Quand tout s'échappe, que reste il des rêves ?
Je suis là , tremblante dans mon lit. Dans mes bras crispés, mon coussin poilu. Je le serre de toute mes forces , comme si ma vie en dépendait. Mon corps est parfois secoué de tremblements, ou , quelque fois , un sanglot m'échappe. Un étau se resserre sur mon cœur.
Je lutte. Je crie. Mais rien n'y fait.
Je lance la musique et , lentement, les mots me happent dans un sommeil profond.
Je m'éveille brusquement , réveillée par un brusque changement de température.
Ma couverture est tombée à terre.
Je me lève , range la casserole de pâtes froides et enlève les chips du parquet. Je m'assoie lourdement et avale un Doliprane.
Ma seule pensée ?
« besoin de chaleur »
Pas la chaleur des couvertures, ni celle d'une tasse de lait. J'aimerais me blottir dans les bras de n'importe qui. Juste pour avoir l'impression d'être aimée. Au moins quelques secondes.
Ça paraît faible , mais j'en ai désespérément besoin.
J'ai l'impression que les problèmes familiaux me tombent dessus soudainement. Alors que depuis des années j'ignorais tout en bloc, que je ne me souciait de rien.
Là , je dois tout assumer. Et je n'en suis pas capable. Pas toute seule.
Un bip sonore interrompt mes lamentations.
Puis un second.
> Salut.
Tu te rappelles de moi ?
< Bah faudrait déjà que tu me dises comment renommer "numéro inconnu"
> Gabriel , si ça te dérange pas
< ...
> Quoi ?! T'aurais préféré que je disparaisse a jamais ?
< C'est sur que ça aurait été plus simple.
> Mais tu te serais ennuyée
< Nan j'ai assez de problèmes pour ne pas avoir besoin de ressasser le passé.
> Parce que j'appartins au passé maintenant ? J'ai pas 80 ans !
< Tu habites où maintenant ?
> Je te recontacte pas pour rien ma belle , j'ai aménagé deux rues en face de chez toi si t'as pas changé.
< C'est une blague ?!
> Non. Tu me déteste autant que ça ? 😖
< Tu rappelles juste des mauvaises choses.
> Tu trouves que notre relation était une mauvaise chose ?!
« Si tu savais comment je l'ai appréciée »
< Oui.
> Srx ? Et si la , maintenant, je te demandais de te remettre en couple avec moi ?! Qu'on aille se promener sous la pluie , puis que l'on s'achète des chocolats ?
< Tu sais très bien que tu me tentes.
> Je suis devant ta fenêtre bella.
< T'as du culot.
> T'as besoin de moi. Tu vas pas bien donc moi non plus.
Je me lève d'un coup, passe devant mon miroir, met de l'anti-cerne et me brosse les cheveux. Je m'habille et fini de nettoyer ma vaisselle.
J'enfile ensuite mon manteau et descends jusqu'à la porte de ma maison.
J'ouvre la porte et pose mon regard sur lui.
Il est là , me dévisageant ouvertement.
Ses grands yeux verts scrutent mon visage.
Des millions de réactions passent dans ma tête. Une seule perce.
Je me jette dans ses bras rassurants.
- 14 ans putain. On avait 14 ans. Murmura il
- Et maintenant on a tous les deux un boulot et une maison.
Au bout de quelques seconde de silence, il dit:
- C'est ça que t'appelle une maison ?
- Mouais , c'est pas digne de mon humble personne.
- Hey, ça te dirais d'aménager chez moi ?
- T'es sérieux ! On s'est pas vu depuis 4 ans et là tu me demande d'habiter avec toi !
- C'est bon... calme. Je disais juste ça comme ça. Et puis on n'a pas perdu de temps non plus pour se mettre en couple.
- Bah t'a vu ta tête ?
- Qu'est-ce qu'elle a ma tête ? Avec précision s'ils de plaît.
Je le connais, il veut que je vente ses qualités physiques.
- Une mâchoire bien tracée, de grands yeux vert hypnotique, des cheveux bruns en bataille , une voix grave , un charisme déconcertant, un petit sourire narquois, des lèvres fines qui me font craquer quand tu les mordille...
- J'en ai eu assez pour pouvoir me venter pendant tout le siècle. Tu me trouves plus beau qu'avant ?
- Oui...
- Quoi ?
- Beaucoup plus beaucoup, même beaucoup trop beau.
- Beaucoup trop ?
- Tu dois attirer les regards.
- Ma Belle est jalouse ! S'exclame il en me laissant un baiser délicat sur la joue.
Il a vraiment grandi, à l'époque, je le dépassais largement ; maintenant il a une tête de plus que moi. Il me tapote la tête, je la relève d'un mouvement brusque pour rencontrer ses lèvres. Nos langues dansent ensemble au rythme endiablés de nos cœurs légers.
Je reprend mon souffle et dit :
- Et mes chocolats ?
Il éclate d'un rire envoûtant.
- On va les chercher.
Je cours jusqu'au chocolatier qui se trouve dans la rue comme gamine.
Il me rejoins d'un pas lent mais assuré.
Nous passons la porte dans un tintement que nous connaissons bien.
Je choisis un paquet de noisettes enrobées de chocolat puis lui tends avec un sourire innocent.
- Mais- il coute 20 euros !
- Quand on aime on ne compte pas. Rigolai-je
Il paye gentiment et nous nous asseyons sur un banc. J'ouvre le paquet , attrape un petit chocolat et lui glisse dans la bouche.
Au final , j'ai craqué. Je sais qu'avec lui les responsabilités s'en iront bien vite.
Alors si cette fois il reste, mes problèmes seront à jamais de lointains souvenirs.
Comme ma famille. Et ça , je ne peux pas en trancher le côté positif du négatif.
Parce qu'au fond , je les aime , et je les aimerai toujours.
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