Tome 3 : Chapitre 38

Point de Vue de Roxanne Williams

Alec et moi nous trouvions dans un petit jardin niché dans la cour arrière, un endroit qu'il ne m'avait jamais montré auparavant. L'endroit portait encore les traces de l'hiver, mais la neige avait fondu, révélant des parcelles de terre sombre et fertile. Avec soin et intention, j'avais partagé de mon énergie avec la terre, insufflant une nouvelle vie aux plantes autour de nous.

Des bourgeons timides avaient commencé à apparaitre, des arbustres revenaient de nouveau à la vie et les fleurs qui semblaient autrefois condamnées renaissaient, ajoutant une touche de couleur et d'espoir à ce coin caché. Alec observait en silence, sa main effleurant la mienne, un mélange d'admiration et de curiosité dans son regard. Le soleil baignait le jardin dans une lumière dorée, ses derniers rayons caressant doucement les fleurs sauvages qui dansaient au gré d'une brise légère.

Alec était assis à côté de moi sur un banc de pierre, sa main effleurant la mienne. Il n'avait pas besoin de parler pour que je ressente sa présence rassurante. Le silence entre nous était confortable, presque sacré, alors que nous observions la nature qui s'endormait doucement.

« C'est apaisant ici, » murmura Alec, sa voix grave mais douce. « Ce jardin... il te ressemble. »

Je souris faiblement, mon regard fixé sur un bouquet de lavande. Pourtant, une lourdeur persistait dans mon cœur, un poids que même cette sérénité ne pouvait alléger. Maxime ne quittait pas mes pensées. L'idée qu'il soit peut-être encore quelque part, coincé entre deux mondes, me hantait. Avais-je réellement échoué à lui offrir une chance de paix ?

Je laissai échapper un soupir, posant ma tête contre l'épaule d'Alec. Il déposa un baiser léger sur mes cheveux, un geste plein de tendresse. « Tu réfléchis encore à lui, n'est-ce pas ? »

Je hochai la tête, incapable de mentir. « J'ai l'impression de l'avoir abandonné. J'aurais dû faire plus... trouver un moyen de vraiment l'aider. C'est par ma faute qu'il est mort aujourd'hui, je lui dois bien la possibilité de trouver la paix. »

Alec resta silencieux un moment, son regard se perdant dans le coucher de soleil. « Tu as fait ce que tu pouvais, Roxanne. Parfois, on ne peut pas réparer tout ce qui est brisé, même avec les meilleures intentions. »

Son pragmatisme, bien qu'honnête, ne me consolait pas. Je fermai les yeux, essayant de trouver un semblant de paix dans le murmure des feuilles et le chant lointain des oiseaux.

Puis, soudain, je le sentis.

C'était comme une vague chaude et familière qui traversa mon être, une énergie que je reconnaîtrais entre mille. Mon souffle se coupa, et mes yeux s'ouvrirent brusquement. L'air autour de moi semblait vibrer, chargé d'une tension électrique que seul L'énergie de Maxime pouvait expliquer.

« Roxanne ? » demanda Alec, sa voix teintée d'inquiétude.

Je me levai lentement, mes sens en alerte. « Je... je ressens quelque chose. »

Mon regard balaya le jardin, cherchant l'origine de cette énergie. Le soleil avait presque disparu derrière l'horizon, laissant place à une lumière diffuse et orangée qui peignait le paysage d'une teinte irréelle.

« C'est lui, Alec, » murmurai-je, ma voix à peine audible.

Alec se leva à son tour, ses yeux perçant scrutant les environs. « Tu es sûre ? »

Je fermai les yeux, me concentrant sur cette sensation. Ce n'était pas seulement une présence vague ou une réminiscence : c'était Maxime, ou du moins une partie de lui. Une chaleur douce, teintée de mélancolie, émanait de l'air autour de moi, enveloppant mon esprit comme un murmure silencieux.

« Oui, » soufflai-je. « Il est là. »

Je fis un pas en avant, guidée par cette énergie. Elle semblait m'appeler, m'entourer, mais toujours hors de portée. Mon cœur battait à tout rompre, partagé entre l'espoir et l'appréhension.

« Maxime, » murmurais-je, comme si le simple fait de dire son nom pouvait le faire apparaître.

Le vent s'éleva légèrement, portant avec lui une odeur familière, celle des jours où tout était encore simple entre nous. Des souvenirs affluèrent : son rire, son sourire, et ce regard qui m'avait tant aimé autrefois.

« Je ne sais pas où tu es, ni ce que tu traverses, mais je vais te trouver, » promis-je à voix basse.

Alec posa une main sur mon épaule, son soutien silencieux me rappelant que je n'étais pas seule dans cette quête. Je tournai la tête vers lui, lisant dans ses yeux une compréhension profonde, bien qu'il n'ait jamais partagé ce lien particulier avec Maxime.

« Nous allons te trouver, » murmura-t-il, comme pour renforcer ma résolution.

Alors que le dernier rayon de soleil disparaissait, laissant place à la pénombre, l'énergie s'estompa doucement, comme une caresse qui s'éloigne. Mais cette fois, je n'étais pas seulement troublée : j'étais déterminée.

Maxime était là, quelque part. Et je ferais tout pour lui offrir ce qu'il méritait vraiment, que ce soit la paix ou une nouvelle vie.

Le souffle léger du vent caressait mon visage, sentant cette énergie familière qui m'appelait, presque comme une empreinte laissée sur le monde. Je levai les yeux, et mon regard fut attiré vers le mur de pierre à l'ombre du jardin. L'énergie de Maxime était là, distincte, vibrante, une silhouette éthérée dont l'intensité me bouleversa.

Sans réfléchir, je me téléportai en un instant, apparaissant directement devant le mur. Mes genoux touchèrent la terre, et ma main, presque tremblante, se posa sur le mur rugueux. Un murmure franchit mes lèvres, à peine audible. Je fermais les yeux et tentait de me connecter à cette énergie pour pouvoir la percevoir.

« Je veux te voir, Maxime. »

La seconde suivante, une sorte de vague énergétique me traversa et fit une vibration face à moi. une forme se matérialisa devant moi. Il s'agissait de Maxime, comme s'il avait toujours été là, attendant cet appel. Son visage était empreint d'émotions brutes, son regard brillant de larmes silencieuses qui roulaient doucement sur ses joues. Il fixait vers le sol mais il leva doucement son regard vers le mien. Il se tenait accroupi vers le sol.

Il ne bougea pas, me fixant avec une intensité qui transperça mon âme. Ces yeux, qui autrefois reflétaient amour et joie, n'étaient désormais que le miroir d'une douleur que je connaissais trop bien. Je ne pouvais détourner le regard, et une vague de tristesse monta en moi, envahissant chaque fibre de mon être.

Je sentis mes propres yeux s'embuer alors que je m'asseyais près de lui, le poids de mes choix et des conséquences que je lui avais infligées pesant lourdement sur mon cœur. Je ne pouvais pas fuir cette douleur, et je ne voulais pas. C'était à moi d'affronter cela, d'être là pour lui, maintenant, malgré tout.

« Maxime... » murmurai-je, ma voix à peine audible, brisée par l'émotion. « Je suis désolée... tellement désolée... »

Sa poitrine se souleva dans un souffle tremblant, et sa voix, brisée par la fatigue et l'émotion, brisa enfin le silence.

« Roxanne... je n'en peux plus d'être seul... » Sa voix vacilla, un mélange de douleur et de désespoir. « Tu ne peux pas imaginer ce que c'est... de ne ressentir que le froid, là-bas... Tout ce qui faisait de moi un humain me manque. La chaleur... les câlins... » Ses mots s'étouffèrent dans un sanglot qu'il tenta de retenir.

Je le fixai, incapable de parler, alors qu'il continuait, chaque mot me poignardant un peu plus profondément. Je pouvais ressentir ce froid glacial dont il parlait, il se trouvait tout autour de lui comme s'il était dans une bulle à part des êtres vivants.

« La vie me manque, Roxanne. Les petits instants, les rires, les choses simples. Tout ce qui faisait que j'étais vivant. Ça me manque tellement. » Son regard se perdit un instant dans le vide, comme s'il se remémorait des souvenirs qui lui échappaient déjà. « Je suis épuisé... tellement fatigué de n'être qu'une ombre... »

Je sentis une larme rouler sur ma joue, mon cœur se déchirant à chaque mot qu'il prononçait.

« Maxime... » Ma voix se brisa. Je posai ma main sur le sol près de lui, m'accrochant à l'idée que je pourrais le réconforter, l'aider d'une quelconque manière. « Je vais trouver un moyen. Je te le promets. »

Il tourna les yeux vers moi, et malgré les larmes qui continuaient de couler, un faible sourire apparut sur son visage, empreint de gratitude et de douleur.

Les larmes continuaient de couler sur les joues de Maxime, creusant des sillons silencieux dans son visage marqué par le désespoir. Il me fixait avec une intensité presque insoutenable, sa voix brisée et tremblante s'élevant dans l'air chargé d'émotions.

