Tome 1.5 : Chapitre 1

Point de vue de Christopher Williams - Août 2018

Alors que je plaçais les quatre pots de fraises à leur place sur le présentoir, je sursautais. Une main s'était placée sur mon épaule. Je me retournais pour voir mon patron Marco, le Directeur du Magasin.

__ « Bonjour Marco, que puis-je pour vous ? » Demandais-je en posant le dernier paquet de fraises.

__ « Bonjour Christopher, j'aimerais discuter avec vous dans mon bureau. Venez avec moi s'il vous plaît. Laissez votre chariot ici, j'ai prévenu un de vos collègues de s'en occuper. » Dit-il.

Je ravalais ma salive. Le stress s'emparait de moi alors que je craignais de perdre mon emploi. Le seul que j'avais eu à ce jour et que j'avais depuis presque huit ans.

__ « Oui, bien sûr, pas de problème. » Dis-je.

Comment pourrais-je perdre cet emploi ? J'avais maintenant vingt et un an et je travaillais ici depuis mes quatorze ans. Je connaissais tout le monde dans cette épicerie et si j'aurais fait quelque chose de mal on m'aurait prévenu.

Le Directeur posait sa main sur mon épaule alors qu'on marchaient vers les caisses.

__ « Hé, pas de stress petit. Je t'apporte de bonnes nouvelles. »

Je soupirais de soulagement et riait légèrement. On passaient près des caisses et montaient en haut. Je le laissais passer en premier. Une fois arrivés à l'étage de l'équipe de Direction, il me guidait vers son bureau. Je m'asseyais sur la chaise face à lui et je le regardais.

__ « Que vouliez-vous me dire ? » Demandais-je, intrigué.

Le Directeur prenait un dossier sur son bureau et l'ouvrait. Il s'agissait de mon dossier d'employé. Il contenait une vingtaine de feuilles. Il attrapait le lot de feuilles et les faisait tomber une à une.

__ « Tu sais Chris, ces derniers jours j'ai lu tout ton dossier. Tu es ici depuis deux milles dix et cela fait presque huit ans que tu es dans cette entreprise. Tu as commencé à quatorze ans lorsque ton père est venu me suggérer ta candidature. Je t'avais mit au poste d'emballeur vu que tu n'avais pas d'expérience et que tu développais ton expérience en emploi. »

__ « Oui, j'ai été emballeur à temps partiel, de soir jusqu'à ce que je sois transféré dans un autre département trois mois plus tard. Je travaillais dans la charcuterie à temps partiel. » Dis-je.

Marco soupirait.

__ « En effet, lire ton dossier m'a prit bien du temps. Tu es resté six mois dans le département de charcuterie et fromagerie. Par la suite, tu as transféré dans les Fruits et Légumes pendant un an. Tu m'as prouvé dès ces moments là que tu étais très polyvalent et que peu importe la tâche que nous te confions, tu apprenais très vite. Lorsque tu as considéré vouloir un peu de changement, je t'ai envoyé faire un huit mois en Boulangerie pour remplacer le temps partiel d'une future maman. »

__ « Je m'en souviens. Elle devait gérer l'école plus la grossesse. Cela m'a fait plaisir de la remplacer. Mon parcours a été très varié ici. » Dis-je.

Marco regardait la première page de mon dossier.

__ « Tu es quelqu'un de très autodidacte. Tu es allé en boucherie... Dix mois. » Dit-il en regardant mon parcours sur la feuille. « Tu as même fait un neuf en poissonnerie. Tu as acquis un nombre de formations étonnants au sein de l'entreprise. Tu es le seul employé qui a eu autant de tact de travailler dans tous les départements et à posséder autant de formations. »

__ « En effet. »

__ « Tous les postes que je t'ai énuméré, tu les as divisé sur une période de quatre ans. Tu as trouvé le moyen de jongler avec tes études et autant de postes à temps partiel sans jamais abandonner. Tu as fais de grands efforts pour t'intégrer et l'équipe entière t'apprécie. Ces dernières quatre années durant lesquelles tu n'as eu aucune études, tu as choisis de passer au temps pleins car tu voulais rester dans cette entreprise. »

Je baissais le regard vers les feuilles.

« En effet, le temps plein m'a aidé à me changer l'esprit dans les moments difficiles. »

Marco fermait mon dossier et me fixait.

__ « Ce que tu as vécu il y a deux ans est horrible. Nous sommes de tout cœur avec toi et c'est pour cela qu'avec grand plaisir nous t'avons offert un mois de congé pour prendre du temps pour toi. Personne ne devrait vivre ce que tu as traversé. »

Je souriais à Marco.

