Chapitre 19 : I refuse to suffer again

Mia

-Alors Mia, comment vas-tu depuis la semaine dernière? me questionna ma psy juste après que je me sois installée sur le grand fauteuil marron, en face d'elle. 

-Je vais bien, répondis-je calmement. Enfin on va dire que j'ai connu pire. J'avoue que d'avoir parler de toutes ces choses avec vous la semaine dernière, a ravivait de mauvais souvenirs que j'aurais préférés resté enfouis à jamais… 

Je frotte mes mains ensembles essayant d'apporter un peu de chaleur à mon corps trempé, à cause de la pluie qui coulait à flot dehors. Le débit d'eau qui s'écoulait du ciel était incroyablement grand. Je n'avais d'ailleurs, je pense, jamais vu une pluie si forte et si abondante. L'expression "Il pleut des cordes" avait, pour moi, pris tout son sens aujourd'hui. Je fronce les sourcils quelques secondes en repensant aux déclarations que je lui avait faites la semaine dernière. Je ne m'étais jamais autant livrée à quelqu'un et j'avoue que je ne comprenais toujours pas ce qui m'avait poussé à tout lui dire sur un coup de tête. Encore un coup de cette foutue maladie. Je m'en voulais de tout lui avoir balancé comme ça, sans réellement penser aux conséquences qu'il pourrait y avoir. Sans pensée aux répercutions qu'auraient mes paroles. Si Amy, avait la "bonne" idée d'aller raconter tout ça à mes parents, je ne serais pas comment je réagirais. Je ne sais pas si je pourrais supporter le fait qu'ils connaissent la vérité. S'ils savaient la haine que je ressens à leur égard, la colère qui s'empare de moi quand ils parlent encore de Kate ou la rage qui me ronge lorsque je repense a ce qu'ils m'ont fait subir, ils n'en reviendraient pas. Ils me demanderaient probablement pourquoi je ressentais ce malaise, lorsqu'ils faisaient des différences entre Kate et moi. Ils ne comprendrais sûrement pas pourquoi j'avais mal à cause de quelque chose, qui pour eux n'avait jamais exister. 

Car je sais qu'ils pensent ne jamais avoir fait de différence entre Kate et moi. J'en suis persuadée. 

-Je pensais que d'en avoir parlé à quelqu'un t'aurait fait du bien et non du mal. Je pensais que tu te sentirais libérée d'un poids.

Je souris à l'entente du mot "libérer" qu'elle vient d'utiliser pour sa métaphore. Ce mot que j'avais également employé avec Harry, ce soir où il m'avait suivit jusqu'à "cet endroit". 

-Je ne sais même pas pourquoi j'en ai parler, je n'aurais pas du, dis-je ne pouvant plus lui cacher la réalité. Je crois que j'ai simplement craquée et que je n'ai pas vraiment réfléchi avant de parler. 

-Je crois que si tu me l'a dit, c'est que tu en ressentais le besoin. Si tu m'avais tout raconté la première fois que tu as craqué, cela ferait longtemps que je serais au courant de tout. Tu ne penses pas?

Elle a forcément tord. Je ne lui aurais jamais tout avoué de mon plein gré, c'était trop risqué. Trop dangereux. Je ne pouvais pas me permettre de tout faire remonter au grand jour. Je n'étais simplement pas lucide lorsque je lui avait livré toutes ces déclarations. J'avais juste dérapé, sûrement victime d'un manque soudain de contrôle de moi même. 

Un sourire nerveux apparaît sur mon visage marqué par la fatigue accumulée ces derniers jours. Je n'ai dormi que quelques heures par ci par là, hantée par tous ces souvenirs. Hantée par ce cauchemar que je fais depuis 3 ans. La seule fois où je suis tombée dans un sommeil plutôt paisible est le jour où Harry est resté avec moi jusqu'à ce que je m'endorme. Je sais que ça peut paraît ridicule et invraisemblable mais sa simple présence m'a été bénéfique. Il m'a apaisé et rassuré. Je ne sais pas comment il a fait ça mais lorsqu'il était allongé à coté de moi sur mon lit, je ne ressentais plus rien de mauvais. C'était comme si mes démons intérieurs ne pouvaient pas supporter la présence d'Harry et qu'ils avaient été obligés de fuir pour sauver leurs peaux. J'avais enfin l'impression d'avoir trouvé quelque chose de plus fort que cette maladie. Quelque chose qui pouvait la vaincre. 

Les quelques précieuses minutes que j'avais passées à ses cotés, rejouent sans cesse dans ma tête. Je me remémore tous les détails de ces moments passés ensembles et j'imagine sa présence protectrice à mes cotés, me faisant momentanément oublier mes soucis. 

