Camps
Le feu crépite, les braises rougeoyantes se transforment lentement en cendres. Les derniers morceaux de bois sec s'effritent sous mon regard fasciné. Les cigales chantent une dernière fois, avant que les rayons de soleil ne disparaissent derrière les collines. Une lueur bleue pâle colore encore une large bande au dessus des montagnes. Un croissant de Lune jaune clair s'élève au dessus de l'horizon.
Une fumée épaisse s'envole dans le ciel maintenant noir de suie.
Les chants et les discussions dans les tentes ont cessé depuis des heures, ils dorment.
Même l'accordéon s'est tu, Niko est parti se coucher. Alors je reste seule , mon regard passant des étoiles s'élevant dans le ciel aux braises. Quelques étincelles s'élèvent encore au dessus des hautes herbes balayées par le vent. Mon visage est chauffé par le feu , mon corps frigorifié par la nuit froide.
Je rajoute quelques bûche et brindilles au feu qui les avale dans un crépitement enfantin. Un petit grognement que pousserait un louveteau bagarreur. Les ombres des arbres dansent par terre. Quelques petits points lumineux parsèment les flancs noirs des montagnes environnantes.
Très lointains , quelques coassement de grenouilles et un sifflotement d'oiseaux.
- Tu vas avoir du mal à tenir debout demain.
Chuchote une voix, me faisant sursauter.
- Désolé . Rajoute cette voix grave.
- Pas grave.
Il se rapproche du feu et son visage devient visible, éclairé par la faible lueur des braises.
- Tu ne t'étais pas couché ?
- Si. Mais les coassements me dérangent.
- Sommeil léger. Fit-je remarquer.
- Oui. Mais moi j'ai essayé de dormir contrairement à toi.
- Je sais que je n'y arriverai pas. Chuchotai je. On s'éloigne un peu tu veux ? On va réveiller les autres.
- Ok. Pourquoi tu n'y arriverais pas ?
- Je m'endors avec de la musique normalement, puisque que l'on a pas le droit au tel, je n'y arrive pas.
- Et hier ? Tu n'as pas dormi ?
- Si. De 2 à 5.
- Tu vas pas tenir debout demain.
- Sûrement.
- Tu voudrait un morceau d'accor ?
- Nan te dérange pas.
- Allez vient, je t'en joue un petit. On s'éloignera un peu pour les autres.
- Bah ok.
Il se lève lentement et récupère son accordéon dans sa tente.
On marche en silence sur le sentier bordé de sapins pour déboucher sur la clairière la plus grande des environs.
Nous nous asseyons côte à côte sur un tronc d'arbres couché. Je m'éloigne un peu pour lui laisser la place de jouer.
Il commence une mélodie enjouée.
Au bout de quelques minutes, il s'arrête. Les notes hantent encore tout mon esprit.
- Tu chantes ? Demandai je
- Mouais. Un peu. Mais c'est pas glorieux.
- Allez. Souriais je
- Bah tu l'auras voulu.
- Ça peu pas être si nul.
- Si.
Les notes commencent lentes. Puis lentement s'accélère dans un rythme à combler le cœur. Puis il se met à chanter. Quelques mots de sa voix grave et envoûtante. Alors je perd mon regard sur ses mains habiles pianotant sur les touches et ses bras musclés étirant l'accordéon. Les notes passent sur mes oreilles sans presque que je les capturent.
Soudain, il relève la tête. Je croise ses yeux verts vif. Il se racle la gorge.
- Alors ? Prête a dormir ?
- Moui , merci.
- Il doit être une heure du mat et perso je suis super fatigué.
- Bonne nuit. Dit je en me levant.
Nous marchons dans le sens inverse et rejoignons les tentes.
- Dors bien.
- Toi aussi. Encore merci.
Je rentre discrètement dans ma tente en me blotti dans mon sac de couchage.
Quelques minutes passent avant que je m'endorme, les dernières notes et le regard de Niko dans l'esprit.
Le soleil perce à travers les parois fines de la tente des filles. Je n'entends que les piaillements d'oiseaux dehors.
Je trouve le courage de me lever, attrape mes affaires de toilette et me dirige vers la petite cabine de douche en bois.
Je toque et , n'ayant pas obtenu de réponse, pénètre dans la cabine.
L'eau glacée coule sur ma peau blanche comme la neige. Je ne bronze jamais !
Je me savonne tout en guettant un bruit dehors. Après m'être séchée , je m'habille d'un legging noir, d'un short kaki et passe une ceinture fine de la même couleur autour de ma taille. J'enfile un teeshirt noir et une veste camouflage que je laisse ouverte.
