V. Intimes
| TW : outre le NSFW, sujets très sensibles en moitié de chapitre. Message aux âmes sensibles, faites très attention.
L'après-midi était largement entamée, le soleil commençant à décliner vers l'horizon, envahissant le ciel de superbes couleurs orangés et jaunes gâchés par quelques nuages. Il allait bientôt pleuvoir. Toutefois, la plupart des détenus ne s'en souciait pas. Principalement réunis dans la cour, à l'exception des quelques-uns au trou (Itto.), à l'infirmerie ou confinés en cellules, ils jouaient aux cartes, fumaient, se battaient, discutaient, s'échangeaient des ragots ou trafiquaient dans leurs coins, comme à l'accoutumée. Les gardes et les gardiennes les surveillaient, ou effectuaient leurs rondes quotidiennes ou regardaient les caméras de surveillance. Dans quelques heures auraient l'heure du repas, pourtant la faim ne se faisait pas encore sentir. Seul l'ennui était présent, c'est pourquoi beaucoup cherchaient des activités pour le tromper.
Quant à Jean, elle était en train de commettre sa première infraction au règlement.
Chacun son activité pour passer le temps et tromper l'ennui, hein.
– Mais tu es sûr qu'on ne va pas se faire attraper ?, osa-t-elle demandé à Diluc, suivant le jeune homme avec une légère incertitude, ses bras croisés autour de sa poitrine comme une protection.
Ses yeux se levaient régulièrement pour fixer le plafond, cherchant d'éventuelles caméras qui pourraient troubler leur trajet. Jusqu'à présent, Diluc les avaient fait passer dans des zones d'ombres, des angles morts que les caméras ne pouvaient saisir ou encore au moment où les petits objets de télésurveillance étaient tournés vers une autre direction, mais la jeune femme restait inquiète d'être prise sur le fait.
– Bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons que certaines personnes de notre connaissance, commença calmement le détenu aux cheveux rouges, il m'est arrivé plusieurs fois de m'éclipser plusieurs fois de la cour.
– Pourquoi faire ?
– Pour m'isoler et être tranquille. Et je ne me suis jamais fait prendre
Une petite perle de sueur coula tout de même le long de la tempe de Jean, cette fois à la pensée du nombre affolant de failles présentes dans la sécurité et la surveillance du centre pénitentiaire. Pourquoi n'y avait-il toujours pas eu d'évasion avec ça ? Rien que le fait qu'un jeune homme et une jeune femme puissent se balader dans la partie de la prison réservée aux hommes, et que ce soit clairement pas la première intrusion du premier était une preuve suffisante pour que le système de sécurité soit revu dans son ensemble.
Ils tournèrent une nouvelle fois, arrivant sur un nouveau couloir, et Diluc lui fit signe de ralentir. Intriguée, la jeune femme observa autour d'elle et remarqua que le corridor était différent de tous ceux qu'ils avaient traversé. Au lieu des cellules de part et d'autre, exactement comme dans la partie réservée aux femmes, il y avait deux portes dans chaque murs, et chacune des portes était surmontée d'un petit pictogramme représentant un homme. Jean comprit qu'il s'agissait d'un des couloirs des salles de bains, puisqu'il s'agissait du miroir de ceux de son côté de la prison – à l'exception près que c'était des pictogrammes féminins au-dessus des portes.
– Ici, on sera au calme, déclara calmement Diluc tout en ouvrant l'une des portes.
Sans grande surprise, la salle de bain ressemblait à celles qu'elles avaient côté femmes. Quatre murs, cinq douches plantées dans chacun d'entre eux, des délimitations entre chacune des douches, un sol antidérapant, des bancs collés l'un à l'autre au centre de la pièce, ainsi qu'une poubelle rempli de sachets de gel douche à usage unique et un bac à serviettes usagées.
Jean y pénétra la première, regardant le jeune homme en passant à côté de lui. Son visage ne montrait rien, pourtant elle ne put se retenir de frémir.
C'était stupide, elle le savait. Diluc avait simplement voulu qu'ils puissent passer du temps au calme, supportant mal l'agitation de la cour ces derniers temps. Le jeune homme était quelqu'un de très clair dans ses intentions et il n'avait évoqué à aucun moment l'idée de dépasser les limites de la pudeur et de la décence. Et ce même si Kaeya s'était dépêché de lui filer un paquet de capotes que le petit fournisseur de la prison avait déniché Archons seuls savent où. L'aîné du jeune métisse l'avait fusillé du regard en retour, mais avait enfoncé le paquet dans la poche de sa combinaison. Il n'avait pourtant rien évoqué à ce sujet de tout le trajet, se contentant de guider la jeune femme blonde et de lui prendre la main par moment.