« Je veux revenir à la vie, Roxanne... Je ne peux plus supporter ça. Être seul de l'autre côté... Ressentir seulement le froid. J'ai besoin de chaleur, de contact, de sentir à nouveau des sensations. La vie me manque, ma famille me manque. Tout ce qui faisait de moi un humain me manque. »

Sa confession me transperça. La douleur dans sa voix était un poids écrasant sur ma conscience. Je le regardai, absorbant ses paroles, son désespoir, ses besoins si humains. Et pour la première fois depuis qu'il était apparu devant moi, je ne savais pas quoi répondre.

Revenir à la vie... Cette idée semblait si impossible, et pourtant, n'était-ce pas pour cela qu'il était revenu ? Une âme cherchant une seconde chance, refusant de se perdre à jamais dans le néant glacé de l'au-delà. Je ne pouvais pas dire que cela était impossible alors que j'étais revenue à la vie de si nombreuses fois.

Je détournai les yeux un instant, plongeant dans mes pensées. Est-ce que c'était seulement envisageable dans le cas de Maxime ? Son corps, détruit depuis des années, ne pourrait jamais être récupéré. Chaque particule de son ancienne existence physique avait disparu, emportée par le temps et la terre. Mais son âme, elle, était là, présente, vibrante, une flamme vacillante dans l'obscurité.

« Maxime, » murmurai-je, presque hésitante, « pour revenir à la vie... il faudrait que je trouve une manière de te ramener dans ton corps. Mais je ne sais pas si c'est possible. Ton corps... il n'existe plus. »

Il détourna le regard, un sanglot étouffé s'échappant de sa gorge. Je vis ses mains trembler, comme s'il tentait de saisir quelque chose, n'importe quoi, pour ne pas sombrer.
« Alors, je suis condamné à ça ? » souffla-t-il. « À errer, sans jamais ressentir ? À ne plus jamais être entier ? »

Son désespoir se mêlait à ma propre culpabilité. Je n'avais jamais imaginé que sa mort pourrait engendrer une souffrance aussi profonde et prolongée. Je réfléchissais encore, cherchant une lueur de solution dans cette mer de désolation.

« Maxime... » dis-je doucement, fixant le sol, « tu es une âme sans corps. Peut-être que la solution serait de trouver... l'inverse. »

Je levai les yeux pour le regarder. Il cligna des paupières, confus. « L'inverse ? » Sa voix était un mélange d'incrédulité et d'espoir fragile.

« Oui, » continuai-je, plus assurée. « Un corps sans âme. Une enveloppe vide qui pourrait te contenir. Je ne sais pas, je lance cette idée comme ça. »

Maxime me scrutait maintenant, une lueur de compréhension se formant dans son regard. Mais elle était teintée d'un doute amer.

« Tu veux dire... habiter un autre corps ? » demanda-t-il, sa voix hésitante.

Je hochai la tête, le cœur lourd.

« Oui. Mais... ce ne serait pas le tien. Ton corps a été détruit depuis des années. Il n'en reste plus rien, pas même une trace. »

Il ferma les yeux, et un long silence s'installa entre nous. Son souffle - ou ce qui s'en approcha - était erratique, comme s'il essayait d'accepter cette réalité. « Alors je ne pourrais jamais être... moi, vraiment ? »

Je n'avais pas de réponse facile à lui offrir. Tout ce que je savais, c'était que je devais au moins essayer. Pour lui, pour apaiser cette souffrance qui me déchirait. Je devais me faire pardonner auprès de lui.

Je tendis les mains vers Maxime, mes doigts tremblants d'émotion. Lorsqu'ils entrèrent en contact avec les siens, un frisson étrange me traversa. Ses mains n'avaient ni chaleur ni substance. Elles étaient comme une ombre immatérielle, une illusion fragile que mes doigts tentaient désespérément de saisir mais je ne ressentais absolument rien sauf la vague d'énergie qui émanait de lui. Pourtant, je continuais à les tenir, ou du moins à prétendre que je le pouvais.

Je fermai les yeux, tentant de calmer mon esprit en ébullition, et me concentrai sur l'énergie environnante. Puis, doucement, je cherchai à me connecter au réseau vivant de Dame Nature. J'avais besoin de conseils, de forces supérieures pour m'aider à comprendre comment réparer l'irréparable.

Dans l'obscurité de ma méditation, une lumière douce m'enveloppa, et je me retrouvai soudain entourée de mes sœurs, ces âmes lumineuses qui m'avaient guidée depuis toujours. Elles étaient presque toutes là, formant un cercle autour de moi, leurs visages empreints de bienveillance et de sagesse.

« Roxanne, » murmura Chloé, l'une d'entre elles, sa voix douce résonnant dans mon esprit. « Nous t'écoutons. Qu'as-tu sur le cœur ? »

Je laissai échapper un soupir tremblant, le poids de ma culpabilité se déversant dans mes paroles.

« J'ai fait une terrible erreur... » commençai-je, ma voix brisée. « Dans mon état de vampire, mes émotions étaient amplifiées et déformées. La colère, la douleur, la trahison... tout était si intense. Et dans cette tempête, j'ai mis fin à la vie de quelqu'un qui avait compté pour moi. Maxime, mon ancien copain. »

Mes yeux s'embuèrent, mais je continuai, la gorge serrée. « Il est là, maintenant. Une âme sans repos, emprisonnée entre deux mondes. Et je ne peux pas supporter de le voir souffrir ainsi. J'aimerais trouver une façon de lui redonner la vie, de réparer ce que j'ai détruit. Je voudrais tenter de loger son âme dans le corps d'une personne qui vient de mourir et que Maxime puisse vivre la vie de cette personne. »

Chloé ferma les yeux un instant, comme si elle sondait mon esprit et mes intentions. Puis elle s'approcha, posant une main lumineuse sur mon épaule. « Ta volonté de réparer tes torts est noble, Roxanne, mais ramener une âme dans un corps est une entreprise risquée. »

Je la fixai, attendant ses explications. « Si tu trouves un corps sans âme et que tu y places l'esprit de Maxime, cela pourrait causer des conflits. Le corps pourrait rejeter son esprit. Ou pire... si le corps appartient à quelqu'un qui n'est pas prêt à partir, cette union pourrait engendrer une instabilité entre les deux âmes. »

Je frissonnai en entendant ses paroles. Les conséquences me semblaient déjà terrifiantes.
« Alors que faire ? » demandai-je, ma voix emplie de détresse.

Chloé me regarda avec une tendresse infinie. « Il existe une autre voie, moins risquée, mais qui nécessitera de l'équilibre. Nous pourrions ancrer une partie de l'esprit de Maxime à la terre, lui offrir une connexion au monde des vivants sans qu'il y soit complètement ramené. Il resterait en partie dans l'au-delà, mais son essence pourrait interagir avec ce monde. Il pourrait ressentir, observer, et être proche des êtres vivants, tout en conservant une paix relative dans l'autre plan, celui de l'au-delà. »

Je considérai ses paroles avec attention. Cette solution semblait plus douce, plus naturelle, mais une part de moi hésitait encore. « Mais cela veut dire qu'il ne reviendra jamais entièrement, pas comme avant, Dame Nature va-t-elle m'en vouloir de faire cela ? » murmurai-je.

Chloé hocha la tête, le regard empli de compassion. « Non, il ne reviendra pas comme il était. Mais il ne souffrira plus de l'isolement total de l'au-delà. Et il pourra trouver un équilibre entre ces deux mondes. Parfois, il n'y a pas de retour parfait, seulement une nouvelle forme d'existence. Pour ce qui est Dame Nature, je crois qu'avec le cadeau qu'elle t'a fait cela veut dire qu'elle t'accorde toute sa confiance à présent et tu auras toujours notre confiance également. »

Je baissai la tête, les mains toujours tendues vers Maxime. Même si je ne ressentais pas sa chaleur, son essence m'enveloppait, et je pouvais percevoir son espoir, fragile mais présent alors que je communiquais avec mes soeurs.

« Je veux essayer, » dis-je finalement, levant les yeux vers mes sœurs qui se trouvaient autour de moi et connectées à mon être. « Je veux lui offrir cette connexion. Il mérite au moins cela. »

Mon regard se posait sur Maxime alors que je souriais.

« De quoi parles-tu Rox ? » Me demanda Maxime, inconscient de ma connexion avec des êtres qui lui étaient inconnus.

Je pris une profonde inspiration, mes mains toujours tendues vers Maxime, même si elles ne ressentaient que le vide de son existence éthérée. Je levai les yeux vers lui, rencontrant son regard empreint d'un mélange de peur et d'espoir.

« Maxime, écoute-moi bien, » dis-je doucement, ma voix tremblant légèrement. « Je vais essayer quelque chose. Ce ne sera pas ce que tu espérais... ce ne sera pas une vraie vie, mais c'est ce que je peux te donner pour le moment. »

Il fronça légèrement les sourcils, son expression se teintant de confusion. « Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda-t-il, sa voix brisée par le poids des années passées dans l'isolement.