Mais la sensation de bien être que j'avais ressenti lors de ces moments n'était rien comparé du sentiment que j'ai éprouvé quand il me tenait dans ses bras. Quand ses bras forts et chauds étaient noués autour de mon corps épuisé alors que je pleurais toutes les larmes de mon corps. Ce moment était sûrement le meilleur de tous. Je ne me suis jamais senti aussi bien de toute ma vie. Je me sentais comme protégée, intouchable et soutenue. 

Je veux à nouveau me retrouver dans ses bras. Je veux ressentir encore et encore ce bien être qu'il m'a apporté si facilement.

Plus le temps passe et plus j'ai l'impression qu'Harry est comme un médicament éphémère. Mon état est stable quand il est avec moi. Je ne ressens plus mes problèmes, je suis comme soulagée. Mais dés que nous ne sommes plus ensemble tout redevient comme avant. Les démons reviennent, s'emparant à nouveau de mon corps, le faisant périr et l'entrainent vers le fond…

-Je ne suis pas d'accord avec vous et je ne veux plus en parler. Pas pour le moment, soufflais-je.

Elle hoche brièvement la tête avant de baisser ses yeux clairs sur son carnet imprimé où elle inscrivit quelques mots. Je soupire de soulagement, libérant une grande qualité d'air et une partie de mon anxiété par la même occasion. J'ai toujours apprécié la compréhension dont Amy a fait preuve vis à vis de ma situation, depuis tout ce temps. Elle n'a jamais essayé de m'obliger à lui dire des choses que je ne souhaitais pas divulgué et elle m'a toujours laissé le temps qu'il me fallait pour lui raconté mon passé douloureux. Elle ne m'a presque jamais brusqué et a essayé de se monter le plus compréhensible possible à mon égard. J'avais quand même pris trois ans avant de lui raconter une petite partie de mon passé. Trois longues années ou je m'étais efforcé a refouler mes émotions et à dissimuler mon passé. 

Mais elle ignorait encore le pire. Elle ignorait ce qui m'avait fait le plus souffrir.  

-Par contre, je souhaiterai vous parlez d'autre chose, dis-je brisant le silence. Quelque chose qui n'a rien à voir avec ce dont on parle habituellement. 

J'entends par là, parler de ma bipolarité.

-Je t'écoute, dit-elle simplement.

-Je ne sais même pas si s'est utile de parler de ça, soupiras-je. Ça n'a vraiment aucun rapport avec ma maladie et tout ce qu'il y a attrait. Je ne sais pas si ça a grand intérêt d'en parler.

Elle se redresse sur son fauteuil adoptant une position noble, avant de tirer sur sa longue robe noire faisant disparaître tous les plis qui s'étaient formés sur le tissu. Je soupire en la voyant une fois de plus faire ce geste. On dirait que c'est un "toc" qu'elle a. Réajuster ses vêtements, pour qu'ils tombent à la perfection. Je vais finir par croire qu'elle fait partie de ces personnes maniaques, qui ne supportent pas le moindre désordre dans leur vie. Comme ma mère par exemple. Cela m'horripile presque de l'a voir répéter ce geste si souvent. Bien plus souvent que nécessaire.

-Et bien, ce n'est pas grave, dis-moi quand même, continua t-elle. 

-Très bien, soupirais-je. Il y a quelques temps je vous avez parler d'un garcon de mon lycée, vous vous en souvenez? 

-Vaguement oui, dit-elle après quelques secondes de réflexion. Le joueur de foot c'est ça? 

J'acquiesce, répondant à sa question. Je fronce légèrement les sourcils avant de balayer une de mes mèches pour qu'elle ne tombe plus dans mes yeux bleus. J'espère que je ne suis pas encore en train de faire connerie, à lui révéler une partie supplémentaire de ma vie. J'espère que je ne le regretterais pas… 

-Et bien, j'ai continué à le voir assez fréquemment depuis le mois dernier et je m'entends plutôt bien avec. Il est vraiment gentil.

Ses fines lèvres s'incurvent vers le haut, laissant apparaitre un sourire sur son visage légèrement ridé. Ses yeux s'abaissent une nouvelle fois sur son carnet mais elle n'écrit rien à ma grande surprise. 

-Aurais-je le droit de savoir comment s'appelle ce gentil garçon? questionna-t-elle. 

Je mords doucement ma lèvre inférieur, prise au dépourvu. J'aimerai gardé son identité secrète. J'aimerai au moins garder ça pour moi. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie que personne ne soit au courant de qui est ce garçon. Je préfère qu'il reste anonyme, pour préserver mes arrières.  