__ « La douleur est bien moins présente désormais. Je sens que ma sœur, ma copine et leur amie sont en paix et qu'elles ne souffrent pas. Je vais toujours penser à elles mais aujourd'hui j'ai mon appartement, ma voiture, un bon job. Je suis heureux du parcours que j'ai vécu. » Dis-je.

__ « Pour un jeune de ton âge, je veux te féliciter Chris. Tu as beaucoup d'autonomie et une bonne discipline. Bien des jeunes aujourd'hui n'arrivent pas à avoir la moitié de ce que tu as... »

Je levais la main.

__ « Je n'apprécie pas de me comparer. J'ai vécu mes hauts et mes bas et chaque personne avance à son rythme. J'ai travaillé fort pour atteindre mes buts et chaque personne prend le temps qu'il lui faut pour y arriver.»

Marco me souriait.

__ « En effet, tu as raison. » Marco regardait par la fenêtre. « La raison de ta présence ici est bien simple. J'ai discuté avec James, le propriétaire et fils de l'ancien propriétaire. Il connait ton histoire parmi nous. Depuis vingt ans, je travaille pour cette entreprise et je leur fais toujours des louanges sur ton travail. Il se trouve que je n'ai plus la même rigueur qu'avant et j'ai des suivis médicaux occasionnels. J'ai annoncé ma retraite de l'année prochaine aux propriétaires. »

J'ouvrais la bouche.

__ « Vous allez prendre votre retraite ? Est-ce que c'est pour des raisons de santé ? » Demandais-je. J'espérais que tout se passait bien pour lui.

__« Oui, ne t'inquiète pas. C'est simplement que j'ai soixante-huit ans et je me fais vieux. Cette retraite je veux en profiter pour voyager et prendre du bon temps. » Je souriais.

__ « Je vous souhaite une belle retraite. »

Marco riait.

__ « Calme-toi jeune homme, je ne suis pas encore partit. J'ai bien des tâches à terminer ici et l'une d'elle que je veux accomplir avant mon départ est de te former pour me succéder. » Dit Marco en souriant.

Je me figeais en fixant le vide. Que vient-il de dire ? Je levais le regard vers lui.

__ « Vous souhaitez que je vous succède ? Devenir le Directeur de cette entreprise ? »

Marco me souriait.

__ « En effet Chris, je profiterais de ma dernière année ici pour te former et j'ai convenu une entente avec James. Je serais disposé à répondre à tes questions lorsque tu auras les clés en main pour te guider. À partir de la semaine prochaine, tu sera Directeur Adjoint. Tu vas m'assister et apprendre le rôle de Directeur. »

J'ouvrais la bouche sous le choc.

__ « Ferme la bouche petit, tu vas avaler une mouche. »

Je partais à rire et je grattais ma tête.

__ « Je ne sais pas quoi dire. »

__ « James, le propriétaire de la Franchise est prêt à payer ton cours et ta formation en ligne pour Gestion d'Entreprise. Tu aurais les outils en main en plus d'avoir mon aide. » Dit-il. « Tu vois, depuis vingt ans, je suis le Directeur et cette épicerie existe depuis vingt-trois ans. Comme j'ai dis à James, je ne veux pas confier ce magasin à n'importe qui. Je peux trouver des commis facilement mais quelqu'un comme toi, c'est rare et je ne veux pas que tu restes pour la vie un commis. On finit par s'en lasser. J'ai confiance en toi et je sais que tu peux y arriver, James le croit également. »

Je souriais.

__ « C'est tout un honneur d'avoir votre confiance. »

__ « Je crois également que cela va faire plaisir à la clientèle car ils t'apprécient tous et beaucoup te connaissent. » Mentionnait Marco.

__ « J'accepte votre offre. Cela me fera grandement plaisir de vous succéder Marco. »

Il souriait et regardait mon dossier sur le bureau.

__ « Tu fais partit de la famille petit. Côté salaire, tu y verras de grands changement. À partir de la semaine prochaine, tu n'auras plus un salaire de dix-huit de l'heure mais de vingt-trois de l'heure. Dans un an, quand tu auras mon poste cela va encore changé. Tu seras payé un salaire de vingt-huit dollars de l'heure en débutant avec les augmentations. » Dit-il.

J'ouvrais les yeux en grand.