Mais cela n'empêchait rien.
Jean était seule, loin des gardes et des caméras de surveillance, avec un homme qu'elle désirait ardemment.
Difficile de ne pas espérer que les choses dérapent.
Ne semblant pas remarquer son trouble ou alors faisant comme si, le jeune homme alla s'asseoir sur l'un des bancs et la regarda calmement. En retour, la blonde soupira faiblement et vint s'asseoir à côté de lui, posant sa tête sur son épaule. Un sourire étira ses lèvres quand elle sentit les bras de Diluc se refermer sur elle et elle ferma doucement les yeux. Rien qu'être ainsi contre lui était particulièrement agréable, en fin de compte.
Son sourire doubla de volume quand elle sentit les doigts du jeune homme se glissant entre ses mèches de cheveux blonds. Soupirant doucement de satisfaction, elle rouvrit les yeux et vint déposer un baiser sur sa joue. Son geste fit que Diluc la regarda avec un peu plus d'insistance, les sourcils froncés, comme s'il était content et en même temps insatisfait de ce qu'elle venait de lui offrir. Jean rit légèrement avant de venir lui offrir ce qu'il semblait demander. Elle déposa délicatement ses lèvres sur les siennes, sentant le sourire de son amant s'agrandir contre ses lippes.
Le baiser dura quelques instants, avant que Diluc ne s'éloigne et détourne le visage, les joues légèrement rouges. Étonnée, Jean pencha la tête sur le côté, cherchant une explication dans son regard.
– Rien, c'est... C'est stupide, tenta d'expliquer son amant, tout en passant une main sur son visage. C'est juste...
Jean l'embrassa doucement sur la mâchoire avant de rappuyer sa tête sur son épaule, l'encourageant par ces petits gestes. Il soupira faiblement, un léger sourire embarrassé étirant ses lèvres.
– Je me disais juste que mon père serait fier de moi.
Son aveu arracha un léger rire à la jeune femme.
– C'est tout ce à quoi tu penses quand on est ensemble ?
– Oh, tu n'as même pas une petite idée de tout ce à quoi je peux penser, répondit-il en appuyant un regard malicieux sur elle. Mais ça, ça m'a juste traversé l'esprit à l'instant. Il désespérait de me voir en couple, avant...
Jean fronça légèrement les sourcils en entendant à nouveau ce "avant", ce passé qui en disait trop et pas assez à la fois. Elle se mordit la lèvre inférieure, sentant ses entrailles se tordre d'appréhension. Elle ne savait pas comment aborder le sujet sans blesser Diluc. Devait-elle faire semblant de ne pas avoir compris ? Devait-elle mettre les pieds dans le plat ? Ne se faisait-elle pas des films, d'ailleurs ?
Tant pis, elle plongea.
– Que lui est-il arrivé ? osa-t-elle finalement d'une petite voix, parfaitement consciente qu'elle marchait sur des œufs.
Un long soupir fut sa première réponse. Diluc se détacha légèrement d'elle, prenant une posture plus adaptée à la longue conversation très sérieuse qu'ils étaient sur le point d'avoir. Jean fit de même, reposant ses pieds sur le sol et ramenant ses mains sur ses cuisses.
– Il a été tué.
Quatre petits mots qui avaient plus de sens que le plus long paragraphe du plus grand des livres. Quatre petits mots lourds de sens, qui alourdissèrent l'atmosphère et le remplissaient de plomb lourd et étouffant.
Jean ne prononça pas un mot, laissant son amant raconter l'histoire.
– Je ne connais pas tout. Je sais qu'il est entré en relation avec un groupe de personnes, le genre peu recommandable, pour des raisons qui m'échappent complètement. C'est vrai, l'entreprise était florissante, on avait pas de dettes ni de problèmes d'argent, rien de tout ça... Tout allait bien, on vivait bien alors même aujourd'hui, je n'arrive pas à m'expliquer quelle mouche l'a piqué d'aller voir ces types. Toujours est-il qu'un jour, le ton est monté entre lui et ces gens-là. Les choses ont dégénérées. Il a dit un truc qui ne leur a pas plu et ils l'ont fait massacrer. Avant de disparaître dans la nature, de ne jamais être retrouvés et donc de ne jamais payer leur crime.
Tout en finissant de parler, Diluc serra les poings tandis que sa voix se mit à trembler de colère. Oh, comme Jean pouvait comprendre le sentiment d'amertume qu'il devait ressentir à ce sujet. Elle-même ne l'avait que trop côtoyé au cours des derniers mois précédant son incarcération, à tel point qu'il était devenu un ami durant longtemps.
