20°* Confession
L'obscurité.
Cette abysse sans fin.
Ce trou noir où je me noies, où mes pensées ne cessent d'accaparer mon attention.
Cette noirceur qui me recouvre au fur et à mesure, collant à mon corps comme une seconde peau.
Perdue dans ma tristesse et mon amertume je ne sais plus rien reconnaître.
J'ai perdu toute notion de bien et de mal.
Car rien n'a d'importance tant que cela me permet de me sentir vivante.
J'ai perdu tout espoir de me considérer comme une humaine.
Je suis bien trop différente.
Je ne suis qu'un monstre perché dans un monde qui part en fumé.
Bercée par ces souvenirs que je préférerais oublier et mes désirs insensés, j'avance, la tête baisser, redoutant le destin qui semble s'acharner sur moi.
Et alors que je vois des mains se tendrent vers moi, je n'ose pas quémander cette aide dont j'ai tant rêvé.
Car je l'ai tant espérée quand j'étais au plus bas, que désormais je suis mal à l'aise avec cette attention inopportune.
Aujourd'hui je ne veux plus mettre fin à mes jours.
Je n'en ai pas la force.
Pourtant il y a toujours cette voix qui me susurre à l'oreille que c'est la meilleure option.
Que je serais enfin à ma place.
Que je connaîtrais finalement la paix si je laissais ses ombres me consumer.
Que si je quittais ce monde et m'abandonnais dans le néant tous serait plus simple. Je ne ressentirais plus rien et je serais miraculeusement détachée de ces émotions qui me dévorent de l'intérieur.
Mais je n'arrive pas à m'y résoudre.
Peut-être que c'est insensé mais j'ai cet infime espoir que ma lune apparaisse et illumine ce ciel noir dépourvu d'étoiles qu'est mon esprit.
Que quelqu'un veuille bien panser mes plaies et m'aider à reconstituer ce puzzle agaçant et terriblement long à assembler qu'est mon être.
La nuit, lorsque que ce n'est pas un écran noir qui s'affiche sous mes paupières je rêve que quelqu'un vienne enfin retirer ce masque bienveillant que je me construits.
Je rêve que quelqu'un vienne me sauver.
Pourtant je n'y crois pas.
Je refuse de croire au prince charmant.
Je refuse d'attendre indéfiniment ce garçon ou cette fille qui finalement ne viendra pas.
Car qui voudrait d'un monstre instable alors que tout ce que l'on recherche c'est ce sentiment de sécurité qui nous envahit lorsque l'on est avec la bonne personne.
Je ne suis pas aussi naïve.
Je sais qu'un ange ne viendra pas m'enlacer et m'entourer de ses ailes dans un étau protecteur.
Je ne suis pas dupe.
Personne ne viendra me sauver.
Malgré les signaux de détresse que j'envoie comme des feux d'artifices explosant au milieu du ciel noir.
Mais c'est bien tous ce que c'est.
Un feu d'artifice.
Un simple spectacle qui fascine les gens.
Rien de bien sérieux.
Je rêve de m'ouvrir au monde et de lui montrer à quel point mon cœur est abîmé.
Pour lui montrer mon désespoir gravé à jamais dans ma chair.
Pour lui confier mon plus grand secret.
Ce sujet tabou dont je n'ai jamais vraiment parlé, de peur d'être jugé et mise dans cette case de personnes qui recherche constamment l'attention.
Alors je me tais, laissant mes proches se vanter de me connaître par cœur alors qu'il ne connaisse pas une seule goutte de ce torrent d'émotions qui s'écoule dans mon esprit et mon cœur quand la nuit tombe.
Parfois je songe à me laisser aller, à exprimer toute cette haine et cette amertume qui me ronge.
Peut être que cela me délivrerai enfin de mes chaînes qui me m'intiennent clouer sur place, dans cette cage qu'est mon corps.
Mais je n'y arrive pas.
Je n'arrive pas à extérioriser ce que je ressens sans me détruire.
C'est un cercle vicieux.
Je me détruit en fuyant ce qui me détruit, me trouvant de nouveaux démons.
Je suis vidée de tout courage.
Je ne suis plus qu'un pantin qui survit juste pour ne pas peiner le peu de personne que je connais.
Je ne suis qu'une poupée vivant dans une maison faite de tristesse.
Une maison où je me sens en sécurité.
Je me lève tous les matins, et salut le monde avec un immense sourire alors que j'aurais aimer ne jamais me réveiller.
J'ai envie de crever.
Mais je suis trop lâche pour sauter du haut d'un pont.
Je n'ai pas assez de force pour passer à l'acte.
Pourtant cette petite voix dans ma tête me susurre constamment de céder à la douce tentation et d'avaler cette plaquette de médicaments qui m'attend en bas dans la cuisine.
Je suis faible.
Une froussarde incapable de mettre fin à ses jours.
Alors j'attends.
Je ne suis plus qu'une âme tiraillée par la dure réalité.
J'attends désespérément que la vie ait enfin pitié de moi et qu'elle me cueille comme l'une de ces mauvaises herbes qui détonne dans son beau jardin.
J'attends qu'elle me fauche au détour d'un carrefour.
J'attends qu'elle m'étraigne dans ses bras et qu'elle m'offre ce doux baiser tant désiré qu'est la mort.
J'attends qu'elle devienne mon amante et ce pour l'éternité, après avoir passé des années à flirté avec mes sombres pensées.
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