Tome 3 : Chapitre 39
Point de vue de Roxanne Williams
La nuit était tombée depuis longtemps sur Volterra, mais le silence qui emplissait ma chambre ne m'apportait aucune paix. Assise sur le rebord de mon lit, je fixais un vieux cadre posé sur la commode. La photo à l'intérieur était légèrement usée, les couleurs un peu délavées, mais les souvenirs qu'elle évoquait restaient intacts.
C'était une image de ma famille et moi, prise peu avant mon départ en 2016. Nous souriions tous, insouciants, comme si l'avenir n'était qu'un champ ouvert de possibilités infinies. Pourtant, si j'avais su à quel point ma vie basculerait après cette photo, je me serais attardée plus longtemps sur chaque détail de ce moment.
Je pensai à ceux qui m'avaient élevée, à leur amour et leur patience, mais aussi à tout ce que je leur avais fait traverser. Depuis ce jour où j'étais devenue ce que je suis aujourd'hui, leur vie n'avait plus jamais été la même. Tant de larmes, de questions sans réponses, de nuits passées à prier pour un miracle... Je leur avais offert des montagnes russes d'émotions, et même si je leur étais reconnaissante pour leur résilience, une part de moi ne pouvait s'empêcher de ressentir de la culpabilité.
Mon esprit vagabonda ensuite vers Jennifer et Magalie, mes deux meilleures amies. Celles qui avaient toujours été là pour moi, depuis notre enfance. Leur rire résonnait encore dans ma mémoire, si vibrant, si réconfortant. Pourtant, leur absence était un poids que je portais chaque jour.
Elles étaient mortes ce soir-là, en deux milles seize, lorsque tout avait changé. L'attaque des nouveaux-nés, brutale et sanglante, les avait arrachées à ce monde. Moi aussi, j'aurais dû y rester. Mais la mort avait été remplacée par autre chose, par cette immortalité qui, parfois, semblait davantage une malédiction qu'un cadeau. Je leur avais survécu, mais à quel prix ? Leur perte était une cicatrice qui ne guérirait jamais.
Puis mes pensées revinrent à Alec. Mon Alec.
Malgré tout ce que j'avais vécu, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une immense gratitude d'être à ses côtés. Je passai en revue tout ce que je savais de lui, de son passé, des actions qu'il avait commises au fil des siècles. Je savais qu'il avait fait des choses terribles, mais chacune de ces actions portait la marque d'Aro, comme une ombre qui obscurcissait ses véritables intentions.
Il avait été manipulé, comme Jane, comme tous les autres membres du clan. Aro les avait utilisés pour son propre bénéfice, les façonnant en instruments de sa domination. Mais Alec restait Alec, et mon cœur refusait de le condamner pour les crimes qu'il avait commis sous influence. Je l'aimais, tout simplement, d'un amour sincère et entier, qui ne cherchait ni excuses ni justifications.
Une part de moi était soulagée qu'Aro ne puisse plus m'utiliser comme il avait utilisé tant d'autres. Il ne pouvait rien contre moi, et cela me donnait une force que peu dans ce clan pouvaient revendiquer.
Pourtant, mes pensées s'attardèrent sur Aro lui-même. Chaque souvenir que j'avais de lui était empreint de méchanceté et de mesquinerie. Il n'avait jamais connu une seule once de bonté dans sa longue vie. Tout ce qu'il avait accompli n'était motivé que par une quête insatiable de pouvoir.
Je repensai à son plus grand secret, celui que je portais désormais en moi. Le poids de cette vérité était immense, et la question tournait en boucle dans mon esprit : que devais-je en faire ? Quelle était la meilleure solution ?
Je fermai les yeux, laissant ces pensées tourbillonner en moi. Le cadre de la photo reposait toujours sur la commode, témoin silencieux de mes souvenirs et de mes réflexions.
Je me réinstallai sur mon lit, appuyée contre les oreillers, mes pensées dérivant vers les Cullen. Le souvenir de notre discussion lors du bal me revint en tête, aussi clair que si c'était hier. Ils étaient si différents des Volturi, et pourtant, nous partagions un désir commun : protéger ceux que nous aimions et vivre en paix.
Je baissai les yeux vers ma main, fixant mon alliance qui scintillait doucement à la lueur tamisée de la chambre. Un sourire tendre s'étira sur mes lèvres alors que je me remémorais cette soirée. Alec et moi, au centre de la piste de danse, entourés par l'éclat des lumières et les murmures admiratifs des invités.
Sa chanson résonnait encore dans mon esprit, chaque note imprégnée de la profondeur de ses sentiments pour moi. Il m'avait conduite dans une danse fluide et parfaite, son regard rivé au mien, comme si le monde entier s'était effacé pour ne laisser que nous deux. Puis était venue sa demande, douce et sincère.
Je relevai les yeux vers le plafond, laissant ces souvenirs réchauffer mon cœur. Alec avait changé ma vie, tout comme j'avais changé la sienne. Tout ce que je désirais désormais, c'était une longue et belle vie à ses côtés, entourée des gens que j'aimais.
Je pensai aux Cullen. Ils désiraient la même chose : une vie paisible, loin des conflits, où ils pourraient voir leur famille grandir et prospérer. Mais les Volturi, et plus particulièrement Aro et Caius, avaient d'autres plans depuis bien longtemps. La haine et l'envie les poussaient à souhaiter la fin des Cullen, une simple question de pouvoir.
Je serrai légèrement mon alliance, comme pour m'ancrer dans le moment présent. Mon regard se perdit dans la nuit étoilée à travers la fenêtre. Une envie irréfutable monta en moi : les revoir.
Pas seulement pour le plaisir de partager un instant avec eux, mais aussi pour discuter. Il y avait tant de choses à dire, tant de réflexions à échanger. La dernière fois, nos chemins s'étaient croisés sous une tension palpable. Cette fois, je voulais une vraie conversation, loin des enjeux politiques et des tensions.
Je me levai doucement pour fixer ma bibliothèque et les cahiers de notes que Carlisle m'avait remis peu avant le bal. La mémoire de ceux que j'avais perdus et l'amour pour ceux qui m'entouraient me donnaient la force de continuer et de me battre pour faire valoir la paix.
Je devais les revoir et leur parler.
Une détermination soudaine me saisit. Je me levai rapidement, mes gestes précis et fluides. Je m'approchai de mon bureau et pris mon sac à dos. Dedans, j'y glissai mon ordinateur, mes chargeurs, et surtout, les carnets de notes de Carlisle que j'avais soigneusement gardés. Ces carnets étaient inestimables : ils contenaient des secrets fascinants sur Dame Nature, ma condition, le monde des protectrices, ainsi que sur les pouvoirs de la nature et des éléments.
Je passai le sac sur mes épaules, m'assurant que tout était bien en place. Mon regard tomba sur Nyx, couché près du bureau, ses yeux mi-clos mais attentifs à chacun de mes mouvements. Je m'agenouillai à ses côtés et passai doucement ma main sur son pelage.
« Je reviens bientôt, mon beau, » murmurai-je avec tendresse.
Il émit un petit ronronnement, et je souris avant de m'assurer qu'il avait assez de nourriture et d'eau pour mon absence. Une fois cela fait, je me redressai et inspirai profondément, mon esprit s'emplissant d'images de la maison des Cullen.
Je pouvais presque sentir leur présence à travers les souvenirs que j'avais gardés d'eux. Une grande maison nichée au cœur de la forêt, lumineuse et accueillante malgré l'immensité de l'espace. Je fermai les yeux et me laissai envahir par cette image, par l'envie de les revoir, de discuter avec eux, de renouer les liens.
En une seconde, je sentis l'air changer autour de moi. Lorsque j'ouvris les yeux, je me trouvais devant leur porte d'entrée.
La maison était telle que je l'avais imaginée, comme figée dans le temps mais pleine de vie. Je pouvais entendre les voix à l'intérieur : Renesmee qui riait doucement alors qu'elle discutait avec Jacob, leurs murmures mêlés de complicité. Plus loin, les Cullen discutaient de leur quotidien, échangeant des nouvelles et des réflexions avec cette harmonie naturelle qui les caractérisait.
Je posai ma main sur la porte, hésitant un instant. Une douce chaleur m'envahit, et je savais que j'étais exactement là où je devais être.
Je frappai doucement à la porte, quelques coups précis qui résonnèrent dans le calme extérieur. Presque immédiatement, je vis Carlisle apparaître, élégant comme à son habitude. Son regard s'illumina de joie dès qu'il me vit, et un sourire chaleureux s'étira sur ses lèvres.
