2 - Case départ
*
La sonnerie de son téléphone retentit et sortit Ceska de son sommeil. Elle attrapa son appareil du bout des doigts et décrocha :
— Sonny il est sept heures à peine, qu'est-ce que tu veux ?
— Mademoiselle Milembo ? Je suis désolée de vous déranger si tôt, je suis Hélèna Potard l'assistante de Madame Archibald chez BDC.
— Sonny arrête de me faire marcher ce n'est pas drôle du tout. Et puis cette voix de femme ne te va pas du tout ! Je n'ai plus cinq ans, tu sais ?
— Mademoiselle, je vous assure je suis vraiment l'assistante de Madame Archibald.
Ceska se redressa instantanément et s'assit sur le bord de son lit.
— Sérieusement ? Je veux dire... Vous êtes sérieuse ?
— Oui, je sais que c'est surprenant, mais Mme Archibald souhaite s'entretenir avec vous dès que possible.
La jeune femme écarquilla ses grands yeux noirs, devant cette proposition inattendue.
— Mais enfin Monsieur Olchester a refusé ma candidature avant-hier !
— Je sais bien... Mais si vous pouviez venir maintenant, ce serait parfait.
— Ok !
— Nous vous attendons, faites au plus vite.
Revigorée par cet appel, Ceska bondit de son lit et se précipita sous la douche en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Elle chanta de tous ses poumons pour exprimer sa joie et pria Dieu tout puissant que toute cette histoire soit bien réelle.
Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'en deux jours la situation change à ce point ? Elle pensa aussitôt à Caleb. Ce grand nigaud avait dû se rendre compte de son erreur. Ça ne pouvait pas être autre chose.
Arrivée devant l'immeuble en verre de BDC. Ceska leva la tête au ciel et vit des ouvriers s'affairer pour mettre en place la nouvelle enseigne de l'entreprise : « Blue Divine & Coldchester ». En lisant ceci, son cœur se mit à tambouriner fortement dans sa poitrine.
Elle hésita un long moment avant d'entrer. Elle ferma les yeux et inspira fortement. « Quand il faut y aller, faut y aller ! » Ceska rassembla tout son courage et s'introduisit enfin dans l'énorme bâtisse.
Après avoir récupéré son badge-visiteur, Ceska traversa le hall principal d'un pas décidé. Elle entra avec le même entrain dans l'ascenseur. La jeune femme profita des quelques secondes d'ascension vers le huitième étage, pour se regarder dans les miroirs qui paraient la cabine.
Elle observa son allure générale et en fut satisfaite. Elle appliqua ensuite une couche supplémentaire de rouge-à-lèvres, comme pour s'ajouter du courage.
Parfait ! Jugea-t-elle.
Une fois sortie de l'ascenseur, elle ne put s'empêcher de sentir les effluves de parfums qui émanaient du laboratoire. Cette odeur ambrée embaumait à tout l'étage.
— Ah ! Franceska vous êtes là. Venez ! Entrez belle enfant ! Dit-elle en lui ouvrant grandement la porte de son bureau.
Madame Archibald comme à son habitude, était survoltée. Cette femme, petite et frêle, était une véritable boule d'énergie. Elle avait un fort accent du sud qui collait parfaitement à son tempérament tonique. Elle était l'un des meilleurs nez de Paris et même d'Europe.
Sa réputation dépassait les frontières. D'après Ceska, Astrid Archibald était " La " référence des parfumeurs de tout l'univers. Et Ceska rêvait de travaillait avec elle depuis qu'elle avait quinze ans.
— Nous avons de la chance que personne n'ait décelé votre talent pendant ces deux jours. J'ai dû faire des pieds et des mains pour vous récupérer dans mon équipe, dit-elle en ponctuant son discours de gestes furtifs et nerveux.
— Je vous remercie Madame.
— Ne me remerciez pas. Ce Caleb Olchester pense qu'il a tous les droits. Et bien il sait maintenant qu'il pense mal. Croyez-moi !
Visiblement, Caleb n'avait encore jamais eu à se frotter à cette bonne vieille Astrid Archibald. C'était chose faite à présent. Cette dernière fit un scandale en apprenant l'éviction de Ceska. Elle eut une discussion musclée avec les nouveaux dirigeants de Blue Divine & Coldchester, allant même jusqu'à les menacer de filer vers la concurrence.
En fait, Ceska avait tapé dans l'œil d'Astrid Archibald lors des tests de senteurs à l'aveugle. Elle avait un plus : son nez parfait. La jeune femme était une encyclopédie vivante des senteurs. Elle différenciait même les molécules chimiques des molécules naturelles. Une surdouée de l'odorat !
Astrid Archibald qui travaillait à cet endroit depuis plus de trente n'avait jamais détecté chez ses collaborateurs une telle finesse olfactive. Les capacités de Ceska étaient extraordinaires et avoir une collaboratrice dans son genre était une incroyable opportunité. Il ne fallait donc pas laisser filer.
— Ma petite Francesca, si vous êtes là aujourd'hui, c'est que ce poste vous intéresse toujours, n'est-ce pas ?
— Oui Madame.
— J'aimerai vous confier un travail particulier. Une exclusivité. Vous en sentez-vous capable ?
— Mais... C'est que je ne sais pas de quoi il s'agit ?
— Biiiip ! Mauvaise réponse ! Je repose ma question : Puis-je vous confier une mission très particulière ?
— Alors oui Madame.
— C'est mieux. Alors allons-y jeune fille ! Nous commençons immédiatement.
Ceska n'avait pas la moindre idée de ce qui l'attendait. Néanmoins, elle accepta la mission sans avoir même signer un quelconque contrat. En réalité, peu lui importait. Tant qu'on lui garantissait son emploi au sein du laboratoire de Mme Archibald, elle était heureuse.
Happée par ce nouveau bonheur, Ceska oublia d'avertir la responsable de la boutique dans laquelle elle travaillait depuis quatre ans déjà. Elle avait débuté chez Nofear, sans aucune intention d'y rester.
Comme toutes les jeunes filles de son âge, elle aimait la mode mais ne comptait pas faire y faire carrière. À l'époque où elle avait quitté le nid familial pour rejoindre la capitale, Ceska n'avait pas eu d'autre choix que se débrouiller pour payer ses factures. Sa mère qui les avait élevés seule son frère et elle, n'avait pas les moyens de la soutenir avec son salaire de cantinière municipale. Et Sonny refusait de l'aider car il n'approuvait pas du tout son projet. Il espérait toujours qu'elle craque et qu'elle rentre au bercail.
Mais Ceska était une battante. Elle comprit très vite que ses rêves de parfumeur ne se réaliseraient pas de sitôt, pourtant elle ne se laissa pas décourager. La jeune femme décida de rester chez Nofear pour subvenir à ses besoins. L'argent qu'elle gagnait lui servait aussi à suivre des cours de chimie moléculaire. C'était important si elle voulait rester au top.
Profitant de sa pause, Ceska s'enquit de son téléphone, et appela Bénédicte à la boutique. Celle-ci, fut heureuse pour sa petite vendeuse. Ceska fut soulagée de savoir qu'elle n'aurait pas d'ennui pour rompre son contrat avec Nofear.
Elle appela ensuite sa mère pour lui apprendre la bonne nouvelle. Celle-ci fut rassurée et félicita sa fille d'y être arriver seule.
Ces mots d'encouragements réchauffèrent le coeur de Ceska. Cette dernière réalisa qu'une nouvelle page de sa vie s'ouvrait à elle désormais.
***
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