– La police a vite classé l'enquête sans suite, tout en promettant que si le moindre indice ressurgissait, ils feraient leur possible pour coincer les meurtriers de mon père... J'avais tout juste 18 ans, je me retrouvai à la tête d'une immense entreprise de vin, avec la responsabilité de mon jeune frère turbulent et shooté à l'adrénaline sur les épaules et je venais de perdre mon plus grand modèle. J'avais la rage au ventre, bien plus que tu ne peux l'imaginer.
Elle ne fit aucun commentaire, se gardant de dire qu'elle avait une très bonne idée de cette rage, au contraire.
– Pendant quatre ans, j'ai cherché, fouillé, traqué le moindre indice, la moindre trace qui m'amènerait jusqu'à eux. Kaeya m'a beaucoup aidé. Il peut sembler stupide, mais ce n'est pas pour rien s'il réussit toujours à nous ramener ce qu'on réclame. Ce petit fouineur obtient toujours ce qu'il veut, que ce soit un objet ou une information... Quand j'ai fini par leur mettre la main dessus, j'ai d'abord commencé par les petites frappes, celles qui avaient exécuté mon père sous les ordres des têtes. Je voulais que les chefs prennent peur, qu'ils n'osent plus sortir de chez eux, qu'ils s'enferment dans une bulle de paranoïa en sachant que leurs hommes se faisaient massacrer et que c'est ce qui allait leur arriver aussi. Et ça n'a pas loupé ! J'ai eu du mal, mais j'ai réussi à passer la sécurité avec laquelle ils s'étaient entourés et je les ai tué comme ils ont tué mon père !
La colère, la rage du deuil se mélangèrent lentement à la satisfaction vengeresse sur le visage de Diluc. Il était complètement perdu dans ses sentiments, dans le monde tumultueux de sa mémoire. Souhaitant l'aider à revenir auprès d'elle, Jean se pencha légèrement en avant, venant glisser ses doigts sur sa joue. Il recouvrit ses doigts de sa main à lui, mais ses yeux étaient toujours perdus dans ses souvenirs.
– L'un d'eux à quand même réussi à appeler les flics... Le culot ! ria-t-il avec dégoût. Peu importe, il est mort tout de même. Et quand ils sont arrivés, je n'ai pas tenté de m'enfuir, moi. Je suis resté, j'ai tendu mes poignets quand ils m'ont arrêté. Je n'ai pas fui, moi !
La colère grandissante de son amant effrayait légèrement la jeune femme blonde, mais elle se força à ne pas bouger et à continuer de le calmer, l'obligeant finalement à la regarder dans les yeux. Son geste eut le résultat espéré, Diluc soupira faiblement, s'apaisant tout en venant poser son front contre le thorax de la blonde, calant sa respiration sur la sienne.
– Parce qu'il m'a aidé et était au courant de mes projets sans avoir cherché à m'arrêter, Kaeya a aussi été condamné, termina le détenu aux cheveux rouges sans changer de position. Je suis désolé... Je dois t'avoir effrayé.
– Non, pas du tout, rétorqua Jean avec empressement.
Au contraire, elle trouvait qu'ils se ressemblaient bien plus qu'elle ne l'aurait pensé. Personne dans tout le pénitencier ne savait pourquoi les deux frères étaient en prison. Ce motif inconnu avait alimenté de nombreuses rumeurs, même des années après leur incarcération. Jean elle-même avait imaginé différentes scénarios, dont le meurtre avait bien sûr fait parti. Elle ne s'était cependant jamais douté, même une seule seconde, que c'était tout une histoire de vengeance qui se cachait derrière.
Et curieusement, l'histoire de Diluc ressemblait à la sienne. Elles étaient différentes à bien des égards, mais terriblement ressemblantes aussi. Lui avait vengé son père, elle avait protégé sa sœur.
Oui, c'était à son tour d'avouer son crime.
– En fait, moi aussi, j'ai tué un homme.
Diluc se redressa pour la regarder dans les yeux, les sourcils froncés. Pourtant, un éclair de curiosité luisait dans ses yeux, incitant la jeune femme à développer son histoire.
