. 

-Coucou, répondit-elle me souriant légèrement. Désolée, pour le retard...

Je la regarde enlever un à un les gants en laine qui recouvraient ses mains avant de les poser minutieusement sur la table, à coté d'elle. 

-Tu es venue à pied? demandais-je confus.

-Oui. Il fait très froid dehors. 

Elle amène ses deux mains, maintenant nues, à ses lèvres, puis elle souffle fortement dedans pour les réchauffer. 

-Tu aurais dû me le dire, je serais venu te chercher, dis-je.

-C'est gentil Harry, mais tu n'aurais pas eu besoin de faire ça. Tu sais le trajet n'est pas très long. 

Elle passe une main dans ses cheveux, essayant de les démêler mais elle abandonne rapidement, voyant que la pluie a causé trop de dégât à sa coiffure. 

-Tu veux boire quelque chose? Ici, ils font les meilleurs chocolats chauds avec de la chantilly de la ville! Ça te tente? demandais-je. 

-Hum, j'aurais préféré un bon café, mais peut-être que si tu en prends un tu pourras me faire goûter?

Rien que l'idée qu'elle veuille partager un chocolat chaud avec moi, me remplit de joie. Je lui souris doucement avant de hocher la tête. Elle me rend mon sourire. Un beau sourire comme elle ne m'en avais jamais donné. Je lève légèrement la main en direction d'un serveur pour lui montrer que nous avons fait notre choix. Il approche rapidement et nous passons commande d'un café au lait et d'un chocolat chaud.

-Alors, qu'as-tu prévu de faire demain? demanda-t-elle, lançant la conversation.

-Et bien, comme d'habitude je pense. C'est-à-dire passer ma journée à dormir.

Le son de son rire transperce l'atmosphère remplissant tous mes sens. Elle porte sa main devant sa bouche comme pour la cacher, étouffant le bruit de son doux rire cristallin. Je souris mais je fronce également les sourcils. Je n'arrive pas à comprendre. Comment peut-elle être si joyeuse aujourd'hui alors qu'il y a deux jours elle était en pleure, effondrée, dans mes bras? Comment est-ce possible qu'elle passe d'un état si mal, presque dépressif, à un état si euphorique et joyeux en un si petit laps de temps? Ces changements incompréhensibles et compulsifs d'humeurs me perturbent complément. Mais malgré ça, ça me fait tellement de bien de la voir, le sourire aux lèvres, détendue comme-ci elle menait une petite vie tranquille dans un quartier perdu de Londres. Ça me fait du bien de pouvoir passer un moment calme avec elle. 

-Sérieusement? Tu passes tes journées à dormir? demanda-t-elle, intriguée.

-Si ma mère me le permettait, je le ferais oui, dis-je toujours en souriant. 

Le serveur arrive à notre table et dépose nos deux boissons devant nous. Nous le remercions avant de porter hâtivement les boissons chaudes à nos lèvres envieuses. Le liquide chocolaté et le goût de la crème fouettée se répandent sur ma langue avant de couler le long de mon oesophage, me réchauffant. Elle avale elle aussi une bonne gorgée de son café avant de reposer sa tasse sur la table. 

-Ça fait du bien, dit-elle. 

-Ça faisait si longtemps que je n'étais pas venu prendre un chocolat-chantilly ici! répondis-je. La dernière fois que j'en ai bu un, ça devait être l'hiver dernier. C'est aussi bon que dans mes souvenirs. Tu es déjà venue ici?

-Oui, continue-t-elle. En fait, je viens boire un café là tous les lundis matin, comme j'ai une heure libre de 9 à 10 h. 

-Tu viens tous les lundis matin et tu n'as jamais gouté les chocolats-chantilly?! Tu sais que c'est un sacrilège? 

Elle rit à nouveau avant d'attraper ma tasse. 

-Je mets fin au sacrilège maintenant, alors.

Elle enveloppe ses deux mains autour de la porcelaine verte : mes yeux scrutent ses moindres gestes. Elle porte le mug à ses lèvres et avale une gorgée de ma boisson. Elle attend quelques secondes avant d'en reprendre une deuxième puis une troisième. Elle dépose finalement la tasse sur la table avant de passer un coup de langue entre ses lippes, essuyant la fine couche de chantilly qui s'était amassée à la commissure de ses lèvres.  

-C'est délicieux! Je ne pensais pas que ça serait si bon. 

Je ris quelques instants, avant de reprendre un air un peu plus sérieux. Je n'ai pas envie de mettre fin à ce moment joyeux mais si je suis ici, c'est parce que je veux savoir quelque chose. Quelque chose que je dois savoir.  

-Mia, est-ce que je peux te demander quelque chose? 

-J'imagine que oui, répondit-elle. 

J'inspire profondément et ferme momentanément mes yeux. J'ai l'impression de jouer à la roulette russe. Soit elle s'ouvre à moi et se décide à me dire la vérité, soit elle se referme encore une fois, et s'enfuit pour échapper à ma question. 

-Qu'avais-tu la dernière fois? dis-je rapidement. 

Elle baisse les yeux vers sa tasse, regardant le liquide marron foncé qu'elle contient. Je suis sûr qu'elle ne va rien me dire. Je suis sûr qu'elle va se refermer une fois de plus. Merde. 

