Quand j'ouvre les yeux, Sonia est encore endormi. Je me lève sans la réveiller et quitte la chambre. je vais vérifier si mon frère est toujours en vie. Je le trouve assez silencieuxx. Ce n'est jamais bon signe. Et s'il était sorti, ivre? Et si quelqu'un l'avait renversé? Même si ce n'est pas mon style d'être aussi pessimiste.

J'imagine le mieux mais avec mon frère, c'est dur. Il a le chic pour se mettre dans de situations incroyables. Comme le jour où il s'est fait arrêté pour vente illégal de chiens. Ça partait d'un bon sentiment. Il les avait volé au refuge pour animaux. Il n'avait pas résisté à leur petite mines de chiens battus. Vous voulez, ce n'est pas un méchant. Juste un grand maladroit. Et il faut tout le temps le surveiller.

Je ne le ferais pas si Sonia était réveillée. C'est son boulot maintenant. Mais là,elle dort, donc je m'y colle. Je le trouve la tête dans la cuvette. Le pauvre. Il me fait pitié.

-Plus jamais!

-Il ne fallait pas vider autant de bouteilles de vodka.

-Merci,Lila. Ça me remonte le moral.

Il n'a pas le temps de continuer son sarcasme. Il remet la tête dans la cuvette. Et moi je vais ouvrir la porte. On sonne.

-J'arrive!

Peut-être que c'est Vincent. Il vient sûrement me redonner mon boulot. Parce que j'en ai besoin. Et si les clients revenaient ? Les miracles existent. Mais en ouvrant, mon sourire s'efface. Enfin,à moitié.

-Bonjour Madame Stevenson.

Elle remarque ma mine.

-Tu n'as pas l'air contente de me voir.

-Je suis désolé. Je pensais que...oubliez. Vous voulez entrer?

-Avec plaisir.

Elle entre et remarque directement que Tom vomi ses tripes. Ce n'est pas compliqué. Il est si peu discret. Je ferme la porte des toilettes et sors deux canettes de jus.

-Alors Lila,tu as trouvé une offre qui te plaît?

-Pas vraiment.

J'ai passé la nuit à fouiller ce maudit journal mais je n'ai rien trouvé qui m'allait.

-Ce n'est pas grave. Je finirais par trouver...

-Je t'ai amené celui d'aujourd'hui.

Et elle pose un nouveau journal sur la table. Cette femme n'abandonne jamais,décidément.

-Il faut se battre pour ses rêves.

-C'est vrai. Mais comment faire quand ils sont si durs à réaliser?

-On se bat plus!

Je souris.

-Merci.

J'en avais besoin. Ça m'a redonné espoir. J'ouvre le journal et commence à feuilleter les pages mais elle m'arrête net.

-Tu vas toutes les faire!

-Toutes les offres?!

-Je t'en ai souligné cinq. Ce sera rapide.

J'en doute.

-Allez...

Je ne sais pas à quel moment je vais me préparer. Vous connaissez ce moment,dans un conte de fée, où la fille déboussolée reprend confiance en elle. C'est ainsi que je me sens. C'est mon moment de briller et j'ai la tenue parfaite pour ça. Je dois être présentable. Un pull arc-en-ciel,un jean rose et des bottines rose bonbon. C'est l'automne. Il fait frais, je dois bien me couvrir. Je prend un parapluie,au cas où, et sors de l'appartement.

J'ai mon cv, mon petit cartable et mon jus de pêche. Je suis prête à l'attaque. Ils n'ont qu'à bien se tenir!

Le premier rendez-vous: guide touristique. Comment vous dire...une catastrophe. Ça avait bien commencé. Il fallait juste faire visiter le musée d'art moderne aux touristes. Sauf que j'ai failli me faire renverser par une voiture. Juste parce que mes lunettes ont glissé au sol. Je ne les ai pas retrouvé donc j'ai essayé de faire la visite sans. J'ai inventé les noms des tableaux, mis mon doigts dans l'œil de certains visiteurs et ai même perdu les touristes. Cerise sur le gâteau, je me suis faites expulsé pour avoir toucher les seins d'une sculpture. Je sais que c'est interdit de toucher les œuvres mais je ne voyais strictement rien. Je pense que ces gardes ont des problèmes avec les rousses! Point positif,une âme charitable m'a ramené mes lunettes. Puis j'ai fuis.

Deuxième offre:hôtesse de l'air.

-On va faire une simulation mademoiselle.

-Bien.

Ça paraissait facile. J'ai vite retenu les sortie d'urgence et je me débrouillais bien. Puis le pilote a démarré le simulateur d'avion. Je suis restée calme. Mais quand il a annoncé aux « passagers » que l'avion risquait de crasher, j'ai sauté par la sortie d'urgence. Le directeur n'était pas très ravi.

-Si vous étiez dans un vrai avion, vous auriez sauté dans le vide!