« Roxanne ! Quelle agréable surprise ! » s'exclama-t-il avec son ton habituel, à la fois charmant et professionnel. « Je n'ai même pas perçu ta présence ni ton arrivée ! »
Il ouvrit grand la porte pour m'inviter à entrer. Je franchis le seuil, posant le pied à l'intérieur de cette maison où régnait une ambiance à la fois paisible et vivante. J'étais vêtue simplement : un jean confortable, un chandail noir qui épousait ma silhouette, et mon pendentif qui reposait légèrement à ma nuque, comme un symbole discret de mon ancienne condition.
En avançant vers la cuisine, l'odeur d'un repas en préparation me parvint, mélange de saveurs humaines qui éveillaient des souvenirs lointains. Jacob, qui était appuyé contre le comptoir, se retourna au son de mes pas. Il me fixa un instant, ses yeux sombres scrutant mon visage comme pour lire mes intentions.
Puis, avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, une voix douce s'éleva, suivie d'un mouvement rapide.
« Roxanne ! »
Renesmee se leva de table d'un bond, un sourire radieux illuminant ses traits. Elle courut vers moi et, en un instant, se jeta dans mes bras pour me serrer dans une étreinte affectueuse. Je sentis la chaleur de sa joie, cette sincérité qui émanait toujours d'elle. Je lui rendis son câlin avec tendresse, mes mains effleurant ses boucles brunes.
« Ça fait tellement plaisir de te voir, Renesmee, » murmurai-je en esquissant un sourire.
« À ce qui parait tu n'es plus la marionnette des Volturi ? » Mentionna Jacob.
Je tournais le regard vers Jacob. « Je n'ai jamais été leur objet. Le sort a simplement fait que mon chemin a croisé le leur et que mon âme-soeur fait partie de leur clan. Cependant, je suis toujours aussi puissante et je peux m'occuper de toi si tu essaie de m'attaquer à nouveau. »
Derrière elle, je pouvais voir la famille de Carlisle commencer à s'approcher. Esmé fut la première, son sourire bienveillant et maternel éclairant son visage. Elle m'accueillit avec la même douceur qui semblait imprégner chacun de ses gestes. Puis vinrent Alice, Jasper, Rosalie et Emmett, tous portant des expressions variées, mais empreintes d'un mélange de curiosité et de chaleur.
Alors que je savourais les salutations chaleureuses des Cullen, une légère brise se fit sentir derrière moi, et je me retournai pour voir Bella et Edward apparaître dans l'encadrement de la porte. Tous deux souriaient doucement, leurs regards exprimant une sincère bienveillance.
« Roxanne, quel plaisir de te revoir, » dit Edward avec cette voix posée qui lui était propre, tandis que Bella hochait la tête, un léger sourire illuminant son visage.
Je les saluai avec respect, appréciant leur présence. Bella semblait rayonnante, et il était évident qu'elle avait trouvé son équilibre auprès d'Edward et de leur famille.
« Bella, Edward, » répondis-je avec chaleur, inclinant légèrement la tête.
Je pris place sur un des tabourets au comptoir, observant un instant la vie qui bouillonnait doucement dans cette maison. Jacob et Renesmee partageaient des éclats de rires légers à table, tandis qu'Esmé posait une assiette devant eux avec un sourire bienveillant.
« Alors, comment allez-vous ? » demandai-je, brisant le silence tout en posant mes coudes sur le comptoir. Edward croisa les bras et répondit calmement : « Les choses suivent leur cours. La routine, comme toujours. Nous sommes en train de planifier certaines choses comme la retraite officiel de Carlisle de l'Hôpital de Forks, trop de gens se posent de questions sur sa jeunesse irréfutable. On est en train d'organiser pour qu'il fasse des consultations à domicile. »
Bella ajouta, plus doucement : « Heureusement, les Volturi nous laissent en paix. »
Je souris en entendant cela, une pointe d'ironie dans mon expression. Je baissai un instant les yeux vers mon pendentif, le faisant tourner distraitement entre mes doigts.
« Je ne suis pas certaine que leur absence soit un hasard, » répondis-je en relevant les yeux. « Aro n'a pas tellement apprécié que je me porte garante pour vous il y a quelques semaines et que je les menace de tuer quiconque voudrait vous faire du mal. »
Tous les regards se tournèrent vers moi, une légère tension s'installant à cette mention. Je levai une main pour les apaiser et ajoutai, avec un sourire rassurant : « Mais, croyez-moi, maintenant que ma condition a changé, Aro sait parfaitement que je ne laisserais personne vous faire du mal et que cette promesse sera tenue. Il a eu de légers aperçus de ma nouvelle condition. »
Je vis un éclat d'étonnement dans les yeux de Bella, une reconnaissance silencieuse dans ceux d'Edward. Carlisle hocha la tête, son expression empreinte de gratitude et de respect.
« Nous sommes chanceux de t'avoir, Roxanne, » dit doucement Esmé.
« Non, » répondis-je en souriant. « C'est moi qui suis chanceuse de pouvoir compter sur vous tous. » Je laissai échapper un léger rire, levant les yeux pour croiser les regards curieux des Cullen. « Je crois avoir démontré aux Volturi, avec mes nouvelles capacités, qui est le plus puissant, » dis-je en croisant les bras, un sourire malicieux sur les lèvres.
Rosalie, toujours fascinée par le pouvoir, me scruta avec intérêt. « Et quelles sont ces capacités, exactement ? » demanda-t-elle, penchant légèrement la tête, son ton à la fois sceptique et intrigué.
Je pris une inspiration, cherchant mes mots. « Eh bien, l'une des choses que j'ai apprises à faire, c'est d'ancrer une âme décédée à la terre. Mon ex, Maxime... vous savez, celui dont j'ai mis fin à la vie lorsque j'étais vampire... »
Rosalie haussa un sourcil, attentive.
« J'ai trouvé un moyen de l'attacher à la Terre, » poursuivis-je. « Aujourd'hui, il peut parler à sa famille, voir les gens qu'il aime et achever ce qu'il n'avait pas pu terminer avant sa mort. Tout cela, pour enfin trouver la paix. »
Un silence respectueux s'installa, puis Esmé murmura doucement : « C'est magnifique, Roxanne. C'est une belle façon de te faire pardonner auprès de lui. »
Je hochai la tête avec reconnaissance avant de poursuivre. « Ce n'est qu'une partie. Je peux aussi me connecter aux âmes des êtres autour de moi et les comprendre dans leur intégralité, comme si j'étais eux. Cela me permet de discerner leurs intentions, de savoir s'ils sont bons ou mauvais au plus profond d'eux-mêmes et de tout savoir d'eux. Cela va plus loin que lire les pensées, c'est lire l'âme dans son entièreté. C'est grâce à cela que je connais mieux le clan dans lequel je suis. »
Emmett, toujours avide de récits palpitants, éclata d'un rire amusé et planta son regard sur moi, son sourire béat trahissant son excitation. « Et qu'est-ce que t'as appris sur tes chers 'maîtres tout-puissants' ? Allez, donne-nous toutes les nouvelles croustillantes ! »
Je ne pus m'empêcher de sourire à son enthousiasme. « D'accord, mais attachez vos ceintures, » plaisantai-je avant de plonger dans mon récit.
Je leur racontai les débuts des Volturi, expliquant comment Aro avait rencontré Marcus et Caius. « À l'époque, ils n'étaient que des vampires ambitieux, rêvant de pouvoir. Marcus, lui, tomba profondément amoureux de la demi-sœur d'Aro, Didyme. Tous les deux avaient prévu de fuir ensemble, loin de Volterra, pour vivre leur vie de couple. Mais Aro... »
Je fis une pause dramatique, les observant. « Aro a tué sa propre sœur pour empêcher Marcus de partir. Il voulait garder Marcus à ses côtés parce que son don était trop précieux. »
Un murmure d'incrédulité parcourut la pièce. Bella semblait bouleversée, tandis qu'Edward, les sourcils froncés, analysait mes paroles. « Et Marcus n'a jamais su qui avait tué Didyme, » ajoutai-je. « C'est le plus grand secret d'Aro depuis des millénaires. Il laisse Marcus vivre avec cette peine et cette douleur sans se soucier réellement de lui. »
Je posai mes mains sur le comptoir, mon ton se durcissant. « Et si un jour Aro menace ma famille ou les gens que j'aime, je n'hésiterai pas à utiliser ce secret contre lui. »
Emmett siffla doucement, impressionné. « C'est une sacrée carte à jouer, Roxanne. »
Je hochai la tête, un éclat déterminé dans les yeux. « Aro veut contrôler le monde des vampires. Il veut être le plus puissant. Mais moi, je suis là pour rétablir la paix. C'est ma mission, et je ne le laisserai pas faire. Rien ne peux plus m'atteindre maintenant et je sais que ça l'affecte de ne pas pouvoir me contrôler. »
Alors que mes paroles résonnaient encore dans la pièce, je sentis une présence discrète s'approcher. Alice, toujours légère comme une plume, s'avança avec une hésitation inhabituelle dans ses gestes.
