17. La peau froide


Je ne savais toujours pas comment je devais agir. Il était parti pendant un an, et il revenait enfin. Comme je lui avais promis à l'aéroport au départ, j'étais là aussi au retour. J'étais nerveu. Si je tenais cette promesse, je n'avais pas vraiment tenu l'autre. Je lui avais dit que j'allais l'attendre avec patience. Mais j'avais craqué une ou deux fois et j'avais eu quelques aventures sans lendemain. En même temps, nous n'étions pas en couple. Je m'étais juste déclaré à lui avant qu'il n'embarque. Il avait souri, puis ri, puis il m'avait embrassé. Et enfin, il m'avait demandé de l'attendre.

Entre temps, nous nous étions envoyé plein de messages, évidemment. On s'était tout raconté, ou presque, pour ma part. Je ne comptais pas lui cacher éternellement, évidemment, mais je ne savais pas comment lui dire. Je voulais avoir une chance avec lui. Allait-il me pardonner ? J'avais peur que non.

Mon coeur rata un battement quand je l'aperçus enfin, sa valise en main. Il souriait à moitié, des lunettes de soleil vissées sur son nez. Je le détaillai. Il avait perdu du poids et semblait être plus pâle que d'habitude. Avait-il eu des soucis pendant son voyage ? Il finit par me voir et s'approcha de moi de son pas presque félin. Sur ce point, il n'avait pas changé. Il s'avançait vers moi comme s'il allait me dévorer. Je l'avais vu faire ça des dizaines de fois, mais jamais dans ma direction. C'était étrange de me dire que cette fois, c'était moi sa proie. Je déglutis juste avant qu'il n'arrive à mon niveau. Et l'instant d'après, une main tapotait le haut de mon crâne.

- Mais c'est que tu as grandi ! S'exclama-t-il en souriant. Dis-moi, combien de centimètres tu as pris ?

Je baissai les yeux, intimidé. C'était ça le problème, avec lui. Il m'intimidait autant que je l'aimais. Il rit à ma non réponse et je finis par le regarder de nouveau. Il était beau. Infiniment magnifique. J'avais oublié à quel point. Et maintenant qu'il était aussi près de moi, j'en avais presque le souffle coupé. Il finit par enclencher la marche en souriant pour sortir de l'aéroport. Je finis par réagir et le suivis. Je le vis appeler un taxi mais je l'arrêtai rapidement en courant dans sa direction.

- Pas besoin d'un taxi ! Dis-je, essoufflé. Je suis venu en voiture.

Il haussa un sourcil, surpris. Mais quand je changeai de direction pour rejoindre le parking, il me suivit. Il savait que je n'avais pas vraiment de famille ici. Je n'avais plus de parents -du moins, plus en liberté-, et ma tante était toujours occupée. Elle ne risquait pas d'être venue m'accompagner à l'aéroport pour un ami qu'elle ne connaissait pas vraiment. Après quelques allées, je trouvai enfin ma voiture et je la déverouillai à distance. Les yeux de chat de Jimin se posèrent immédiatement sur le véhicule pour l'analyser.

- Ce n'est pas le luxe, expliquai-je, mais je l'aime bien.

Il laissa échapper un son approbateur et s'installa côté passager. Je m'installai côté conducteur et je démarrai la voiture. Je n'avais pas mon permis depuis longtemps, et je ne lui avais pas dit pour lui faire la surprise. Je sortis du parking et il brisa enfin le silence.

- Mon petit Kookie est enfin devenu un homme, à ce que je vois. Que me caches-tu encore ?

- Rien, hyung.

- Tu es un petit cachotier, je suis sûr qu'il y a encore d'autres choses à découvrir.

Je déglutis, gêné. Oui, il y avait bien une autre chose, et importante, en plus. Il se mit à discuter avec moi de sujets assez classiques, presque de la pluie et du beau temps. Et après une vingtaine de minutes, je m'arrêtai enfin dans la rue où se trouvait son appartement. Je sortis de la voiture pour l'aider à descendre sa voiture, mais je n'osai pas le suivre quand il se dirigea vers la porte de l'immeuble. Il se retourna vers moi, intrigué.

