Chapitre 5 : Madame Rose
-Je me suis dis que ça te changerais les idées.
Je souffle bruyamment. Je déteste cette pétasse. Mais bon, elle reste ma sœur. Elle n'a pas changé d'un poil: toujours aussi têtu et cachottière. Petite déjà, elle ne se faisait jamais prendre quand elle volait les robes de maman. Alors que moi, j'étais aussi discrète qu'un éléphant dans un magazine de porcelaine. Mais je n'étais pas jalouse. Non. Elle avait beau être la plus silencieuse, j'étais la plus maligne. J'étais futé! Il suffisait de tout balancer aux parents et j'obtenais la vengeance parfaite.
-Tu aimes te mêler de mes affaires. Des gens sont morts pour moins que ça!
-Wow, toujours aussi aigri, à ce que j'entends.
-Tu t'attendais à mieux?
Un ricanement lui échappe.
-De ta part? Non.
Nous sommes d'accord pour une fois. Et pourtant, elle ne raccroche toujours pas. Je pourrais le faire mais ça ne servira à rien. Cette folle travail avec le meilleur hacker au monde et une bande de mafieux cinglés. J'aurais à peine le temps de raccroché, que l'appel se relancera seul. Ça ne servirait à rien. Je parle d'expérience. Donc je la laisse déblatérer,en sirotant tranquillement mon verre de vin blanc. Mais elle devrait se dépêcher de s'excuser. La patience n'a jamais été une vertus chez moi, surtout quand il s'agit d'elle. Quand la discussion devient ennuyante, je m'éclipse; je fuis. Je suis une fuyarde! Elle le sait. Tout le monde le sait. Mes parents le savait. Ça se lisait sur mon visage comme une tache de naissance se voit, au plein milieu du visage. Ils pensaient que je fuguerais à ma majorité et que je finirait à me prostituer sous un pont. Mais ils ont eu tout faux.
-Tu es toujours là?
Non, je me suis perdu dans mes pensées, encore une fois. Elle a l'habitude.
-Ecoute, essaye de donner une chance à la gamine. Un peu d'aide ne te fera pas de mal.
Elle se moque de moi?
-C'est quoi déjà son nom? Lila Adams....Elle pourra te servir le thé.
En plus, ça l'amuse. Mais ne va pas rigoler longtemps : comme je l'ai dit plus tôt, je n'ai pas de patience aujourd'hui.
-Queen, va te faire foutre!
Mais ça ne lui fait ni chaud ni froid. Venant d'elle, ça ne m'étonne pas. Il faut plus que ça pour la faire réagir, comme parler de sa transidentité : le sujet sensible. Mais je ne vais pas m'abaisser à ça. Et surtout, je n'ai pas vraiment envie de la blesser. C'est comme ça qu'on communique dans cette famille de détraqués. On s'insulte, on se tape, on se bat. Je ne sais pas pourquoi elle n'a toujours pas explosé en morceaux comme un château de cartes. Peut-être parce que nous sommes loin les uns des autres. Parce que j'ai trouvé une occupation beaucoup plus jouissif que la vengeance. Parce que j'ai déjà goûté, à la vengeance et je vous assure qu'elle n'a pas aussi bon qu'il y paraît. Même mon vin a meilleur goût.
–Je dois te laisser mais je...
Cette fois je ne prends pas la tête et raccroche. Je ne vais pas me plaindre, j'attends que cet appel se termine depuis longtemps. Comme s'il avait duré 10 heures. Parce que c'est aussi atroce que douloureux de lui parler. Chaque fois que je le fais, je me sens vide. Vide d'émotion. Parce que ça ne m'apporte ni joie, ni tristesse de lui parler. Mais il y a bien quelque chose qui m'en procure. Quelque chose de plus intense, qui réveille en moi des puissances sombres bien trop enfuies. Des pensées si macabre et destructive qu'elle vous donneraient des cauchemars. Mais moi j'en ai besoin. Elles m'apportent ce shot adrénaline qui me fait planer. Et grâce à lui, la nuit, je dors comme un bébé. D'ailleurs, il est temps de prendre ma dose quotidienne. Donc je me lève nonchalamment.
