Chapitre 25: Lila

Je m'empresse de récupérer les pizzas du livreur et retourne dans la chambre où Sonia trône en vainqueur. Les arômes appétissants des pizzas emplissent la pièce, et même si je ne tiens pas l'alcool, l'odeur du vin rouge me chatouille les narines. Une soirée détente bien méritée.

-On trinque à quoi ce soir?

-À la vie! se réjouis Sonia en brandissant son verre de vin.

-A la vie!

Je lève à mon tour, mon verre de jus de pomme.

La soirée se poursuit dans une atmosphère légère et détendue. Nous dévorons nos pizzas sur le lit, échangeant des rires et des anecdotes. Les conneries de Tom et Madame Stevenson servent de sujet de discussion à notre dîner improvisé. Et je suis reconnaissante d'avoir une amie comme Sonia pour partager ces moments avec moi.

Personne n'est autant compatissante et douce qu'elle. J'ai de la chance de l'avoir et j'en ai bien conscience.

Une fois les assiettes vides et les rires apaisés, nous nous préparons à aller nous coucher. Je me dirige vers la salle de bain pour me brosser les dents, pendant que Sonia termine de ranger les quelques miettes sur le lit.

-Ça m'avait manqué...

Je la vois déjà se glisser sous les couvertures. Elle est épuisée. Ça doit etre fatigant de suivre les péripéties de Tom et d'essayer de garder le rythme. Pauvre Sonia... des fois j'ai l'impression qu'elle est la seule à se battre dans ce couple.

C'est ce que je me dis, en caressant ses cheveux et en la regardant s'endormir tranquillement. Je sais que je ne peux pas faire grand-chose pour l'aider mais j'espère que, quelque part, m'avoir près d'elle soulage un peu sa peine. Qu'elle en oublie sa relation compliquée avec ses parents vivant à l'étranger et son petit ami dérangé.

Mais là, tout de suite, elle semble apaisées et cela me rend heureuse. Et à mon tour, je m'allonge près d'elle, prête à affronter une nuit paisible. Je pose un doux baiser sur son front, avant de sombrer dans le sommeil.

Lorsque je me réveille, il fait encore nuit. Malgré qu'il soit déjà sept heures. Le soleil n'est pas levé que moi je suis déjà debout. J'essaye de sortir du lit, sans réveiller Sonia. Je n'ai jamais été une personne très matinale alors ça m'étonne que j'arrive à me réveiller aussitôt, toute seule, et sans rêver.

Qu'est-ce qui m'arrive ? Peut-être que je n'ai pas l'esprit tranquille. Peut-être que je m'inquiète pour Madame Rose. Elle est seule dans cette grande maison et je n'ai aucune nouvelle. C'est une grande fille, elle va se débrouiller! Ma conscience me gronde mais ce n'est pas si sûr...

Elle est plus triste qu'elle y paraît. Je n'aime pas la savoir seule. Je ferais mieux de me dépêcher d'aller la rejoindre. Dans tous les cas, j'avais prévu d'être là avant qu'elle n'ouvre les yeux...

Dès que les premiers rayons du soleil apparaissent, j'ai déjà ma tasse de lait chaud entre les mains. Ils percent les nuages, peignant le ciel d'une palette de douces couleurs. Assise devant ma fenêtre, je suis témoin de ce spectacle. Les nuances d'orange et de rose se mélangent délicatement, créant un éclat chaleureux qui enveloppe lentement l'horizon.

La nature semble se réveiller doucement, avec les oiseaux qui entament leur symphonie matinale, saluant le début d'une nouvelle journée. Les contours des arbres se dessinent progressivement, se parant de reflets dorés à mesure que le soleil émerge de l'obscurité. Les premières lueurs dansent sur les gouttes de rosée, créant un scintillement délicat sur l'herbe encore mouillée.

La quiétude de ce moment me touche profondément. Les rayons du soleil caressent mon visage, apportant une douce chaleur qui contraste avec la fraîcheur matinale. Les ombres dansent sur les murs du salon, créant un jeu de lumière captivant.

Je m'étire avec satisfaction, me sentant reposée après une bonne nuit de sommeil. Mes pensées se tournent rapidement vers la journée qui m'attend.