« Roxanne... » murmura-t-elle doucement, sa voix presque timide.
Je tournai la tête vers elle, intriguée. « Oui, Alice ? »
Elle leva ses yeux pétillants vers moi, ses mains croisées devant elle. « Est-ce que... est-ce que tu pourrais me rendre un service ? »
Son ton m'intriguait. Je penchai légèrement la tête, curieuse. « Bien sûr, Alice. Qu'est-ce que tu veux ? » Alice me fixe avec gêne. « Pourrais-tu sonder mon âme et m'aider à compléter les casse-tête nombreux de ma vie passée ? Je ne me souviens de rien sauf mon réveil en immortelle et la vie que je me suis créer par la suite. Peut-être qu'avec ton don cela pourrait enfin fonctionner. »
Je regarde Alice et lui dis d'un ton sérieux : « Alice, tu dois savoir que si je t'aide à retrouver ton passé, tu pourrais découvrir des choses difficiles, peut-être même douloureuses. Cela risque de te rendre triste... »
Elle croise mon regard avec une détermination calme et me répond : « J'ai besoin de réponses. Je veux savoir qui j'étais, ce que j'ai vécu. Je dois combler ce vide. J'ai fais beaucoup de recherches sur mon passé et je n'ai trouvé que des fragments mais rien d'absolument sûr qui confirme que c'est réellement moi. »
J'hésite une seconde avant d'accepter. Jasper intervient, expliquant que c'est l'un des plus grands désirs d'Alice depuis des décennies : reconstituer les pièces manquantes de son histoire. Je me tourne alors vers elle et lui demande doucement de s'installer.
Alice s'installa doucement, ses doigts entrelacés dans les miens alors que les membres de sa famille l'observaient sans rien dire. Son regard profond reflétait une mélancolie rare, une sorte de nostalgie pour une vie qu'elle n'avait jamais pu connaître. Je fermai les yeux et pris une profonde inspiration, entrant en méditation pour m'ouvrir à son essence, à la recherche des fragments de son passé. « Cela pourrait être compliqué, mais je vais faire de mon mieux pour remonter le fil de ta mémoire et je ferais en sorte de te connecter à ces souvenirs perdus. »
Je ferme les yeux, laissant mes pensées s'apaiser pour me connecter à son essence profonde. Très vite, je suis aspirée dans une vision, une plongée dans son passé. Nous sommes en mille neuf cent un, à Biloxi, dans le Mississippi. Alice vient de naître dans une famille de classe moyenne. Son père, joaillier et négociant en perles, voyage fréquemment. Sa mère, une femme douce et attentionnée, s'occupe du foyer et élève Alice avec amour. Dès son enfance, Alice manifeste des prémonitions, des éclairs de clairvoyance qui intriguent et effraient.
En mille neuf cent dix, Alice accueillit une petite sœur dans sa famille. Dès que sa mère tomba enceinte, Alice eut une vision claire : elle prédit avec une certitude enfantine que le bébé serait une fille en parfaite santé. Elle confia cette prémonition à sa mère, qui, bien qu'étonnée, se réjouit profondément à l'idée d'avoir une deuxième fille. Le jour de la naissance, lorsque la vision d'Alice se réalisa, la maison fut remplie de joie. Sa mère, émue, serra Alice contre elle, la remerciant d'avoir partagé cette nouvelle réconfortante qui avait illuminé ses mois de grossesse.
Adolescente, ses visions provoquaient des tensions dans son entourage. Deux fois, elle tenta de prévenir des êtres chers d'un danger imminent, mais ses avertissements furent ignorés. Quand ses prédictions se réalisaient, elle était injustement accusée d'être responsable, traitée de « sorcière » par les habitants superstitieux de la ville. Une de ses visions les plus terribles lui révèle la mort prochaine de sa mère, assassinée par un inconnu. Bien qu'elle prévienne sa mère, les précautions prises s'estompent avec le temps, et la tragédie finit par se produire. Alice tente de dénoncer ce meurtre, mais son père, la fait taire.
Quelques mois plus tard, son père se remarie avec une femme froide et calculatrice. Alice soupçonne cette union d'être liée à la mort de sa mère. Ses soupçons attisent la colère de son père, qui la punit sévèrement. Les visions continuent de hanter Alice. L'une d'elles dévoile un complot contre sa propre vie : son père et l'assassin de sa mère prévoient de la faire disparaître. Désespérée, elle cherche refuge auprès de ses proches, mais ils la rejettent, l'accusant d'être à l'origine des malheurs de la famille. Finalement, son père la fait interner dans un asile psychiatrique sous prétexte de folie le quinze mars de l'année milles neuf cent vingt.
À l'asile, Alice endure des traitements inhumains, notamment des électrochocs, qui effacent ses souvenirs mais n'éteignent pas sa lumière intérieure. Un vampire bienveillant, travaillant secrètement à l'asile, veille sur elle. Il perçoit son don exceptionnel et devient une figure protectrice, se liant d'amitié avec elle.
Au fil des semaines qu'elle passe à l'asile, Alice tente de réconforter sa camarade de chambre, une femme brisée par les traitements incessants. Chaque nuit, elle murmure des paroles d'espoir, s'efforçant d'être un rayon de lumière dans cet enfer. Pourtant, Alice sent également les effets destructeurs des traitements sur elle-même : sa mémoire s'efface, des pans entiers de son passé sombrant dans un néant inquiétant. Résolue à ne pas oublier qui elle est, ni l'amour de sa mère et de sa sœur, Alice se fixe un défi. Chaque jour, elle écrit et relit frénétiquement des notes sur elle-même, retraçant son histoire, ses souvenirs, et l'essence de son être. Mais malgré ses efforts, elle sent ses souvenirs glisser entre ses doigts comme du sable, son esprit cédant un peu plus à l'oubli avec chaque traitement.
Un jour, Alice a une vision terrifiante : un traqueur nommé James s'apprête à la chasser. Le vampire découvrant cette vision alors qu'Alice se le répète à elle-même essayant de se convaincre qu'elle n'est pas folle décide de la faire sortir de l'asile pour lui venir en aide, en dernier recours il fait le choix de la transformer pour la sauver, en venant même à sacrifier sa propre vie pour la protéger. Lorsque Alice se réveille, elle est devenue une vampire, mais tous ses souvenirs humains ont disparu, emportés par la douleur et le venin. Elle ne se souvient que de son prénom : Alice.
Sa première vision en tant que vampire est celle de Jasper Whitlock, son âme sœur, et de leur avenir avec la famille Cullen. Guidée par cette vision, elle commence à maîtriser sa soif et adopte un mode de vie végétarien. Des années plus tard, en mille neuf cent quarante-huit, elle rencontre Jasper dans un restaurant de Philadelphie, comme elle l'avait prévu. Les deux rejoignent les Cullen en mille neuf cent cinquante, se mariant peu après. Alice se forge une place au sein de cette famille, développant des relations profondes avec chacun, en particulier Edward, qui comprend les défis liés à son don.
Quand je reviens à moi, Alice fixe devant elle en soupirant de surprise, mais un sourire éclaire son visage. Elle murmure : « Merci... merci de m'avoir permis de retrouver ces fragments de moi. Maintenant, je sais enfin d'où je viens. Les éléments que j'avais trouvé concordent avec mon passé. Je m'appelais Mary Alice Brandon. J'avais une petite sœur qui s'appelait Cynthia. Sa fille, ma nièce, est toujours en vie à Biloxi... J'ai épluché tous les vieux journaux sur microfiches. Ma famille n'était pas souvent mentionnée ; elle ne faisait pas partie du cercle social qui faisait l'objet des journaux. Les fiançailles de mes parents y étaient mentionnées, ainsi que celles de Cynthia. Ma naissance y était annoncée... et ma mort. J'ai trouvé ce que je croyais être ma tombe. J'ai également dérobé mes feuilles d'admission dans les archives d'un ancien asile. La date de l'admission et la date de ma pierre tombale sont les mêmes. Je n'ai jamais été réellement sûre que cette Alice Brandon était moi mais tu viens de me permettre de le confirmer... »
Je lui serre doucement la main, émue par la force qu'elle a montrée pour affronter ce passé difficile. Je lui fais un immense câlin et elle me serre dans ses bras.
