2 secondes de trop

5 secondes. Juste 5 petite secondes.

Je me tourne lentement puis l'observe tout en comptant dans ma tête : 1 ... 2 ... 3 ... 4 ... 5

Rhho et puis c'est pas 2 secondes en plus qui me tueront.

1 ... 2

Il se retourne , portant encore le sourire qu'il adressait à son ami.
Puis il arrête de sourire. Il ne souris plus du tout.

Au final , il suffit de 2 secondes.

Il me fixe. Je ne sais pas ce qu'il pense. Je ne sais pas décrypter la forme de ses sourcils épais , ni les plis sur son front , ni l'éclat de ses yeux bruns.

Il me regarde. C'est tout ce que je sais. Et je n'ose pas bouger. Pas couper le regard.
Puis il cligne de yeux , hausse les épaule et le hèle :

— Ça va ?
— Ou..oui.

Un de ses amis se retourne à son tour pour me dévisager. J'entends malgré moi un chuchotement de sa part :
— C'est qui elle ?
— Je ne sais pas. Je crois qu'elle est dans la classe d'Elena.

Je me détourne.

Inspire. Expire. Calme.

DEUX PUTAINS DE SECONDES DE PLUS ! C'EST QUOI CETTE MALCHANCE ?!

Inspire. Expire.

Je n'ose toujours pas bouger. De peur que leurs regard ne soit encore tournés vers moi.

Pourquoi le serait ils ? Pourquoi ils regarderaient quelqu'un d'aussi banal ?

Une main se pose sur mon épaule.

— T'as l'air stressée , Zéphyr t'as tapé dans le cœur?

Je tourne légèrement la tête pour reconnaître les faux ongles vernis d'Elena.

— Zéphyr ? Tout le monde sais qu'il n'en n'a rien à foutre de tout ça.
— Ah bon ? Ton petit cerveau n'a pas transmis l'info à ton cœur , alors.
— Tu veux bien ... me laisser ? Tentai je

Elle éclate de rire. Un rire cristallin , mélodieux. Mais presque irritant.

— Bien sur que je vais te laisser , Zéphyr doit être tenu au courant de sa nouvelle admiratrice. Dit elle en souriant, ses dents blanches contrastant avec son cœur.

Inspire. Expire. Pas de claque.
Inspire. Expire. Ne la tape pas.
Inspire. Expire. Pas de violence.

Elle se détourne de moi , ses longs cheveux roux filant sous mon nez.

Elena n'approche du groupe de Zéphyr dans une démarche presque déhanchée.

Je me lève d'un coup.

Fuir.
Affronter.
Défendre.

Inspire. Expire.

Je m'approche tandis que la voix mielleuse d'Elena retentit.

— Zéphyr, encore une nouvelle fan.

Il fini sa discussion et se retourne vers la peste.

— Tu es obligée de me rapporter les faits et gestes du monde ? ( il me regarde quelques secondes ) Parce que j'ai déjà une chienne à la maison , et les croquettes nous coûtent une blinde.

La fille pose une main sur sa bouche dans une expression outrée magnifiquement réussite.

— Tu... tu m'as traitée de chienne ?
— Oh. Tu as pensé cela , j'en suis navré , j'ai du mal exprimer. Rigole il.

Ça ne lui ressemble pas , il doit vraiment la détester. Et moi qui pensais qu'elle au moins , elle avait une chance.

« Waaw ça doit faire drôle , toi qui pensais que tu te l'avais dans la poche »
« Clashée »
«  Ahhh ça fait maaal »
« Depuis le temps qu'il dit que tu devrais arrêter de faire la put€ »

Elena recule , tamponne de sa main son œil comme si elle pleurait.

« Ton mascara coûte trop cher , c'est ça ? »

— Zéphyr... Lâche elle

Celui ci la fixe toujours, mais moins intensément.

Il veut baisser le regard, il a honte. Je le vois , je le connais.

Elle tourne le dos , réajuste sa mini-jupe et repart dans sa marche-déhanchée si ridicule.

Et merde.

Je me retrouve seule. Face à tous ces regards.
Je ne sais pas ce qu'ils attendent de moi.

Je dois partir ? Dans quelle direction ? Et si je trébuchais ? Ils me regarderaient partir ? Ils se moqueraient de moi ? Zéphyr me défendrais ?

Alors je reste là. Sans réaction. Certains d'entre eux ne me font déjà plus face , répartis dans des discussions.