– Enfin, si on peut appeler ces êtres des "hommes", rajouta-t-elle avec mépris. Il s'appelait Albert. Il travaillait comme homme de ménage à l'école de musique où se rendait ma sœur, Barbara, tous les mercredis et les samedis... Je ne sais pas quand ça a commencé et je m'en veux de ne pas avoir vu tout de suite le problème mais... Un soir, alors que Barbara rentrait de l'école de musique à pied, j'ai remarqué qu'il l'accompagnait jusqu'à chez nous. Je n'avais jamais vu ma petite sœur aussi mal à l'aise que ce jour-là et je me suis dépêché de la faire rentrer à l'intérieur. Dès qu'elle fut en sécurité, elle m'a avoué en pleurant que cela faisait déjà plusieurs fois qu'Albert l'approchait malgré ses tentatives pour le repousser. En fait, il avait développé de "l'intérêt" pour elle et avait commencé à la suivre, à vouloir lui parler et à devenir insistant auprès d'elle. Et que ça s'empirait au fil du temps.
– Est-ce qu'il l'a...? commença Diluc avec un dégoût et un effroi clairement lisible sur son visage, incapable de prononcer le mot qui résonnait autour d'eux.
– Non. Mais...
"Ce n'est pas passé loin". Non, elle ne voulait pas y penser. Elle ne voulait pas se demander ce qui se serait passé si elle n'était pas intervenue ce jour-là.
– Barbara ne voulait pas en parler à nos parents, elle avait honte... Mais j'ai réussi à la convaincre d'en parler aux forces de l'ordre. Pour ce que ça a donné, je crois que j'aurais mieux fait de manger mes reins. La première fois, on nous a ri au nez en disant qu'on voyait le mal partout et qu'Albert était simplement admiratif des talents en chant de ma petite sœur. La deuxième fois, ils ont promis de faire quelque chose. Ce "quelque chose" s'est résumé à prendre Albert entre quatre yeux cinq minutes et considérer l'affaire comme close dès l'instant où il a promis de ne pas recommencer.
Le mépris de Jean était palpable. A l'image de Diluc qui était en colère contre les meurtriers de son père quelques minutes auparavant, elle était en colère contre la police qui n'avait quasiment rien fait, alors qu'un homme plus vieux qu'elle s'en prenait à sa petite sœur de quatorze ans.
– Ai-je vraiment besoin de préciser qu'il n'a absolument pas arrêté ?
Jean eut du mal à reconnaître sa propre voix. Elle était chargée de mépris, de rage dégoutée et de colère froide qui sonnait étrangement entre ses lèvres. Pourtant, Jean appréciait le son. Il reflétait tout ce qu'elle ressentait à ce moment-là.
– J'ai fait tout ce que j'ai pu. Vraiment ! J'ai demandé de l'aide aux amis de l'école de musique de Barbara, sans leur expliquer tous les détails car elle ne voulait pas en parler. J'ai commencé à l'accompagner et à la récupérer directement à l'école. J'ai même essayé de discuter avec cette ordure pour qu'il lui foute la paix, en vain...
Le corps de la jeune femme tremblait. Ses doigts, ses bras et ses épaules étaient secoués de frissons qu'elle n'arrivait plus à cacher. Rapidement, les mains de son amant se refermèrent sur ses poignets, et il l'enferma tout doucement dans ses bras, soucieux de l'aider à se calmer comme elle l'avait fait avec lui. Mais Jean ne réalisa pas vraiment ses gestes, quand bien même elle appréciait l'attention et la chaleur de son corps. Elle était perdue dans un blizzard d'émotions et de souvenirs trop violents. Elle revoyait tout, et avait l'impression de revivre chaque scène, chaque instant avec un peu trop de réalisme. Comme si tout s'était inscrit dans ses iris.
– Un soir, peu de temps avant d'aller la chercher, j'ai remarqué qu'une roue de ma voiture était crevée. Même en me dépêchant, même avec l'aide de Varka, j'ai fini par arriver en retard à l'école de musique. Quand je suis arrivée, j'étais déjà très inquiète et je... Il avait profité de mon absence pour...
Les mots n'arrivaient plus à sortir de ses lèvres. Même encore aujourd'hui, plusieurs mois après, elle peinait à croire ce que ses yeux avaient vu ce jour-là. C'était bien la seule image qu'il n'avait pas gravée à jamais dans son esprit, comme s'il s'agissait d'un mirage qui n'avait jamais existé. Pourtant, c'était ce qui avait motivé l'entièreté de son geste.