« Merci énormément Roxanne, c'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire. »
Je remerciais Alice de m'avoir fait confiance pour lui montrer son passé et lui souhaitais de trouver enfin une paix intérieure en découvrant tout d'elle-même. À mesure que les souvenirs défilaient en moi, j'avais réussi à lever la barrière imposée par les traitements psychiatriques qu'elle avait subis. Je lui avais redonné accès à ce passé tant convoité.
Tournant mon regard vers Edward, je remarquai qu'il n'avait rien manqué du passé d'Alice ni de mon don en action à travers les pensées d'Alice, celui-ci n'ayant plus accès à mes pensées. Il m'adressa un léger sourire, et à travers ses pensées, je percevais son émerveillement face à mes capacités. Il trouvait fascinant d'avoir été témoin d'une telle démonstration.
Je me tournais ensuite vers Carlisle et lui faisais part de mes doutes : « Croyez-vous qu'il serait judicieux de révéler le secret d'Aro ? Je ne sais pas si c'est une décision juste... »
Carlisle, pensif, répondit avec franchise : « Avec tout ce que les Volturi ont fait, ce serait une marque d'honnêteté. Cependant, tu devrais le faire de la bonne façon, et surtout, t'assurer d'abord de la sécurité de ta famille. Si ce secret venait à mettre ta famille en danger, rien ne t'oblige à le révéler. » Ses mots faisaient écho dans mon esprit lorsque, soudain, j'entendis une voix familière résonner : celle de Maxime.
« Roxanne ! Roxanne ! Est-ce que tu peux m'entendre ? »
Je restais figée un instant avant de tourner mon regard vers les Cullen. « Maxime a besoin de moi, » déclarai-je, avant de claquer des doigts pour le faire apparaître dans la pièce.
Maxime semblait préoccupé et me chercha du regard, dès qu'il me vit, il lâcha un soupir. Il s'approcha rapidement de moi, presque en panique. « Roxanne, tout ne se passe pas bien avec mon père. Il ne semble pas prêt à accepter que je sois un esprit. J'ai l'impression de le faire encore plus souffrir. S'il te plaît, aide-moi à le calmer. Mon frère est seul avec lui en ce moment et il pourrait se passer des choses regrettables. »
Je hochai la tête, décidée à l'aider. « Je vais revenir dans quelques instants, » dis-je aux Cullen. Je laissai mes affaires sur place, ne prenant avec moi que mon téléphone et mon portefeuille. Je pris la main de Maxime et lui demandai mentalement où il souhaitait que nous allions. Je voyais déjà l'adresse de son père dans ses pensées.
Fermant les yeux, je nous transportai immédiatement à destination. À peine arrivés, je me penchai instinctivement pour éviter une chaise qui volait à travers la pièce. Un jeune homme criait, sa voix chargée d'émotions incontrôlables.
Le père de Maxime, debout au centre de la pièce, criait de désespoir : « Je n'y crois pas ! Tout ça, c'est une mascarade pour me faire encore plus souffrir ! Mon fils est mort, vous entendez ?! Mort ! Et maintenant, vous jouez avec mes émotions ! »
Josh, le frère de Maxime, tenta de le calmer, sa voix tremblant légèrement : « Papa, arrête ! Tu dois écouter. Regarde autour de toi, il se passe quelque chose que tu ne comprends pas, mais ça ne veut pas dire que c'est faux ! »
Je levai ma main d'un geste rapide. D'un seul coup, le père et le frère de Maxime furent projetés contre le mur, immobilisés par une force invisible. Leur regard était empreint d'un mélange de peur et de surprise.
« Silence, » dis-je d'une voix ferme mais calme. « Vous allez vous calmer immédiatement. »
Je m'approchai lentement du père de Maxime. Ses larmes coulaient le long de son visage, et son souffle était irrégulier. Je posai une main rassurante sur son épaule, le forçant à me regarder droit dans les yeux. Il tenta de détourner le regard, mais mes doigts se resserrèrent légèrement, le maintenant face à moi.
« Qui êtes-vous ? » murmura-t-il d'une voix rauque.
« Je suis ici pour réparer mes torts, » répondis-je doucement, mais avec une détermination qui ne laissait aucun doute sur mes intentions.
Je plongeai mon regard dans le sien, établissant une connexion profonde avec son esprit. À cet instant, je pris doucement mais fermement le contrôle de ses pensées.
« Écoutez-moi bien, » déclarai-je, ma voix s'infiltrant dans les méandres de son esprit. « Vous devez reprendre votre vie en main. Trouvez un bon travail. Faites le deuil de votre fils, Maxime, et acceptez qu'il est désormais un esprit. Il est ici aujourd'hui pour renouer avec vous, même pour un court instant. Votre écoute et votre compréhension l'aiderons à trouver la paix. »
Sa respiration ralentit tandis que mes paroles s'enracinaient profondément dans son subconscient. « Apprenez à mieux contrôler vos émotions. Soyez présent pour le fils qui vous reste, pour Josh. Arrêtez de boire et de vous droguer. Transformez-vous en un homme meilleur, pour vous et pour votre famille. Votre femme bien qu'elle soit partie trop tôt est en paix et ne souffre plus, elle voudrait que vous soyez un meilleur homme et un meilleur père. »
Je sentis une résistance au début, mais peu à peu, ses traits se détendirent. Les larmes continuèrent de couler, mais il hochait la tête comme s'il comprenait enfin. Je relâchai ma prise mentale et me redressai. Le père de Maxime restait silencieux, son regard désormais empreint de paix, mais aussi de détermination. Josh, toujours collé au mur, observait la scène, sidéré.
« Je vais vous libérer maintenant, » lui dis-je en levant la main à nouveau. Il retombait doucement au sol, les jambes tremblantes.
Maxime, qui observait tout depuis un coin de la pièce, s'approcha lentement de son père. Une émotion intense envahit la pièce alors qu'il lui murmura : « Papa, je suis toujours là. Même si je ne suis plus comme avant, je t'aime. »
Je me téléportai face à Josh, toujours immobilisé contre le mur, son corps tremblant de peur. Ses yeux cherchaient à éviter les miens, mais je lui pris le visage entre mes mains, l'obligeant à me regarder. « Maintenant, c'est ton tour, » dis-je d'une voix calme mais assurée.
Je plongeai à nouveau dans l'esprit de celui qui se trouvait devant moi. Là, dans les tréfonds de son âme, je ressentis une tristesse dévorante, un sentiment d'abandon, et le poids de trop nombreux regrets.
« Écoute-moi bien, Josh, » dis-je alors que mes mots s'imprimaient directement dans ses pensées. « Il est temps de te libérer de ce fardeau. Reprends ta vie en main. Ne laisse plus la consommation et le désespoir te définir. Fais le deuil de ta mère et de ton frère, et décide de bâtir une vie meilleure. Une vie dont tu seras fier. »
Je maintins le contact visuel jusqu'à ce que je sente un changement en lui. Le poids semblait se lever peu à peu, et sa respiration, bien que haletante, devenait plus régulière.
Je relâchai ma prise et il tomba doucement au sol, s'essuyant les larmes. Il leva les yeux vers moi, et je vis autre chose que de la peur ou de la douleur dans son regard. « La douleur est partie, » murmura-t-il, abasourdi. « Je n'ai plus mal au fond de moi. »
Je lui souris doucement et me tournai vers Maxime, qui observait tout avec une émotion visible sur son visage translucide. « Je crois que maintenant, tu peux avoir une discussion saine avec les deux, » lui dis-je, ma voix teintée de douceur. « Prends le temps qu'il te faut. »
Je me retournai vers le père de Maxime, dont les yeux étaient toujours rougis par les pleurs. Pendant que je prenais le contrôle de son esprit, j'avais perçu plus qu'un simple désespoir émotionnel. J'avais vu les lourdes chaînes des dettes qui l'étouffaient, son stress permanent, et son incapacité à voir une issue.