Tant mieux, ce canapé en cuir commençait à sérieusement cisailler ma peau. J'ai passé un milliard de fois à le changer mais j'y suis attachée. C'est ici que j'ai étranglé mon premier homme. Rien que repenser à ce souvenir, me donne des papillons dans le ventre. C'était tellement... bon. Je m'en rappelle encore. Ce jeune avocat de Londres, à peine rencontrée dans un bar. Je m'étais frottée si longtemps contre lui que je pouvais sentir chaque poil de son corps se hérisser. D'ailleurs, il n'y avait pas que ses poils qui étaient sensibles à mon charme. Pourtant je ne comprends pas ce qu'il y a de si attrayant chez moi. Si je me croisais dans la rue, je peux vous garantir que je prendrai mes jambes à mon cou. Je pense que c'est ce regard intense et fiévreux qui les attire autant. Ou peut-être ses hanches bonnes à saisir... ou ses lèvres bonnes à lécher. Ou ce corps sexy, en sueur qui se déhanche sur la musique envoûtante. Je ne sais pas. Je n'ai pas la réponse. Comme certains bien le dirent, après tout, je ne suis qu'une femme. Qu'est-ce que j'en sais des questions et des pensées torturant les hommes.
Ils pensent tellement que je ne suis bonne qu'à être dominé et baisée, qu'ils le payent de leur vie. Parce que, ce qu'ils ne savent pas, c'est que je ne vis que pour tuer. Et quand, les mains autour de leur cou, je sens la vie quitter leurs corps, je jouis presque. Et pourquoi je m'en priverais ? Ils ne manqueront à personne. Je suis maline, je n'attaque que les criminels, et les psychopathes. Et si l'envie vous prend de me juger, rappelez-vous de ce qu'ils ont osé faire à leurs victimes. Ce n'est que justice. On doit tous payer de nos erreurs. Personne n'est à l'abri. Quelque soit sa famille, sa fortune ou les remords que l'on entretient, tout finit par se payer.
Juste que certains l'oublient, se sentent pousser des ailes et pense pouvoir tromper la mort. Alors que la faucheuse, tel un corbeau terré dans l'obscurité, n'attend que le bon moment pour leur trancher leur cou. Je ne fais que lui donner un coup de main. Ce soir je sors. J'ai choisi ma prochaine victime. Il aime les femmes fortes, sexy... mais pas les chignons. Non, il aime les cheveux bien ondulés qui glissent sur la peau et caresse la poitrine. Il adore les poitrines. Mais quel homme ne les aime pas ? Ils sont tous pareils. Donc j'enfile ma robe la plus révélatrice, lâche les cheveux et attrape mon sac.
Je dis au revoir à mes chiens et quitte ma propriété. Évidemment, je le croise en chemin. Le mec toujours en fauteuil. J'ai oublié son nom et puis ça n'a pas d'importance. Je m'arrête juste un moment pour le menacer dans le blanc des yeux. Je sais qu'il ne peut pas parler mais la terreur se lit dans son regard. Et là, tout de suite, si ses pupilles pouvaient sauter de ces yeux, elles l'auraient déjà fait.
–Je m'occuperai de toi plus tard.
Je m'en vais. Je n'ai pas de temps à perdre avec lui. Je préfère me déhancher sur du The Weeknd ou du Lana Del Rey en conduisant. Ou plutôt, en fauchant tous les idiots sur la route. Ce n'est pas de ma faute, les femmes conduisent mal, c'est connu ! C'est dingue mais chaque fois que je prends le volant, je ne peux m'empêcher de fermer les yeux pendant une seconde. Je lâche lentement le volant et profite la sensation de sentir le vent caresser mes cheveux bouclés. C'est plus fort que moi, j'aime danser avec le danger et la mort. C'est un peu comme lorsque je me retrouve face à ma proie.
Je les tue pas tout de suite. Enfaîte, je ne lui fait pas comprendre que je suis un réel danger. À la place, je joue la faible, l'innocente. Quand je me retrouve chez eux, je demande à partir. Je leur dis que j'ai changé d'avis, que j'ai peur. Mais on sait tous comment ils réagissent. Leur ego et leur masculinité toxique reprend le dessus. Attention! Il ne faut pas penser qu'il n'y a que les hommes qui me déçoivent. J'ai aussi rencontré des femmes qui n'aimaient pas qu'on leur dise non. Et pourtant je leur laisse une chance de me montrer qu'ils ont changé et qu'il ne mérite pas leur sentence. Mais ils finissent tous par me décevoir. Alors j'exécute mon plan.
Je leur fais ce qu'ils ont fait subir à leurs victimes. Je les écoute, impassible, crier de douleur, me supplier de les épargner... mais je n'arrive pas à compatir. Je peux juste sourire en regardant le sang gicler. Il ne devrait pas éprouver autant de peine. Après tout, ce sont des tueurs est aussi. Il connaît ce sentiment. Ils savent ce que ça fait de répondre à ses pulsions. C'est si...satisfaisant.
J'ai pris mon temps pour cette suite. Vous commencez à découvrir Madame Rose. Alors vous êtes autant pressé que moi pour la suite?
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