Chapitre 8. 3/3

Je prenais le temps de respirer avant d'ouvrir les yeux. Cassandra observait ma chambre en silence. Pour une fois, elle ne se moquait pas mais avait l'air curieuse. Elle était jolie dans sa contemplation. Je ressentais d'étranges sentiments alternés à l'idée qu'elle puisse être dans le plus intime de mes jardins. Elle observait le moindre détail, comme si sa mémoire essayait de tout photographier. Comme si elle ne reviendrait jamais.

— Ça te plaît ?

Nous souriions toutes les deux, sans en connaître la raison. L'instant était doux et curieux à la fois. Mon coeur palpitait, comme si j'étais entrain de faire une bêtise. J'avais l'impression d'être un enfant qui craignait d'être surpris dans son entreprise. Les couleurs criardes de ses vêtements juraient avec ma maison de poupée. Elle, dans ce décor bleu ciel aux meubles blancs, parfaitement organisés, dans lequel rien ne dépassait. Elle, dont la douceur comblait les traits pour la première fois depuis que je la connaissais. Elle, qui après avoir parcourue la chambre, plantant son regard dans le mien.

— Ta chambre te ressemble plutôt bien. Même si au fond, je sûre que dans ta tête c'est bien en plus en bordel que ça.

— Ce n'est pas forcément faux. En ce moment, j'ai un peu de mal à garder les idées claires.

— Je suis certaine d'y être pour quelque chose...

Sans s'en être rendues compte, nous avions marché l'une vers l'autre. Cassandra s'asseyait sur mon lit. Je l'imitais.

— C'est très prétentieux de ta part.

Quel était son but ? Je ne comprenais pas ses intentions, bien que je commençais à saisir les miennes. Nous étions si proches l'une de l'autre, que je m'intéressais beaucoup plus à la distance qui nous séparait qu'à ce que nous disions. Ses lèvres avaient-elles toujours été si rouges ?

— Alors ?

Elle me parlait, je ne comprenais pas.

— Comment ?

— Mon pull. Tu me le rends ?

Mon coeur tapait plus fort encore. Elle me dévisageait et je ne l'écoutais plus. Je sautais sur mes pieds et fonçais tête baissée vers la penderie, que j'ouvrais sans ménagement. La boule de laine jaune me narguait et j'hésitais à l'attraper. Je comprenais que si je la lui rendait, je n'aurais plus de raison de la revoir. Tant pis, je n'avais pas d'autre parade. J'empoignais le pull, le coeur serré, et me retournais.

Cassandra était juste derrière moi. Je perdais mon souffle, elle aussi. Elle se saisit de mon visage à deux mains et plaqua ses lèvres contre les miennes. Je ne respirais plus, tandis que mon corps entier prenait feu. J'entrais en combustion, comme une météorite qui traversait le ciel de Cassandra. Je perdais pieds et me laissais entraîner dans ce baiser. J'attrapais à mon tour sa nuque et lui rendais son étreinte. Je sentais ses dents mordiller mes lèvres et je l'imitais. L'instant durait et durerait mille ans encore. Le goût de ses lèvres, son odeur, sa force, étaient complètement différents de ceux de Joseph.

Joseph.

Je me décollais immédiatement d'elle et giflais son visage empourpré. Elle vacilla, la main contre la joue, interdite.

— Va-t-en.

Je ne dis rien d'autre, elle restait silencieuse. Cassandra s'enfuit rapidement, sans un mot non plus. Laissant pour seule trace de son passage, mes lèvres humides et le pull de laine jaune tombé à mes pieds. 

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