Je pris une nouvelle inspiration, cherchant les mots justes pour lui expliquer ce que j'avais en tête. « Je vais t'unir au monde des vivants, Maxime. Pas comme tu l'étais avant, pas comme un être de chair et de sang. Mais je vais créer un lien entre toi et la terre, entre toi et la vie. Tu seras comme un ancre entre l'au-delà et la vie. Ce lien te permettra de ressentir certaines choses... la chaleur du soleil, les brises douces, peut-être même une partie de ce que tu aimais tant dans ton ancienne vie. »

Je fis une pause, le laissant digérer mes paroles. « Mais... tu resteras tel que tu es. Un esprit. Un fantôme. Tu pourras interagir physiquement avec le monde, tu pourras être proche de lui, et de moi. Ce sera comme une sensation de vie éternelle, mais ce ne sera pas une véritable résurrection. Je vais faire comme tu as réussis à faire précédemment, quand tu as réussis à manifester ta présence auprès de moi. Cette fois-ci, tu pourras manifester ta présence auprès des gens mais cela ne vient pas sans risque. Réfléchit bien avec qui tu décideras de te manifester. Réfléchit bien à tes actes. »

Maxime me fixa, son visage se tordant sous l'émotion. « Une sensation de vie... mais pas la vie ? » murmura-t-il. « J'essaie de comprend ce que cela implique. »

Je hochai la tête, peinée de ne pouvoir lui offrir plus. « C'est tout ce que je peux te donner, Maxime. Ce n'est pas parfait, mais au moins, tu ne seras plus entièrement seul. Tu seras ici, parmi nous, d'une certaine manière. Cependant, je ne peux pas te garantir de la durée que ce lien aura. Cela pourrait durer quelques jours, semaines, mois... Je ne sais pas... Mais il te permettra probablement de finir ce que tu n'as pas achevé ici. »

Ses larmes coulèrent à nouveau, silencieuses, tandis qu'il cherchait mes yeux. « Tu es sûre que ça peut marcher ? »

« Non, je ne suis sûre de rien, » répondis-je avec une honnêteté qui me serrait la gorge. « Mais je veux essayer. Pour toi. Pour réparer en partie ce que j'ai brisé. »

Il ferma les yeux un instant, semblant peser ma proposition dans son esprit. Puis il hocha lentement la tête. « D'accord. Fais-le. Je te fais confiance, Roxanne. »

Je sentis un élan d'émotion m'envahir, un mélange de soulagement et de peur. Je ne savais pas où cela allait nous mener, mais je savais que je devais essayer. Pour lui. Pour nous deux.

Je posai mes mains sur le sol, sentant l'énergie de la terre vibrer sous mes doigts. Puis, les yeux fermés, je me concentrai, appelant ma connexion à Dame Nature et à mes sœurs.

Du fond de tout mon être, je demandais aux forces de la nature de s'unir à moi. Je prenais les mains de Maxime et on se levaient tous les deux debout en unisson. Je tentais de chercher ce lien à la terre, ce souffle de vie que je voulais transmettre autour de moi pour donner un brin de vie à Maxime, une connexion à cette terre qui fut sa maison autrefois. Je pouvais sentir une lueur de vie et de lumière me traverser et atterir rapidement au fond de Maxime alors qu'il se tenait debout devant moi. L'effet fut si intense que ses mains se retiraient des miennes et qu'il fonça dans le mur derrière lui alors qu'une lumière illuminait son corps tout entier et disparut quelques secondes plus tard. Il se replaça immédiatement droit en fixant le mur.

« Maxime ! Est-ce que ça va ? » Lâchais-je soudainement. « Je ne sais pas si ce que j'ai fais a fonctionné, comment te sens-tu ? »

Max se retournait vers moi complètement sous le choc et glissa sa main sur le mur. Il lâcha un long soupir de surprise.

« J'arrive à sentir la texture du mur, il est rocailleux, froid et dur... Avant, je ne sentais rien du tout. Comme si je me tenais dans une illusion complètement vide de sens. J'ai foncé droit dessus et j'ai sentis le choc de fonçer sur de la pierre ! »

Maxime s'approcha de moi et attrapa immédiatement mes mains. D'un seul coup, je pouvais sentir ses mains, celles-ci étaient froides mais elles avaient une texture physique. Il glissa le regard vers mes mains.

« Tu as les mains chaudes et douces. J'arrive à les sentir. » Mentionna Maxime.

Je souriais à Maxime.

« Voudrais-tu bien me suivre à l'intérieur s'il te plait ? » Demandais-je à Maxime.

Celui-ci souriait et hochait la tête et son regard réflétait un espoir si immense, une joie si intense qu'il m'était difficile de contenir un sourire. Pour la première fois de ma vie, j'arrivais à jouer avec la vie et la mort d'une certaine façon, je voulais aller plus profondément dans ce domaine pour en savoir plus. Je me demandais la connexion de Maxime à notre Terre allait jusqu'à quelle limite.

Je tournais le regard vers Alec qui était resté dans le jardin et qui nous avait fixé sans rien dire tout le long. Ses pensées étaient concentrés sur le choc de m'avoir vu faire une tel prouesse. Celui-ci n'en revenait pas de me voir accomplir autant de choses ces derniers jours et il ne captait pas jusqu'à quelle intensité mes dons pouvaient aller. Je fis un bref sourire à Alec qui me fixait et laissait aller un petit sourire. Il s'approcha de moi tout en fixant Maxime qui s'amusait à toucher chaque plantes, herbes, troncs. Il profitait de la sensation du toucher à nouveau.

J'étais si heureuse pour lui et je voulais voir jusqu'à quel intensité je pouvais influencer l'Univers autour de moi, bien que je devais rester prudente pour ne pas faire de mal à notre monde. Mes pas me guidaient vers l'intérieur alors que Maxime nous suivaient en fixant le monde d'un regard nouveau.

Point de Maxime Middlebrook

Je suivais Roxanne à l'intérieur du château où elle demeurait. L'atmosphère était différente de tout ce que j'avais connu. Tandis que nous progressions dans les couloirs, mes pas résonnaient faiblement. Je laissais ma main glisser contre les pierres froides, m'accrochant désespérément à cette connexion fragile avec le monde physique.

Devant moi, Roxanne avançait d'un pas décidé, Alec à ses côtés, veillant sur elle comme une ombre fidèle. Je restais légèrement en retrait, observant leur complicité. Cette scène était à la fois familière et étrangère : j'étais là, mais je n'y avais pas ma place.

« Je présume, » commençai-je, ma voix résonnant doucement dans le silence, « que vu que je suis toujours mort et que je n'ai pas de corps, rien ne va réellement changer, sauf mes sensations. Je ne vais toujours pas respirer, manger, ou dormir... Rien de tout cela ne reviendra, n'est-ce pas ? Je n'ai récupéré qu'une infime partie de ce que je pouvais autrefois ressentir. »

Roxanne tourna légèrement la tête vers moi, son regard chargé de compréhension. « Je crois que c'est le cas, en effet, c'est la première fois que j'utilise mes dons pour faire cela. » répondit-elle avec une sincérité désarmante.

Nous arrivâmes rapidement devant une grande porte ornée de sculptures délicates. Je suivis Roxanne et Alec à l'intérieur d'une vaste salle très peu décorée. Alors que Roxanne s'arrêtait pour me faire entrer dans la pièce, je me rapprochai d'elle, une étrange chaleur m'envahissant lorsque nos corps semblèrent entrer en collision. Pour la première fois depuis ce qui me paraissait une éternité, je ressentais une présence réelle, tangible.

Un sourire fugace éclaira mon visage. C'était une sensation merveilleuse, presque irréelle, après des années passées à errer comme une ombre. Je repensais à ces moments où je traversais les rues de Volterra, invisible à tous, criant ou courant parmi les vivants sans qu'aucun regard ne se tourne vers moi. Aujourd'hui, ce lien fragile avec le monde était une bénédiction.

Mon regard balaya la salle jusqu'à croiser ceux des Maîtres de Roxanne et Alec. Leurs yeux perçants se posèrent sur moi, m'analysant avec une froideur qui me fit frissonner. Instinctivement, je me rapprochai de Roxanne, cherchant un sentiment de sécurité dans sa proximité.

« Rox... Je ne me sens pas à l'aise ici, » murmurai-je, mon regard se détournant vers un coin de la pièce près des portes. Cet endroit... c'était là que tout s'était terminé pour moi. Là où Roxanne avait mis fin à ma vie.

Une autre vision me troubla : je pouvais distinguer un vampire dans l'ombre, celui qui avait également ôté la vie à Ashley. Roxanne, quant à elle, saluait les Maîtres avec un calme souverain. « Aro, bonsoir. Caïus, Marcus. »

Je fixai Aro, intrigué. Son visage restait impassible, ses traits parfaitement maîtrisés, mais je sentais son attention peser sur moi. Pouvait-il me voir ?