D'un simple claquement de doigts, je décidai d'alléger son fardeau. Je fis disparaître toutes ses dettes, et pour m'assurer qu'il pourrait recommencer sur de bonnes bases, je claquai à nouveau des doigts. Un mystérieux montant de cent mille dollars apparut dans son compte bancaire, un capital pour repartir à neuf. Je l'observai alors qu'il recevait inconsciemment ce cadeau. Ses traits, autrefois crispés par l'angoisse, se détendirent. Une étincelle d'espoir commençait à briller dans ses yeux alors que je lui fis prendre conscience du cadeau que je lui offrais à lui et son fils Josh malgré tout ce que j'avais pu lui prendre par le passé.
Je pris une profonde inspiration, ressentant la satisfaction d'avoir accompli ce que je pouvais pour cette famille. Aider à réparer ce que j'avais brisé, en les guidant vers une vie meilleure, était ma manière d'expier les torts que j'avais causés en leur enlevant Maxime. Je posai une main légère sur l'épaule de Maxime avant de lui murmurer : « Tu vois, ils vont aller mieux maintenant. Une nouvelle vie et plus aucune dette. C'est ton moment. Fais-leur sentir que tu es là pour eux. »
Maxime hocha la tête, un sourire doux sur ses lèvres, tandis qu'il s'avançait vers son père et son frère. Une nouvelle lumière semblait illuminer la pièce, comme si la douleur et la colère qui y régnaient auparavant s'étaient enfin dissipées. Je claquais des doigts et la seconde suivante la maison était complètement propre et il n'y avait plus rien de cassé. Je restai un instant pour observer la scène, sachant que je venais de réaliser une prouesse qui dépassait toute logique. Mais au fond de moi, je savais que c'était la chose juste à faire.
De retour auprès des Cullen, je pris place près de Rosalie, qui m'accueillit d'un regard curieux mais sans jugement. L'atmosphère était détendue, bien que la curiosité flottât encore dans l'air après mon départ précipité.
« J'ai réglé la situation, » commençai-je, brisant le silence. « J'ai offert un meilleur avenir à cette famille que j'avais détruite. Leur douleur s'est apaisée, et ils pourront recommencer sur de nouvelles bases. »
Je racontai brièvement ce que j'avais fait : libérer le père de ses dettes, offrir un nouveau départ, et insuffler une lueur d'espoir là où il n'y avait que ténèbres. Tout en parlant, je sentais les regards de Carlisle, d'Esme, et d'Emmett, emplis d'intérêt et d'une certaine admiration pour mes choix.
Je levai ensuite les yeux vers Edward, qui m'observait intensément.
« Écoutez, » dis-je, d'un ton plus sérieux, « Je vais devoir accomplir des actions qui pourraient fortement déplaire à mon clan. Mais sachez une chose : jamais je ne ferai quoi que ce soit qui pourrait causer des problèmes à votre famille. »
Edward hocha légèrement la tête, un mélange de compréhension et de prudence dans son regard. Il ne parlait pas, mais ses pensées étaient claires pour moi.
« Si vous souhaitez rester à Forks, » continuai-je en balayant la pièce du regard, m'adressant à tous, « si vous aimez cet endroit et cette vie que vous avez construite ici, dites-le-moi. Je ferai en sorte que les habitants de Forks ne se posent plus jamais de questions sur votre éternelle jeunesse. »
Rosalie, qui était restée silencieuse jusque-là, esquissa un sourire en coin, presque imperceptible. Carlisle croisa ses mains devant lui, réfléchissant à mes paroles, tandis qu'Esme, toujours bienveillante, murmura : « Ce que tu proposes est généreux. Mais nous ne voulons pas te mettre dans une position qui pourrait t'exposer ou te causer du tort. Tu nous as déjà suffisement offert avec cette belle capacité de sortir au soleil. »
« Ne vous inquiétez pas, » répondis-je fermement. « Ce serait un acte simple pour moi, et cela vous garantirait la paix dont vous avez besoin. » Edward, qui avait écouté en silence, finit par s'exprimer : « Nous devrons en discuter ensemble, mais ton offre est appréciée. Ce que tu fais, Roxanne, dépasse les attentes que quiconque pourrait avoir envers toi. »
Je souris légèrement, reconnaissante de leurs paroles. Mais au fond de moi, je savais que le chemin que j'avais choisi d'emprunter allait me confronter à des décisions encore plus difficiles. C'était un prix que j'étais prête à payer pour faire ce qui était juste.
Point de vue D'Aro Volturi
Dans mes appartements sombres, éclairés seulement par les chandelles qui projetaient des ombres vacillantes sur les murs de pierre, je marchais nerveusement, mes pensées en ébullition. La colère montait en moi à chaque pas. Roxanne avait de nouveau quitté la demeure sans avertir quiconque. Cette fois, elle n'avait même pas pris la peine de masquer son absence.
Je m'arrêtai brusquement, mes mains se refermant en poings. Ma femme, Sulpicia, observait calmement depuis son siège, sa silhouette élégante baignant dans une lumière dorée. Elle avait ce regard perçant, celui qui voyait au-delà des mots et des apparences. À ses côtés, Caius restait silencieux, mais je savais que mon agitation l'inquiétait.
« Elle va où elle veut, quand elle veut, » dis-je enfin, ma voix tremblante de frustration. « À présent qu'elle est dans cette nouvelle condition, elle n'est plus liée par les limites qui la retenait autrefois. »
Je me tournai vers Sulpicia, cherchant dans son regard une lueur de réconfort ou une solution, mais elle ne fit que maintenir son calme imperturbable.
« Et si elle décide de quitter pour de bon ? » continuai-je, plus doucement cette fois, mes pensées prenant un tour plus sombre. « Si elle ressent le désir de partir... Alec la suivra. Je ne peux me permettre de perdre Alec. Pas lui. Et si Alec veut partir, sa jumelle va le suivre. »
Sans un mot, je dirigeai mon regard vers Caius, cherchant son soutien. Lui, mon frère d'armes et de pouvoir, celui sur qui j'avais toujours pu compter pour agir avec férocité et détermination. Mais cette fois, il détourna légèrement les yeux, comme pour éviter le poids de ma demande implicite.
Il comprit cependant immédiatement à quoi je faisais allusion, et après un silence lourd, il répondit enfin, sa voix grave résonnant dans la pièce.
« Aro, cela ne sera pas possible. Nous ne pouvons pas... reproduire cela. Pas avec elle. » Il fit une pause, choisissant ses mots avec une prudence inhabituelle. « Pour être honnête, je me sens moi-même désarmé face à cette situation. Roxanne est puissante, plus que nous ne l'aurions imaginé. Pour une fois, je choisis de ne pas m'impliquer. Je refuse de mettre ma vie, ou celle d'Athénodora, en danger. J'y ait beaucoup réfléchit, je ne lui veux aucun mal, je veux simplement qu'elle ne nous cause aucun problème. »
Je le fixai, le silence s'étirant entre nous. C'était la première fois en plusieurs millénaires que Caius refusait si catégoriquement de prendre part à une situation critique. Sa posture rigide trahissait une décision mûrement réfléchie, mais c'était une décision que je ne pouvais accepter facilement.
Alors que Sulpicia et Caius continuaient à me regarder en silence, je sentais mon esprit s'emballer, cherchant frénétiquement une solution. Si je ne pouvais pas la contrôler directement, je devais au moins savoir ce qu'elle faisait, où elle allait, et quelles étaient ses intentions.
« Nous devons surveiller chacun de ses mouvements, » murmurai-je enfin, comme pour moi-même. « Trouver une manière subtile mais efficace de savoir si elle nourrit des intentions qui pourraient nous nuire... »
Caius arqua un sourcil, comme pour protester, mais je levai la main pour le faire taire.
« Si elle devient une menace, même indirecte, nous devons être préparés. Pas pour agir imprudemment, mais pour protéger ce que nous avons construit. »
Sulpicia se leva alors, s'avançant vers moi. Elle posa une main légère sur mon bras, son expression toujours impassible mais empreinte d'une froide détermination.
« Aro, si elle est aussi puissante que tu le dis, peut-être est-il temps de réfléchir à une approche différente. La force brute ou les manipulations directes pourraient ne pas suffire cette fois. »
Ses paroles restèrent en suspens, et je me retrouvai à méditer sur cette vérité troublante. Roxanne, avec son indépendance et son pouvoir, représentait un défi inédit pour notre clan. Et pourtant, quelque part au fond de moi, une partie plus insidieuse de mon esprit murmurait : chaque être a une faiblesse, une faille. Il ne restait qu'à la découvrir.
