Journal d'une Charlie

La nuit était noire. Sans étoile , sans lune. Les nuages gris qui filaient à l'horizon masquaient toutes les lumières qui , habituellement, éclairaient mon chemin.

Charlie , 11 ans , tache de rousseur sur le ventre.
Charlie , 11 ans , cheveux roux enflammés.
Charlie , 11 ans , traumatisée de la vie.
Charlie , 11 ans , incapable de parler à un homme.
Charlie , 11 ans , connue dans tous les coins de quartier pour avoir été violée.
Charlie , 11 ans , à coupé ses cheveux.
Charlie , 11 ans , vous dit que tout va bien.
Et vous , inconnu , vous contentez de hocher la tête.

L'adjectif qui le qualifie le mieux c'est vivante. Parce qu'à part ça , je ne suis pas grand chose. Enfin si , trop de choses. Mal. Souffrante. Dépressive. Sans avenir. Tiraillée. Jeune.

Mes cheveux roux voletaient autour de ma tête et ne me fouettaient pas leurs yeux grâce a leur longueur. Coupe masculine , disent ils.
Ils ne peuvent pas savoir combien cela me coûte de rentrer , seule , a 18 heures dans la nuit. Les pensées agressive qui tournoient plus vite qu'une banane dans le mixeur. Chaque silhouette dans la rue , chaque mouvement, chaque bruit.

Un mouvement dans la pénombre me fis sursauter et je me réfugie derrière une voiture. Un félin noir comme la nuit fait onduler son pelage brillant en courant vers une haie. Mon cœur ne cesse pas de palpiter pour autant.

Charlie c'était amer ; ça rappelait l'Avant. Pourtant de ta bouche , ça devenait doux , si doux qu'on aurait voulu se blottir là et y rester à jamais. Oui , cette bouche même qui pouvait sortir la plus stupide des conneries , ou la plus belle des phrases. Celle là.

Sans vraiment beaucoup de réflexion, on pouvait s'imaginer que tu n'étais pas un homme , sinon ta bouche n'aurait vraiment sorti que des conneries.

" A 11 ans , on ne connaît pas l'amour "
" Parce que du haut de tes 50 et de ton éternel célibat tu penses le connaître peut-être ? "

Moi je connaît l'amour. C'est une flamme. Et un océan. Et rien ne le décrira jamais mieux. Une flamme qui ronge , qui ondule , qui miroite , qui donne chaleur à nos cœurs. Et une eau sombre , qui happe dans ses tourbillons d'écumes , qui mène à sa guise nos petits êtres.

La lumière de la maison soulagea l'inquiétude qui planait sur mes sens. La lumière chassa doucement l'obscurité et je laissais la nuit derrière moi pour m'engouffrer dans la maison. La chaleur pénétra par la porte que je refermais doucement avant de quitter mes chaussures et mon manteau. Je m'attardais quelques instants sur le tapis de l'entrée, les yeux fixés sur le vide , puis montais quatre à quatre les marches pour rejoindre ma chambre. Mes affaires étalées sur mon bureau, je pris le temps de réviser quelques leçons avant de me précipiter dans mon lit et d'y tomber , morte de fatigue.

L'obscurité qui s'était peu à peu installée tandis que les lumières de la maison s'éteignaient me fit frémir quand j'ouvris les yeux. Ma main chercha à tâtons l'interrupteur , mon cœur battait à tout rompre. Quand la lumière fit enfin son apparition, je ne pu retenir un soupir de soulagement. Non ! Je n'avais pas peur du noir. J'avais peur de l'inconnu que dissimulait le noir. "C'est pareil" avait une fois répondu ma meilleure amie. Mais non , quand je savais ce que cachait le noir , je n'avais plus peur ; et le noir en devenait presque rassurant , enveloppant toute chose de son doux voile étoilée.

C'est une étrange façon de commencer un journal , pensez vous ? Effectivement. Mais c'est la mienne.

13/12/24

Pas le temps.

14/12/24

Pas envie

15/12/24

Plus la force

16/12/24

Je... me brise

17/12/24

Désolée , je peux plus.

19/01/25

25/01/25  23:27
Une larme tombe sur le cahier. Charlie s'est envolée vers des cieux plus cléments.

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