« Très chère Roxanne, » dit Aro d'une voix soyeuse, brisant le silence, « qui est ce jeune homme à vos côtés ? »

Je restai figé un instant, mes pensées tourbillonnant. Il pouvait réellement me voir ? Mon cœur - ou ce qu'il en restait - s'emballa.

« Vous pouvez me voir ? » demandai-je, incrédule.

Aro hocha lentement la tête. Roxanne tourna son visage radieux vers moi, un sourire illuminant ses traits. « Tu vois, ça a fonctionné, » dit-elle avec une douceur qui réchauffa mon âme. « On peut tous te voir. »

Elle attrapa mes mains entre les siennes. Même si je pouvais ressentir simplement sa chaleur, son geste était porteur d'une émotion sincère. « Je veux que tu saches que je suis encore immensément désolée de ce que je t'ai fait vivre. Mais je crois qu'à présent, le plus important est de vivre tout ce que tu n'as pas encore eu la chance d'explorer. »

Je la fixai, ému par sa bienveillance. « Merci, Rox, » murmurai-je, un sourire léger effleurant mes lèvres. « Je crois que je vais commencer par guider mon petit frère. Il a besoin de moi... et il est encore temps de faire de lui une meilleure personne que je n'ai pas pu être avant qu'il ne soit trop tard pour lui. »

Roxanne hocha la tête, ses yeux brillant d'une lueur d'encouragement. Elle m'avait offert une nouvelle chance, même dans cet état intermédiaire. Et pour cela, je ne pourrais jamais la remercier assez.

Je fermai les yeux, laissant mes pensées dériver vers Josh, mon petit frère. Je savais précisément dans quel centre jeunesse il se trouvait, et le besoin de le voir était presque insupportable.

Lorsque je rouvris les yeux, j'étais loin des vampires et de leur monde oppressant. Devant moi, se dressait le bâtiment familier de ma ville natale, le centre jeunesse où Josh résidait. Debout devant l'entrée, je m'assurai que personne ne pouvait me voir. D'un pas déterminé, je traversai la porte comme je l'avais toujours fait avant que Roxanne ne me connecte au monde des vivants.

À l'intérieur, je flottais silencieusement à travers les murs, mon esprit concentré sur une seule chose : trouver la chambre de Josh. Soudain, des voix attirèrent mon attention. Deux gardiens de sécurité parlaient à travers leurs radios en passant devant moi, sans me voir.

« Il y a eu une évasion, » déclara l'un d'eux. « Josh Middlebrook n'est plus dans sa chambre. Il a probablement fugué pendant l'heure du dîner. »

Un sourire se dessina sur mes lèvres. Typique de Josh, pensai-je. Mon frère avait toujours eu un esprit rebelle, défiant constamment l'autorité.

Mais où pouvait-il bien être ? À quinze ans, il possédait déjà une allure mature, presque celle d'un jeune adulte dans la mi-vingtaine. Un lieu me vint immédiatement à l'esprit : le bar. Ça semblait être exactement le genre d'endroit où il aurait pu aller pour se cacher et se sentir libre, ne serait-ce qu'un instant.

Je me concentrai, visualisant chaque bar des environs que je connaissais ou soupçonnais d'être un lieu où Josh pourrait se réfugier. La sensation de me téléporter était devenue familière, mais le besoin désespéré de retrouver mon frère la rendait plus intense.

Le premier bar où j'apparus était sombre et bruyant. Des éclats de rires s'élevaient çà et là, mêlés au bruit des verres qui s'entrechoquaient. J'observai attentivement chaque table, chaque recoin, mais Josh n'était pas là. Je serrai les poings, sentant une légère frustration monter en moi, et me téléportai au prochain endroit.

Le second bar avait une atmosphère plus détendue, presque intime. Des groupes de jeunes discutaient à voix basse autour de leurs boissons. Je fis un tour complet de la salle, passant inaperçu comme à mon habitude. Pas de trace de Josh.

Au troisième bar, je commençais à douter. Peut-être avais-je mal jugé son choix de cachette. La pièce était enfumée, emplie de l'odeur de l'alcool bon marché. J'inspectai rapidement les lieux, mais une fois de plus, Josh était introuvable.

Un soupir m'échappa, bien que personne ne puisse l'entendre. Je devais rester concentré. Je visualisai le dernier bar à proximité, celui où j'aurais parié qu'il n'irait pas, précisément parce qu'il n'était pas du tout discret. Un endroit bruyant, fréquenté par des visages familiers des autorités locales.

En un instant, j'y étais. Et là, assis au comptoir, son dos tourné vers l'entrée, je le vis. Josh. Sa posture décontractée, mais légèrement tendue, trahissait son jeune âge malgré son allure adulte. Il jouait avec un verre, l'air pensif, comme s'il pesait le poids du monde sur ses épaules.

Je m'approchai lentement, m'installant sur le tabouret à côté de lui, invisible et silencieux. Le voir si proche et pourtant ne pas pouvoir l'atteindre me fit un pincement au cœur. Josh semblait si perdu, si vulnérable. Je résistai à l'envie de lui parler immédiatement, préférant observer un instant.

C'était étrange de le revoir après tout ce temps. Les souvenirs de notre enfance remontèrent en moi, mais ils se mêlaient à la réalité brutale de tout ce qu'il avait traversé. Je voulais trouver les mots justes, mais pour l'instant, je me contentais de rester là, à ses côtés, comme une ombre protectrice.

Il fallait que j'intervienne avant qu'il ne finisse comme notre mère et moi-même. Il était important qu'il reprenne son avenir en main. Je décidais de vouloir me rendre visible pour qu'il puisse me voir.

« Alors, on a décidé de jouer les évadés, champion ? » lançai-je brusquement.

Mon frère, surpris, posa sa bière avec précipitation sur le comptoir avant de se tourner vers moi, les yeux écarquillés de stupeur.

Je regardai Josh alors que son visage passait de la stupeur à une peur panique. Il cligna des yeux plusieurs fois, comme s'il tentait de s'assurer que j'étais bien là. Sa bouche s'entrouvrit, mais aucun son n'en sortit. Ses mains tremblaient légèrement, et il détourna brièvement le regard avant de me fixer à nouveau.

« C'est... c'est impossible... Max ?! » balbutia-t-il, sa voix marquée par l'incrédulité. « Non, j'ai trop bu. J'hallucine, c'est sûr. Je dois être complètement saoul. »

Il passa une main sur son visage, secouant la tête pour chasser cette vision qu'il croyait être le fruit de son imagination.

Je levai un sourcil, exaspéré, et lui administrai une claque rapide à l'arrière de la tête. « Tu rêves pas, Josh. C'est bien moi. Je suis là, et on doit parler. »

Josh sursauta et porta une main à sa tête, ses yeux s'écarquillant encore davantage. « Bordel de merde, c'est... C'est toi ?! Mais c'est impossible, t'es... t'es mort, Max ! Comment tu peux être là ?! »

« On parlera de ça plus tard. Ce qui m'importe, c'est que toi, tu te ressaisisses, » dis-je, mon ton ferme mais empreint d'un mélange de tendresse et de gravité.

Josh se leva brusquement de son tabouret, sa bière à la main. « Me ressaisir ?! T'oses me dire ça, maintenant ?! Où t'étais toutes ces années, hein ?! J'avais besoin de toi ! Maman avait besoin de toi ! Et toi, t'étais où ?! Tout ce temps pendant lequel tu es disparu, tu faisais quoi ? » se mis à crier Josh.

D'un seul coup, le serveur s'approchait de mon frère.

« Je crois qu'il est temps pour toi de partir, tu déranges tout le monde en criant seul comme ça. Quitte mon bar tout de suite. » Lança-t-il à mon frère.

« Hey, je ne cris pas. Je discute avec mon frère. » Le barman soupira.

« Tu as trop bu, il n'y a personne avec toi. Allez sort, maintenant ! Je ne me répéterais pas ! »

Il sortit précipitamment du bar, son visage rouge de colère et ses gestes brusques trahissant son agitation. Je le suivis dehors, glissant entre les clients comme une ombre invisible. Il déboula dans la ruelle, sa respiration courte, et, dans un accès de rage, lança sa bière dans ma direction.

La bouteille vola à travers moi et alla s'écraser contre un mur, éclatant en morceaux. Josh s'arrêta net, sa poitrine se soulevant rapidement sous l'effet du choc et de l'émotion.

Il me fixa, bouche bée, le visage pâle. « C'est quoi ce bordel, Max ?! T'es... t'es pas réel... »

Je m'avançai doucement vers lui, levant une main apaisante. « Calme-toi, Josh. Je suis réel... d'une certaine manière. J'ai beaucoup de choses à t'expliquer, mais je te promets que je suis là pour toi maintenant. »

Il recula d'un pas, secouant la tête, mais je pouvais voir dans son regard un mélange de peur, de confusion et... d'espoir.