- Tu ne veux pas monter ? On se voit pas pendant un an et tu veux déjà me laisser ?

Il semblait presque déçu, mais j'avais l'impression que c'était feinté. Il avait surtout l'air de beaucoup s'amuser. Jimin était déjà comme ça avant son départ, mais j'avais l'impression qu'il était devenu pire encore. Quelque chose avait changé en lui. Je secouai la tête et me mis à le suivre. Il me mettait toujours autant mal à l'aise, je ne savais jamais où me mettre avec lui. Une fois dans son appartement, il déposa ses bagages dans un coin et je restai à l'observer.

- Viens par là ! M'ordonna-t-il en souriant. Je ne vais pas te mordre.

Il rit à sa blague et je m'approchai de lui. Il attrapa mes mains et je fus surpris qu'elles soient aussi froides. D'ordinaire, il avait toujours les mains chaudes. Peut-être que ça avait changé pendant son voyage ? Il avait été dans un pays parfois très froid. Il s'approcha encore de moi, me touchant presque. J'étais plus grand que lui, mais j'avais l'impression que c'était lui qui me dominait.

- Jimin hyung, murmurai-je pour lui signaler mon malaise.

- Je crois qu'en fait, si, j'ai envie de te manger ...

Ses lèvres vinrent se poser sur les miennes, me faisant rougir immédiatement. Il n'insista pas quand il vit que j'avais du mal à répondre à son baiser. Pas parce que je ne voulais pas, mais parce que mon cerveau m'avait complètement lâché. Il se recula un peu, un sourire aux lèvres.

- Et si on reprenait là où on en était avant que je ne monte dans cet avion ? Proposa Jimin.

- Je ... oui, si ... Si tu veux.

Il rit et se colla un peu à moi, posant sa tête dans mon cou. Ses cheveux me chatouillaient mais je ne dis rien. Après un moment d'hésitation, je finis par faire passer mes bras autour de son corps pour l'étreindre comme il m'étreignait. Je sentis ses mains se balader pour découvrir mon corps sans aucune pensée sexuelle. Je le sentis même sentir mon parfum.

- Je savais que tu me cachais autre chose ... Murmura-t-il plus pour lui-même que pour moi. Tu as pris du muscle, non ? Et ton odeur est différente.

- Je t'avais dit que j'allais à la salle toutes les semaines, répondis-je.

- Ca te va bien.

Jimin finit par me lâcher et alla s'installer dans le canapé, m'invitant à venir avec lui. Il me prit automatiquement dans ses bras sans rien tenter de plus. Il voulait reprendre où on s'était arrêtés, mais du coup, je ne savais pas trop ce qu'il ressentait pour moi. Il ne me l'avait jamais dit. Au début, j'avais évoqué le sujet par messages, mais il m'avait dit qu'on en parlerait seulement de vive voix. Après une petite heure passée ainsi à discuter de temps en temps, je finis par décider de partir. Je devais rentrer pour faire à manger mais aussi pour dormir. Il me laissa m'en aller en me faisant promettre de revenir le lendemain.

Quand je revins le lendemain, il m'attendait déjà au pied de son immeuble. Il me proposa de m'inviter à boire un verre et j'acceptai. Si je ne me retrouvais pas seul avec lui, j'allais mieux me sentir. Non pas que je ne voulais pas passer du temps en sa compagnie, mais il m'intimidait vraiment beaucoup. Jimin m'emmena dans un petit café que je ne connaissais pas et s'installa en souriant. Il attrapa mes mains et me regarda de façon énigmatique.

- Je crois qu'on peut discuter, maintenant. Je suis désolé pour hier, j'ai voulu aller trop vite sans te demander ce que tu voulais.

- C'est pas grave, dis-je en secouant la tête.

- Dis-moi, Jungkook ... Où est-ce qu'on en est ? Est-ce que tu ressens toujours la même chose pour moi ?

