Un corps mort , une âme détruite

Pas manger ... pas manger !

Je parle à un chien ?
Non... au gros porc que je suis. 

Un porc qui regarde son assiette de légumes avec envie.
Un porc qui veut manger , alors qu'il est déjà si gros , si laide.

Pas manger ... pas manger !

Je me hurle dessus, mentalement.

J'arrache la peau de mes doigts qui veulent se précipiter sur mes couverts.

Je mord ma lèvre sanglante qui voudrait manger ces aliments.

Je griffe mon ventre trop gros.

Je torture mon âme en peine.

Je ne vais pas résister longtemps.
Sans jeter un regard à mes amies , je quitte la table avec mon plateau pour le déposer sur la pile déjà accumulée, vidant mon repas dans une poubelle.

Je marche. Je cours presque. Je veux m'éloigner de tout ça, des odeurs alléchantes qui font grogner mon ventre.

- Tous mes coups de cœur ont des goûts de pleurs
Les feux d'artifice ressortent loin des lueurs
Les vautours m'effleurent quand l'esprit se meurt
Je m'en vais retrouver couleur quelque part ailleurs
Je suis né pour décevoir
Porte-parole du désespoir
Je vise la moyenne pour ne pas être différent
Je fréquente les âmes en peine pour braver l'ouragan
Je me déteste ! Encore
Je nous déteste , jusqu'à la mort !
Je me déteste ! Encore !
Je nous déteste, jusqu'à la mort !

Ma tête devient caisse de résonance , mon corps cible de tirs , mon cœur résultat de vos dures labeurs , mes larmes pluie d'orage.

Je m'adosse à notre mur habituel et regarde passer les autres.

Je n'ai pas besoin d'eux pour me torturer n
l'esprit, mais il viennent quand même.

J'imagine les pensées des autres.
Comment peut elle vivre en se sachant si laide ?
Je rigole amèrement face à cette question.
Pas compliqué, je ne vis pas pour longtemps, cela me donne du courage.
Le courage d'affronter le miroir chaque matin.
Le courage de croiser vos regards.
Le courage de marcher sous le jugement.
Le courage de refuser la nourriture.

Mais au final , je refuse juste pour pouvoir me lâcher sur les gaufrettes au chocolat à la maison. Je ne peut pas supporter mon ventre qui crie famine a longueur de journée.

Enchaînement de cours. La seule chose que je suis capable de faire.
Travail. Travail. 
On oublie la santé et la vie.
Travail. Travail.
Jusqu'à ce que tes dettes soit remplie.

Passent dans une lenteur horrible. Mais dès que je peux enfin quitter l'établissement, je me précipite chez moi.

Pour échapper aux regards. Aux sourires savamment échafaudés qui cachent des dents prêtes à me lacérer l'esprit.

La porte de la salle de bain s'ouvre sur le grand miroir. Je détourne aussitôt le regard et me dévêtis de mes habits.

Puis lentement, je tourne à tête pour affronter de reflet. Seulement un corps couvert d'ecchymoses et de plaies a peine cicatrisées.

Je me met de profil face à mon ennemi et voute mon dos en arrière, les bras tendus derrière moi.
Cette position aurait été gracieuse, effectuée par une belle fille, fine.

Mon ventre en est plus plat , mais mon esprit n'en est point apaisé.

Je m'imagine, moi , sans mon surpoids, dans cette position. Un magnifique tutu bleu outremer et des ballerines tourbillonnant avec mes pieds dans une danse gracieuse.
Une foule entière m'acclamant , mon père me fixant , une larme de fierté a l'œil.

Danser , ça a toujours été mon rêve.
Petite , je dansais.
Jusqu'à ce que je me rende compte que notre professeure s'arrangerait pour que l'on ne me voit pas pendant les représentations.
Que mes camarades riaient de moi , dansant dans mon tutu rose.
Que mon père se refusais à montrer que j'étais sa fille après l'un de mes spectacles.

Je regarde attentivement mes traits déformés par la peur. Puis ouvre un tiroir de la coiffeuse, tout petit, à peine visible.

J'en sors une lame brillante , sous la lumière blanche. Elle tourne entre mes doigts potelés, tels ceux des nouveaux nés.

Je fixe à nouveau le miroir, serre les dents très fort et utilise mon nouvel ami pour tracer un cercle a l'endroit où ce trouve mon cœur.

Une goutte de sang perle quelques secondes à mon doigts pour venir chatouiller mon gros ventre.

Je dépose la lame sur un mouchoir qui devient rouge. Puis sors un flacon de taille moyenne de derrière l'armoire. Je m'allonge sur le sol froid et en verse le contenu sur ma peau pâle.


J'éclate de rire. Un rire joyeux, et à la fois inhumain. Un rire dément. Plein de regrets.

Je suis stupide.

- OUI ! J'aurais pu choisir autre chose ! Criai-je entre deux hoquets de rire.

- Moins douloureux peut-être ! Plus rapide !
Continuai je , hilare.

La substance transparente transperce ma peau seconde par seconde. Elle désintègre tout sur son passage.

Je pense a ma mère , qui a été si naïve tout ce temps.

- Non , ce n'est pas pour des verrues que je te demande tout ces flacons d'acide salicylique.
Murmurai-je , cette fois.

Je murmure car je sens la douleur s'approcher de mon cœur , déjà , un flot de sang entache le tapis de la salle de bain.

Désolée maman, pour le tapis. Eu-je le temps de penser avant la fin.











































Comme dans "Elyne , la mort se rapproche" ?

Et non !

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