Je guidai Josh à travers la rue jusqu'au petit parc en pleine lumière du jour. Le soleil brillait haut dans le ciel, projetant des ombres nettes sur le sol. Les arbres commençaient tout juste à bourgeonner, et une légère brise faisait danser les feuilles naissantes. L'endroit était calme, presque vide, à part quelques passants distraits. Josh me suivait, encore sous le choc, son regard perdu et ses gestes nerveux.

Nous nous installâmes sur un banc usé, exposé à la lumière. Josh s'adossa lourdement, ses bras croisés, ses yeux plissés par la luminosité. Je pris une grande inspiration - un réflexe inutile, mais profondément ancré - et le regardai en silence un instant avant de parler.

« Je sais que tout ça te dépasse, » commençai-je doucement. « Mais écoute-moi. J'ai besoin que tu comprennes. Je n'ai pas beaucoup de temps ici, Josh. »

Il tourna la tête vers moi, le visage tendu entre méfiance et incrédulité. « C'est quoi ton délire, Max ? Pourquoi tu dis que t'as pas beaucoup de temps ? »

Je me tournai complètement vers lui, mes mains jointes, le soleil jouant avec l'ombre de mon frère alors que de mon côté, je n'avais aucune ombre. « Parce que je suis mort, Josh. Vraiment mort. Ça fait des années. Je ne suis qu'une... une âme, un esprit, ou je ne sais quoi. Mais je suis là maintenant, avec toi. »

Il laissa échapper un rire nerveux, secouant la tête. « Tu te fous de moi ? T'es là, en chair et en os. Tu parles, tu bouges. T'es vivant, Max. C'est quoi ton jeu ? »

Je baissai les yeux, serrant mes mains sur mes genoux. « Je suis mort en Italie. Ashley et moi... On a eu un accident. C'était brutal, rapide. On n'a pas survécu et personne n'a jamais retrouvé nos corps. C'est la raison pour laquelle, vous n'avez jamais su ce qui m'est arrivé. »

Josh fronça les sourcils, incrédule. « En Italie ? Quand maman et papa ont déclarés ta disparition, les autorités nous ont justement dit que ton passeport avait été utilisé pour la dernière fois en Italie, qu'est-ce que tu foutais là-bas ? Pourquoi tu ne m'as jamais mit au courant ? »

Je levai les yeux vers lui, mes traits marqués par le regret. « Je ne pouvais pas, Josh. J'étais coincé... de l'autre côté. Tout ça est tellement arrivé trop vite, en un claquement de doigts c'était terminé. Ce n'est que récemment que j'ai trouvé un moyen de revenir, même temporairement. Je voulais te voir, te parler, m'excuser. »

Il se pencha en avant, ses coudes appuyés sur ses genoux, ses mains frottant son visage. « T'excuser ? Sérieusement, Max ? T'étais où quand j'avais besoin de toi ? Maman, elle avait besoin de toi ! Et toi, tu t'es barré, comme ça ? Tu ne nous as jamais dit que tu étais partit en Italie. »

La douleur dans sa voix était un poignard. Je tendis une main hésitante vers son épaule. « Je sais, Josh. J'ai merdé. J'ai échoué comme grand frère. Je n'ai pas été là quand vous aviez besoin de moi, et ça me ronge. Je le porterai toujours avec moi. »

Il releva la tête, les yeux brillants d'une colère mêlée de tristesse. « Alors pourquoi t'es là maintenant ? C'est quoi le but, si tu repars de toute façon ? Me faire souffrir encore plus ? »

Je plongeai mon regard dans le sien, empreint de gravité. « Parce que je veux que tu changes, Josh. Je veux que tu deviennes une meilleure personne. Que tu fasses quelque chose de ta vie. Arrête de fuir, arrête de te cacher derrière la colère et les conneries. Fais-le pour moi. Pour maman. Pour toi. »

Josh détourna les yeux, son visage dur, mais je pouvais voir les fissures dans ses défenses. Doucement, il murmura : « Et si je foire ? Et si je sais pas comment faire ? Il est trop tard pour moi de toute façon. »

Un sourire triste effleura mes lèvres, et je posai une main spectrale sur mon propre cœur, comme pour lui transmettre ma conviction. « Tu trouveras un moyen. Parce que t'es mon frère. Et je crois en toi. Même si je ne peux pas rester avec toi pour toujours, je serai toujours là, quelque part. Il n'est pas trop tard pour toi. »

Le soleil jouait sur son visage, et malgré ses efforts pour se cacher, je pouvais voir les larmes prêtes à couler. Les murs qu'il avait construits étaient en train de s'effondrer, laissant apparaître l'enfant blessé et vulnérable derrière l'homme qu'il essayait de devenir.

Josh se tourna brusquement vers moi, son visage crispé par l'émotion. Les larmes qu'il retenait depuis le début finirent par franchir ses barrières, glissant silencieusement sur ses joues. Sa voix, lorsqu'il parla, était brisée, tremblante, chaque mot chargé d'une douleur profonde.

« Tu sais même pas à quel point j'ai souffert, Max, » murmura-t-il en secouant la tête, ses yeux fixant un point indéfini au loin. « T'étais pas là. T'étais pas là quand tout s'est effondré. J'ai tenté de me suicider deux fois, c'est pourquoi papa m'a envoyé en centre. J'ai tellement souffert de ton absence et perdre maman a été la goutte de trop. »

Je restai silencieux, incapable de détourner les yeux de la douleur évidente de mon petit frère.

Il renifla, essuyant maladroitement ses joues avec le revers de sa manche avant de continuer. « Papa... il n'est plus le même. Depuis que t'es parti, il est brisé. Il parle presque pas. Il reste dans son coin. Et moi... je sais pas quoi faire pour l'aider. »

Je sentis mon cœur se serrer à ces mots. Josh détourna le regard, le visage durci par la frustration mêlée de chagrin.

« Financièrement, c'est un bordel, » poursuivit-il, sa voix montant légèrement en intensité. « On est à la dérive, Max. Papa et moi, on est dans la merde. Les factures s'accumulent. Les dettes. On n'a aucune option. Aucune. C'est comme si la vie prenait un malin plaisir à nous écraser encore et encore. Depuis que maman est partit, nous sommes à la dérive. »

Il croisa enfin mon regard, et dans ses yeux, je vis non seulement la peine, mais aussi une colère profonde, mêlée d'un désespoir qu'il ne pouvait plus dissimuler. « Alors dis-moi, Max. Pourquoi t'es là maintenant ? Pourquoi pas avant, quand on avait vraiment besoin de toi ? Quand notre famille aurait dû rester souder pour aider maman dans son cancer ? »

Chaque mot était un coup porté directement à mon âme. Je savais qu'il avait raison. J'avais failli à mon rôle, et cette vérité était plus lourde que jamais. Je pris une profonde inspiration, rassemblant mes pensées pour répondre à la tempête émotionnelle de mon frère.

Je pris une profonde inspiration, fixant Josh droit dans les yeux. Son regard, chargé de douleur et de colère, m'atteignait au plus profond de mon âme.

« Écoute, Josh, » dis-je doucement, mais avec une résolution dans la voix. « Peut-être qu'il est temps... Peut-être qu'on doit aller voir Papa. »

Il me regarda, incrédule, ses sourcils se fronçant légèrement. « Quoi ? Pourquoi ? Tu crois qu'il va juste se lever et tout ira mieux comme par magie ? Max, ça marche pas comme ça. »

Je secouai doucement la tête, essayant de calmer les vagues d'émotions qui montaient en lui. « Je sais que ça ne marche pas comme ça. Mais... Josh, je ne suis pas revenu pour rien. Je peux tout arranger. »

Il resta silencieux, ses yeux fouillant les miens, cherchant une explication, une raison de croire ce que je venais de dire. Je continuai avant qu'il ne trouve les mots pour protester.

« Je ne peux pas changer le passé, » admis-je, ma voix s'alourdissant de culpabilité. « Mais je peux faire quelque chose maintenant. Je veux essayer de réparer les morceaux. Je sais que j'ai merdé, que je n'ai pas été là quand tu avais besoin de moi, quand Papa avait besoin de moi. Mais si tu me fais confiance... Si tu viens avec moi, on peut trouver un moyen. Je te le promets. »

Josh baissa les yeux, ses mains serrées en poings tremblants sur ses genoux. « Max... » Sa voix était faible, brisée. « Je sais même pas si ça peut être réparé. Papa est... il est tellement loin, tellement cassé. Et nous... on est en train de couler. »

Je posai une main invisible, presque instinctive, sur son épaule. « On ne peut pas savoir si on n'essaie pas, Josh. Je sais que ça semble impossible, mais laisse-moi une chance. Fais-moi confiance une dernière fois. »

Il releva la tête, une lueur hésitante dans son regard. « D'accord, » finit-il par dire d'une voix rauque. « Mais si tu promets de tout arranger, Max... Tu fais mieux de tenir cette promesse. »

« Je te le promet. »

Point de vue de Roxanne Williams

Assise dans l'appartement d'Alec et Jane, je me laissais aller à une méditation légère, les bruits familiers du lieu me berçant doucement. Mais tout bascula en un instant. Une énergie brute, viscérale, jaillit en moi, comme un torrent incontrôlable. Cela commença par Maxime avec lequel j'avais une connexion depuis que je l'avais unis à la nature : son désespoir, sa douleur profonde, ses espoirs fragiles de rédemption. Je ressentais chaque émotion, chaque battement d'âme, comme si c'était le mien alors qu'il n'était même pas avec moi. Puis, cette connexion se déploya au-delà de lui, s'étendant à tout ce qui m'entourait.

