La chambre aux échos

La pendule murale rythmait le silence d'une régularité implacable, ses battements semblables à une lente marche vers l'inévitable. Lila observait le plafond de sa chambre, un espace devenu prison et sanctuaire à la fois. La lumière du matin, filtrée par des rideaux fatigués, dessinait des motifs mouvants sur les murs, comme autant de pensées flottantes qu'elle ne parvenait pas à rassembler.

Elle savait, sans pouvoir l'expliquer, qu'elle n'était jamais véritablement seule.

C'était une sensation ténue, presque imperceptible, qui s'insinuait dans son quotidien. Parfois, elle entendait des murmures. À d'autres moments, une main qu'elle croyait sienne accomplissait des gestes qu'elle n'avait pas désirés. Pourtant, ce matin-là, en observant ses mains croisées sur son ventre, une autre impression surgit : un sentiment d'étrangeté si puissant qu'elle ne put que fermer les yeux, espérant fuir ce qui semblait l'épier depuis l'intérieur.

Elle avait toujours craint de mettre un mot sur ces expériences, mais la vérité, insidieuse, se frayait un chemin.

— Tu as rêvé de moi, cette nuit, souffla une voix douce, presque enfantine.

Lila se redressa brutalement, le souffle court. La pièce était vide. Elle scruta chaque recoin, chaque ombre, mais ne trouva rien. Pourtant, la voix persistait, tapie quelque part, familière mais étrangère à la fois.

— Ne fais pas semblant de ne pas entendre. Je sais que tu m'écoutes.

Elle posa une main tremblante sur sa poitrine, comme pour calmer la tempête qui s'y formait. Ce n'était pas la première fois. Depuis des années, elle avait appris à ignorer ces voix, ces sensations, mais aujourd'hui, elles semblaient vouloir être reconnues.

Dans le miroir près de la fenêtre, son reflet semblait lui sourire. Non pas d'un sourire rassurant, mais d'une courbe énigmatique, pleine de défi.

— Je suis toi, annonça la voix, plus ferme. Nous sommes toi.

Le souffle coupé, Lila recula, trébuchant contre le coin du lit. L'image dans le miroir resta immobile, la fixant avec une intensité dérangeante.

— Je vais devenir folle, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Mais une autre pensée surgit, comme un écho qui n'était pas le sien.

— Folle ? Non, Lila. Enfin prête.

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