– Pour la coincer contre sa voiture. Et l'attoucher, finit-elle par réussir à dire. Il y avait encore la clé à cliquet sur le siège passager, je l'avais jeté là avant de partir à la hâte. Quand j'ai vu la scène, je... Je n'ai pas réfléchi. J'ai attrapé la clé et me suis précipitée. Lorsque le premier coup est parti, il est tombé au sol et n'était déjà plus qu'à moitié conscient. J'ai rapidement réalisé qu'il allait avoir besoin de soins sinon, il ne s'en sortirait pas. Mais je n'avais pas envie qu'il s'en sorte... Je ne voulais pas qu'on le soigne, et qu'une fois sorti de l'hôpital, il recommence. Je voulais que ma sœur cesse de souffrir, qu'elle soit hors de danger. Je voulais qu'il disparaisse !
Si le début de la scène était aussi précis qu'une brume dans son esprit, la suite était gravée dans du marbre. Elle se souvenait exactement des gémissements de douleurs d'Albert qui s'étaient rapidement tus. Elle se souvenait du sang qui coulait sur le sol, qui tachait le bitume de manière irrévocable. Elle se souvenait, beaucoup trop bien hélas, du regard de Barbara juste avant qu'elle ne frappe, ce regard qui l'avait fait redoubler d'horreur et d'effroi. Plus jamais elle ne voulait voir cela dans les yeux de sa chère sœur. Le monde avait suffisamment volé l'innocence de la jeune fille pour continuer à s'acharner sur elle.
– Appelle ça un coup de folie, un instinct primaire, un ressurgi de mon système limbique ou n'importe quel terme technique que mon avocat a utilisé pour me défendre, mais je l'ai roué de coups jusqu'à ce que son misérable cœur s'arrête de battre, acheva-t-elle de raconter. Et je ne regrette pas. Je n'aimerai pas avoir à le refaire, j'ose espérer que la police aurait fait son travail correctement, mais je ne regrette pas. Je ne peux pas regretter d'avoir protéger ma sœur.
Diluc ne répondit rien. Il ouvrit simplement les yeux, une bienveillance délicate brillant dans ses prunelles rouges rubis. Puis il l'obligea à tourner le buste vers lui et l'embrassa soigneusement.
Jean savoura ce baiser avec un faible sourire fantomatique. Ce baiser était différent des bécots rapides et papillons qu'ils avaient pris l'habitude d'échanger depuis plusieurs jours. Ce baiser-là était doux, délicat, précautionneux, mais profond. Elle pouvait sentir le poids des lèvres de son amant contre les siennes, la passion précieuse qu'il infusait dans cette caresse tendre et rassurante. C'était doux, agréable, et Jean l'apprécia avec autant de raison qu'elle en avait. D'un mouvement rapide, elle se déplaça entièrement sans rompre le contact, s'installant avec vitesse sur ses genoux avant de gracieusement se séparer de lui.
Les pupilles de Diluc étaient dilatées et c'était le plus beau spectacle que Jean avait pu voir.
– Est-ce que c'est pour ça que tes parents ne viennent jamais te voir au parloir ?, demanda le jeune homme tout en passant ses mains sur les hanches de la jeune femme blonde, la resituant en l'instant. Tu as mentionné qu'ils agissaient comme si tu étais un fantôme.
– Oui, c'est à cause de tout ça. Mes parents ont refusé de croire ma version des faits, même avec le témoignage que Barbara a réussi à donner. Ils ont une formidable capacité à se voiler la face. Ils sont restés intimement persuadés que si quoique ce soit s'était vraiment passé, Barbara leur en aurait parlé immédiatement.
– C'est stupide. Tu as dis toi-même qu'elle ne t'aurait rien avoué si tu n'avais pas vu ce... Type agir.
– Mes parents sont stupides.
Diluc soupira faiblement et rapprocha tout doucement la jeune femme de lui. Cette dernière frissonna légèrement, appréciant le geste.
– Ca, Jean, ce ne sont pas des parents. Des parents seraient fiers de toi.
– Je n'irai pas jusque-là, rétorqua-t-elle en laissant un petit rire remonté de sa gorge.
– Moi, je suis fier de toi. Tu es une femme forte et une grande sœur incroyable.
– Es-tu réellement fier que j'ai commis un meurtre ? Pardonne moi, mais j'ai beau ne pas en avoir honte, je n'en suis pas fière non plus.
– Après, j'ai commis plus d'un meurtre. J'imagine que ça doit biaiser mon jugement.
Les deux amants éclatèrent doucement de rire, les yeux de Jean s'illuminant de tendresse et d'amusement tandis qu'elle dévorait le jeune homme du regard. Un nouveau baiser fut échangé, suivi d'un autre et d'un autre et encore et encore... Chaque fois que l'un s'éloignait de quelques millimètres pour récupérer de précieuses miettes d'oxygène, l'autre se précipitait pour joindre leurs lèvres à nouveau. Jusqu'à ce que leurs poumons ne puissent finalement plus faire sans air et qu'ils se détachent pour de bon pour reprendre leurs souffles.
