La grange
La musique martelait mon corps dans son rythme toujours plus rapide , je commençais à sentir mes yeux se fermer doucement. Tout tournais un peu autour de moi et je m'assis pour regarder les autres. J'eu la désagréable impression d'être hors de moi , flottant au dessus de cette réalité. Mon regard tomba sur une silhouette qui s'agrippait à la rampe de l'escalier en tourbillon , j'y vis une façon de m'échapper de cette ambiance étrange. C'est l'atelier, cet escalier donne sur l'atelier.
La silhouette avait déjà disparu en haut , absorbée par la quasi-obscurité qui régnait. Mes pas hasardeux sur les marches en bois sombre émirent un grincement inquiétant, je saisis la rampe et atteint l'étage. J'ouvris une porte et eu un mouvement de recul qui faillit me coûter une chute dans les escaliers. La lumière tamisée de la fête créait des ombres. Des ombres squelettiques qui se mouvent dans la pénombre, les ombres des œuvres aux longs membres fin de fil de fer et de papier.
Je frémis et m'avance vers la seule porte que je distingue, échappant aux silhouettes horrifiques dansant sur les murs de l'atelier. Des notes me sortirent de ma transe ; de petites notes timides frappées avec nervosité. La porte que j'ouvris donnais sur trois possibilités : une porte qui donnais sur l'extérieur, une sur la droite vers je ne sais quelle pièce et un escalier encombré de matériel de bricolage. Je saisis la poignée de celle pour l'extérieur et poussa la porte.
Un froid glacial s'engouffra dans la pièce et me décida à entrer rapidement. Une immense porte en bois dans le bâtiment d'a côté, sûrement une grange , dont émergeaient les notes m'attira. Je saisis l'un des battant en y agrippant mes ongles et tira. Rien de bougea , je poussais avec mon pied l'autre et la porte s'ouvrît dans un "ffrouf" en me couvrant de poussière. La mélodie de "Lettre à Élise" commença doucement, avec quelques ratés , mais à chaque fois qu'une note était fausse , le pianiste recommençais. La silhouette était de dos , elle m'avait entendu mais ne bougeait pas , ses doigts continuaient à frapper les touches blanches et noires avec agilité. Je fis un pas en avant sur le plancher craquant , la silhouette trembla légèrement. Le pianiste jouait à la lumière d'une bougie qui vacillait dans la pénombre de la pièce haute. Ses doigts était fins , comme taillés pour le piano lui même ; c'était une fille.
Je fis trois pas de plus , elle commença à se tourner vers moi mais bloqua et continua à enfiler les notes.
- Tu t'es trompée. Fis je remarquer , ma voix rauque et mon accent la firent hésiter. Elle lâcha les touches et pivota sur le tabouret.
- Je ne connais pas la suite. Déclara elle en guise d'explication
Je fis tourner son tabouret pour qu'elle se retrouve en face du piano et lui dit :
- Arrête toi là où tu ne sais plus jouer. Ma voix était moins rauque mais mon accent semblait toujours l'intriguer.
Elle commença les premières notes avec un peu plus d'hésitation mais après la première partie , quand elle dû utiliser sa seconde main , les notes défilèrent seule. Quand elle s'arrêta , je repris immédiatement la suite. Je n'étais pas un champion au piano , mais je connaissais la Lettre à Élise et quelques autres choses.
- Là tu recommences la mélodie principale. Désolé j'ai pas les thermes de pianiste.
Elle hocha la tête et sa main décala gentiment la mienne pour jouer la mélodie.
- C'est ça. Heu après ... ah ouais c'est ça. Je sortis ma deuxième main de ma poche pour jouer du côté gauche de Do.
Elle commence les premières notes puis s'arrête dans un moment d'hésitation et nous posons en même temps nos doigts sur la touche. Je recule d'un geste vif et elle enchaîne la mélodie. Ses cheveux bruns cascadent sur ses épaules fines , son visage est pâle , éclairé par la lumière chaude de la bougie. Ses yeux sont bruns également, concentrés sur les touches.
- Tu n'écoutes plus. J'ai raté deux notes.
- Effectivement. Tu veux recommencer ?
- Pourquoi tu m'as suivie ?
- Je sais plus , la musique commençais sûrement à me taper dans le crâne.
- Moi je n'arrive pas à rester en bas avec toutes les vibrations qui ... bon laisse tomber tu me remontres ?
Je soupire et recommence à jouer. Elle hoche la tête de temps à autre.
- Tu connaissais cette salle ? Je demande
- Oui. Je suis la fille à son nouveau compagnon.
- Je ne connaissais même pas la maison.
- Tu es qui pour elle ?
- Neveu très éloigné je crois.
- Tu as croisé Sienna* ?
- La fille qui-
- Oui elle.
- Pourquoi ?
- Pour savoir.
Elle se lève et désigne le tabouret.
- Tu joues ?
- Si tu veux.
Je m'assois et tourne quelques fois pour qu'il descende. J'appuie quelques fois sur le premier "la"pour commencer puis entame la mélodie principale. Je sors ma deuxième main pour la seconde partie , je commence enfin à accélérer. Je sens sa présence derrière moi , presque collée au tabouret , le regard sur mes doigts qui virevoltent.
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