Je coiffe mes cheveux blonds-châtains , les tresse puis les enroulent en chignon tout en laissant quelques mèches volantes.
Je met un peu de Labelo sur mes lèvres gercées et un trait eye-liner noir sur mes paupières pour faire ressortir mes yeux bleus.
Je ramasse mes affaires, les fourre dans mon sac et quitte la cabine de bois clair.
Je les mets à sécher sur un fil tendu entre deux arbres derrière la tente des filles.
Tous mes marmottes de camarade dorment encore. Pourtant le soleil s'élève dans le ciel et les oiseaux chantent gaiement. Je prends une scie et m'éloigne dans les bois.
Je trouve rapidement un arbre mort et commence à découper des bûches et à les empiler à quelques pas. Ayant fini , je commence des aller-retour pour amener le bois sec à côté du feu.
Au bout du quatrième, une agréable odeur de mûres cuites vient chatouiller mes narines.
Je presse le pas , pose mon fardeau sur le tas déjà haut et m'approche du feu.
- Un autre lève tôt ! Heu... désolé une autre lève tôt. S'excuse Bruce en se retournant
- Tu fais une confiture ! M'exclamai-je sans prendre compte de son erreur
- Et ouais, moi aussi je bosse. Tu veux de l'aide pour les bûches ?
- Je sauverai bien ma fierté de femme mais je dois avouer que les dernières bûches sont lourdes.
- Allez vite avant que la confiture n'accroche.
Nous ramenons les bûches les plus lourdes, Bruce s'arrêtant pour mélanger la confiture cuisant au dessus du feu .
C'est un mec brun aux yeux noisettes légèrement dorés. Son allure est trompeuse, il a l'air un peu maigrelet, pourtant je l'ai déjà vu se battre. Un vrai champion, je crois qu'il est passionné d'art martiaux.
- Tu m'apprends un coup ? Demandai je dès que nous eûmes fini
- Vas-y ! Ok, c'est un truc très rapidement, juste si tu as besoin d'une immobilisation et urgente. Pas de dégât trop grave, quelque problème dû au choc , commotion cérébrale mais- Bon du coup il faut vraiment bien viser pour neutraliser la personne, à la tempe. Un coup sec et rapide, plus facile à exécuter en première attaque ou vers la fin d'un combat au corps à corps. Ici ( il tapote doucement ma tempe, assez loin de mon œil )
- Ok, j'essayerais la prochaine fois que je croise un politique.
- Ah ! Je savais pas que tu avais déjà des projets d'avenir. S'exclame il
- Quoi ?? Questionnai-je , étonnée
- La taule
Je retiens un éclat de rire.
- Ça ira pour moi. Je me contenterai de boxer sur mon frère.
- Fait ta maligne , j'ai vu ses abdos il t'écrase en un claquement de doigts.
- Il passe son temps torse nu ce con.
- Bah ça l'aide avec les meufs.
- Ça c'est sur !
Nous éclatons de rire quand le loup sort de sa tente , enfin loup/marmotte.
- Bah quoi ? Demande il
- Rien...
- C'est toi qui cuisine p'tite sœur ? Ça sens bon.
- Les femme à la cuisine... non c'est Bruce qui prépare de la confiture.
- Ah.
- Tu peux prendre une équipe et les amener chercher du pain à l'épicerie ?
- Avec grand plaisir... ON SE RÉVEILLE MES PETITS DORMEURS !!!
Des grognements de lassitude retentissent dans les tentes.
« Putain Noah » ; « Ça va pas j'ai failli avoir une crise cardiaque » ; « Qu'est-ce il nous veut celui là encore » ; « La prochaine fois que tu fais ça tu finis dans l'eau »
- Mais oui c'est ça Charlotte , comme si tu pouvais me pousser d'un millimètre. CHARLOTTE, TAÍS , JULES, GABIN VOUS RAMENEZ VOS CULS ICI ON PART À L'ÉPICERIE !!!
- T'as toujours aimer gueuler sur les autres. Soupirai je a l'intention de my brother
- Bah au moins , je te ferais remarquer qu'ils sont tous debout , habillés et prêts.
- Pfff
Mon frère part avec son malheureux groupe.
Je me retourne vers Bruce.
- D'ailleurs c'est mon dernier jour camp. Lâchai-je
- Tu devrait le dire à Niko si il est de bonne humeur.
- Pourquoi ?
Y'a pas de fin pour une fois ? Oui.
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