Mais il y a toujours Zéphyr.

Il me regarde. J'ai envie de l'empêcher de me fixer. Que ses yeux bruns si profonds arrêtent de m'appeler dans leurs abysses.

Inspire. Expire. Et surtout, réagis pour une fois.

Et s'il me parle ? Qu'est-ce que je réponds ? Ma vois sera normale ? Si je me gratte la gorge ça fait bizarre non ?

IL POURRAIT PAS ARRÊTER DE ME DÉVISAGER ?!!!

Mon regard fuis désespérément le sien , mais fini toujours par s'y raccrocher.

— Pourquoi tu me ... regardes ? Tentai je , dans une timidité presque enfantine.
— Ah heu. Pardon. Je pensais à autre chose.
— C'est pas grave. Au revoir.

Fuir. Toujours fuir.

Ça se voyais carrément que j'étais ultra-mal alaise.

— C'était pour toi , qu'elle venait.

Ce n'est pas une question. C'est une affirmation.

— Oui.
— Et c'est vrai ?
— Bien sûr que non. De toute façon tout le monde sais que tu t'en fous des relations.
— Ah bon. Mes ex ne m'ont pas balancé ?
— Apparemment pas.

Trop gênant. Je veux partiiiiiiiiiiir !!!!!

J'y vais , à plus.
— T'as l'air vraiment pas bien , tu veux pas déstresser et qu'on puisse parler normalement ?
— Je dois y aller. Affirmai je vainement
— Je te fais peur ?
— Non !
— Alors quoi ?!
— Rien.
— Têtue , hein. Ça se voit que ça va pas.
— Bah si ça va pas t'es pas le premier à qui j'irai raconter mes problèmes. Encore moins devant ta bande de commères curieuses.
— Entendu les gars ? Vous voulez que je traduise ?
— Traduit , pour tes petits cons de compagnie.    Soupire Nino
— Dégagez , ordre de madame.

Je lève les yeux au ciel , exaspérée. Et tandis que Zéphyr apostrophe Nino , je m'échappe, à demi en courant.

Encore une main sur mon épaule , que je repousse , énervée.

— Vous pouvez pas arrêter de poser vos mains sur mon épaule ?! Puis je me tais en voyant Mahé.
— Quoi ?! Continue ai je
— Bah Zéphyr nous a dégagés pour te parler , alors tu vas pas te barrer.
— Liberté des femmes. Répliquai je
— Sérieuse ?

Il attrape mon bras et me tire vers la chose dont je voulais m'écarter à tout prix.

— Tu vas me tirer comme un chien enragé longtemps ? Parce que je supporterai pas la fourrière avec Elena.
— Avance alors.
— On t'as pas appris la galanterie ?
— Vas voir Zéphyr pour ça , il s'y connais.

J'avance une bonne fois pour toute. Plus vite j'y vais , plus vite je peux respirer à l'écart de tout ça.

— Pourquoi t'es gardes du corps me ramènent comme une prisonnière ?
— Tu as essayé de te barrer ?
— Nan ...
— Bah si du coup.
— Illusion.
— C'est ça ...

Assise à côté de lui sur le banc ( Enfin à côté faut pas exagérer je garde mes distances pour survivre. )
Je tripote des doigts la manche de mon sweat en évitant son regard.

Une réaction normale pour une fois ! Je peux pas avoir ce mode là ? Normale c'est pas possible ?

Bon , je peux y aller ?
C'est quoi ton problème ?
Mais qu'est-ce que t'en a foutre !?
Je sais pas.
Donc je peux y aller ?!
— Comme tu veux.

Je le regarde , juste son visage, en évitant ses yeux. Puis j'inspire et me rassois.

— Tu vois ? Tu as envie de te libérer.
— Mouais.
— Alors ?

Inspire. Expire. Ne regarde pas ses yeux.

Elena m'harcèle.

Il reste muet.
10 secondes. 15 secondes.

Puis il se lève brusquement.
Je me lève à mon tour.

— Quoi ?
On a fini notre discussion. A part si tu as d'autres problèmes ?
— N...non

Il part à grand pas vers sa bande qui s'était déplacée à quelques mètres.

Je part me réfugier aux casiers.

Inspire. Expire. Soit normale.

— ZÉPHYR, NINO, 4 ème au bureau de la CPE

Je me relève. Quitte les casiers.

Ultime vision avant de perdre connaissance ; Elena , l'intégralité des taches de rousseurs sur son visage masquée par le sang.

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