__ « Wow, c'est énorme. » J'étais choqué.

__ « Cette franchise est populaire et les moyens de l'entreprise sont très stables. Au Canada, ils paient moins mais ici, les salaires de Directeurs sont très stables. Tu ne seras pas déçu. »

__ « À partir de la semaine prochaine, ne vient plus en uniforme de travail. Trouve-toi un beau complet et vient fièrement accomplir ta formation avec moi. Je te laisse retourner chez toi pour la demi-heure qu'il te restait à travailler. »

Je me levais et je tendais ma main à Marco. Mon patron prenait ma main et la serrait.

__ « Je ne vous décevrais pas. »

__ « Tu ne m'as jamais déçu. Je ne doute pas de toi, petit. Tu iras loin. N'en parle pas à tes collègues. J'en ferais l'annonce Lundi. »

__ « Promis ! »

Je sortais de son bureau et je descendais les escaliers à toute vitesse. J'allais au vestiaire et attrapait mes choses. Je sortais de l'épicerie en saluant mes collègues. Je sortais mon téléphone et signalait le numéro de mes parents. C'est mon père qui répondait.

__ « Hé Chris, ça va ? »
__ « Oui, super ! Est-ce que ce soir, vous auriez un couvercle de plus pour moi ? J'ai une nouvelle importante à vous annoncer. »
__ « Oui bien sûr, pas de problème. On t'attend. Ta mère fait toujours des grosses portions. »
__ « J'arrive. »

Je raccrochais et je démarrais le véhicule en n'oubliant pas de m'attacher. J'avais si hâte de l'annoncer à mes parents. Je roulais pendant quelques minutes en direction de chez mes parents en passant par des raccourcis alors que je ne cessais pas de penser à l'opportunité qui m'avait été offerte.

J'allais devenir Directeur à vingt-deux ans. J'arrivais en quelques temps chez mes parents et je stationnais ma voiture dans l'allée avant et je sortais de celle-ci. Je me dirigeais vers la porte et avec ma clé je débarrais la porte.

J'entrais à l'intérieur et je retirais mes souliers. Je montais rapidement les marches. Ma mère et mon père étaient sur le canapé en train de discuter.
Je me plaçais devant eux.

__ « Salut Papa, Salut maman ! Devinez quoi ? »

Mon père me regardait en souriant.

__ « Je ne sais pas, vas-y. » Dit ma mère.

Je me plaçais droit devant mes parents.

__ « Papa, tu devras venir avec moi en fin de semaine pour me trouver un complet. Vous avez devant vous le nouveau Directeur Adjoint de l'Épicerie et le futur Directeur. Marco va me former pour le succéder. L'entreprise me paie les cours en Gestion d'Entreprise. »

Ma mère se levait et lâchait un petit cri.

__ « Mais c'est super Chris ! Vient là ! »

Ma mère me faisait un câlin. La sonnette du four sonnait et ma mère se dirigeait vers la cuisine après m'avoir lâché. Je me tournais vers mon père.

__ « Lundi, je dois arriver en complet. Ce sera mes nouveaux uniformes. » Dis-je.

Mon père me souriait.

__ « Vient avec moi mon grand. J'en aurais peut être quelques uns pour toi. Tu as la même grandeur et taille que moi après tout. »

Mon père se levait et je le suivais dans les escaliers et on se dirigeaient vers sa chambre. Il ouvrait la porte de chambre et se dirigeait vers son armoire. Il possédait plus de deux douzaine de complets.

Il en sortait un à chemise blanche et noir ainsi qu'un marine et les tournait vers moi.

__ « Ces deux là, je ne les porte plus. Ils t'iraient comme un gant. Ce sont des cinq morceaux. Cravate, chemise, veston, pantalon et bas. »

__ « Ils sont supers papa! »

__ « Tu les essayera après souper, on va aller manger et on ira ensemble dans une boutique pour t'en chercher. Je sais que tu n'en a que deux chez toi. Tu devras commencer à surveiller ton habillement. » Dit mon père.

__ « Merci beaucoup papa. »

__ « Félicitation à toi, cela fait longtemps que tu travailles pour cette entreprise et avec du temps, de la patience et aussi beaucoup d'efforts tu peux aller loin. » Dit mon père en souriant.