L'onde m'atteignit comme une marée montante. Alec. Jane. Leurs âmes semblaient s'ouvrir devant moi, m'offrant un panorama effrayant et intime de tout ce qu'ils étaient, tout ce qu'ils avaient vécu. Le poids de leur passé s'écrasa contre moi, me laissant suffoquer sous l'intensité de leurs souvenirs.

Je fus projetée dans la douleur d'Alec, une douleur si ancienne qu'elle semblait avoir été gravée dans les fondations de son être. Le bûcher, le feu, la panique désespérée alors qu'il tentait de protéger Jane. L'impuissance, l'agonie physique et mentale. Chaque cri qu'il avait poussé résonnait maintenant en moi, comme une lame tranchante déchirant mon esprit. Puis ce fut Jane, et la haine qu'elle avait portée envers ceux qui les avaient condamnés. Sa peur, enfantine mais féroce, de l'injustice et de l'abandon. Je ressentis la naissance de sa fureur, une flamme immortelle alimentée par une souffrance qu'aucun temps n'avait effacée.

Les émotions de Maxime, plus récentes, se mêlaient à ce flot, créant une tempête que je ne pouvais contrôler. Ses remords, son amour pour sa famille, et cette lueur d'espoir qu'il avait retrouvée en renouant avec eux, dans un contraste poignant avec les souvenirs sombres des jumeaux.

Je me sentais noyée, incapable de respirer, comme si l'océan de ces âmes en peine avait décidé de m'engloutir. Mon cœur battait frénétiquement alors que je tentais de reprendre pied dans la réalité. Mais une autre voix intérieure, plus calme, plus ancienne, murmura que cela faisait partie de ma nature. En devenant ce que j'étais maintenant, un être connecté à la vie dans sa forme la plus pure, je ne pouvais plus ignorer la douleur des autres. Je pouvais à présent tout ressentir l'entièreté des êtres que je cotoyais et le fait d'unir l'âme de Maxime à la mienne avait amplifiée cette partie de moi.

Je rouvris les yeux, croisant le regard d'Alec. Son visage semblait figé, mais je savais qu'il avait perçu le changement en moi. Jane, elle, restait en retrait, mais son aura vibrait d'une méfiance protectrice.

Alec, debout devant moi, observait en silence, une expression troublée sur son visage. Ce fut lui qui brisa enfin le silence. « Roxanne ? Est-ce que ça va ? »

Je hochai la tête, le souffle court. « Oui... mais... Quelque chose a changé. » Et pour la première fois, je compris réellement ce que signifiait ma nouvelle connexion au monde : un fardeau, mais aussi un cadeau inestimable.

Je levai lentement les yeux vers Alec et Jane, sentant le poids de leurs regards sur moi. Ils attendaient une explication, une justification à ce qui venait de se produire. Mais comment leur expliquer ce que je venais de vivre, cette immersion totale dans leurs âmes ? Je pris une inspiration tremblante et m'assis plus fermement dans le fauteuil, mes mains légèrement tremblantes.

« Je... je n'ai pas lu vos pensées, » murmurai-je doucement, brisant enfin le silence. « Ce n'était pas ça. Ce n'était pas comme si j'avais fouillé dans vos esprits ou vos souvenirs. C'était bien plus profond. Comme si, d'une certaine manière... » Je cherchai mes mots, consciente que rien ne pouvait vraiment capturer l'intensité de ce que j'avais ressenti. « Comme si je faisais partie de vous. De vos vies, de tout ce que vous avez traversé. »

Le visage d'Alec resta impassible, mais ses yeux brillèrent d'un éclat que je n'arrivais pas à définir. Jane, elle, arqua un sourcil, croisant les bras comme si elle s'apprêtait à réfuter mes propos. Pourtant, elle resta silencieuse, me laissant continuer.

« Votre douleur... » Je baissai les yeux, incapable de soutenir leurs regards un instant de plus. « Elle est si profondément ancrée en vous. Ce que vous avez vécu, ce feu, cette injustice... ça m'a envahie comme une vague. J'ai ressenti cette peur, ce désespoir. J'ai ressenti ce moment où tout ce que vous étiez a été consumé, seulement pour renaître en quelque chose de nouveau. De plus fort. De plus résilient. Comme si vos âmes étaient tel un phoenix qui renaît de ses cendres. »

Je relevai les yeux, et cette fois, je croisai le regard d'Alec. Il ne disait rien, mais je pouvais sentir qu'il était attentif à chaque mot. « Ce n'est pas que je sais ce que vous avez ressenti. C'est que, pendant un instant, j'ai été vous. J'ai été dans ce feu. J'ai senti cette perte, ce lien indéfectible entre vous deux qui a tout supporté, même l'horreur. »

Jane fronça légèrement les sourcils, mais je notai une étincelle de curiosité dans ses yeux. Elle dégageait toujours cette aura de froideur et de contrôle, mais je savais qu'elle écoutait.

« Ce que j'ai ressenti, » poursuivis-je, ma voix tremblant légèrement, « ce n'était pas simplement de la douleur. C'était la force qui en est née. Ce qui vous a forgés pour devenir les êtres incroyables que vous êtes aujourd'hui. »

Alec échangea un regard rapide avec Jane, et une tension invisible sembla passer entre eux. Puis il se pencha légèrement vers le bas, posant ses coudes sur ses genoux. « Roxanne, ce que tu décris... » Sa voix était basse, presque un murmure. « Ce n'est pas quelque chose que n'importe qui peut comprendre. Même parmi ceux de notre monde. Comment as-tu pu décrire un tel moment ? »

Jane, toujours méfiante, secoua légèrement la tête. « Et pourtant, elle l'a fait. » Ses paroles étaient incisives, mais son ton contenait un soupçon d'incrédulité. « Comment est-ce possible ? » Je haussai doucement les épaules, la gorge serrée. « Peut-être que c'est ce que je suis devenue. Quelque chose... ou quelqu'un capable de se connecter à la vie, mais aussi à ce que les âmes ont vécu. Je ne peux pas vraiment l'expliquer. Je sais seulement que je l'ai ressenti, et que c'était réel. »

Alec resta pensif, ses doigts tapotant légèrement le bord du fauteuil. Jane se redressa, son expression plus neutre, mais ses yeux toujours perçants. « Alors, dis-moi, » reprit-elle, son ton plus doux mais toujours méfiant, « qu'est-ce que tu as l'intention de faire avec tout ça ? »

Je la regardai, déterminée. « Ce que j'ai ressenti, ce que j'ai compris... c'est que tout ce que vous avez traversé vous a rendus incroyablement forts. Mais cela a aussi laissé des marques. Des cicatrices invisibles. Et si je peux faire quoi que ce soit pour vous alléger de ce fardeau, je le ferai sans hésiter. »

Alec se leva lentement, ses mouvements précis et calculés. Il s'avança vers moi, ses yeux perçant les miens. « Roxanne, tu viens de toucher à quelque chose que peu osent effleurer. Mais sache une chose : ce qui nous a forgés, Jane et moi, ne peut pas être effacé. Malgré ce don qui fait partie intégrante de toi, tu n'as pas besoin de changer le passé. Nous avons apprit à vivre avec celui-ci. Tu as raison, nous sommes devenus plus forts mais ce sera toujours une partie lointaine de notre vie, de la fin de notre mortalité. »

Il posa une main légère sur mon épaule. « Mais si quelqu'un peut comprendre, même un peu, ce que nous sommes vraiment, c'est toi. Au début, j'hésitais beaucoup à te partager mon vécue mais je sens que tu peux réellement nous comprendre. »

Jane, bien qu'encore réservée, hocha légèrement la tête. Et dans ce moment silencieux, je compris que, malgré leurs réserves, ils avaient accepté cette connexion que je n'avais pas cherchée mais qui s'était imposée à nous.

Je lançai un regard à Alec et Jane, une détermination naissante dans mes yeux. L'intensité de l'expérience que nous venions de partager m'avait rapprochée d'eux, et malgré leur réserve naturelle, je sentais que quelque chose avait changé dans notre dynamique. « Allons à la grande salle, » proposai-je doucement, croisant le regard calculateur de Jane. « J'ai besoin de me dégourdir les jambes. »

Jane me jaugea un instant avant de hocher légèrement la tête. « Très bien, » dit-elle, sa voix calme mais tranchante. Alec, déjà debout, me fit signe de le suivre.

