Chapitre 13: Just Forget Her

Chapitre 13: Just Forget Her

Harry

Une semaine. C'est le temps qu'il m'a fallu pour réussir à y croire. Pour réussir à croire ma découverte. Il m'a fallu exactement une semaine pour m'avouer que je n'avais pas rêvé, lorsque j'avais vu ce livre, poser sur le bureau de ma mère. Une longue semaine, pour simplement parvenir à y croire. 

Lorsque j'ai reconnu le livre, j'ai cru que je rêvais. J'ai cru que c'était tout simplement un mauvais rêve et que ce n'était que le fruit de mon imagination perturbée par toutes ces rumeurs débiles. Mais j'étais bel et bien éveillé. Ce n'était pas mon imagination divaguante. C'était la pure réalité. Et le choc que j'ai eu en comprenant que Mia était une patiente de ma mère a été extrême. J'ai même cru, durant quelques secondes, que j'allais tomber à la renverse.

Avant, j'étais persuadé que ces rumeurs étaient fausses. Ça me paraissait tellement étrange et insensé. En fait, j'étais même persuadé qu'elles n'étaient basées que sur de pures inventions pathétiques. Je pensais qu'ils disaient ça, comme ça. Pour s'amuser et pour se moquer. Mais il s'avère que c'était vrai. 

J'ai été tellement bête. Tout était réuni pour que je comprenne. Tout était réuni pour que ça soit vrai. Son comportement étrange, sa peur panique des autres et ce livre. Oui, tout était réuni pour que je comprenne qu'elle n'était pas comme tous les lycéens. J'avais tout pour comprendre qu'elle était perturbée. J'avais même une preuve de plus que les autres pour comprendre. Moi, je l'avais vu ce soir-là, dans la pharmacie, achetant une quantité anormale de médicament. J'étais le seul à l'avoir vu ce soir-là et le seul à ne pas croire aux rumeurs. Mais même malgré toutes ces preuves évidentes, je n'avais rien vu et rien compris. 

C'est ce que je suis, un débile fini. 

Elle est malade et je ne l'ai même pas remarqué. Non Harry, ce n'est même pas ça. Elle n'a pas une maladie comme tout le monde peut avoir. Elle n'a pas la grippe ou la rougeole. Elle est atteinte de troubles psychiques, c'est bien pire que d'être malade…

Mais même si maintenant j'y crois, je ne l'accepte pas. Je ne veux pas que tout ça soit vrai. 

Et depuis que je connais son secret, je n'ose plus de parler d'elle. J'ai tellement peur de faire une gaffe et que tout le monde comprenne qu'elle est réellement atteinte, que je refuse d'en parler. Je refuse d'être à l'origine de sa fin. Je m'en voudrais à en mourir. Alors quand quelqu'un vient à parler d'elle, je me contente d'écouter ce qu'il dit et essaye d'écourter la discussion le plus possible. 

Cette situation me rend dingue. J'aimerais tant aller lui parler et apprendre à la connaitre. J'aimerais lui parler et me rendre compte qu'elle n'est pas si différente et qu'elle est en voie de guérison. J'aimerais juste aller la réconforter et la prendre dans mes bras, car maintenant que je connais son secret, j'ai l'impression d'en faire partie. Et je veux en faire partie. 

Ce qui me rend encore plus fou, c'est que je ne l'ai pas vu une fois depuis le match de foot, il y a 6 jours. Elle n'est pas revenue une seule fois au lycée. Et ça me perturbe, car je ne peux m'empêcher de penser qu'elle va mal. Quand je l'ai vu courir, comme si sa vie en dépendait, lors du match, j'ai vu une douleur intense dans ses yeux. Même si elle n'a tourné que quelques secondes la tête vers moi, j'ai eu le temps de voir la douleur dans son regard. 

Je ne sais pas derrière quoi ou pourquoi elle courait, mais ce qui est sur c'est qu'elle souffrait. 

Quand le ballon arrive à mes pieds, je ne me pose pas de question et frappe fortement dedans, le faisant rouler dans l'herbe jusqu'à Josh. Il court avec quelque temps, avant de faire la passe à Louis qui le récupère d'une tête adroite. 

Cet entrainement n'était normalement pas prévu aujourd'hui, mais depuis notre défaite la semaine dernière le coach ne nous fait pas de cadeau. Il a doublé nos heures d'entrainement et nous a clairement dit que s'il fallait virer quelqu'un qui freine la progression de l'équipe, il le ferait sans scrupule. Il n'est tout simplement plus le même. Il n'est plus l'entraineur joyeux et charmant, toujours à notre écoute. Il est devenu un de ces profs grincheux, à qui on n'a absolument pas envie de se confier. Il est clair que cette défaite l'a encore plus déçu que nous. 

Quelques minutes après ma passe à Josh, notre coach siffle deux coups de sifflet, annonçant la fin du jeu. Il nous fait signe d'aller directement aux vestiaires nous changer. Habituellement, il nous demande de nous rassembler pour faire un bref speach sur l'entrainement. Mais je vois à l'expression dure qu'il arbore, qu'il n'a absolument pas envie de parler. 