- Oui !

- Alors je peux enfin de dire ce qu'il y a de mon côté.

Jimin soupira, un peu moins souriant. Je sentais la mauvaise nouvelle. Pourtant, il m'avait embrassé. C'était bon signe, non ?

- Je ne sais pas si je peux dire que je suis amoureux, c'est ... Tu as toujours été spécial pour moi. Je l'ai toujours su. Alors je pense qu'on peut essayer. Je te promets rien, je sais pas si ça va donner quelque chose. Alors si t'as pas peur de souffrir ...

- Essayons, alors.

Jimin se remit à sourire. Il caressa le dos de ma main et une serveuse nous coupa pour prendre notre commande. Il ne lâcha pas mes mains pour autant et la commande fut passée. Après notre intimité retrouvée, Jimin me fit un aveu.

- Kookie, il y a des choses que j'aimerais te dire, mais je ne peux pas le faire maintenant. Est-ce que tu peux me promettre quelque chose ?

- Oui ?

-Pardonne-moi d'avance et ne me laisse pas tomber.

- Je ... Je te le promets.

Il me faisait un peu peur. Mais je ne pouvais pas faire autrement que de lui promettre. Je voulais rester avec lui. Et moi aussi j'avais des choses à me faire pardonner. Des choses horribles. Après quelques instants à nous regarder dans les yeux, un serveur vint nous servir nos boissons. J'entendis sa voix et je levai immédiatement la tête vers lui. Ma voix se fit entendre bien malgré moi.

- Hoseok ?

- Jungkook ? Oh, je suis content de te voir ! Comment tu vas ?

- Bien ... et toi ?

- Ca ira mieux quand j'aurai terminé ma journée !

Mon regard se reporta sur Jimin, qui ne perdait pas une miette du spectacle. Son sourire avait disparu et je pouvais clairement voir qu'il réfléchissait. Etait-il en train de comprendre ? Je pris alors les devants.

- Jimin, voici Hoseok, un ami. Hoseok, je te présente Jimin, mon ... Mon petit-ami.

Un sourire étira les lèvres d'Hoseok mais Jimin ne bougea pas d'un poil, analysant toujours le serveur. J'avais peur qu'il pose des questions, mais il n'en fit rien. Ce fut Hoseok qui fit une remarque.

- Alors, tu l'as enfin trouvée, cette chaussure ?

- Euh ... Oui.

Hoseok évoquait clairement une conversation que nous avions eue. J'avais couché avec lui. Il était le deuxième avec lequel j'avais fauté. Et il avait compris que je faisais ça pour oublier quelqu'un. Alors, avant de partir, il m'avait dit que j'allais trouver chaussure à mon pied. Mais que lui, il n'était qu'une chaussure de location. J'avais beaucoup aimé sa comparaison et ses mots rassurants. Il posa enfin les boissons sur la table et s'excusa avant de retourner s'occuper d'autres clients. Je sentis le regard pesant de Jimin sur moi mais il ne dit rien. Il récupéra son verre et se mit à siroter.

- Alors comme ça, je suis ton petit-ami ?

- Je ... Je ... Je croyais que ...

- Sois pas aussi intimidé chéri, tu as bien fait de dire ça. Vu comment il te regardait, j'ai l'impression qu'il aurait bien voulu être à ma place ...

- Tu dis n'importe quoi, hyung, répondis-je nerveusement. Je ne l'intéresse pas.

- Ca, c'est toi qui le dis.

J'étais certain qu'il avait tort. Hoseok n'était pas prêt à se remettre en couple, et il ne le serait probablement jamais. Son petit-ami était mort deux ans avant notre rencontre, sauvagement abattu d'une balle dans la tête par un fou furieux. Il avait des plans d'un soir de temps en temps, quand il buvait pour oublier, mais jamais il ne pourrait l'effacer.

