Chapitre 34: Lila
Double chapitre ! N'oubliez pas d'aller lire le chapitre 35 aussi💕
–Tu comprends ?
–Oui madame.
La vérité est que je ne serais jamais capable de faire une chose pareille. Ce genre de choses sont pour les gens qui ont du courage et assez de sang-froid. Rien à voir avec moi et ma lâcheté. C'est pour ça qu'au fond j'aimerais tellement être comme elle. Insensible comme elle. Mais cela ne risque pas d'arriver. Cela n'arrivera jamais. Je resterai toujours la pauvre Lila. La sensible Lila. Même pas capable de protéger sa propre famille.
Mes parents sont décédés et,depuis, rien ne va. Tom s'est perdu entre des rêves trop grands et une possible addiction à l'alcool. Et quant à moi, je tiens à peine les deux bouts et je me retrouve sous l'influence d'une tentatrice aux dents d'acier. Et pourtant,quelque part, je suis heureuse d'avoir fait sa connaissance. Même si en quelques jours elle a totalement retourné mon monde.
Elle a beau me donner une peur bleue, rien de si excitant et aussi exaltant ne m'était arrivé depuis si longtemps. Elle est ce petit brin de folie qui me manquait dans ma vie. Et à présent, je suis bien trop accro pour redevenir raisonnable. Même si c'est la chose à ne surtout pas faire, j'ai l'impression d'avaler chacune de ses paroles.
–Tu peux prendre le temps qu'il te faut Lila, je serais là.
Cela sonne comme une promesse. Les promesses j'en ai eu un bon paquet dans ma vie et peu de gens ont su les tenir. Mes parents m'ont dit qu'ils seraient là pour moi, là pour me soutenir. Tom dit que tout irait bien mais ce n'est pas le cas. Ils ont tous mentis. Mais quelque part, je me dis que Madame Rose, elle, tiendra sa promesse et cela me réchauffe le cœur.
–Je sais que vous serez là, Madame.
Et pour la première fois, depuis que nous nous connaissons, elle a envers moi un geste affectueux, en me tapotant la tête.
–Bien, crétine. Mais à présent je dois y aller. On m'attend quelque part.
Évidemment. C'est une femme très occupée.
–N'oublie pas d'aller arranger ta chambre. Tu sais que je déteste le désordre.
–Oui madame, je réponds en posant un instant ma tête sur ses genoux.
Au fond, je me demande comment ma chambre pourrait bien l'être vu que je n'ai pas passé la nuit dehors. Mais cela n'a pas d'importance. Je le ferai, si ça peut lui faire plaisir. Après tout, j'ai bien nettoyé toute la maison, alors arranger ma chambre ne sera clairement pas un problème. Pourtant son contact est si doux que je n'ai pas envie de bouger. J'ai envie de rester là, la sentir caresser mes cheveux et entendre sa douce voix.
Pourtant il faut s'arrêter. Pourtant il faut se lever. Parce qu'elle doit s'en aller. Je ne sais pas où, mais elle semble pressée de s'y rendre et je ne peux pas la retenir. Donc je me lève.
–Je serais là au coucher du soleil, elle me prévient. Pas la peine de faire le dîner. J'aurais déjà mangé.
Je ne sais pas pourquoi mais cela m'agace. Peut-être parce que je sais qu'elle ne mange jamais seul. Elle est toujours accompagnée. Souvent avec une future victime. Mais quand c'est le cas, elle l'invite toujours à manger au château. Si elle mange dehors, cela ne peut forcément qu'être avec un ami. Ou pire un prétendant ?
–Vous allez chez un ami ?
-Ce ne sont pas tes affaires !
Elle s'énerve en récupérant son sac et disparaît subitement. Elle quitte la maison sans se retourner et sans me lancer le moindre aurevoir. Même si j'ai l'habitude, je n'aime pas l'idée que nous nous quittions après une dispute. Surtout pas après avoir partagé un moment aussi intime et parfait. Donc c'est le cœur lourd que je tourne les talons et me dirige vers ma chambre.
Elle voulait que je l'arrange et c'est ce que je compte faire. Je compte obéir. Donc je traverse le couloir et arrive devant la porte. Et même si je n'ai pas le cœur à l'ouvrage, je tourne la poignée.
Puis c'est la stupeur. Je ne m'y attendais pas. Cette chambre que j'ai tant maudit pour sa froide morosité et son atmosphère déprimante a totalement changé. Je suis entrée, hésitante, ne m'attendant pas à ce qui m'attendait de l'autre côté de la porte. La transformation est si radicale que j'ai l'impression d'avoir été transportée dans un autre monde.