Je suis finalement son ordre et me dirige comme tous les autres vers les vestiaires. Quand j'arrive, je pénètre précipitamment dans la pièce embaumée par la forte odeur de transpiration. Je marche jusqu'au banc central et attrape mon sac de sport noir posé dessus, avec l'idée de m'en aller le plus vite possible d'ici, pour rentrer à la maison. Je ne veux pas me changer ici ce soir, je n'ai pas envie de parler à un des garçons. Je ne suis vraiment pas d'humeur. Je passe la bandoulière de mon sac sur mon épaule et attrape ma gourde. Je m'apprête à sortir, quand j'entends Louis me dire:

-Hey mec, tu t'en vas?

Je me retourne et lui fait face. Son visage est encore rouge et je vois des gouttelettes de sueur perlées sur son front. Je pince mes lèvres avant de lui répondre, quelque peu mal à l'aise:

-Ouais. 

-Bah, attends-moi, je dois te parler. 

Il attrape en vitesse son grand sac, récemment acheté, et il me rejoint en quelques foulées près de la porte. Je le regarde quelques instants, avant de franchir la porte en adressant un bref au revoir au reste de l'équipe. A peine ai-je posé un de mes pieds dehors, l'air froid et humide me fouette le visage. Je déteste ça. Je réajuste ma veste pour protéger mon cou du vent et commence à marcher vers le parking, Louis sur mes talons. 

-Tu voulais me dire quoi? dis-je.

Il accélère le pas quelques secondes, jusqu'à être à ma hauteur. Il passe rapidement une de ses mains dans sa masse de cheveux, comme pour essayer de les dompter et de ramener de l'ordre entre ses mèches rebelles. 

-Qu'est-ce que t'as en ce moment? demanda-t-il, brusquement.

J'arrête de respirer quelques instants avant d'accélérer mon rythme de marche, instinctivement. Je suis comme entrain de me sauver pour éviter cette discussion, qui pourtant, je le sais, est indispensable. 

-Je n'ai rien, Louis, répondis-je sèchement.

-Si. Je le sais. J'ai l'impression que tu me fuis en ce moment. Que t'ai-je fait?

Je soupire et décélère le pas. Il a le droit à une explication, même si elle n'est autre qu'un  mensonge. 

-Je suis juste fatigué en ce moment. Je n'ai envie de parler avec personne. Ce n'est pas seulement avec toi, expliquai-je.

-Menteur, chuchotta t-il.

-Quoi? Écoutes Louis…

-N'essaye pas d'inventer des excuses avec moi, d'accord? C'est moi qui t'ai appris lesquels dire et en quelle circonstance alors ne joue pas avec moi. Dis-moi simplement la vérité. 

-Je n'ai pas envie d'en parler, grognai-je.

-Qu'est-ce que tu me caches? 

-Arrêtes. 

-Qu'est-ce que tu refuses de me dire? 

-Louis, s'il te plaît, je ne suis pas d'humeur. 

-Bon, très bien. Je trouverai seul. Laisse-moi juste une petite seconde. Qu'est-ce qui pourrait bien énerver Harry Styles? 

Je m'arrête brusquement de marcher et serre les poings, jusqu'à ce que mes jointures deviennent blanches. Il s'arrête à son tour de marcher, et se tourne face à moi, les mains dans les poches.

-C'est elle pas vrai? susurra-t-il. C'est à cause d'elle que tu es comme ça? 

Je ne peux m'empêcher de hocher la tête. Je n'en peux plus de tout garder pour moi. Voilà, j'ai réussi à retenir mes émotions une semaine. Quel lâche. Il soupire et s'approche doucement de moi. Il pose ses deux mains sur mes épaules imposantes et chuchote:

-Laisse la tomber, Harry. Regarde le mal qu'elle te fait. On est trop jeune pour se prendre la tête, pas vrai? On aura tout le temps d'avoir des problèmes avec nos meufs plus tard, non? Pour le moment profite de ce qu'on a, mon vieux. Franchement elle te mérite pas. 

-J'y arrive pas. J'arrive pas à me détacher d'elle, Lou. 

Il replace une de mes boucles derrière mon oreille et continue:

-Tout d'abord arrête de penser continuellement à elle et vient t'amuser avec moi. Je te promets qu'elle va finir par sortir de ta tête. On a la chance d'avoir plein de filles à nos pieds, pourquoi ne pas en profiter?

Il masse doucement mes épaules comme pour me décontracter. Je hoche la tête à nouveau et je ne peux retenir la larme qui coule le long de ma joue. 

"Parfois, on n'est pas assez fort pour faire face à certaines situations. Alors il vaut mieux abandonner et laisser quelqu'un de plus fort s'en charger à notre place. Mais même si Harry sait que tout ça est au-dessus de ses capacités, il ne peut s'empêcher de vouloir être le plus fort…"

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