La fille aux champs

Elle est arrivée tout sourire, interrompant le débat animé entre notre professeur de philosophie et une élève surdouée.

Et elle n'avait pas cessé de sourire , même sous les murmure moqueur de mes camarade.
J'eu envie, moi aussi , de chuchoter sur son passage. Mais quelques chose m'en empêchait.

Parce qu'elle avait l'air si vraie. Dans ses yeux , on voyait une innocence presque enfantine. Son sourire reflétait un optimisme qui se répandait aux alentours, mais les autres ne semblaient pas le voir.

— Bonjour ! Je suis ravie de rejoindre votre classe. Je m'appelle Romane , j'ai 16 ans , je vis avec mon père à Previnquiere.

C'est quoi ce bled paumé ?

— Tu peux t'asseoir , Romane.

Elle s'avance entre les rangées de tables. Presque sautillante , adressant un magnifique sourire de dents blanches à tous ceux qui croisaient son regard.

« Ils l'ont trouvés dans la bouse de vache celle là »
« Ça pue sur son passage , a la Bouse »

— Alors , ils ont trouvé bien bas la nouvelle ! Ricane mon meilleur ami

Là mon va pas être d'accord.

Je ne lui réponds pas.

Elle est jolie , dans sa salopette en jean. Elle porte un teeshirt qui a dû être blanc , un jour. Ses longs cheveux bruns dévalent ses épaules fines dans une cascade désordonnée.

Elle n'est pas belle comme on l'imagine, elle a vraiment l'air sortie de son petit monde. Mais ses traits sont fins , son innocence pétille dans ses beaux yeux bruns.
Elle n'a jamais dû entendre parler de maquillage, ses lèvres sont fines , rosées.

Je regarde autour de moi celle qui font presque putes comparer a elle. Leurs visages maquillés à n'en plus pouvoir , faussement bronzés , leurs cheveux lissés à la perfection.

Je me retourne vers la jeune fille pleine de vie qui ne vois aucun des regards pleins de jugement posés sur elle.

Protège là de tout ce monde affreux. Me crie ma conscience

Le cours reprend. Je l'observe qui lève sa main , pleine d'enthousiasme, pour partager son point de vue bisounours sur notre monde.

— Étonnant... Murmure seulement notre professeur après qu'elle est exposé que les vaches et les humains devraient vivre au même niveau.

Malgré ce surplus d'innocence, elle se révèle perspicace, présente et intelligente.

Ses pommettes rosée, non pas par les poudres mais par le soleil , se relève pour masquer le seul défaut que je lui trouve : Elle a d'énormes cernes violacées sous les yeux.

Je passe ma journée, flottant dans les restes de rêve qu'elle laisse derrière elle. Comme si sa bonne humeur restait dans son sillage pour que je m'en nourrisse.

Alors moi aussi , je souris. Je souris parce que je rêve d'un monde parfait avec elle.

Je garde mes distance avec mes amis , car leur seul sujet de discussion c'est la "bizarrerie" qui est arrivée dans notre classe.

Je dois avouer que dans son sillage elle laisse aussi une odeur assez animale. Plus précisément celle de la bouse de vache.

Mais moi , étonnement , ça ne me dérange pas. C'est l'odeur de chez mes grand-parents , quand on arrivait , j'étais toujours à deux doigts de vomir. Et quand cette odeur passait sous mon nez , mon ventre se calmait immédiatement. Alors je l'aime bien , cette odeur , elle me soigne.

Dans ses cheveux, des petits brins de paille scintillent , les mêmes reflets or que dans ses yeux. Je la trouve belle , parce que j'ai l'impression de voir , pour une fois , au delà de la beauté extérieure.

— Hey , t'as jamais vu une douche , clocharde ?

Je pivote pour voir la jeune fille , collée à un mur , sous les regards pleins de jugement de quelques élèves.

Mais elle souris encore.

— Si , il y en a une chez mon père. Si toi tu n'en n'a pas on peut de la prêter.

Je faillis éclater de rire. Mais elle ne se moquait pas , elle disait cela en toute sympathie.

— Arrête la Bouse. Ta mère ne t'as vraiment jamais appris à vivre comme un humain ? Peut-être qu'elle t'as élevé avec les bœufs !
— Ma mère est morte.

Elle souris toujours, mais une lueur triste s'allume dans ses yeux pailletées d'or.
Lui aussi , il laisse quelques secondes paraître sa honte de lui avoir parlé de cela.

Mais son masque de Bad boy se replace aussitôt pour claquer la jolie joue de Romane. Puis il part , accompagné d'une bande de ... pourquoi je me mets à penser ça d'elles juste quand la nouvelle arrive ?

Je regarde autour de moi et la rejoins.
— Ça va ?
— Oui , et toi ?
— Ça va. Ta joue ?
— C'est juste une claque. Le sabot d'un bœuf est plus douloureux. Il a vraiment l'air méchant celui ci.

Méchant ? Comme dans les films ?

Ils sont tous comme ça. Ne t'en occupe pas , ils ont peur de la différence.
— Comment t'appelle tu ?
— Corantin
— Original, ça me fait penser à Valentin.

Je rougis un peu , je le sens. Mais elle n'y prête pas attention. Elle ressemble à Luna dans Harry Potter. Ses yeux sont remplis de la même innocence.

— Tu n'es pas comme eux ? Demande elle
— Si. ( son visage se décompose à la seconde ) mais je viens de découvrir que je ne dois pas être comme eux.
— C'est bien. Il vaut mieux être gentil.
— Gentil et méchant, blanc ou noir. Ça n'existe pas tu sais ?
— Tu aimes la philosophie ?
— Oui.
— Moi je pense que ça existe. Les gens méchants et les gens gentils. C'est juste qu'on en trouve pas beaucoup des gentils. Alors on se dit que ça doit être un mélange de gris foncés parce qu'on ne trouve pas de blanc.
— Peut-être.
— Tu as peur des regards des autres ?     Demande elle , toujours aussi innocemment, avec sa voix fluette
— Un peu. Pas toi ?
— Non. Ils ne savent rien de moi , je ne vois pas pourquoi leurs regards devraient m'attrister.
— Tu vis avec ton père ?
— Oui. Il élève les vaches.
— C'est loin , Previnquiere ?
— Un peu. Mais c'est encore plus long puisque que le tracteur avance pas vite.

Elle était jolie , dans son innocence enfantine.
Elle était jolie et je ne voulais pas la brusquer , lui dire que je la protègerai.

Alors je suis resté là, à la regarder vivre avec leurs regards , jusqu'à ce qu'elle ne vive plus.

C'était un beau matin de juin , les grandes vacances approchais et cela se ressentait.
Une sorte d'excitation voguait dans l'air et se transmettait de sourires en sourires.

Je la regardais , toute joyeuse, rejoindre arrêt où elle attendait le tracteur de son père chaque soir. Elle souriait , ce n'était pas inhabituel, ça faisait partie d'elle.

Je ne regardais pas autour , je ne voyais que son sourire rayonnant. Et soudain , il s'était effacé, et jamais plus je n'avais vu de visage si effrayé.

Elle ne bougeais pas , son corps à moitié retourné vers la mort. J'ai retenu ma respiration, j'aurais voulu hurler mais je n'ai pas pu.

Quand j'ai réussi à m'agiter enfin , la voiture n'était qu'à quelques mètres.
J'avais couru , comme jamais avant , mais évidemment, pas assez vite.

Alors oui , j'avais réussi à percuter la voiture avant elle , mais moi , j'étais miraculeusement passé dessous , elle ...

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