Les jours suivants, je vis Jimin de temps en temps. Tantôt pour voir un film, tantôt pour jouer aux jeux vidéo avec lui, ou encore pour manger quelque chose. On se comportait comme un petit couple. Il me prenait par la taille et m'embrassait quand il en avait envie, ce qui me gênait énormément. Mais j'aimais quand même ses petits gestes d'affection. Un soir, il me proposa de rester dormir chez lui. Je savais très bien ce que ça voulait dire dans son langage. Il voulait qu'on passe à l'étape supérieure. J'étais prêt pour ça. Même si parfois, j'avais l'impression qu'il n'était plus le Jimin que j'avais connu. Il était différent. Mais après tout, un voyage d'un an, ça changeait un homme. Une fois chez lui, je me mis à l'aise, même si j'étais un peu anxieux. J'allais lui dire la vérité avant de passer à l'acte. S'il voulait encore de moi après ça, c'était que finalement, il m'aimait. S'il me virait, alors j'accepterais. Après le repas, je me réinstallai sur la table débarrassée, lui demandant de m'écouter. Il s'assit en face de moi et attrapa mes mains.

- Hyung, j'ai aussi quelque chose à te dire ... J'espère que tu me pardonneras à moi aussi.

Je soufflai rapidement. Je devais le faire vite. Ca faisait moins mal.

- Pendant ton absence, j'ai eu des aventures. Je voulais vraiment t'attendre mais à certains moments j'étais tellement perdu ...

Les doigts de Jimin se resserrèrent autour des miens. A ma grande surprise, il rit. Son rire cristallin fit battre mon coeur encore plus vite. Pourquoi riait-il ?

- Je sais, finit-il par lâcher, me surprenant.

- Comment ?

- Je le sais, c'est tout.

- Tu n'es pas ... fâché ?

- Au début j'étais un peu fâché mais ... je suis parti un an. Je t'ai laissé à l'aéroport avec seulement un baiser, alors tu avais le droit de ... De faire d'autres rencontres.

Je soufflai de soulagement. Je me sentais beaucoup mieux.

- Et entre nous soit dit, Hoseok était un bon choix.

Je me mis à rougir. Il m'avait complètement percé à jour.

- Je dois t'avouer que moi aussi, j'ai eu une aventure.

- Ah.

Pour le coup, moi, je me sentais un peu blessé. Mais je devais comprendre que de son côté aussi ça n'avait pas forcément été facile. C'était donc ça, ce qu'il voulait me dire ? On avait fauté chacun de notre côté, les compteurs étaient à zéro. D'autant plus qu'on n'était pas vraiment en couple, j'avais juste avoué mes sentiments. Jimin lâcha mes mains et je m'inquiétai.

- Tu te souviens, la chose que j'avais à te dire ? Je peux t'en parler, maintenant. Mais promets-moi de rester calme et de me croire. Ce que je vais te raconter va te paraître totalement dingue mais c'est la vérité.

Je hochai la tête. Il avait quelque chose de pire à m'annoncer ? Je me sentais déjà mal. Est-ce qu'il était aussi tombé amoureux de son aventure là-bas et voulait être en couple avec nous deux ? Non, c'était impossible. Jimin posa les mains sur le bas de son t-shirt et le leva pour le retirer. J'ouvris ma bouche d'horreur. D'énormes cicatrices recouvraient sa peau, de son torse jusqu'à son ventre. Il lui était arrivé malheur sans que je ne le sache. Je me sentais horrible. Je n'étais pas là pour lui alors qu'il avait certainement vécu l'enfer. Je fixai sa peau blanche et boursouflée sans pouvoir dire un mot.

- J'ai rencontré Yoongi dès mon arrivée. J'ai été attiré par lui sans savoir pourquoi. Il était simplement spécial. Puis un jour, j'ai craqué et j'ai couché avec lui.

Je sentis mes larmes me monter aux yeux. Ce Yoongi l'avait complètement détruit. Il l'avait torturé, et son corps en portait les marques. Je n'arrivais pas à lui répondre, même si ses mots me faisaient du mal. Je devais écouter son histoire jusqu'à la fin.