Je fixai Sulpicia, ses mots résonnant dans mon esprit alors qu'elle poursuivait, sa voix douce mais ferme. « Aro, réfléchis un instant, » dit-elle en croisant mes mains dans les siennes, son regard empreint de sagesse. « Roxanne est peut-être différente aujourd'hui, avec ces nouveaux dons et cette condition divine. Mais cela ne signifie pas qu'elle est devenue une menace. Tout ce qu'elle souhaite, c'est vivre en paix avec Alec et être heureuse. Elle n'a jamais montré d'intentions malveillantes envers nous. Si tu continues de voir en elle une adversaire potentielle, tu risques de la pousser à devenir ce que tu redoutes le plus. »
Ses paroles, bien que pleines de vérité, étaient difficiles à accepter. Je me détournai, arpentant à nouveau la pièce, le regard rivé sur le sol.
« Sulpicia, je comprends ton point de vue, » dis-je enfin, ma voix plus posée. « Mais j'ai passé des millénaires à bâtir cet empire. Chaque pierre de Volterra, chaque allégeance, chaque loi a été façonnée avec soin. Je ne peux pas me permettre de tout risquer sur l'hypothèse qu'une enfant devenue déesse choisira de rester pacifique. »
Sulpicia sourit légèrement, mais elle garda son calme. « Aro, je ne te demande pas d'ignorer les risques, mais d'essayer une approche différente. Roxanne n'est plus cette jeune vampire impétueuse qui se rebellait uniquement pour protéger les siens. Elle est douce, aimante, et profondément attachée à Alec. Tu l'as vu toi-même dans mes pensées lors de cette soirée où nous avons choisi nos tenues pour le bal. Elle était radieuse, uniquement préoccupée par le bonheur de ceux qu'elle aime. Si tu choisis de jouer franc jeu avec elle, tu pourrais découvrir qu'elle n'a jamais eu l'intention de te défier. »
Je fronçai les sourcils, repensant aux souvenirs de cette soirée. Il était vrai que Roxanne avait semblé si... simple, presque humaine dans ses gestes et ses émotions. Mais cela était avant qu'elle ne devienne une déesse.
« Oui, mais tout cela était avant, » rétorquai-je, un brin d'amertume dans la voix. « Avant qu'elle ne transcende sa condition. Maintenant, elle pourrait nous effacer d'un simple geste si elle le voulait. Elle n'a plus de limites, Sulpicia. Son pouvoir dépasse tout ce que nous avons jamais vu. »
Sulpicia hocha doucement la tête. « Et pourtant, malgré ce pouvoir, ses sentiments n'ont pas changé. Elle aime Alec avec la même intensité, et elle chérira toujours ceux qui comptent pour elle. Tu le sais. Pourquoi ne pas tenter une autre voie ? Pourquoi ne pas lui offrir ce qu'elle désire, c'est-à-dire la liberté et le respect ? Si elle se sent acceptée, peut-être n'aura-t-elle jamais l'envie ni le besoin de nous défier. »
Je la regardai intensément, mes pensées tourbillonnant entre méfiance et raison.
« Je ne sais pas si cela fonctionnera, » admis-je avec un soupir. « Roxanne est imprévisible. Je me souviens encore de ses menaces lorsqu'elle était vampire. Elle avait juré d'éliminer quiconque ferait du mal aux siens. Et maintenant, avec cette puissance divine... Elle pourrait nous détruire à tout moment si elle le souhaitait. »
Sulpicia posa une main apaisante sur mon bras, mais son regard s'assombrit légèrement, comme si elle pesait chaque mot qu'elle s'apprêtait à prononcer.
« Justement, c'est pour cela que tu dois changer d'approche, Aro, » dit-elle doucement, mais avec une pointe de fermeté. « La peur et le contrôle ne feront que la pousser à se retourner contre toi. Montre-lui que tu n'es pas son ennemi. Fais-lui confiance. Peut-être découvriras-tu que cette confiance te sera rendue. »
Elle s'arrêta un instant, puis ajouta, sa voix à peine plus qu'un murmure : « Toi-même, tu te vengerais de tout ton cœur si tu trouvais qui a mis fin à la vie de Didyme, je ne me trompe pas ? »
Ses mots frappèrent comme un éclair. Je me figeai, sentant mon souffle se suspendre un instant. Mon regard se posa sur elle, mais elle ne détourna pas les yeux, soutenant mon regard avec une douceur empreinte de compréhension. Elle ne savait pas. Elle ignorait le poids qui me pesait sur les épaules depuis si longtemps, ce secret que je gardais enfoui au plus profond de moi.
Je la fixai sans un mot, incapable de répondre. Mon esprit était un tumulte de souvenirs, de regrets et de douleurs soigneusement dissimulées. Elle ne savait pas. Et pourtant, ses mots avaient touché juste, perçant l'armure que j'avais construite autour de moi. Mon regard fixa brièvement Caïus qui savait tout.
Je détournai finalement le regard, incapable de soutenir plus longtemps cette vérité implicite qui venait d'éclater entre nous. Sulpicia resta silencieuse, mais je sentais son soutien, sa présence apaisante.
Peut-être avait-elle raison. Peut-être Roxanne méritait-elle une autre approche. Mais comment pouvais-je agir sans trahir tout ce que je m'étais juré de protéger, tout ce que j'avais bâti ? Et surtout, pouvais-je vraiment abandonner le contrôle, sachant ce qui était arrivé à Didyme lorsque je n'avais pas su prévoir l'inévitable ?
Ce poids, ce secret, restait là, écrasant mon esprit alors que je continuais à réfléchir à ce que l'avenir pourrait réserver.
Je laissai ses paroles s'imprégner en moi, fixant le vide devant moi alors que mes pensées se mélangeaient. Une approche différente. Une autre manière de gérer la situation. Peut-être fallait-il que je fasse le choix le plus difficile pour moi : relâcher un peu de ce contrôle si soigneusement cultivé pendant tant d'années. Mais pouvais-je vraiment risquer cela ?
Point de Vue de Caïus Volturi
Installé dans mes appartements, le calme ambiant semblait étrangement apaisant, bien que mon esprit soit en pleine ébullition. Athenodora était là, près de moi, sa présence réconfortante comme toujours. Je la regardais, un sourire léger aux lèvres, admirant la grâce naturelle qu'elle dégageait même dans les moments les plus simples.
« Que penses-tu de Roxanne ? » lui demandai-je doucement, brisant le silence.
Elle leva les yeux vers moi, un éclat chaleureux dans son regard. « Je l'adore, » répondit-elle sans hésitation. « Elle est une âme rare, douce et attentionnée. Une des plus gentilles que j'aie jamais rencontrées. »
Je hochai la tête, réfléchissant à ses mots. « Et pourtant, elle m'inquiète, » avouai-je finalement. « Sa puissance est immense, et maintenant qu'elle est libre de toute entrave, il n'y a rien qu'elle ne puisse pas faire. »
Athenodora posa une main sur la mienne, son toucher rassurant. « Caius, elle ne ferait jamais de mal à quelqu'un sans raison. Roxanne ne se bat que pour se défendre ou protéger ceux qu'elle aime. »
Je laissai échapper un soupir. « Mais comment puis-je en être sûr ? Aro est inquiet, et je dois avouer que je partage ses craintes bien que je ne souhaite pas m'impliquer dans les mêmes actions que lui. Si elle décidait de se retourner contre nous, je veux ta sécurité avant tout... »
« Elle ne le fera pas, » m'interrompit doucement Athenodora. « Je l'ai observée, tout comme toi. Roxanne veut simplement la paix et le bonheur pour les gens qu'elle aime. Elle est sincère. Elle m'a même parlé de sa famille, de l'amour qu'elle porte à Alec et des liens qu'elle chérit. Crois-moi, si tu restes honnête avec elle, si tu joues franc jeu, elle n'aura jamais de mauvaises intentions envers toi. »
Je restai silencieux un moment, absorbé par ses paroles. Mon épouse était souvent la voix de la raison, une ancre dans ma mer de doutes. « Tu crois donc qu'il n'y a rien à craindre ? » demandai-je finalement.
Athenodora hocha la tête. « J'en suis convaincue. Elle veut simplement être heureuse et vivre en paix. Si nous respectons cela, elle n'aura aucune raison de se dresser contre nous. »
Je serrai doucement sa main, appréciant sa sagesse et sa confiance. Peut-être avait-elle raison. Peut-être que la clé pour maintenir l'équilibre résidait non pas dans la crainte, mais dans la confiance et la transparence.