-Et bien… commença-t-elle. Les cinq dernières années n'ont vraiment pas été faciles pour moi et… J'ai repensé, un peu trop en détail, à ce qu'il s'est passé pendant cette période de ma vie et j'ai craqué. De toute manière, il fallait que je laisse sortir mes émotions. Cela faisait tellement longtemps que je gardais tout pour moi alors… J'ai simplement décidé d'enlever mon masque quelques minutes, le temps de tout laisser sortir. Tu sais, si on garde trop longtemps nos sentiments pour nous, et qu'on laisse notre peine s'accumuler, ça finit par nous brûler de l'intérieur jusqu'à nous tuer complètement. Et je n'étais pas très loin de ce point-, si tu veux tout savoir. 

J'avale difficilement ma salive, provoquant un bruit peu agréable. Je n'arrive pas à croire qu'elle vient de me dire ça. Qu'elle vient de partager avec moi une partie de sa vie, alors que je pensai qu'elle resterait toujours distante à ce sujet. Je détourne les yeux, incapable de soutenir une seconde de plus son regard insistant. J'attrape rapidement ma tasse et avale maladroitement plusieurs gorgées du liquide, espérant que la chaleur du chocolat fera fondre la boule douloureuse qui s'est logée au creux de ma gorge. 

Nous continuons à boire en silence et lorsque nous avons tous les deux finis j'appelle à nouveau le serveur pour qu'il nous apporte l'addition. 

-Je pense que la prochaine fois, je me laisserai tenter par leur chocolat chaud, dit-elle brisant le silence qui régnait depuis quelques minutes maintenant. 

-Je te conseille de ne pas trop en abuser quand même, on y devient vite addict. 

Elle se lève, avant de récupérer ses gants et d'y fourrer ses mains. Elle attrape ensuite son sac et passe la bandoulière par-dessus son épaule. Je me lève à mon tour et ferme mon manteau. 

-Qui te dit que je ne le suis pas déjà? demanda-t-elle, l'air joueur. 

Je rigole à sa réponse amusante et nous nous dirigeons vers le comptoir pour régler la note. J'extirpe rapidement mon billet de 50 livres de ma poche, pour qu'elle n'ait pas le temps de sortir son argent, et le donne au garçon qui nous a servi. Il me rend la monnaie et je commence à m'en aller, Mia sur mes talons. Elle m'attrape le bras et je me tourne vers elle. 

-Harry, il n'était pas convenu que tu m'offres ce café…

-Si je t'ai invité à venir boire un coup avec moi, ce n'est pas pour te faire payer après, répondis-je.

Je replace prudemment une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant d'attraper son bras et de l'attirer vers la sortie. À peine les portes franchies, le froid transperce ma peau, me provoquant un frisson. Je me tourne vers Mia et lui demande:

-Comment as-tu réussi à survire à un tel froid, tout à l'heure? 

-Tu avais envie de me voir, je devais venir. 

Je sens mes joues se teinter de rouge mais j'ignore si cette réaction est causée par le froid ou par sa remarque. 

-Viens, je veux t'emmener quelque part, dis-je.

J'attrape sa main et commence à la trainer vers l'endroit où je veux l'emmener mais elle se défait rapidement de mon emprise. Je me retourne pour lui faire face et elle me dit:

-Harry, on était censé prendre un café, rien de plus. 

J'ai l'impression que mon coeur se décroche de ma poitrine, qu'il chute rapidement et qu'il s'écrase violemment contre le trottoir dur. Je sers la mâchoire et je sens la colère monter en moi. 

-Pourquoi es-tu toujours si froide avec moi? ma voix sonne plus dure que je ne l'aurais souhaité. 

-Ne rends pas les choses plus difficiles Harry, soupire-t-elle. S'il te plaît.

-C'est moi qui rends les choses difficiles?! Je fais tout pour améliorer notre relation! Tout! C'est toi qui fuis toujours! à ce moment-là j'ignore si ma voix est un murmure ou un cri. Pourquoi? Pourquoi refuses-tu que ça marche entre nous? 

Elle soupire avant de me tourner le dos et de s'en aller, marchant dans la direction inverse à la mienne. Je me déplace rapidement jusqu'à elle, et attrape son bras fermement, l'obligeant à me faire face à nouveau.

-Je veux savoir pourquoi. dis-je les dents serrées.

-Je ne veux pas m'attacher à toi Harry. Je ne peux pas prendre ce risque. Et je sais que si je continue de te voir je ne pourrais pas m'empêcher de m'attacher à toi. Je le sais. 

Ma colère disparaît soudainement laissant place à un sentiment inconnu. Et sans que je réfléchisse, je la prends dans mes bras. Je la serre contre moi comme-ci ma vie en dépendait, comme-ci elle était ma seule raison de vivre.

Comme-ci elle m'était indispensable.

Je sens ensuite ses bras se nouer timidement autour de ma taille et elle fourre sa tête dans mon cou. À cet instant, j'ai l'impression que le monde arrête de tourner et que nous sommes seuls. Tout seul dans cette rue de la capitale de l'Angleterre qui, en réalité, est bondée. Je respire doucement le doux parfum vanillé de ces cheveux bruns et profite de la chaleur que me procure notre proximité. Ma tête se vide, mes muscles glacés par le froid se détendent, je ne pense plus qu'à une chose : à la fille qui est dans mes bras. 

-Je ne peux pas m'attacher à toi, car je ne survivrai pas à un second abandon… je l'entends murmurer. Un murmure chaud et étouffé contre la peau de mon cou. 

Je la sers encore plus, essayant de réduire l'espace minime - en réalité inexistant- qu'il pourrait y avoir entre nous. 

-Je ne t'abandonnerai pas. Jamais. 

Je l'écarte momentanément de mes bras et plonge mes yeux dans les siens. Je suis une fois de plus envouté par la couleur de ses iris azur. Et dans un élan soudain de courage je pose doucement mes lèvres sur les siennes.

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