chapitre 6
Comment est-il possible de ressentir autant de haine envers soi-même ? Je suis persuadé qu'aujourd'hui, une telle situation se déroulait sous mes yeux je giflerai l'agresseur. Et pourtant, l'agresseur c'est moi. Je me déteste.
Que s'est-il passé dans ma tête. Pourquoi ai-je fait tout ça !? Quand j'y pense, j'avais beau passer pour un jeune délinquant, même moi je n'en étais pas convaincu.
Certains disent que le monde ne tourne pas rond, qu'il est foutu jusqu'au trognon, mais le problème ce n'est pas n'est pas cette planète, mais les gens qui l'habitent. Les gens comme moi. Si les brutes comme moi n'existaient pas, jamais une personne ne serait morte, comme l'avait sous-entendu la jeune fille du bus, dans mon premier souvenir. J'ai tué quelqu'un.
Réaliser une chose pareille, c'est violent. Douloureux même. Mais d'un autre côté, ça semble atténué, lointain. En même temps, ça fait des dizaines années.
Je suis persuadé que les criminels doivent dérailler au bout d'un moment à cause du poids écrasant de la culpabilité. Mais alors, vais-je devenir fou ? Un sentiment d'apaisement m'envahit. Non, j'ai déjà perdu la tête. Il y a bien longtemps. À l'instant même où je me suis mis à faire du mal. C'est une sorte de punition, mais, quelque chose me dit que ça ne suffira pas être pardonné.
Sans trop savoir pourquoi, je saisi mon téléphone et compose le numéro de Mme Perret.
Une sonnerie retentit plusieurs fois, puis elle décroche.
- Allô ?
- Bonjour, c'est Victor. Victor Humbert.
- Bonjour ! Que me vaut cet appel ?
- J'ai réussi à me rappeler d'autre chose.
- Déjà ?!
Elle semble étonnée. Il faut dire qu'en à peine quelques jours, j'ai recouvré la mémoire par trois fois. Plus que durant l'ensemble des années précédentes.
- Vous souhaitez me raconter ? se reprend-t-elle.
- Oui, j'ai aussi une question à vous poser, c'est pour cela que je vous appelle.
- Je vous écoute.
Je lui raconte brièvement mon souvenir, ma peur de passer pour un faible devant Tim, mais aussi cette envie de l'impressionner. J'essaye de ne pas trop m'attarder coups que j'ai portés aux deux enfants, en parler de détruis intérieurement.
- ...Tim à passé son temps à m'utiliser pour faire ce que bon lui semblait, je conclue. Je ne dis pas que ça excuse tout ce que j'ai fait, mais me sens stupide d'avoir été manipulé comme ça.
- Ça ne m'étonne pas de lui, soupire la chercheuse.
Je fronce les sourcils. Quelque chose me dérange dans ses paroles. Je ne comprends pas tout de suite.
- Pardon !?
Elle ne répond pas immédiatement comme s'il elle venait de comprendre son erreur, puis elle s'exclame.
- Ce que je veux dire, c'est, par rapport à ce que vous m'avez raconté, c'est ainsi que l'imagine !
Non, elle ment. Elle savait tout. Elle a toujours tout su. Elle a même connu Tim. Tout s'expliquerait. Voilà pourquoi elle a toujours réussi à me faire mettre la main sur l'élément déclencheur. Et c'est aussi comme cela qu'elle a pu me poser des questions précises, m'aidant à me souvenir.
La seule chose que je saisi pas, c'est pourquoi. Elle aurait très bien pu me raconter tout ce qu'elle savait, alors pourquoi me l'avoir caché ?
Au fur et à mesure que je réfléchis, une théorie me glace les sangs. Et si elle était venue dans le but de se venger. Elle fait peut-être des nombreuses personnes dont j'ai fait de la vie un enfer. Son but est peut-être de me faire souffrir, en me forçant à me souvenir des pires de mes actes. Est-ce pour cela que tout ce que je me suis rappeler m'a détruit. C'est vrai que je n'ai eu aucune réminiscence heureuse.
- Je vous ai fait du mal, c'est ça ? Vous m'en voulez encore et c'est pour ça que vous êtes venue ?
Ma voix est vide. Je ne peux pas me permettre de m'énerver contre elle. C'est moi le fautif dans l'histoire. Je devrais la laisser se venger, mais j'ai peur. J'ai changé d'avis, je préfère rester dans l'ignorance.
- Je...
- Je suis vraiment désolé pour tout, la coupé-je. Adieu.
Je raccroche. C'est fini. Je n'arrive pas à y croire. Mme Perret, avec son habituel sourire, parfois fatigué. Était-ce car elle souriait pour de faux ? J'en suis persuadé. Mais et son inquiétude alors ? Celle-ci semblait bien réelle, pourtant. Ou alors c'est moi qui me suis fait des films. Ça doit être ça. J'ai trop voulu croire que l'on me voulait du bien, mais on ne peut que me haïr.
La sonnerie de mon téléphone retentit. Je n'ai pas besoin de vérifier pour savoir qui m'appelle. Je ne réponds pas, pensant qu'elle finira bien par abandonner.
Les minutes passent. Je fixe désormais l'appareil à chaque sonnerie avec crainte, redoutant qu'il sonne de nouveau, me demandant si elle lâchera l'affaire. Ce bruit est insupportable.
Je finis par me décider à décrocher. Je ne dis rien, la laissant parler en premier.
- Monsieur Humbert ? Enfin !
Elle semble soulagée. Je la laisse continuer.
- Écoutez, je suis désolée de ne pas vous avoir tout dit... Je n'ai pas bien compris pourquoi, mais vous avez l'air de penser que vous m'avez fait du mal par le passé, alors je vous arrête tout de suite. Vous ne m'avez jamais rien fait. Je vous assure que si je suis venue, c'est pour vous aider. C'était mon seul objectif.
- Pourquoi ne m'avoir rien dit, dans ce cas. Il aurait été bien plus facile de tout me raconter directement, non ?
- Je ne sais pas énormément de choses, je vous assure. J'ai seulement un peu connu Tim durant une partie de ma vie. C'est lui qui m'a parlé de vous.
Je reste méfiant.
- Qu'est-ce qui me dit que vous me dîtes la vérité ?
Elle ne répond pas immédiatement.
- Écoutez, vous avez toutes les raisons de ne pas me faire confiance. Si cela peut aider à vous convaincre, je peux vous expliquer la théorie dont je vous ai parlé tout à l'heure.
- Vous avez plutôt cherché à éviter le sujet. Je ne vous promets pas de vous croire à nouveau, mais allez-y.
- Bien. Est-ce que vous vous rappelez de ce que vous m'avez dit le jour de notre rencontre ?
Je prends un instant pour réfléchir.
- L'effet Pygmalion. C'est ça ?
- Oui. (Elle prend une inspiration avant de reprendre.) Vous m'aviez dit que ressentiez une sorte de malaise en y pensant. D'après-vous, serait-ce possible que ce soit à cause du fait que vous soyez vous-même sous l'influence de ce phénomène ?
- C'est-à-dire ?
- Je m'explique. Vous êtes persuadé d'être une brute n'est-ce pas ? Est-ce car on vous en a convaincu en vous le répétant maintes fois ?
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