- Le treize octobre, pour mon anniversaire, il m'a emmené faire une randonnée. Ca faisait un moment que je voulais découvrir les environs et il connaissait bien le coin. A un moment, je sais pas trop ce qu'il s'est passé, mais j'ai été attaqué par un ours. Je me souviens d'une douleur atroce à la poitrine, puis d'une grosse patte s'abattant sur moi. Et après j'ai perdu connaissance.

Jimin soupira en posant sa main sur sa poitrine. Comment avait-il pu survivre à ça ?

- Je suis mort, ce jour-là. Je te jure que c'est la vérité, je suis mort en quelques minutes. Cet ours m'avait complètement éventré. Et je savais que Yoongi était particulier, mais je ne savais pas à quel point.

Je sentis ma tête commencer à tourner. Comment pouvait-il se tenir devant moi s'il était mort ? C'était impossible !

- Alors il m'a sauvé. En quelques sortes ... Je ne suis plus humain, Jungkook. D'ailleurs, je ne sais même pas si je peux dire que je suis encore vivant. Je suis probablement entre les deux ...

J'étais en train de partir. Pourtant, je continuais à le fixer. J'aurais dû fuir. J'aurais vraiment dû partir. Mais mon corps ne voulait plus bouger. Je vis Jimin ouvrir légèrement la bouche. Puis ses canines s'étirèrent pour atteindre une taille impressionnante. Je savais ce que ça voulait dire. Mais ça n'existait pas dans la vraie vie, ça. J'étais en train de faire une hallucination. Jimin se leva, je l'entendis m'appeler, mais j'étais déjà loin. Puis ce fut le noir total.

Quand je me réveillai, il faisait complètement nuit. Je me redressai vivement dans l'espoir de pouvoir sortir de cet appartement. Mais une main ferme et froide me maintint au lit. Il y avait de la douceur dans son geste, pas de violence.

- Chut, calme-toi, tout va bien. Tu as fait un malaise.

- Je ... je dois partir. Je dois partir !

- Kookie, s'il te plaît ...

Je sentis sa main s'enlever de mon épaule. Il ne comptait pas me retenir si je voulais m'en aller. Alors je me levai et je partis, sans même récupérer mes affaires. Je sortis de cet appartement, et de cet enfer.

Les semaines qui suivirent furent compliquées. Jimin m'envoya des messages tous les jours, mais je ne répondis pas. Il ne chercha pas à me rencontrer contre ma volonté, ce que j'appréciais. Je ne parlai à personne de ce que j'avais vu. De toute façon, qui allait me croire ? Je retournai au café où Hoseok travaillait plusieurs fois, et il comprit que quelque chose n'allait pas. Lui et moi étions devenus amis, sans aller plus loin cette fois. Il était d'une grande aide. Puis un jour, il me dit quelque chose qui me fit réfléchir.

- Dans le fond, c'est quoi le problème avec ton mec ? Il a quelques défauts ? Tout le monde en a ! Moi je pense que tu devrais retourner vers lui. Tu as la chance de pouvoir le faire. Le tien est encore en vie ... A ta place, je crois que je remuerais ciel et terre pour être encore avec lui. S'il n'existait qu'une chance sur des milliards pour que Yoongi soit encore vivant, moi, je parcourrais le monde ... Si je pouvais le faire, je donnerais ma vie pour lui.

Après sa tirade, je m'en allai précipitamment. Il avait raison. Je devais récupérer Jimin. Je l'aimais. Peu importait ce qu'il était devenu. Sur le chemin, je réalisai enfin le nom qu'Hoseok avait prononcé. Parlait-il du même Yoongi ? Si celui que Jimin connaissait était un ... une de ces choses, alors ça pourrait expliquer la façon dont il l'était devenu. Sa balle dans la tête l'avait tué, mais quelqu'un s'était chargé de le sauver. Essoufflé, j'arrivai devant la porte de l'appartement de Jimin. Je frappai comme si ma vie en dépendait et je faillis tomber quand il m'ouvrit. Je pus lire la surprise sur son visage. Je me jetai dans ses bras, le serrant contre moi comme s'il allait s'envoler.