Nous descendîmes les couloirs imposants de la forteresse de Volterra. Les murs de pierre semblaient absorber tout son, ajoutant une tension silencieuse à l'atmosphère. Mes pas résonnaient légèrement, accompagnés par ceux fluides et silencieux des jumeaux. Alec marchait à mes côtés, sa présence calme mais attentive, tandis que Jane ouvrait la voie, sa posture droite et confiante.

Lorsque nous arrivâmes à la grande salle, les portes massives s'ouvrirent devant nous avec un grincement lent, dévoilant l'assemblée déjà réunie à l'intérieur. Les membres du clan étaient là, répartis dans un demi-cercle qui encadrait le trône des trois maîtres. Aro, Caius et Marcus siégeaient, chacun avec son aura propre : Aro rayonnait d'une curiosité insatiable, Caius d'une froideur autoritaire, et Marcus d'une sérénité empreinte de mélancolie.

Je sentis une tension palpable dans l'air, comme une vague électrique qui engourdissait les sens. Alec me jeta un regard discret mais significatif, me rappelant de garder mon calme. À ma droite, Jane arborait un sourire en coin, un mélange de satisfaction et d'impatience à l'idée de ce qui allait suivre.

Au centre de la pièce, un vampire à l'apparence hagarde se tenait agenouillé. Ses vêtements étaient en lambeaux, et son visage portait les marques évidentes de la peur. Deux gardes, Felix et Démétri, se tenaient de chaque côté, leur stature imposante ne laissant aucune possibilité d'évasion. Aro nous fit signe d'approcher disant qu'il était sur le point de nous faire convier.

Aro se leva lentement, un sourire glacé sur les lèvres, et tendit les mains comme pour accueillir un invité. « Mon cher ami, » commença-t-il d'une voix douce mais chargée de menace, « il semble que tu aies oublié les règles fondamentales de notre existence. Mordre un humain sur les terres de Volterra... quel manque de respect. Un de nos témoins a assisté à ta chasse interdite. »

Le vampire baissa la tête, sa voix tremblante lorsqu'il répondit. « Je... je n'ai pas eu l'intention de défier vos lois. C'était un moment de faiblesse... »

Caius ricana froidement, se penchant légèrement en avant. « Faiblesse ou non, les lois ne sont pas sujettes à interprétation. Elles sont absolues. »

Je sentis un frisson parcourir mon échine alors que le vampire relevait des yeux désespérés vers les trois maîtres. Son regard croisa brièvement le mien, et dans cet instant, je ressentis un écho de sa peur, de son désespoir. Cette connexion inattendue me coupa le souffle un instant, mais je repris rapidement contenance réalisant que je n'étais pas que connecté à Maxime et aux jumeaux mais à quiconques je désirais. Alec posa légèrement une main sur mon bras, un geste discret mais rassurant.

Aro, toujours souriant, fit un pas en avant. « Que suggérez-vous, mes frères ? » demanda-t-il, se tournant vers Caius et Marcus.

Caius, toujours prompt à la sévérité, répondit sans hésiter. « L'exemple doit être fait. La clémence n'a pas sa place ici. » Marcus, silencieux jusque-là, parla enfin, sa voix basse et dépourvue d'émotion. « Je vais suivre l'unanimité. »

Aro hocha lentement la tête, comme s'il pesait chaque mot, puis se tourna à nouveau vers le coupable. « Très bien. Si telle est la volonté de mes frères... »

Le vampire émit un gémissement de terreur, mais il n'eut pas le temps de supplier davantage. Felix et Démétri se mirent en mouvement, l'attrapant fermement.

Je serrai légèrement les poings, mon regard fixé sur la scène qui se déroulait devant moi. Ce moment serait une leçon, une révélation brutale de la réalité de ce monde immortel auquel j'appartenais désormais.

Dans la grande salle, entourée par les membres de mon clan, une idée germa dans mon esprit. L'intensité des jugements, les destins des immortels et humains qui se croisaient ici... tout cela cachait des histoires, des souffrances, des secrets. Si mon lien avec Alec et Jane m'avait permis de ressentir leur essence profonde, pourquoi ne pourrais-je pas faire de même avec d'autres ?

Je laissai mon regard errer sur les visages qui m'entouraient. Mon âme s'ouvrit doucement, prête à explorer ces vies immortelles marquées par les siècles. Mon premier choix se porta sur Felix. Sa stature imposante et son sourire en coin cachaient une complexité que je voulais comprendre. Je fermai les yeux et me laissai glisser dans son essence.

Je fus emportée dans un passé tumultueux. Felix avait été transformé à une époque où les guerres entre clans étaient fréquentes. Avant de rejoindre les Volturi, il avait été un guerrier solitaire, errant d'un champ de bataille à l'autre, cherchant un sens à son existence. Mais ce qu'il trouvait n'était que carnage et désolation. Lorsque Démétri l'avait recruté, Felix avait enfin trouvé un semblant de foyer. Pourtant, un éclat de douleur subsistait en lui : celle d'avoir perdu son humanité et d'être réduit à une arme.

Je me retirai doucement de son esprit, secouée par la profondeur de sa mélancolie, que son sourire masquait si bien. Mon regard dériva vers Démétri, à ses côtés. Plonger dans son âme fut comme suivre une rivière calme, mais pleine de courants sous la surface.

Démétri était marqué par une lutte constante entre son indépendance et son besoin d'appartenance. L'histoire que j'avais perçue auparavant, sa vie avec le clan égyptien, n'était que le début de ses contradictions. Bien qu'il semble loyal aux Volturi, une part de lui aspirait à la liberté qu'il avait perdue. Pourtant, l'influence de Chelsea et la peur du vide l'avaient gardé lié à Aro. Je pouvais presque sentir son dilemme, son envie de s'affranchir, mais aussi sa crainte de ne plus être utile, de disparaître dans l'oubli.

Ensuite, je me tournai vers Marcus. L'aura de tristesse qui l'entourait était écrasante. Je m'y étais déjà aventurée, mais cette fois, j'allais plus loin, cherchant des fragments que je n'avais pas encore découverts. Je ressentis son amour profond pour Didyme, son espoir brisé lorsque sa lumière fut éteinte. Mais ce n'était pas tout : Marcus portait en lui un conflit qu'il cachait à tous, même à lui-même. Un soupçon, une ombre d'incertitude sur la vérité derrière la mort de sa bien-aimée. Une part de lui savait que tout n'était pas comme Aro le prétendait. Mais cette pensée, il l'enfouissait, car elle menaçait de le détruire.

Je fus soudain assaillie par une vague de douleur et de colère, si forte que je dus rompre le lien. Mon souffle était court, et mes mains tremblaient légèrement. Alec posa un regard inquiet sur moi, mais je secouai la tête pour lui indiquer que tout allait bien.

Je continuai avec prudence, m'attardant sur d'autres membres du clan. Heidi, dont la beauté servait d'appât, portait en elle une lassitude déchirante. Elle détestait la cruauté de son rôle mais ne voyait aucune échappatoire. Corin, celle qui apportait du réconfort à d'autres, ne trouvait aucune joie pour elle-même. Sa vie était un paradoxe : donner du bonheur tout en restant piégée dans son propre vide.

Enfin, mon regard se posa sur Aro. J'hésitai, sachant que ce que je découvrirais pourrait être irréversible. Mais ma curiosité me poussait à comprendre ce maître manipulateur. Lorsque je me connectai à son essence, ce fut comme ouvrir un livre dont les pages s'écrivaient en temps réel. Sa soif insatiable de pouvoir, sa vision de l'immortalité comme un échiquier dont il était le maître, et... quelque chose de plus profond, enfoui sous des couches de ruse et d'ambition. Une peur. Une peur viscérale de la solitude et de l'insignifiance.

Je me retirai rapidement, troublée par ce que j'avais vu.

Chaque connexion que j'avais faite m'avait laissée avec un mélange d'empathie, de tristesse et de colère. Ces êtres immortels, puissants et redoutés, n'étaient finalement que des âmes fracturées, piégées par leur éternité. Je fixais le vampire qui se fit exécuter face à moi et je ne pu m'empêcher d'être triste pour lui mais en même temps, celui-ci avait détruit une vie humaine.

Je n'avais pas le droit de me permettre de juger ce vampire alors que tout autour de moi se trouvait des vampires qui tuaient régulièrement des humains pour les vider de leur sang.

