La porte s'ouvrît et l'air s'engouffra dans la pièce. Le ciel nocturne était parsemé de points lumineux ; non pas les étoiles comme il aurait été joli a raconter , mais des lampadaires, les faisceaux des phares ou les quelques fenêtres encore éclairées. C'était pas le silence , les rares voitures dont le bruit résonnaient dans la nuit filaient entre les immeubles décrépis. Le vent secouait les arbres au loin , une silhouette se découpait sur le balcon. Je refermais la porte et m'approchais d'elle , une énorme couverture couvrait ses épaules et entourait son visage , elle inspirait lentement en tapotant des doigts la rembarre. Je marchais vers elle puis saisis des deux épaules emmitouflées en demandant :
« - Ça va ?
- Moui.
- C'est dur , hein ? Des fois on ce dit que ça l'est trop.
- Comment- ? Enfin oui c'est ça.
- Ça arrive à tout le monde , même aux plus courageux. Mais tu vas y arriver , comme toujours.
- Et si j'en avait vraiment marre ?
- Peut importe, tu restes.
- C'est simple , la vie , quand tout va bien. C'est simple de sourire quand on est content. Toi , t'arrives a sourire quand tu pleures ?
- Ma belle ... tu pleures ?
- Des fois. Des fois plus encore. »

Elle se retourna vers moi et sortis sa deuxièmement main de la couverture pour me la tendre.

« - Désolée... je voulais pas. C'était juste ... »

Il y avait un triangle sur sa main , un petit triangle rougeâtre, un peu cicatrisé. Un joli petit triangle autour duquel la peau était gonflée, rouge. Je ne pu m'empêcher de sourire. Je retrousse ma manche pour dévoiler une série de symboles, cœurs , croix , crânes ...

« - On a tous ses coups de mou , ça va aller
- Non ! Non non non ! Ça va pas aller , j'en ai marre , j'en peux plus ! Je la veux plus ... je veux pas ... JE VEUX PAS ! »

Sa main se posa sur la rambarde. Je pose ma main sur la sienne. Ses muscles se tendent , déjà , une de ses jambe est de l'autre côté. Je l'attrape par la taille , elle me repousse. Je crie , elle pleure. J'essaye , elle saute.
Son corps heurte la route bétonnée en contrebas avec un bruit écœurant. Elle crie.

Paralysie complète du corps , surveillance constante par un psychologue , elle voulait la liberté par la mort , elle se retrouve enchaînée par la vie.