Le pire c'est qu'à refaire, j'aurais fais la même chose. Ma vie est très précieuse. Il devrait le savoir. Donc je suis passé au troisième. Infirmière?! Il ne faut pas un diplôme pour ça? Non,apparemment. Le premier cas est simple. Un homme s'est légèrement coupé avec un couteau. Je lui ai mis un pansement et c'était réglé. Je suis contente que ce soit si simple et j'enchaîne les patients. Pour une fois que j'arrive à faire quelque chose et les gens ont l'air de m'apprécier. Mais bien sûr, rien n'est jamais aussi simple avec moi.

La police débarque et je dois fuir par la fenêtre. La clinique pratiquait des transferts illégaux d'organes les vendredi. Et il a fallut que je sois là pendant la descente. Je me réfugie dans une pizzeria. Et,après avoir avalé une quatre fromages, j'ai une idée de génie. Je devrais travailler dans un zoo! Donc j'abandonne la quatrième offre et débarque devant le zoo le plus proches. Bon,ok, je ne m'étends pas avec les plantes mais les animaux m'aime bien.

J'adore regarder les singes se balancer. Les otaries aussi sont mignonnes. En fait c'est ce lieu qui est magique. Je suis sur que je vais adore travailler ici. Et puis ça me donne un air de blanche neige,entouré de toutes ces belles bêtes. Elles vont m'aimer!

-Animaux en fuite! Bordel, qui a laissé l'enclos des tigres ouverts?

Il faut être totalement irres...Merde c'est moi! Non. J'espère que rien ne va arriver à ces pauvres animaux. Enfin,même si là ce sont plus les passants qui sont en danger.

-À l'aide!

Ah..l'un d'eux joue avec un garde...en mettant sa tête dans sa bouche. C'est bon je sais quoi faire! J'attrape un fusil, chargé une fléchette tranquillisante et tire. Sauf que je touche le garde. Heureusement, Steve est là. Avec deux autres gardes,ils arrivent à maîtriser le tigre. Mais pour les autres, il faut appeler la police.

Et je fuis. D'ici qu'ils me reconnaissent... Finalement,je retourne à la maison. Sonia et Tom sont étonnés de me revoir.

-Lila,ça va?

-Non,je crie en tombant sur le canapé. Je suis nulle!

-Oh ne dis pas...

-Pourtant c'est vrai!

Sonia lui donne un coup dans le bras. Il l'a bien mérité. Puis je la sens le prendre le journal des mains.

-Allez, il ne t'en reste qu'une. Garde espoir!

-Je vais tous gâcher. Vaut mieux minimiser les dégâts.

Mais elle ne l'entends pas de cette oreille. Elle me force à me lever et me remet le journal dans les mains. Puis elle me tire jusqu'à la porte d'entrée et me met dehors.

-Arrête de te morfondre et va chercher ce boulot!

-Mais...

-Tu veux être un échec,comme ton frère?

-Hey!proteste le concerné.

Je fais « non » de la tête.

-Alors bouge ton cul! Je te vois au déjeuner.

Je souris. Elle a raison. Je reprend la route. Je n'ai rien à perdre. Et j'ai besoin de ce boulot. Tom ne pourra pas payer le loyer et Sonia ne va pas nous prendre en charge à vie. Je dois tenter le tout pour le tout. Et puis depuis quand je me défile? Jamais! Tout le monde le sait. Je suis un vrai rayon de soleil même si certains me croient naïve. Je suis juste optimiste.

Par contre la dernière adresse est assez loin. Elle est même hors de la ville. J'arrive totalement essoufflé,comme si un fantôme visait mes poumons. Une vraie torture. Mais je reprend confiance en voyant un immense portail noir. Il est imposant et légèrement effrayant. Mais le grand château blanc qu'il cache est sublime. WoW,j'adorerai vivre ici.

Pour ça, il faut décrocher ce travail. Et aussi appuyer sur la sonnette. Donc je le fais mais à l'intérieur je suis pétrifiée. Les choses ne s'arrangent pas quand le portail s'ouvre tout seul. J'avance, il se referme seul. Je me retourne et vois un homme. Mais au lieu de sursauter,je me fige. J'ai l'impression d'être dans un film d'horreur. Il est assis dans un fauteuil roulant,avec des moignons en guise de bras et une cage sur la tête. En l'approchant un peu,je vois que ses lèvres sont cousus. J'ai envie de m'en aller. Je panique et fonce vers le portail.

-J'ai changé d'avis, ouvrez-le!

Mais rien n'y fais. Il se contente d'avancer sur le chemin de pavé,entre le champ de coquelicots rouges. Mais moi je veux juste rentrer chez moi. Je pousse,frappe le portail mais il ne bouge pas d'un pouce.

-À l'aide!!!

On va enfin commencer les choses sérieuses❤️