Après tout, j'ai des fleurs séchées à livrer au château de Madame Rose. Je me dirige vers la cuisine pour préparer un petit-déjeuner rapide, espérant que cela me donnera l'énergie nécessaire pour affronter la journée à venir.

Alors que je suis absorbée par mes pensées matinales, un bruit étrange attire mon attention. Je ne comprends pas tout de suite d'où il vient. En faite, j'ai même peur de bouger et de tomber nez à nez avec un rat ou une grosse bestiole. Donc je reste tranquillement assis sur mon tabouret. Mais, au bout d'un moment, la porte d'un des placards du bas s'ouvre. Tom en sort. Il n'est pas saoule mais semble un peu perdu.

Il s'arrête, lève le regard et me fixe avec de grands yeux.

–Elle est réveillée ?

–De qui tu parles ?

–De Sonia évidemment. Elle est debout? Elle est énervée ?

–Oh, tu verras bien...

Je n'irai pas jusqu'à dire que Sonia est énervée. Je pense qu'elle a passé une excellente nuit, comme moi. Mais je sais aussi que, dès l'instant elle se réveilla, la liste des conneries de Tom noiera ses pensées. Et dès qu'elle le verra, l'envie de lui foutre un coup de botte au cul, comme elle aime bien le dire, reprendra le dessus.

–Si j'étais toi, je chercherais une meilleure cachette.

–Tu ne veux pas m'aider ?

–Non.

Je ne compte pas m'en mêler. J'ai déjà assez de choses à gérer de mon côté, et une tirant comme patronne. S'il a des problèmes de couple, qu'il les gère.

–Elle est dans la chambre , si jamais tu décides d'arrêter de fuir ses responsabilités et d'enfin aller lui parler.

Je tends le bras sur le plan de travail et récupère mon bagel au saumon. Avec Sonia, on a décidé de se faire un peu plaisir hier et de remplir le frigo. Avant de dormir, on a fait les courses sur l'ordi. Ils nous ont tout livrés ce matin. J'ai moi-même ouvert la porte et tout ranger toute seule. Je compte bien en profiter donc je me sers également un bon jus d'orange.

–Je t'ai pris du bacon et des oeufs aussi! Mange quelque chose, avant de partir!

-Tu...tu pourrais me les cuir, Lila?

-Vraiment? Tu ne vas pas sortir de là?

Non, apparemment.

–OK, quand tu seras allé parler à Sonia !

Il ne pensait quand même pas que ce serait gratuit.

–Bien.

Il finit par se lever et obéis. Je sais qu'il tient à Sonia et qu'il l'aime. Mais des fois, il a besoin d'un peu de motivation. C'est tout. Il ne s'excuse pas souvent parce qu'il ne sait pas comment faire et qu'il a honte d'être ridicule. Mais je sais qu'il est venu ici avec l'intention de le faire. Comment je le sais ? Je le vois sortir un petit collier dorée, avec un S en pendentif, de sa poche.

Ce n'est pas le genre de cadeau avec lequel on se balade pour rien.Il a juste une manière différente de s'exprimer et de s'excuser. Mais il est aussi doux qu'un ourson.

Je tends l'oreille un moment, pour vérifier qu'il ne sont pas entrain de se disputer, dans la chambre, mais je n'entends rien. Pas le moindre bruit. Pas le moindre cri et encore moins le moindre lancé de bottes.

Soit ils s'embrassent, soit ils font l'amour. Dans tous les cas, ils ont l'air de se réconcilier et ça me ravi. Donc je fais ma part du marché et prépare le petit-déjeuner de Tom. Puis je lui pose sur le plan de travail et tourne les talons.

Je suis prête à partir. Juste le temps de prendre un sac en bandoulière. J'y mets les pochettes de fleurs séchées et le coffret en bois. Ce sera beaucoup plus facile à porter. Sinon cela rosquerait de m'énerver, alors que pour l'instant, je suis de super bonne humeur.

La nuit dernière était géniale. C'etait ce dont j'avais besoin et je compte bien continuer à passer mes nuits à la maison. Mais, pour l'instant, il est temps de partir.

Donc je récupère mes chaussures, le cœur lourd. Et je suis enfin prête.

Mais lorsque je me retourne, le temps se fige.

-Tu as perdu l'esprit, Lila?

L'obscurité vient de pénétrer mon salon. Le diable en personne gèle mon parquet.

Cours, Lila!!!😭😭😭💕

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