Je baissai les yeux, perdue dans mes pensées, et murmurai à Alec :

« Nous sommes tous si brisés, n'est-ce pas ? Même ceux qui paraissent les plus forts. »

Il ne répondit pas immédiatement, mais son regard, chargé de compréhension, fut suffisant. Je savais alors que ma place ici était bien plus complexe que ce que j'avais imaginé. Mon rôle n'était pas seulement d'être une alliée ou une compagne. J'étais destinée à percer le voile des vérités enfouies, à trouver un équilibre entre compassion et justice dans ce monde d'ombres et de secrets.

Je me plongeai de nouveau dans l'esprit de Marcus, cherchant à comprendre la source de sa tristesse infinie. Ce que je découvris m'emplit d'une douleur sourde. Il y a fort longtemps, Marcus avait une compagne, sa moitié, son âme sœur. Didyme. Elle n'était pas seulement belle, elle dégageait une aura lumineuse, presque divine, qui contrastait avec l'obscurité du monde qui les entourait. Elle avait été tout pour Marcus, une flamme vive dans une existence autrement morne et éternelle. Mais sa lumière s'était éteinte brutalement. Depuis sa perte, il errait dans un abîme de solitude, croyant être condamné à vivre éternellement sans amour. Il me fit vaguement penser à la façon dont Alec avait perçu la vie qu'il vivrait sans moi à ses côtés.

Ce qui me frappa davantage fut de découvrir que Didyme était la demi-sœur biologique d'Aro. Le lien entre eux ajoutait une couche de complexité tragique à son histoire. Elle avait été assassinée, et son meurtre restait enveloppé de mystère. Peu de membres du clan osaient même évoquer son nom.

Je détournai mes pensées de Marcus pour m'immerger dans les souvenirs d'Aro car je voulais voir la vie qu'il avait mené aux côtés de sa demi-sœur, je pu me connecter à son être sans même le regarder. Mon esprit se perdit dans un tourbillon de souvenirs anciens. Aro n'était qu'un jeune vampire lorsqu'il avait rencontré Marcus et Caïus. À cette époque, ils étaient pleins d'ambitions et d'idéaux, rêvant de construire un empire immortel. Avec le temps, le clan s'aggrandit peu à peu alors qu'Aro et Caïus se trouvèrent des épouses. Marcus eu la chance de poser son regard sur la demi-sœur d'Aro. Didyme était comme une lumière parmis eux, apportant équilibre et chaleur à leur monde austère. Mais avec le temps, son amour pour Marcus devint une menace pour les plans d'Aro.

À travers les méandres de sa mémoire, je vis Didyme se réjouir de son avenir avec Marcus. Ils voulaient quitter Volterra, échapper aux intrigues de pouvoir, pour vivre une vie simple et loin des manipulations. Mais cette décision n'était pas acceptable pour Aro. Il considérait Marcus comme un élément clé de son projet de domination. L'idée de perdre à la fois sa sœur et un allié si précieux le rendait furieux. « Je n'ai pas le choix de te faire disparaitre, tes plans vont à l'encontre de ce que j'ai prévu de bâtir. » puis-je entendre l'écho des pensées d'Aro jaillir de son être.

Je me retrouvai plongée dans une scène glaçante. Didyme, reculant dans un couloir sombre, ses yeux emplis de peur. « Pitié, ne me fais pas cela, mon frère, » suppliait-elle, la peur inondant son regard. « Je te promet de rester ici avec Marcus, je n'ai jamais voulu briser tes projets. Je ne voulais que vivre une belle vie avec lui et voyager. Épargne-moi et je ne le dirais à personne, je te le promet. » Puis vinrent des bras saisissant avec une brutalité effroyable la nuque de Didyme, et dans un éclat de violence, la vie quitta son corps. Aro l'avait tuée de ses propres mains, sacrifiant le lien familial pour son ambition insatiable. Je pu voir les flammes se propager devant le regard d'Aro alors que celui-ci avait décidé de détruire le corps de sa demi-sœur.

L'horreur de cette révélation me laissa paralysée. Mon esprit s'efforçait de comprendre, mais la vérité était trop lourde. Aro avait dissimulé ce crime depuis des millénaires, manipulant les souvenirs et les émotions de ceux qui l'entouraient pour maintenir son empire intact.

Je tournai légèrement la tête vers lui, assis sur son trône parmi ses fidèles. Mon cœur se serra en voyant son sourire énigmatique, dissimulant tant de noirceur. C'était son plus grand secret, et je savais que l'exposer détruirait Marcus autant qu'Aro. Ce n'était pas à moi de révéler une vérité aussi accablante. Pas encore. Peut-être jamais.

Je baissai le regard, le poids de mes nouvelles connaissances m'écrasant. Je sentis Alec à mes côtés, sa présence rassurante, mais j'avais besoin d'air, d'espace pour respirer et comprendre. Je lui murmurai doucement en fixant le corps au sol : « Je vais au jardin. J'ai besoin d'être seule un moment. Nous nous verrons plus tard. »

Je déposai un baiser léger sur ses lèvres avant de disparaître dans l'ombre du couloir. Le jardin était baigné d'un calme presque surnaturel, un refuge au cœur du chaos. Je fermai les yeux et invoquai Dame Nature lui mentionnant que je devais absolument la voir avec urgence.

Elle apparut, m'entourant de sa lumière apaisante. Nous nous retrouvâmes près de l'océan, cet endroit où je sentais mes dons se renforcer à chaque vague qui venait mourir sur le rivage.

« Je sais, ce n'est pas facile de porter de tels fardeaux, » dit-elle avec une douceur infinie alors qu'elle s'imprégna de tout ce que j'avais perçue dans les derniers instants. « Découvrir de nouveaux pouvoirs en tant que déesse est un chemin ardu, surtout dans un monde rempli de secrets comme celui des Volturi. Mais tu dois te laisser le temps. »

« Pourquoi m'avez-vous offert ce don ? » demandai-je, ma voix tremblante. « Pourquoi moi ? »

Elle sourit doucement. « Parce que tu es destinée à percer le voile de la vérité. À apporter l'équilibre dans un monde déséquilibré. Mais ton but premier reste de protéger la nature, de la préserver et de lui offrir un avenir. Je voulais aussi te libérer des chaînes du sang humain, te rapprocher de ton humanité tout en te dotant d'une immortalité divine. Je t'ai offert un immense cadeau. »

Je l'écoutai, mais mon cœur était encore en proie à la confusion. « Je ne sais pas quoi ressentir à propos de ce qu'Aro a fait. Cela ne me concerne pas directement, mais le savoir... c'est un poids. Et savais-tu que leurs pouvoirs deviendraient inefficaces contre moi maintenant ? »

Elle hocha doucement la tête. « Oui, je le savais. Je t'ai dotée de cette protection parce que tu mérites de vivre en paix, protégée des manipulations et des abus de pouvoir. Tu es invincible, et plus rien ne peut t'être caché désormais. Également, je voulais que tu vois ce que moi j'ai vu. Tu sais maintenant pourquoi je ne voulais pas te laisser sous son contrôle. Le pouvoir le rend dangereux et instable. Peut-être que tu considère que ce n'est pas à toi de dévoiler son secret mais peut-être que tu peux l'utiliser pour protéger ceux que tu aimes. C'est le plus grand secret d'Aro, il le porte sur ses épaules depuis des millénaires. S'il choisit de te menacer et de tenter de te contrôler tu peux lui rappeler que tu es la seule Maître de tes actions. »

Ses paroles me laissèrent pensive. J'avais tant à apprendre, tant à comprendre. Mais une chose était claire : ma place au sein des Volturi, auprès d'Alec, était plus complexe que je ne l'avais jamais imaginé.

J'étais maintenant en possession d'un secret qui pouvait faire exploser une bombe. Comme Dame Nature semblait me suggérer je pouvais à présent en sachant que rien ne pouvait plus m'être caché montrer à Aro qui avait le côté le plus long du baton. S'il décidait de vouloir s'en prendre aux gens que j'aime, je pourrais utiliser son secret pour lui faire repenser ses choix.

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Bonjour à tous, je vous souhaite un joyeux temps des fêtes. J'espère que ce long chapitre de 11300 mots vous a plut. J'ai déjà commencée à écrire la suite et je la posterais bien. J'ai passé quelques long mois à essayer de me bâtir un plan d'affaires pour lancer mon entreprise familiale en Janvier 2025. Je suis très heureuse car le projet va voir le jour et ma dernière journée en tant qu'employée sera le 30 Décembre 2024. Je commence 2025 en étant une Entrepreneure !

Je voulais également vous annoncer que pour l'histoire. Le Tome 3 aura cinquante chapitres, ensuite nous passerons au Tome 3.5 de dix chapitres et nous terminerons avec le Tome 4 de vingt chapitres. Cette oeuvre se terminera avec son maximum possible de 200 parties. Je vais par la suite créer une seconde oeuvre dans laquelle ce sera les siècles à venir avec plusieurs moments inédits du futur ! Je me concentrerais également à vous offrir plusieurs autres belles histoires des Volturi sur lesquelles je travaille déjà ! J'ai hâte de vous retrouver pour la suite !

Bonne fin d'année 2024 !

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