Je joue sur le piano

Les touches s'envolent.

Je joue quelques mots

Mes doigts survolent ;

Des dizaines de rectangles blancs

Des rectangles noirs, aussi

Ils forment un dessin changeant

Le dessin de la mélodie.

Des couleurs s'échappent

Et peignent ensemble

Un tableau qui me happe

Qui m'absorbe, et qui ressemble ;

À un brouillon organisé ;

À des formes et des traits

Qui ressemble à la liberté ;

Oui, la liberté de rêver.

Sur ce piano, s'entremêlent

Des doigts et des mains

Cette mélodie est si belle

Mais continuera-t-elle demain ?

Ces sons, ces bruits

Se mêlent et dansent

Ces bruits, ces sons

Nous font entrer en transe.

Des couleurs changeantes

Se frôlent devant moi

Des couleurs absorbantes

Dessinent la mélodie devant moi.

Que dois-je faire pour continuer à rêver ?

Garder mon âme d'enfant, je crois

Que dois-je faire pour continuer d'écouter

Cette mélopée étrange que je bois ?

Elle me fait penser...

À un cerf, un cervidé

Courant et sautant, bondissant

De joie, rayonnant.

Elle me fait penser...

À un oiseau, craintif

Qui, au moindre bruit, siffle

Et s'envole, ailes déployées.

Elle me fait penser...

À des enfants jouant

Des enfants heureux, embrassés

Par la joie du son aimant.

Elle me fait penser...

Cette superbe mélodie,

Cette magnifique mélopée,

Au cri d'un cœur rougis.

Elle me fait penser...

À des couleurs qui courent

Sur une feuille dorée

Contraire de balourd.

Elle me fait penser...

À tout, et à rien à la fois

À la tristesse, la peine et la joie

Elle me fait penser...

Cette mélodie, que je joue

Aura-t-elle une fin ?

A-t-elle un but, un bout ?

Sera-t-elle là demain ?

Une mélodie entraînante, une

Mélodie, un hommage à la lune,

Je joue une mélodie triste, une

Lente et lancinante note de brume.

Je joue sur le piano

Une mélodie.

Laquelle ? Aurais-je les mots ?

Oui. Celle de la vie.