-Je préfère qu'on lui donne un surnom. Hum… Howard? Ca me paraît bien comme surnom. Vous ne trouvez pas?

Les traits de son visage ses déforment doucement. Elle semble surprise. Elle ne comprend sûrement pas pourquoi je refuse de lui dire son nom, alors que de toute évidence elle ne le connait pas et ne le verra probablement jamais de sa vie. 

-Ne me demandez pas pourquoi je veux que son identité reste secrète, continuais-je. Je veux juste garder ça pour moi. Garder un peu de vie privé. Tout le monde sait déjà bien trop de chose à mon sujet et ça je veux le garder pour moi.  

-Je comprends, sourit-elle. Continue Mia, je t'en pris.

-En faite, repris-je. Comme je l'ai dit tout à l'heure, je l'ai revue plusieurs fois depuis le mois dernier et j'ai l'impression qu'on est devenu comme des amis. J'aime bien passé du temps avec lui et lui parler. Quand je suis avec lui, j'oublie momentanément mes problèmes et je me sens bien. Je l'aime bien. Vraiment. Mais j'ai l'impression qu'il me porte beaucoup d'attention,  trop d'attention… 

-Et ça te pose un problème qu'il s'intéresse à toi? demanda-t-elle.

-Oui.

Elle fronce les sourcils avant de soupirer longuement. Elle ne semble pas comprendre pourquoi je ne veux pas qu'il s'intéresse à moi. En faite, si j'étais à sa place moi non plus je ne comprendrais pas. C'est totalement insensé quand on réfléchis bien. Qui ne voudrais pas qu'un beau et gentil garçon qui se préoccupe de soi? Qui dirais non a cela? 

Ouais, ça sonne illogique. Mais ma vie est une continuité d'événements qui ont compromis à la cohérence de ma vie.

-Je ne veux pas qu'il s'attache à moi comme je ne veux pas m'attacher à lui, soupirai-je. Je ne veux pas qu'il souffre comme j'ai souffert. Mais surtout je refuse de devenir faible à cause d'un garçon à nouveau…

-À nouveau?

Je lève mes yeux vers elle et nos regards se croisent. Ses yeux sont remplis d'incompréhension. 

-Oui à nouveau, dis-je sans approfondir ma réponse. Et je ne veux pas non plus qu'il s'attache à moi. Je ne veux pas qu'il attende quelque chose de moi que je serai incapable de lui donner. 

-Qu-est ce qu'il attend de toi à ton avis?

-Je n'en sais rien, mais je ne veux pas qu'il espère quelque chose de moi que je ne pourrais pas lui donner à long terme. 

-J'avoue que j'ai du mal à te suivre Mia, soupira-t-elle. 

-Je veux dire que peut importe ce qu'il veut que je devienne pour lui. Son amie ou… Plus, je n'en sais rien, je ne pourrais pas lui donner. 

-Pourquoi ne pourrais-tu pas lui donner ton amitié ou "plus"? Dit-elle, employant les mêmes termes que moi.

-Parce que je refuse de m'attacher à nouveau. Je veux simplement me protéger. 

-Mia, à quelle personne fait tu allusion à chaque fois que tu dis "à nouveau". 

Je secoue frénétiquement ma tête de droite à gauche alors qu'un faux sourire étire mes lèvres. C'est plutôt drôle de la voir chercher inlassablement qui est cette personne. 

-Il s'appelle Zayn. Enfin… Aux yeux de l'état je devrais plutôt dire "Il s'appelait Zayn". 

Sa bouche s'entrouvre avant de devenir ovale. Ses yeux eux aussi s'arrondissent. 

-C-comment ça? bégaye-t-elle.

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Je rigole jusqu'à ce que les commissures de mes lèvres se fendent, jusqu'à ce que mes côtes me fassent mal. Je ne peux pas rester calme et j'ignore pourquoi. Peut-être suis-je réellement dérangée? Je continue de pouffer, ironisant la situation, alors que le visage d'Amy se décompose. 

-Vous avez très bien compris Amy, dis-je entre deux rires.

La sonnerie retentit m'arrêtant dans mon fou rire. Je reprends doucement mes esprits alors que ma psy semble incroyablement confuse. Je me lève rapidement en récupérant mon sac qui était posé par terre avant de me diriger vers la porte. Je l'ouvre avant de me retourner pour faire face à Amy une dernière fois. 

-Je sais que vous pouvez comprendre.

Je me tourne avant de m'en aller en claquant la porte. Elle peut comprendre, ce n'est pas si compliqué en fin de compte…

"Il s'appelle Zayn. Enfin… Aux yeux de l'état je devrais plutôt dire : Il s'appelait Zayn". 

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