Cette petite pause ne dura que quelques instants, avant que Diluc ne se réempare de ses lèvres avec passion. Jean émit un discret son de plaisir, remontant ses mains jusque-là autour de ses épaules jusqu'à sa nuque et ses cheveux. Elle enfouit ses doigts à l'intérieur des mèches rouges et frémit doucement au même moment : son amant venait de lui mordre la lèvre inférieure.
Le souffle de la jeune femme s'accéléra au fur et à mesure que leurs baisers devenaient passionnés et désireux. La douceur, la passion caressante et la délicatesse des premiers bécots n'étaient désormais plus, remplacées par une démonstration intense des brûlures qui traversaient leurs deux corps depuis désormais trop longtemps pour être encore contenues. Mais malgré l'empressement de leurs embrassades, les mains de Diluc parcouraient le corps de Jean avec une révérence calme et sereine, tandis que la jeune femme blonde découvrait lentement le corps du détenu, comme craignant de manquer un détail si elle allait trop rapidement.
Ils se séparèrent finalement et Jean voulut se souvenir pour toujours du tableau qu'elle voyait. Le jeune homme avait les pupilles immenses, rendant ses yeux presque noirs tant elles étaient dilatées. Ses joues étaient rouges et sa peau luisait de la sueur qui glissait paresseusement dessus. Quant à ses lèvres, elles étaient légèrement gonflées des multiples baisers qu'ils venaient d'échanger.
"Oh, misère..." jura mentalement la blonde.
A cet instant, Diluc avait autant l'air d'un ange que d'un démon venu la tenter.
Comme s'il pouvait percevoir ses pensées, il sourit largement et vint déposer un baiser sur le front de la jeune femme. Elle ferma doucement les yeux, le laissant tracer un sentier de baiser sur son visage, descendant sur son œil droit, sa joue, sa mâchoire avant qu'il ne s'attarde sur sa gorge, y laissant deux baisers qui se muèrent bien vite en suçon.
– Tu es un ange, Jean, murmura calmement le jeune homme. Un véritable ange.
~Un NSFW sauvage sort des fourrés !~
~On se retrouve au prochain warning pour les non-adeptes !~
Elle rit tout doucement, tandis qu'il relevait la tête pour la regarder dans les yeux. Oh, le désir qu'elle y lisait la faisait frémir du bout des orteils jusqu'au sommet du crâne.
Tout doucement, il amena ses doigts jusqu'à la fermeture éclair de la combinaison de la jeune femme, la saisissant entre son index et son pouce.
– Puis-je ? demanda alors Diluc, sur un ton de voix pas plus haut que le murmure.
Touchée par son geste, par son réflexe de demander avant d'agir, d'être sûr qu'ils soient sur la même longueur d'ondes, Jean sourit franchement et hocha immédiatement la tête. Elle se redressa légèrement pour l'aider à retirer l'uniforme pénitentiaire, qui s'écroula sur ses hanches, révélant le fin haut blanc à bretelles et la forme de son soutien-gorge qu'elle portait en dessous. Immédiatement, Diluc fit glisser ses doigts dans le creux de ses seins, puis le long de son ventre avant de passer sa main sous son caraco, attirant un son d'anticipation de la part de Jean. Le faible bruit fit froncer les sourcils au jeune homme, mais son amante ne lui répondit que par un délicat haussement d'épaules.
Ce n'était pas sa première fois. Jean avait déjà expérimenté les plaisirs de la chair avec d'anciennes relations. Au fur et à mesure du temps et de la découverte de son corps, elle avait appris qu'elle manifestait plus souvent son plaisir dans des gestes – les courbures de son corps, les frissons, les sursauts de plaisir, la crispation de ses doigts ou de ses orteils – que dans sa voix. Elle ne s'était jamais entendu criée de plaisir. Le plus souvent, c'étaient des petits soupirs qu'elle laissait échapper. Même les gémissements semblaient rares.
Toutefois, Diluc ne lui demanda aucune explication sur son presque silence, remontant simplement ses mains jusqu'à sa poitrine, qu'il palpa délicatement au travers de son sous-vêtement. Jugeant finalement que ce dernier était de trop, et Jean lui offrant son accord, il le dégrafa et le laissa tomber au sol, avec le haut qu'elle portait pour faire bonne mesure.
– Finalement, le paquet de capotes que t'as refilé Kaeya va être utile, murmura Jean tout en passant ses mains sur ses bras pour chasser la chair de poule qui y apparaissait.