Pourtant, au fond de moi, une petite voix continuait à murmurer ses doutes. Le poids de nos siècles de pouvoir et les trahisons que nous avions endurées rendaient difficile l'abandon complet de cette méfiance. Mais pour Athenodora, et pour la paix que je désirais moi-même, je me promis d'essayer.
« Il serait donc judicieux que je discute avec elle. »
Point de Vue de Roxanne Williams
De retour dans ma chambre après une longue journée en forêt avec les Cullen, je ressens un sentiment de légèreté. Cela faisait du bien de rire, de discuter et de passer du temps avec eux, loin de toute tension ou responsabilité. Pourtant, une petite part de moi avait hâte de rentrer pour retrouver Alec, sa présence étant mon ancrage dans ce monde complexe.
En fermant la porte derrière moi, je posai mon sac au sol et balayai la pièce du regard. Mon attention fut immédiatement attirée par un objet inhabituel posé sur mon bureau : un carton rouge. Intriguée, je m'approchai lentement. Il était soigneusement déposé, comme si son emplacement avait été calculé pour capter mon attention dès mon arrivée.
Je pris le carton entre mes doigts, son poids léger contrastant avec le sérieux de son apparence. Une écriture soignée ornait la surface :
Mademoiselle Roxanne,
Je souhaiterais avoir l'honneur de m'entretenir avec vous à votre convenance.
- Caïus
Mes sourcils se froncèrent alors que je relisais la note, incrédule. Caïus ? Pourquoi Caïus voudrait-il me parler ? Il n'avait jamais montré un réel intérêt pour moi par le passé. Nous avions toujours gardé une certaine distance respectueuse l'un envers l'autre, et je ne pouvais pas me rappeler d'une seule fois où il m'avait adressé une telle requête.
Je posai la note sur le bureau, me laissant tomber doucement sur le bord de mon lit, mes pensées tourbillonnant. Une partie de moi se demandait s'il s'agissait d'un message officiel, quelque chose de lié à la politique ou aux responsabilités du clan. Mais une autre partie, plus méfiante, craignait une manœuvre calculée, une tentative d'exercer une quelconque influence ou de sonder mes intentions.
Je passai une main dans mes cheveux, un soupir m'échappant. Pourquoi maintenant ? Avait-il appris quelque chose qui l'avait poussé à m'approcher ? Était-ce lié à ma nouvelle condition ? Ou pire, à Alec ?
Mes pensées s'assombrirent brièvement à cette idée. Alec était ma priorité, mon amour, mon pilier. S'il arrivait quoi que ce soit qui puisse le mettre en danger, je ne me le pardonnerais jamais. Prenant une profonde inspiration, je me redressai. Peu importe ce que Caius avait en tête, je devais garder mon calme et rester maîtresse de moi-même. S'il cherchait à me provoquer ou à tester mes limites, je ne lui donnerais pas cette satisfaction.
Je me levai, mes pas m'amenant de nouveau près de mon bureau. Je fixai le carton rouge, mon reflet brouillé visible dans son éclat lisse.
« Très bien, Caius Volturi, » murmurai-je à moi-même, déterminée. « Voyons ce que vous avez à me dire. »
Je fis le choix de me téléporter devant les appartements de Caïus, certaine qu'il s'y trouvait. Je frappai quelques coups à la porte, le carton encore en main. Lorsqu'il ouvrit, je le fixai droit dans les yeux.
« J'ai reçu votre note. »
Il s'effaça légèrement pour m'inviter à entrer, un geste qui me surprit, car cela n'était jamais arrivé auparavant.
Je m'avançai prudemment, la méfiance toujours présente, mais dès que mes yeux se posèrent sur Athenodora, je me détendis un peu. Elle m'adressa un sourire chaleureux, ce qui eut un effet apaisant. Derrière moi, je remarquai que Caïus refermait soigneusement la porte avant de déclarer d'une voix douce :
« Cela nous offrira une certaine confidentialité. »
Je m'installai sur le canapé près d'Athenodora, son regard rassurant me guidant à travers l'étrangeté de cette situation. Elle était assise avec une grâce naturelle, ses mains posées sur ses genoux, m'observant avec une douceur qui semblait presque inhabituelle dans un lieu aussi solennel.
Caïus vint s'asseoir non loin de nous, son visage grave mais curieusement dépourvu de l'arrogance habituelle qui caractérisait ses interactions. Après un instant de silence, il croisa ses mains devant lui et commença à parler.
« Roxanne, permettez-moi de vous confier une partie de mon passé. Il y a fort longtemps, Aro et moi étions jeunes et déterminés. Notre vision du monde était ambitieuse, peut-être même téméraire. Nous avons vu dans la chaos et l'anarchie du monde des immortels un besoin urgent d'ordre, de stabilité. Ensemble, nous avons forgé ce qui allait devenir le clan Volturi, non pas par pur désir de domination, mais pour instaurer une paix durable dans le monde des immortels. »
Sa voix était calme, mais chaque mot semblait chargé du poids des siècles.
« La route fut longue, semée de batailles et de sacrifices. Nous avons dû prendre des décisions difficiles, certaines que je regrette encore aujourd'hui. Mais tout cela, je l'ai fait pour préserver un équilibre, un ordre qui empêche notre monde de sombrer dans le désastre. »
Je l'écoutais avec attention, mes doigts jouant distraitement avec un pli sur mon chandail. Ce n'était pas souvent que Caïus s'exprimait ainsi, et encore moins avec une sincérité aussi palpable. « Et pourtant, » poursuivit-il, « je me demande parfois si tout cela en valait la peine. Tant d'ennemis, tant de vies détruites... et toujours cette peur que tout puisse s'effondrer en un instant. »
Je relevai le regard vers lui, voyant une lueur d'humanité cachée derrière son masque d'autorité. « Je comprends vos craintes, Caïus. » Ma voix était douce mais ferme. « Moi aussi, je veux un monde où règne la paix. Pas seulement pour les immortels, mais pour tous ceux que j'aime. Je n'ai jamais cherché à détruire quoi que ce soit. Tout ce que je fais, je le fais pour protéger ceux qui me sont chers. »
Athenodora posa une main légère sur mon bras, comme pour souligner mes paroles. Caïus me fixa longuement, comme s'il cherchait à déceler la moindre trace de duplicité dans mes intentions.
« Vos paroles sont sincères, » admit-il finalement. « Et c'est précisément pour cela que je souhaitais vous parler. Votre pouvoir, votre liberté nouvelle, sont autant une bénédiction qu'une source d'inquiétude. Mais peut-être que, vous et moi, nous pourrions travailler ensemble et se créer une alliance... pour assurer que cette paix perdure. »
Je hochai la tête, réfléchissant à ses mots, tandis qu'un étrange sentiment naissait dans cette pièce où régnait une sérénité inhabituelle.
Je pris un instant pour réfléchir à ses paroles, le regard posé sur mes mains jointes. Puis, je relevai les yeux pour croiser les siens, déterminée à exprimer clairement ma position.
« Caïus, je crois qu'il est important que vous compreniez quelque chose. Je ne suis pas ici pour bâtir une alliance, ni pour imposer quoi que ce soit. Je n'ai jamais eu l'intention de semer la discorde ou de mettre en péril ce que vous avez construit avec Aro. Ce que je souhaite, c'est une vie paisible. Pas de guerre, pas de trahison. Seulement la liberté d'être avec ceux que j'aime et de leur offrir un monde dans lequel ils peuvent être heureux. »
Mes paroles résonnèrent dans le silence qui suivit. Caïus se redressa légèrement, ses yeux s'assombrissant comme s'il réfléchissait intensément à mes mots. Puis il hocha lentement la tête avant de répondre.
« Je vois. Peut-être que le terme alliance n'était pas le bon. » Sa voix était plus douce cette fois, moins distante. « Ce que je veux, Roxanne, c'est simplement que nous puissions nous entendre. Je ne vous souhaite aucun mal, et je tiens à croire que vous ne nourrissez aucune intention de détruire tout ce qu'Aro et moi avons construit. »
Son regard se tourna un instant vers Athenodora, comme pour trouver du soutien dans les traits apaisants de sa femme, avant de revenir sur moi. « Ma famille, mon couple... ce sont les choses les plus précieuses que j'ai. Elles sont ma raison de tout cela, ma motivation pour maintenir ce que nous avons bâti. J'aimerais que les choses restent ainsi, dans un équilibre fragile mais nécessaire. »
Je sentais dans sa voix un mélange d'honnêteté et de peur. C'était une facette de Caïus que je n'avais encore jamais vue, et elle m'intriguait profondément. Alors que j'observais ses traits et que je plongeais dans son regard sans rien dire je pouvais perçevoir qu'il était complètement honnête à mon égard.