- Pardonne-moi ! Je t'en supplie Jimin, pardonne-moi ! Je sais que j'ai mal agi, j'avais peur. Mais maintenant, j'ai plus peur. Je t'aime ! Je t'aime, je t'aime, je t'aime ! Je ne partirai plus jamais, je te le promets. Je ne peux pas vivre sans toi !

Je sentis ses bras se resserrer eux aussi autour de moi. Je l'entendis pleurer. Moi aussi, je pleurais. Après quelques minutes, il m'amena sur la canapé pour me faire m'asseoir. Je me sentais bien. J'avais peur qu'il ne me pardonne pas, mais au fond, je savais qu'il allait le faire.

- Est-ce que tu es certain que c'est ce que tu veux ?

- Oui ! Je m'en fiche, que tu sois différent.

- D'accord.

Les lèvres de Jimin rejoignirent les miennes. Je devais avouer que ça m'avait manqué. Je réalisai alors que tous les indices étaient là. Jimin était devenu pâle, il était plus fin mais aussi plus musclé qu'avant. Et sa peau était vraiment froide. J'avais remarqué tout ça, mais j'avais pensé que ça pouvait être normal. Sauf que ça ne l'était pas du tout.

Dans la journée, Jimin m'expliqua tout. Yoongi était au Canada depuis deux ans. Depuis qu'il était mort d'une balle dans la tête. C'était donc le Yoongi d'Hoseok. Depuis ce temps, il guettait toutes les arrivées d'étudiants en provenance de Corée. Il avait laissé quelques indices à Hoseok, pour lui faire comprendre qu'il devait se rendre là-bas, mais ça n'avait visiblement pas fonctionné. Lui ne pouvait pas quitter le pays pour le moment, il jouait un rôle important par rapport à sa communauté. Il l'attendait. C'était comme ça qu'ils s'étaient rencontrés. Yoongi lui avait porté beaucoup d'intérêt compte tenu de la ville dont il venait.

Il m'expliqua qu'il existait une espèce d'organisation qui contrôlait l'espèce. Il fallait s'enregistrer après une transformation. A partir de là, l'organisation fournissait la nourriture pour éviter que la population ne se serve directement à la source. Ceux qui le voulaient pouvaient tout à fait s'en prendre aux humains, mais à plusieurs conditions : ils ne devaient pas tuer, et ils devaient faire en sorte que leur secret ne soit pas révélé. Ils ne devaient parler de ça à personne, sauf dans le cas d'une urgence vitale. Jimin avait eu une dérogation spéciale pour pouvoir me dire la vérité.

Un mois après tout ça, Jimin et moi étions heureux. J'avais encore du mal à m'habituer à ce qu'il était. Parfois, il me montrait ses canines pour me taquiner, il savait que ça me donnait des frissons. Mais il ne me fit jamais de mal. Je discutai longuement du cas Hoseok/Yoongi avec lui, et on en conclut qu'ils avaient besoin d'un coup de pouce. Alors on retourna au café où mon ami travaillait. On attendit qu'il vienne débarrasser nos tasses pour nous en aller. Je passai la porte du commerce en le fixant, alors que lui aussi me regardait, une enveloppe à la main. Je lui souris et lui fis signe pour lui faire comprendre qu'il devait lire.

"Les réponses à tes questions se trouvent au Canada. Utilise ce billet, et monte dans un avion. Je te promets qu'une fois là-bas, tu n'auras même pas besoin de remuer ciel et terre. Il te faudra juste un peu d'imagination."

En passant devant la vitrine, il me regardait toujours en agitant son billet d'avion dans la main gauche. Je lui fis un clin d'oeil et glissai ma main dans celle de Jimin. Elle était toujours aussi froide.


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Et voilà déjà le dix-septième jour de ce challenge. Le temps passe vraiment vite, il ne reste plus que 8 OS. J'espère que les derniers vous ont plu, et que les prochains vous plairont !

N'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé.


A demain pour le suivant !

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