Diluc rit comme unique réponse, tout en l'invitant à se lever. Jean obéit calmement, défaisant les lacets de ses bottines pour les retirer et laisser glisser la combinaison orange sur le sol, à côté de ses vêtements déjà ôtés. Un nouveau frisson la traversa, tandis qu'elle se rassit sur les genoux de son amant. Ce fut à son tour de s'atteler à le déshabiller, retirant son uniforme avec un peu plus d'empressement que précédemment. Il l'aida à sa tâche et la blonde déposa quelques baisers sur son torse lorsque celui-ci fut découvert. Sentir le jeune homme frémir au contact de ses lèvres sur ses pectoraux gonfla doucement l'orgueil de Jean.
Diluc retira finalement ses chaussures et ses vêtements après plusieurs baisers, restant en caleçon devant son amante, à l'image de cette dernière qui ne portait que sa culotte. Elle s'approcha alors de lui, savourant la sensation de peau contre peau quand elle se colla à lui. Sans hésiter, les deux amants échangèrent un nouveau baiser langoureux, dans lequel Jean pouvait sentir de nombreux sentiments traversaient son échine.
Elle tenta de repousser Diluc pour le faire se rasseoir sur le banc, mais ce dernier résista et brisa le baiser.
– Attends, lui demanda-t-il.
Puis, devant ses yeux perplexes, il se laissa tomber à genoux devant elle. Embrassant son ventre au niveau du nombril, le jeune homme prit doucement son temps, glissant ses doigts de sa taille jusqu'à ses hanches.
"Oh."
Le sous-vêtement de Jean venait de glisser jusqu'à ses chevilles et les lèvres de son amant avaient passé le portail de son jardin secret, attirant à la blonde une respiration plus aiguë que les précédentes.
Il ne recommença toutefois pas son geste, relevant doucement la tête pour l'interroger du regard. Le sourire de la jeune femme s'agrandit tandis qu'elle hochait doucement la tête, l'autorisant à continuer. Alors il reporta son attention sur sa tâche première, déposant plusieurs baisers sur les parties intimes de la jeune femme, avant de glisser sa langue contre son clitoris. Cette fois, Jean laissa échapper une brève exclamation de plaisir et sa respiration s'emballa, au même titre que son rythme cardiaque. Ses jambes perdirent subitement en force musculaire et elle dut s'appuyer contre le jeune homme pour ne pas s'effondrer au sol.
Chaque mouvement de Diluc sur ses chairs intimes lui offrait une vague de sensations ô combien affolantes, qui laissait son cœur en émoi. Ses soupirs de plaisir ne cessaient de se succéder, appréciant chaque passage de la langue de Diluc à sa juste valeur.
Lentement, un nœud se forma dans le creux de son ventre, se serrant un peu plus à chaque seconde qu'elle passait entre les mains du traitement divin de son amant. Pas à pas, elle se laissait glisser jusqu'au gouffre sombre et délicieux qu'était le palais d'Asmodée.
Elle finit par s'y laisser tomber, bras étendus. Ses jambes la lâchèrent définitivement lorsque l'orgasme la traversa. Diluc la prit alors dans ses bras, souriant doucement tandis que Jean se remettait doucement de sa volupté. Elle tremblait faiblement, sa respiration revenant à la normale. La blonde rouvrit les yeux, qu'elle ne se rappelait pas avoir fermé, pour admirer son amant la dévorant des yeux avec révérence, passion et désir. Souriant grandement, elle se redressa lentement et déposa un baiser sur ses lèvres.
– A ton tour, déclara-t-elle.
– Ne t'inquiètes pas pour moi.
– Diluc, insista la jeune femme. Laisse-moi m'occuper de toi. S'il te plait.
– Tu t'occuperas de moi en même temps que je m'occuperai de toi. Promis.
Elle comprit vite ce qu'il voulait dire quand elle le vit saisir son uniforme pour en sortir le fameux cadeau de son frère. Jean soupira faiblement mais le laissa faire. Elle le regardait retirer son caleçon et une boule se coinça soudainement à la vue du membre tendu à l'extrême de son amant. La prochaine fois, elle prendrait au sérieux ce qu'on dit sur les hommes aux grands pieds...
Inspirant un grand coup pour se donner du courage, la blonde s'avança vers son amant et défit le plus calmement possible l'emballage d'une des capotes pour enrouler le préservatif sur le sexe de Diluc. Au passage, elle s'autorisa à glisser la pulpe des doigts sur l'objet de ses désirs, arrachant plusieurs frissons et grognements de plaisir au jeune homme. Il lui fallut quelques minutes avant qu'il ne lui demande de s'éloigner, ce qu'elle fit. Elle s'allongea en même temps.