« Alors je vais être honnête avec vous, » reprit-il, son ton devenant plus grave. « Je suis prêt à vous faire confiance, mais j'ai besoin de savoir... pouvez-vous me rendre cette confiance ? Pouvez-vous être honnête avec moi, Roxanne autant que je le serais avec vous ? Que vous soyez une membre efficace de notre clan en qui nous pouvons avoir confiance. Vous êtes la compagne d'Alec et nous souhaitons vous compter parmi cette famille compliquée sans qu'il n'y ait aucun problème. »
Le poids de sa question flotta dans l'air, et je pris un instant pour rassembler mes pensées.
« Je ne suis pas une menace pour votre famille, Caïus. Je n'ai jamais cherché à l'être. Oui, je suis différente à présent, mais cela ne change pas mes valeurs, ni mon amour pour les miens. Je ne demande rien d'autre que de vivre en paix. » Je marquai une pause, croisant son regard pour qu'il sente la sincérité dans mes paroles. « Si vous êtes honnête envers moi, alors je vous rendrai cette honnêteté. Mais comprenez bien une chose : ma loyauté appartient à ceux qui m'aiment et me respectent. Je ne peux rien promettre d'autre. Mes sens sont plus accrues maintenant, rien ne peut m'être caché et rien ne m'échappe. Ni même les dernières conversations que vous avez eu avec Aro dans ses appartements. Ces murs ne sont plus efficaces avec moi, ni même votre être entier ne peut se cacher à moi désormais. Cela est maintenant une de mes capacités nombreuses. J'ai entendue ce que vous aviez à dire aujourd'hui, je ressens de l'honnêteté. J'arrive également à perçevoir la discussion que vous avez eu avec Aro aujourd'hui et je perçois votre position à travers cela. Je compte également m'entretenir avec Aro pour voir si ce qu'il dégagera sera honnête ou non. »
Caïus sembla peser mes paroles, son expression passant de la méfiance à une forme de résignation.
« Je suppose que c'est tout ce que je pouvais espérer, » dit-il finalement, ses épaules s'abaissant légèrement comme si un poids venait de se relâcher. Je me relevais debout en le fixant dans les yeux et je le forçais mentalement à ne pas détacher son regard du mien.
« Je vous prierais de ne pas communiquer avec Aro avant que je le fasse, je souhaite avoir sa version des choses. Je pourrais très bien vous hypnotiser pour vous forcer à garder ce que nous nous sommes dit ici mais je compte sur votre confiance. »
Athenodora posa sa main sur la sienne, et il tourna son regard vers elle. Elle lui offrit un sourire doux, presque complice.
« Tu vois, Caïus ? » dit-elle doucement. « Roxanne ne veut que la paix. Peut-être que pour une fois, il serait bon de lui accorder le bénéfice du doute. »
Un silence confortable s'installa, et je sentis une étrange chaleur dans cette pièce qui avait toujours semblé froide et intimidante.
« Merci, » dis-je doucement, en regardant à la fois Caïus et Athenodora. « Je sais que ce n'est pas facile pour vous, et je respecte cet effort. Je sais que les vieilles habitudes ont la vie dure. »
Caïus hocha la tête, un semblant de sourire flottant sur ses lèvres.
« Nous verrons ce que l'avenir nous réserve, je pourrais essayer de convaincre Aro de vous faire confiance. Il me fait confiance. » conclut-il, une note de prudence toujours présente dans sa voix, mais mêlée d'une touche d'espoir.
Je me levai doucement du canapé, prête à quitter la pièce. Mais alors que je posais la main sur la poignée de la porte, une idée traversa mon esprit. Je me retournai pour faire face à Caïus et Athenodora, un léger sourire sur les lèvres.
« Pour ce détail, je vais gérer à ma façon. Avant de partir, laissez-moi vous offrir quelque chose. »
Caïus fronça légèrement les sourcils, intrigué, tandis qu'Athenodora m'observait avec bienveillance.
Je me tournai pleinement vers lui, réfléchissant à ce que je m'apprêtais à faire. Lors de ma dernière lecture de son esprit dans la grande salle, j'avais perçu un désir profondément enfoui en lui, une aspiration presque douloureuse qu'il n'avait jamais osé exprimer pleinement. Malgré sa position au sein des Volturi, malgré sa puissance et son influence, Caïus avait toujours ressenti une différence, un éloignement subtil mais présent vis-à-vis de ses frères. Marcus, avec sa bonté naturelle et son don exceptionnel ressentant les liens, et Aro, capable de lire chaque pensée enfouie. Caïus, lui, se voyait à part, privé d'une pièce essentielle à son propre puzzle.
Je m'approchai lentement de lui, mes pas légers mais déterminés.
« Caïus, » dis-je doucement, « je veux vous offrir quelque chose qui, je pense, vous est destiné. Un cadeau pour remercier votre honnêteté et pour reconnaître ce que vous avez accompli. Ce n'est pas facile pour quelqu'un de plusieurs millénaires de s'affranchir de son mode de pensées habituel pour s'ouvrir à de nouveaux horizons. »
Caïus me fixait sans rien dire. Je posai mes mains sur le haut de ses épaules près de sa nuque, et à l'instant où mes paumes touchèrent sa peau, il s'exclama soudain, surpris : « Vos mains sont brûlantes ! »
Je fermai les yeux, me concentrant sur l'énergie qui circulait en moi, la modelant selon ce que je savais être juste pour lui. Une chaleur douce, presque bienveillante, émanait de mes mains, se diffusant en lui comme une rivière de lumière.
Lorsque je retirai mes mains, Caïus me fixait avec un mélange d'émerveillement et d'inquiétude. « Qu'avez-vous fait ? » demanda-t-il, sa voix teintée d'un étonnement qu'il ne cherchait pas à dissimuler. Je lui adressai un sourire apaisant avant de répondre :
« Je vous ai transmis un don. Désormais, vous possédez, comme vos frères, une capacité unique. » Son regard s'assombrit légèrement, empli de curiosité. Il n'arrivait pas à y croire.
« Un don ? Lequel ? » Demanda-t-il doucement.
Je pris une profonde inspiration avant d'expliquer : « Votre don est fidèle à l'image que vous démontrez aux gens autour de vous, Caïus. Il s'apparente un peu à celui de Jane, que vous avez toujours admiré. Mais le vôtre est façonné autour des cauchemars et de la peur. Désormais, vous pourrez faire ressentir à vos ennemis leurs pires cauchemars, les plonger dans des illusions si réelles qu'ils croiront assister à leurs propres terreurs. Leurs peurs deviendront palpables, visibles, comme si elles se déroulaient devant leurs yeux. »
Un silence lourd s'installa dans la pièce. Caïus semblait absorbé par mes paroles, les assimilant lentement. Puis, un sourire rare, presque béat, se dessina sur son visage.
« C'est... extraordinaire, » murmura-t-il, la gratitude transparaissant dans son ton. « Je... je ne sais comment vous remercier. »
Je hochai doucement la tête.
« Il n'y a pas de dette entre nous, Caïus. Ce don est simplement une manière de vous remercier pour votre honnêteté et de reconnaître votre place au sein de votre famille. Cependant, je peux toujours retirer ce don si je doute de votre honnêteté. »
Athenodora se leva et posa une main sur l'épaule de son mari, un sourire attendri sur ses lèvres. « Je savais que vous étiez spéciale, Roxanne. Mais cela... cela dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer. » Je souris en retour, adressant un dernier regard à Caïus avant de quitter les appartements, le laissant avec son bonheur renouvelé et une force nouvelle à explorer. Athenodora et Sulpicia n'avaient pas de don également, il fallait que je pense à ce qui les représentait, cela pourrait être une belle attention envers elles.
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Coucou tout le monde ! J'espère que vous avez apprécier ce chapitre !
10850 mots rien que pour vous ! Joyeuse fin d'Année 2024 !
Aujourd'hui c'est l'anniversaire d'une de mes deux nièces, Océane. Elle a treize ans déjà !
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