La pièce est un rêve devenu réalité, une explosion de rose qui éclate dans tous les coins. Les murs sont ornés d'une teinte douce, presque apaisante, et des rideaux en satin encadrent la fenêtre, laissant filtrer la lumière du jour. Un grand lit à baldaquin trône au centre de la pièce, drapé dans des étoffes roses et orné de coussins assortis. Des poupées délicates sont soigneusement disposées sur une étagère, et une coiffeuse étincelante attend, invitante.
C'est une chambre de princesse, et l'effet de cette transformation me submerge d'une vague de nostalgie. Elle me ramène à ma propre enfance, à ma chambre rose où je me réfugiais après une journée pleine d'aventures et d'apprentissages. Les souvenirs de mon père m'y lisant des histoires, accompagnées du doux son de sa guitare, remontent à la surface, provoquant un mélange d'émotions.
Je m'approche du lit, effleurant les draps doux du bout des doigts. Les échos des contes que mon père me racontait résonnent dans ma mémoire, créant un doux contraste avec l'atmosphère lugubre du manoir. Pour un bref instant, je suis transportée dans un monde où tout était simple, où les histoires étaient des portes ouvertes vers l'imaginaire.
Pourtant, cette vague de douceur est rapidement balayée par une tristesse persistante. Mon père, le conteur de mon enfance, n'est plus là pour rendre la réalité aussi magique que les mondes qu'il créait avec ses récits. La vie a changé, et la réalité a perdu la lueur d'innocence qui caractérisait ces moments particuliers.
Un détail étrange attire mon attention : une porte vitrée fraîchement installée entre ma chambre et celle de Madame Rose. Elle est transparente, me permettant de voir à travers comme si une barrière invisible avait été érigée pour me séparer de la femme énigmatique. Intriguée, je m'approche pour examiner de plus près cette étrange construction.
La vitre révèle l'intimité de la chambre de Madame Rose, une pièce tout aussi opulente et mystérieuse que la mienne. Des meubles élégants, des tableaux précieux, et une ambiance de luxe imprègnent l'espace.
La tristesse qui enveloppait mes souvenirs s'efface un instant, remplacée par la compréhension. Madame Rose, dans un geste aussi étrange qu'attentionné, avait orchestré cette transformation de ma chambre pour me surprendre. Une vague de gratitude me submerge, et je ressens le besoin de la remercier, de lui montrer que sa tentative de rendre ce manoir plus chaleureux n'est pas passée inaperçue.
Dans un élan spontané, je décide de préparer quelque chose de spécial pour elle. Sans perdre de temps, je traverse la pièce, bien décidée à la surprendre à mon tour.
La salle de bain de Madame Rose est somptueuse, avec des touches d'élégance dans chaque détail. Je me mets à couler un bain, ajoutant quelques gouttes d'huile parfumée pour créer une ambiance apaisante. L'eau se remplit rapidement, et l'odeur envoûtante des roses emplit la pièce.
Le soleil décline à l'horizon, peignant le ciel d'une palette de couleurs chaudes. L'atmosphère dans la salle de bain devient presque magique alors que la lumière du jour danse à travers les fenêtres. Tout est prêt lorsque j'entends le léger pas de Madame Rose, signe qu'elle s'approche.
Elle entre dans la salle de bain, et l'éclat du crépuscule accentue son aura mystérieuse. Son regard se pose sur le bain de roses, et un léger sourire apparaît sur son visage habituellement impénétrable.
– C'est une attention inattendue, Lila. Je ne m'attendais pas à ce que vous prépariez quelque chose d'aussi... luxueux.
Je baisse les yeux, légèrement mal à l'aise sous son regard scrutateur.
– J'ai pensé que vous pourriez en avoir besoin après tout ce qui s'est passé, répondis-je, tentant de cacher ma nervosité.
Madame Rose s'approche du bain et y plonge la main, sentant l'eau chaude et les pétales de roses qui flottent à la surface. Elle hoche la tête, apparemment approuvant le geste.
– Retirez-vous, Lila. Je préfère un peu d'intimité.
Je m'incline légèrement, respectant sa demande, et quitte la salle de bain en refermant la porte derrière moi. Mon cœur bat la chamade, anticipant la réaction de Madame Rose. La tension flotte dans l'air, et l'idée d'avoir peut-être dépassé les limites m'angoisse.
Le crépuscule cède la place à la nuit, et le silence est ponctué seulement par le murmure de l'eau. Après un moment qui me semble interminable, la porte s'ouvre lentement. Madame Rose, vêtue d'une robe élégante, se tient dans l'encadrement de la porte.
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