Diluc se glissa au-dessus d'elle, déposant au passage plusieurs baisers sur sa gorge, accélérant de nouveau la respiration de la blonde. Écartant gracieusement les cuisses pour lui laisser l'accès, elle ne put retenir un son plus haut que les autres lorsqu'il plongea en elle.
Divin. C'était simplement divin.
Son humidité d'anticipation et la préparation de tantôt facilitèrent chaque centimètre que le jeune homme faisait à l'intérieur d'elle. Peut-être était-ce l'impatience et l'envie de le ressentir entièrement, mais Jean l'incita à se mettre en mouvement au bout d'une demi minute, tout en l'embrassant passionnément sur les lèvres. Lui obéissant, Diluc commença une lente série de va-et-vient qui accéléra petit à petit, au fur et à mesure que le plaisir prenait possession de leurs esprits.
La jeune femme l'accompagne de ses hanches, les ondulant contre lui à chaque allée qu'il effectuait en elle, jusqu'à ce qu'elle pousse le son le plus audible qu'il lui était arrivé de produire. Pantelante, les joues complètement rouges, elle n'osa pas dire l'évidence. Mais l'immense sourire sur les lèvres de son amant et la précision avec laquelle il reprit ses coups de reins lui permit de comprendre qu'il avait parfaitement assimilé. Il avait trouvé son point le plus sensible.
Oh. Archons.
Les coups répétés sur son point culminant poussèrent à nouveau Jean jusqu'à son orgasme. Elle se laissa à nouveau traverser par cet ouragan ravageur tout en appelant son amant dans un souffle qui se coupa à la moitié. Diluc ne fut pas en reste, puisqu'il ne fallut que quelques poussés bâclées de plus pour qu'il s'immobile en elle et ne jouisse ainsi, appelant à son tour la jeune femme blonde.
~ Fin de NSFW ~
~ Vous pouvez reprendre votre lecture normalement ~
Ils restèrent comme ça plusieurs minutes, dans les bras l'un de l'autre, se remettant des sensations éprouvées tout en se câlinant et discutant calmement à demi-mot, n'osant parler trop fort comme si cela allait rompre la magie du moment. Diluc se retira finalement de Jean et alla jeter le préservatif désormais usagé dans la poubelle, revenant s'installer aux côtés de son amante qui s'était remise en position assise.
– Je t'aime, murmura calmement la jeune femme lorsqu'il la reprit dans ses bras.
C'était peut-être trop soudain, d'un certain point de vue. Après tout, Jean était en prison depuis cinq mois, maintenant. Si elle connaissait Diluc depuis son premier jour, ils ne s'étaient réellement rapprochés que depuis deux petits mois à peine. Et s'il est vrai que leur désir l'un pour l'autre existait depuis bien avant qu'ils ne soient proches, Jean savait qu'il ne fallait pas confondre désir et sentiments amoureux. C'étaient deux choses complètement différentes.
Pourtant, elle savait que c'était la bonne chose à dire.
Parce qu'aussi illogique que ce soit, c'était vrai.
D'autant que Diluc sourit davantage en entendant ses mots, déposant un baiser calme et délicat sur ses lèvres, la faisant frissonner de plaisir et de satisfaction.
– Je t'aime aussi, Jean.
|| Fin ||
~ 5550 mots (tout propre dit donc)~
FINIIIIIIII *abandonne là sa salade de piment et de citron, choppe son chocolat et retourne se fourrer sous ses plaids au milieu de ses peluches* Laissez moi redevenir un enfant, maintenant.
Pfiou
C'est le chapitre le plus long de la fic x) Par ailleurs, le NSFW en fait 1300 environ. Et je ne sais pas si ça se voit vraiment, mais il s'agit complètement de mon premier donc si des auteurs plus expérimentés ont des conseils pour l'écriture, je suis preneur ! J'ai vraiment bidouillé comme je pouvais avec pour seule aide mes lectures x) merci Hadès et Perséphone, vraiment-
Je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter, hormis peut-être qu'étonnamment, ce chapitre a été écrit avec du Skillet, du Three day grace et du Bring Me The Horizon dans les oreilles (pour les non-connaisseurs, ce sont des groupes/chanteurs de rock). Ariana Grande et The Weekend ont dû passé une ou deux fois mais ils m'ont pas autant inspiré que les trois autres. Etonnant quand on sait que le genre sensuel, c'est plutôt la patte d'Ariana et Weekend-
Sur ce, je vous dit à tout de suite pour la page finale des remerciements !
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