Les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un petit malin survint, qui cherchait aventure,
Et que la malice en ces lieux attirait.
Qui te rends si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de fausse rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
— Ami, répond l'agneau, ne sois pas fâché !
—Comment ! Je vais de ce pas, silence !
Te punir pour ton insolence !
Gronde l'agneau farceur.
C'est ainsi que le menteur
Se mit à claquer et montrer les dents.
— Mais je me vas désaltérant
Dans le courant
Plus de vingt pas en dessous, et par conséquent
En aucune façon
Je ne puis troubler votre boisson !
Tu la trouble, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
— Comment l'aurais-je faut si je n'étais pas né ?
Repris l'agneau, je tète encore ma mère !
Le farceur, inventif, entreprit de le courser,
Puis le mordit !
Poussant la plaisanterie
À le frapper jusqu'à ce qu'il en soit terrorisé !
— Grâce, puissant mouton !
Je vous demande mon plus humble pardon !
— Mais non ! Je blague ! Voyons, je suis ton frère !
L'agneau, furieux de s'être fait rouler de cette manière,
Renversa le menteur dans le courant
Là dessus il repart, boudeur et en tempêtant
Laissant dans l'eau le bênet
Sans autre forme de procès.

Galarya, avec la participation de Jean de la Fontaine ;)