__ « Comme il m'a dit, je serais à vingt-trois de l'heure et par la suite à vingt-huit de l'heure avec augmentations. Je vais aussi avoir les assurances collectives et le rabais employés. La compagnie me paye la formation de Gestion de Commerce en ligne. »

__ « Quand tu seras Directeur tu auras plus que mon salaire. Moi je suis à vingt-cinq de l'heure avec les assurances à mon emploi. Ta mère fait vingt-quatre. Sauf que toi, il est normal que ce soit élevé car tu seras responsable de beaucoup de choses incluant les embauches, contrats, liens avec les propriétaires. Lorsque tu es Directeur, il y a énormément de choses à faire. »

__ « Je sais, je suis prêt à vivre cette épreuve. Je sais que je vais être capable. Magalie veille sur moi et je sais que j'y arriverais. »

Mon père se levait et posait ses mains sur mes épaules.

__ « Dieu veille également sur toi mon grand. Il s'assurera que tu auras une belle vie. » Dit-il.

Je souriais à mon père.

__ « Je sais papa mais je dois t'avouer quelque chose. Depuis la mort des filles et la disparition de Roxanne... Je ne pratique plus vraiment. J'y croirais toujours mais j'ai préféré me concentrer sur le travail et mettre cette partie de moi de côté. Je prend plus le temps d'y penser le Dimanche à vrai dire. »

__ « Ce n'est pas grave mon fils. Tant que tu es heureux, c'est ce qui compte. »

__ « J'avais un party prévu, ce soir. Je vais donc souper avec vous et après les essayages je vais devoir y aller. Vu que je travaille du Lundi au Vendredi. Je profite de ma soirée du Vendredi au Samedi pour m'amuser avec mes amis. Nous allons nous revoir Dimanche à l'Église. »

Je me dirigeais vers la sortie de la chambre alors que mon père replaçait les complets dans l'armoire. Je descendais les escaliers et j'allais m'installer à la table pour manger.

Point de vue d'Alec Volturi - Septembre 2016

Cela faisait un peu plus d'un mois que j'avais perdu Roxanne, je pensais à elle à chaque instant à tel point que Jane ne voulait plus lire mes pensées et communiquer comme cela avec moi. Ma jumelle savait ce que je traversais mais n'en pouvait plus de n'entendre que son prénom dans sa tête.

J'étais assis à mon bureau d'ordinateur et je fixais la photo que j'avais prise avec elle et ma jumelle. Mon cœur me trahissait mais j'essayais de survivre malgré la tempête au fond de moi. J'étais à la fois si triste et si dévasté mais tout se passait à l'intérieur de moi. Rien ne paraissait de l'extérieur.

Je restais sur ma chaise à roulette et je levais la tête vers le plafond en attrapant ma mâchoire. Je repensais à ce jour où je l'avais perdu. Dame Nature qui nous empêchaient de bouger et moi qui était forcé de la regarder souffrir sans rien pouvoir faire pour l'aider. Ce jour là, j'ai eu si mal et ce souvenir me hantait. Elle me manquait tellement.

Avec elle à mes côtés, je voyais enfin un avenir différent que celui que j'avais vécu depuis milles deux cent ans. Elle était une lumière pour moi et bien que nous étions ensemble depuis peu de temps, mon lien d'amour pour elle m'affectait énormément.

Depuis les dernières semaines, je n'assistais à aucun jugement. Aro, me laissait tranquille et je restais soit dans ma chambre, celle de Roxanne ou le jardin. Je n'allais dans la grande salle qu'uniquement lors des repas. J'avais perdu le goût à la vie. Parfois, je restais des heures assis dans la crypte où se trouvait Roxanne et Didyme. J'ouvrais le cercueil de Roxanne et j'observais son corps de pierre.

Comment cet amour pouvait autant à la fois m'avoir rendu si heureux et si dévasté ? J'espérais avoir un jour à nouveau cet espoir et cet envie de vivre. La seule personne à qui j'adressais la parole était Marcus et Jane. Je n'allais pas bien et j'avais besoin de temps pour essayer de tourner la page.

Marcus venait me voir pour me remettre les formulaires que je devais compléter sur ordinateur qu'Aro m'avait préparé. Je faisais ce qu'il y avait à faire mais là où ma présence n'était pas requise, je n'étais pas. J'activais l'imprimante laissant le document que j'avais terminé pour Aro s'imprimer. Je me levais et je quittais ma chambre. Je croisais Jane à son bureau de maquillage et tout ce qui me traversait l'esprit était les moment où Jane s'y trouvait avec Roxanne.

Je saluais ma jumelle et je partais à courir et j'allais au Jardin. Le soleil brillait sur ma peau mais je me réfugiais bien vite à l'ombre alors que j'entrais dans la crypte où reposait ma douce.

Je voulais tant la ravoir à mes côtés.

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